A l'enseigne du sphinx, dort la gérontocratie. De plus en plus de pouvoirs lui ont été remis par les échelons subalternes, contents de se défausser plutôt que de gouverner. Y accède aujourd'hui, l'apparatchik chic Fabius, de chez Fabius & Fabius, antiquaires jadis du Boulevard Haussmann. Même s'il s'en défend, cela nous aura valu l'exclusion des œuvres d'art des calculs d'assiette soumise à l'ISF. Tant mieux.
L'homme fut un premier de la classe, fort en thème et bien noté. Parcours sans faute finalement - Normale Sup, agreg de lettres, Sciences Po, ENA, Conseil d'Etat - trahi deux fois à son insu : le sang contaminé et le Rainbow Warrior. Mais comme dit de lui André Santini : « Il fait penser au peintre Sisley. Le style parfait mais les idées fort courtes ». C'est ce manque d'imagination qui l'a barré de plus hautes responsabilités. Fabius, finalement scolaire, n'a survécu dans le microcosme que par un pouvoir de nuisance affûté. Souvenons-nous du "non" au référendum constitutionnel européen contre le courant majoritaire du parti socialiste ; également du fracas de la TVA sociale contre Sarkozy. Son image pâtit aussi de sa participation au cabinet Ayrault après avoir traité le candidat Hollande de "fraise des bois". Dans la fonction de ministre des affaires étrangères il s'est trompé sur la pérennité de Bachar el-Assad comme avant lui Bernard Kouchner s'était trompé sur celle de Nouri al-Maliki à Bagdad, avec les mêmes conséquences désastreuses dans l'un et l'autre cas.
Le bilan diplomatique
La droite nationaliste lui reproche son positionnement contre Vladimir Poutine en Ukraine orientale et sa haine de Bachar el-Assad en Syrie. La roublardise du Russe en a fatigué d'autres et la mise au tapis de l'avion malaisien lui est créditée, indiscutablement. On retrouve ce cynisme croisé du binôme Lavrov-Poutine dans l'appui-feu donné à l'armée régulière syrienne contre tous les rebelles, qui bizarrement épargne au sol les positions du Da'ech. On peut vomir. Quand on fera le compte des victimes du psychopathe alaouite et sa manière de les tuer, certains de nos parlementaires seront très gênés d'être allé lui baiser l'anneau. Dans l'un et l'autre cas, la France ne peut pas agir seule, faute de moyens matériels suffisants dans l'acquisition de cibles et dans la logistique carburants. Elle agit donc en coalition et doit composer. C'est le rôle d'une diplomatie. A noter que le Canada qui ne veut plus composer, se retire du théâtre d'opérations syro-irakien à la fin du mois.
Le gros reproche demeure quand même l'abandon des Chrétiens d'Orient. Certes ces communautés aborigènes étaient toutes baassistes puisque la dictature laïque du parti Baas en Irak et en Syrie faisait rempart à la furie musulmane. Le co-fondateur du parti, Michel Aflak, était un nationaliste chrétien. Il a donc été difficile d'arracher les Chrétiens à leur destin, mais en faire porter le chapeau à la France est assez dégueulasse. Qu'a fait pour eux la grande thalassocratie chrétienne américaine - in God We trust : Rien. Qu'a fait le nouveau csar de toutes les Russies, protecteur de l'Orthodoxie ? Pas grand chose, et très tard. Alors s'il est exact que la politique arabe de la France s'est perdue dans le merdier syrien, elle ne fut pas la seule. Incapables d'ailleurs de protéger le Liban, les services du Quai devraient actualiser leurs postures morales pour ne pas faire naître de faux espoirs. A noter qu'au début de l'affaire syrienne Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, avait refusé de porter secours aux Chrétiens avant qu'ils n'aient basculé dans le camp de la rébellion. Ce qui fut impossible à beaucoup.
Dans le dossier iranien, Laurent Fabius a montré une rigidité surprenante, mais un peu moins si l'on sait qu'il était premier ministre quand l'immunité diplomatique internationale permit à l'organisateur iranien des attentats de Paris de prendre l'avion. Sa position tranchée contre le mercantilisme américain dans la négociation nucléaire avec Téhéran, a montré que la France ne s'alignait pas, ne se couchait pas. Il faut le lui reconnaître, même si la bombe des mollahs n'est que repoussée à vingt ans. Et nous n'avons payé aucun prix de cette "indépendance" contrairement au refus d'obstacle sur la guerre d'Irak, parce que Laurent Fabius ne l'a pas instrumentalisée à sa propre gloire comme l'aurait fait un Villepin ou un Sarkozy. Nous n'avons fâché personne dès lors que nos positions étaient fondées sans grandiloquence, ni arrière-pensées protogaullistes.
Le dernier voyage
Sans doute Fabius est-il plutôt un joueur de revers que de premier service. Il a partout "réagi". En revanche, il a montré des dons d'administrateur pugnace lors de son passage au Quai où les réformes ont été appliquées à la hache sans trop de concertation syndicale. La maison est en ordre ! Il va beaucoup s'ennuyer au Conseil constitutionnel (clic), élégamment certes, mais sans possibilité de libérer ses aigreurs, à défaut de pouvoir exercer son "autorité". Cette place est devenue la plus élevée de notre République depuis qu'on en redoute les jugements ; en fait, une Cour Suprême à la française, politisée. Saura-t-il résister aux manipulations de l'exécutif comme le lui recommandera Jean-Louis Debré lors de la passation de pouvoir ? Celui-ci, juge de profession, quitte l'institution quelque peu amer. Alors que dans ses vœux de 2016, il était resté dans l'onctuosité des corps constitués, passant la porte une dernière fois, il dénonce les "lois de plus en plus bavardes, mal fagotées car prises sous la tyrannie de l’instant et sans la rigueur qu’elles avaient jadis". Avec l'armée de rédacteurs énarques forant des tunnels rhétoriques où l'on ne voit jamais le jour, il y a matière à rêver de clarté au sens classique : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".
Mais le Conseil constitutionnel est aussi une prison politique. On y enferme les ambitions. C'est bien pourquoi l'ancien président Sarkozy n'a jamais voulu y siéger. Autant que leurs compétences et leur sûreté de jugement seront utilisées, les neuf sages restent dans une posture d'immobilité, une posture de momies qui fait dire à beaucoup : mourrez, nous nous chargeons des restes ! Hollande y enterre un concurrent pour 2017.
L'homme fut un premier de la classe, fort en thème et bien noté. Parcours sans faute finalement - Normale Sup, agreg de lettres, Sciences Po, ENA, Conseil d'Etat - trahi deux fois à son insu : le sang contaminé et le Rainbow Warrior. Mais comme dit de lui André Santini : « Il fait penser au peintre Sisley. Le style parfait mais les idées fort courtes ». C'est ce manque d'imagination qui l'a barré de plus hautes responsabilités. Fabius, finalement scolaire, n'a survécu dans le microcosme que par un pouvoir de nuisance affûté. Souvenons-nous du "non" au référendum constitutionnel européen contre le courant majoritaire du parti socialiste ; également du fracas de la TVA sociale contre Sarkozy. Son image pâtit aussi de sa participation au cabinet Ayrault après avoir traité le candidat Hollande de "fraise des bois". Dans la fonction de ministre des affaires étrangères il s'est trompé sur la pérennité de Bachar el-Assad comme avant lui Bernard Kouchner s'était trompé sur celle de Nouri al-Maliki à Bagdad, avec les mêmes conséquences désastreuses dans l'un et l'autre cas.
Le bilan diplomatique
La droite nationaliste lui reproche son positionnement contre Vladimir Poutine en Ukraine orientale et sa haine de Bachar el-Assad en Syrie. La roublardise du Russe en a fatigué d'autres et la mise au tapis de l'avion malaisien lui est créditée, indiscutablement. On retrouve ce cynisme croisé du binôme Lavrov-Poutine dans l'appui-feu donné à l'armée régulière syrienne contre tous les rebelles, qui bizarrement épargne au sol les positions du Da'ech. On peut vomir. Quand on fera le compte des victimes du psychopathe alaouite et sa manière de les tuer, certains de nos parlementaires seront très gênés d'être allé lui baiser l'anneau. Dans l'un et l'autre cas, la France ne peut pas agir seule, faute de moyens matériels suffisants dans l'acquisition de cibles et dans la logistique carburants. Elle agit donc en coalition et doit composer. C'est le rôle d'une diplomatie. A noter que le Canada qui ne veut plus composer, se retire du théâtre d'opérations syro-irakien à la fin du mois.
Le gros reproche demeure quand même l'abandon des Chrétiens d'Orient. Certes ces communautés aborigènes étaient toutes baassistes puisque la dictature laïque du parti Baas en Irak et en Syrie faisait rempart à la furie musulmane. Le co-fondateur du parti, Michel Aflak, était un nationaliste chrétien. Il a donc été difficile d'arracher les Chrétiens à leur destin, mais en faire porter le chapeau à la France est assez dégueulasse. Qu'a fait pour eux la grande thalassocratie chrétienne américaine - in God We trust : Rien. Qu'a fait le nouveau csar de toutes les Russies, protecteur de l'Orthodoxie ? Pas grand chose, et très tard. Alors s'il est exact que la politique arabe de la France s'est perdue dans le merdier syrien, elle ne fut pas la seule. Incapables d'ailleurs de protéger le Liban, les services du Quai devraient actualiser leurs postures morales pour ne pas faire naître de faux espoirs. A noter qu'au début de l'affaire syrienne Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, avait refusé de porter secours aux Chrétiens avant qu'ils n'aient basculé dans le camp de la rébellion. Ce qui fut impossible à beaucoup.
Dans le dossier iranien, Laurent Fabius a montré une rigidité surprenante, mais un peu moins si l'on sait qu'il était premier ministre quand l'immunité diplomatique internationale permit à l'organisateur iranien des attentats de Paris de prendre l'avion. Sa position tranchée contre le mercantilisme américain dans la négociation nucléaire avec Téhéran, a montré que la France ne s'alignait pas, ne se couchait pas. Il faut le lui reconnaître, même si la bombe des mollahs n'est que repoussée à vingt ans. Et nous n'avons payé aucun prix de cette "indépendance" contrairement au refus d'obstacle sur la guerre d'Irak, parce que Laurent Fabius ne l'a pas instrumentalisée à sa propre gloire comme l'aurait fait un Villepin ou un Sarkozy. Nous n'avons fâché personne dès lors que nos positions étaient fondées sans grandiloquence, ni arrière-pensées protogaullistes.
Le dernier voyage
Sans doute Fabius est-il plutôt un joueur de revers que de premier service. Il a partout "réagi". En revanche, il a montré des dons d'administrateur pugnace lors de son passage au Quai où les réformes ont été appliquées à la hache sans trop de concertation syndicale. La maison est en ordre ! Il va beaucoup s'ennuyer au Conseil constitutionnel (clic), élégamment certes, mais sans possibilité de libérer ses aigreurs, à défaut de pouvoir exercer son "autorité". Cette place est devenue la plus élevée de notre République depuis qu'on en redoute les jugements ; en fait, une Cour Suprême à la française, politisée. Saura-t-il résister aux manipulations de l'exécutif comme le lui recommandera Jean-Louis Debré lors de la passation de pouvoir ? Celui-ci, juge de profession, quitte l'institution quelque peu amer. Alors que dans ses vœux de 2016, il était resté dans l'onctuosité des corps constitués, passant la porte une dernière fois, il dénonce les "lois de plus en plus bavardes, mal fagotées car prises sous la tyrannie de l’instant et sans la rigueur qu’elles avaient jadis". Avec l'armée de rédacteurs énarques forant des tunnels rhétoriques où l'on ne voit jamais le jour, il y a matière à rêver de clarté au sens classique : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement".
Mais le Conseil constitutionnel est aussi une prison politique. On y enferme les ambitions. C'est bien pourquoi l'ancien président Sarkozy n'a jamais voulu y siéger. Autant que leurs compétences et leur sûreté de jugement seront utilisées, les neuf sages restent dans une posture d'immobilité, une posture de momies qui fait dire à beaucoup : mourrez, nous nous chargeons des restes ! Hollande y enterre un concurrent pour 2017.
La dinde du Poitou a saisi la présidence de la COP21 qu'elle enviait. Elle va pouvoir se colleter maintenant avec le Congrès américain. Jouons au pronostic sportif.
RépondreSupprimerDidier