lundi 11 avril 2016

La porte du paradis ? next door !

Ce billet n'est pas un parangon de vertu et n'appelle pas au patriotisme comme il conviendrait. Mais notre petite Union soviétique qui a réussi (dixit Váçlav Havel) impose un taux de prélèvement obligatoire moyen de 71% des revenus (calcul du coin fiscalo-social), et comme ça ne lui suffit pas, emprunte à l'étranger. Comparée à celle de l'Allemagne, notre situation est indéfendable (clic). On ne peut évacuer ce pillage de la question de l'évasion fiscale, même si des pays prélevant moins en souffrent aussi. On ne voit nulle part le parti de la hache qui nous sauverait, les effectifs surnuméraires en cause de la fonction publique et parapublique étant importants et assidus aux urnes.

Grand émoi chez les ligues morales à la publication des noms des évadés fiscaux par L'Internationale du Trou de Serrure : des mecs futés garent leur blé à l'insu de leur plein gré sous les tropiques. C'est l'affaire des Panama Papers (clic). Première et dernière question : pourquoi sous les tropiques et pas à Ushuaïa ? Je pouffe : malgré son nom, le monokini est impossible en Terre de Feu. Cherche pas plus loin la cerise au fond du Martini Dry. Une piscine à Ushuaïa et quoi encore.
Finalement, c'est la presse d'investigation qui a sorti le scoop, les services fiscaux des Etats volés s'avérant particulièrement inaptes à combattre l'évasion fiscale s'ils en comprennent déjà la mécanique. Non ! Pas la mécanique d'avant-hier, celle de demain matin. Parce qu'il faut être suffisant comme un ministre des Finances français pour croire en la victoire finale dans le domaine de l'ingénierie financière avec des mecs payés au mois. Quand les besogneux de Bercy sur Seine auront terminé l'étude des voies et moyens de s'évader de l'enfer fiscal français, les gnomes des officines qui bossent 12 heures par jour avec des QI d'autistes auront, eux, remonté une mécanique nouvelle de sauvetage des peines et soins surtaxés, peut-être même sans argent en circulation ou sans argent du tout !

Le monde des Etats est le monde visible. Celui des génies est plus grand. Or ce sont les génies qui sont convoqués à l'évasion des enfers. Chacun a entendu parler du Deep Web, l'internet invisible des robots. Cette Toile opaque ferait, pense-t-on, 95% de toutes les ressources en ligne et il est faux de croire qu'elle ne serait qu'un nid de pédophiles. Il y a des raisons purement techniques qui repoussent l'intérêt des robots (sites à clés, métablocage de sites, sites ultra-lourds) et des raisons professionnelles où le secret est primordial. On a la même chose dans la finance internationale.

Selon « le Conseil de stabilité financière, le Shadow Banking (système bancaire parallèle), qui sert notamment de support à l’évasion fiscale, a globalement triplé dans le monde en une dizaine d’années et a été évalué à 67000 milliards de dollars en 2011 et probablement 74000 milliards en 2013. Il y circule aujourd’hui la moitié des actifs qui passent par le système bancaire traditionnel. C'est à dire que toutes les grandes banques dans le monde (environ 4000) sont concernées » (source Gilles Bridier in Slate).

Ce n'est pas demain la veille de la Tranparence internationale pour tous. La seule chose qui va changer après le nouveau scandale de Panama sont les conditions d'accès aux officines d'ingénierie financière. Inutile de soulever le heurtoir si vous êtes inconnu au bataillon et même, non parrainé. On va se méfier des testeurs et des affairistes aux nerfs fragiles. Pour sortir des griffes socialistes le blé gagné à la sueur de votre front, il faudra investir en séjours à Nassau (champagne, piscine) et à Gstaad (cognac, jacuzzi) et vous y faire des relations sûres avant de prendre le train pour les tropiques. Si vous êtes de condition relativement modeste, vous réinvestirez l'argent de la schnouff dans un bar à p... de Phuket. On parle déjà français (avec un inimitable accent de la Zone) dans bien des établissements ouverts aux touristes. Certains se procurent la convention fiscale franco-thaïlandaise, d'autres passent voir le commissariat de police en demandant où donner au temple.

Si beaucoup de contribuables estiment trop payer d'impôts, une première mesure permettrait de diminuer cet effectif : réduire la pression fiscale en réduisant les dépenses publiques. On peut rêver pour un pays devenu moyen comme la France donc incapable de déporter des charges sur d'autres, et qui semble avoir complètement assimilé sa soviétisation. Les manifestations d'assistés consentants, place de La République, laissent peu d'espoir au surgissement de guerriers capables de vaincre notre déclin. Reste à partir.

Bien des familles aisées ont fait ce choix, qui sont libres de revenir en France un ou deux mois par an pour visiter la parentèle et profiter de paysages exceptionnels et des atouts typiquement français. Mais leur carrière ou leurs affaires sont ailleurs, leurs enfants sont élevés ailleurs, leurs assurances sont prises ailleurs. J'en connais de plus en plus et au-delà de ma famille. Là, Bercy ne peut plus rien. La plus-value et les bénéfices ont disparu du Rôle de l'administration. La tendance à l'émigration est lourde¹. La porte du Paradis est à Roissy Charles-De-Gaulle.


(1) Selon Contrepoints (15.09.2014) : 1/3 des milliardaires français sont partis (clic)
Selon The Millionaire Migration Report for 2015 (©New World Wealth, mars 2016): dix mille millionnaires français se sont évadés en 2015 (clac).


Il y a encore du choix !

share

3 commentaires:

  1. Les Allemands et les les Anglais qui vivent à l’étranger sont également fort nombreux. Il n'y a pas que les Français qui émigrent, et ce n'est pas seulement sous la contrainte. L'envie d'ailleurs aussi! D'ailleurs vous même , ce n'est seulement pour un taux d’intérêt sur un livret d’épargne que vous avez parcouru la Chine l'Afrique ou l'Allemagne.....

    Quant aux quelques centaines de feignants de la place de la république, c'est un trip de journalistes bobos. les mêmes journalistes qui vous ont parlé cette nuit de "centaines de blessés" en Macédoine suite au tir de quelques grenades lacrymogènes par des (forcément méchants) gardes frontières!!!! La soi disante réalité rapportée par les idéologues à carte de presse demeure un concept très relatif ...

    BFM, i-télé ont la même crédibilité qu'autrefois les "Izvestias" ou la "Pravda"

    je suis d'humeur optimiste ce matin et je veux croire mon peuple moins con que ce que l'on veut nous en montrer !

    Ça ne dure malheureusement jamais très longtemps!





    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Depuis toujours les hommes marchent et vont loin. Les pays d'émigration sont quand même plutôt les pays subissant une surcharge démographique par rapport à la ressource disponible. Vous, vous le savez mieux que d'autres.
      La France a toujours fourni des aventuriers de talent à la planète, mais on assiste aujourd'hui à quelque chose qui ressemble à l'émigration poitevine ou aveyronnaise vers les Amériques : il n'y a plus de profil-type, tout le monde est appelé, seul le courage compte. De l'X au charpentier.

      Les Britanniques sont chassés par un climat exécrable et les Allemands par l'absence totale de projet national, doublé par des retraites assez pauvres pour les gens de base qui se retirent à Antalya ou an Algarve.

      Supprimer
    2. Je partage votre approche de la presse de reportage à chaud. C'est du journalisme d'alarme et souvent mal informé. Mais il y a aujourd'hui les smartphones qui font des photos et les réseaux sociaux qui la concurrencent, pas toujours en mieux, mais qui consomment du scoop.

      La jeune génération ne se fie pas à la presse mainstream, c'est là le drame parce qu'il lui est dénié aucun avenir. Les journaux perdent du lectorat et marchent sur les mains pour s'en sortir, avec des injections répétées de capitaux par des milliardaires m'as-tu-vu ! Ce n'est pas un modèle économique pérenne.
      C'est la grande presse américaine qui nous indiquera le futur, pas la nôtre.
      A+

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés

Compteur de clics (actif)