Il n'y a plus de bipartisme en France, le spectre politique utile est fait de cinq courants : [EXG] Extrême gauche | [GDG] Gauche de gouvernement | [CDG] Centre de gouvernement | [DDG] Droite de gouvernement | [EXD] Extrême droite. Dans un billet précédent nous avons parlé des interstices, venons-en aujourd'hui au principal. L'iconographie de ce billet n'est pas un pronostic ni une préférence.
[EXG] L'extrême-gauche historique s'est regroupée derrière son meilleur tribun du moment, qui avait récolté onze pour cent des suffrages exprimés en avril 2012 : Jean-Luc Mélenchon, sous vos applaudissements. Nul ne le conteste, sauf les deux partis révolutionnaires à sa propre gauche qui, sans aucun espoir de l'emporter, manœuvrent dans une stratégie de subsides post-électoraux (voir le billet des Interstitiels). Porté par le renfort du Parti communiste français, lui sont ôtés les soucis de parrainages, seul capital encore utile au vieux parti stalinien. Il va donc y aller franco de port et d'emballage avec une proclamation de non-ralliement qui fera des dégâts au second tour de la Présidentielle en mai 2017.
[GDG] A Gauche, c'est la grande inconnue et le combat des frères du Grand Orient ! Le président décédé politiquement ouvre la voie aux impétrants en tous genres, confessions et agenda. Bien malin qui prédirait le résultat du premier tour de la primaire socialiste lancée sous les auspices de La Belle Alliance populaire. S'y bousculent tous les caractères qui font l'intérêt pédagogique du cirque électoral, témoins, imprécateurs, boulets et dérailleurs. Les premiers déclarés sont les plus sincères, les derniers les plus sournois.
Benoît Hamon, Gérard Filoche en ont gros sur la patate et quelque chose à dire, mais le second a été éliminé d'entrée, en toute "équanimité" comme dit le président de la Haute autorité de la primaire citoyenne, pour ses outrances passées ; il va les assigner, direct ! Damned ! c'était le candidat de la fachosphère qui voulait en faire un troll. Va-t-il se présenter en candidat libre ? Plus probablement, il rejoindra le Parti de gauche de Coquerel et Corbière. Arnaud Montebourg, bouffi d'orgueil, ne se voit nulle part ailleurs que dans ce concours de plaidoiries depuis qu'il a fait dix-sept pour cent à la Primaire Aubry-Hollande de 2012 ; entre-temps, ce grand impulsif a fatigué du monde tout en le faisant rire et la fraîcheur de la surprise a passé. Manuel Valls se revendique comme l'exécuteur testamentaire du quinquennat agonisant et, prévoyant, avait acheté son hastag #Valls2017 dès 2012. Mais il n'est rien d'autre au parti socialiste que le maire autoritaire d'Evry. Il a contre lui tous les autres jusqu'au dernier venu, le "dérailleur" Vincent Peillon, rappelé de son exil fiscal pour torpiller l'helvéto-catalan que tout le monde déteste aujourd'hui pour son arrogance, ses colères, son autoritarisme, ses volte-faces, sa femme de la FrançAfrique et le 49-3. Peillon a le bon logiciel de campagne en lui-même et une revanche à prendre sur la Rocardie d'ordre et pour compte son mentor assassiné au Sofitel de New-York. Vieil apparatchik de la veine réformiste strauss-khanienne, il peut parler deux heures avec un verre d'eau sur tous les sujets. S'il fallait miser chez les bookmakers de Londres, je le donnerais lauréat du concours inter-socialiste. Pinel, Benhamias et De Rugy sont figurants mais ils améliorent leur page Wikipédia.
[CDG] Le Centre utile vient d'être conquis en trois coup de queuillère à pot par Emmanuel Macron, plus vite que l'Etat islamique n'a repris Palmyre (et l'a quitté). Avec quinze mille militants payants au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, il a renvoyé dans les cordes les partis croupions du centre-droit que sont les Centristes d'Hervé Morin, l'UDI de Jean-Christophe Lagarde et le MoDem de François Bayrou. Aucun n'est capable aujourd'hui de franchir la barre des cinq pour cent de suffrages ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Ça bride l'élan :) Au centre-gauche, les radicaux ont disparu en tant qu'espèce différenciée, Sylvia Pinel ayant rejoint la Belle Alliance pour ne pas être accusée d'avoir fait le lit du fachisme en captant par une candidature directe des suffrages utiles ailleurs.
[DDG] A Droite, les jeux sont faits. Le parti est en ordre, les centristes ralliés (finalement tous sauf le fat de Pau qui se décidera après l'Épiphanie) discutent des postes possibles au râteau de croupier. François Fillon n'a plus qu'à tenir le choc des assauts de tous les autres. On est en démocratie et tous les coups sont permis, même les plus bas, mais avec quarante ans de pratique, il est le dernier à se laisser surprendre. Bien épaulé, par des gens qui connaissent bien les dossiers (je pense à Eric Wœrth et Thierry Solère), il devrait mener l'aventure à terme, même si les mises au point se succèdent, arrondissant les angles du programme. Un bémol ? son shadow cabinet ressemble plus à une synthèse hollandienne qu'à un gouvernement de combat (voir l'organigramme mexicain en pied de billet): on a la désagréable impression d'être arrivé déjà à la ronde des desserts. L'ouverture au centre, préalable à la victoire, commence à affadir le programme botté, les quatre prochains mois seront longs pour monsieur Fillon et il ne m'étonnerait pas que sous la contrainte des réalités, une fois élu président (pour cent jours), il déroule le programme... d'Alain Juppé. De quoi en remettre dans la coupe d'huile de foie de morue que le vaincu doit avaler chaque matin que Dieu fait à Bordeaux.
[EXD] Le Front national va moins bien qu'il n'allait aux élections régionales de cette année. Le monolithe se fendille à mesure que le combat électoral gagne en intensité. Le problème central est le programme économique marxiste de Marine Le Pen, que les cadres du bureau politique ont acheté dans le champ des labours souverainistes, oubliant un peu vite que les Français n'ont jamais validé ces options. Ils s'en défieraient plutôt comme la plupart des populations menacées par le mondialisme que sont les Italiens, Espagnols, Grecs et Portugais. Quitter l'euro pour avoir quoi ? Une piastre que personne au monde ne change un vendredi ne sachant quel en sera le cours le lundi matin à l'ouverture des banques ? Marion Maréchal-Le Pen a très bien vu que ça ne collait pas, et d'autres idioties aussi ! Mais validées par le sémillant Philippot, qui se verrait bien le Raspoutine de la Duchesse de Montretout, ces âneries deviennent une affaire d'orgueil. Les chapitres économiques sont si mal travaillés au fond que la fente est large et l'épée traverse l'armure. Le jeu de massacre des économistes médiatisés va commencer après les fêtes. La jeune Le Pen a plus de sens politique que l'ancien élève de l'ENA, et ça n'est apparemment pas acceptable pour les evzones de Nanterre. Avec un charisme fou en plus, la totale !
Marine Le Pen va-t-elle repasser sous le fameux plafond de verre ? C'est son dilletantisme qui lui a coûté la région du Nord. Ses dossiers n'étaient pas assimilés, toute question pertinente était renvoyée à la dictature de Bruxelles ou à la submersion migratoire, elle ne savait pas convaincre au-delà des slogans faciles et éculés. Et pour ce qu'elle en montre aujourd'hui - sans doute se réserve-t-elle pour le vrai combat électoral - il semblerait que la candidate soit pour l'instant aussi faible qu'avant dans la construction de son raisonnement. On n'est pas à l'oral de Sciences Po mais dans le dur maintenant. Quand parle-t-on de responsabilisation citoyenne ? Les Français veulent-ils vraiment l'homme providentiel ? Combien font deux et deux ?
Tout ceci n'est que le contour du spectre politique. A remplir les cinq cases du jeu, nous mettrions en lices, aujourd'hui 19 décembre 2016, les candidats déclarés suivants, de la gauche vers la droite :
[EXG] L'extrême-gauche historique s'est regroupée derrière son meilleur tribun du moment, qui avait récolté onze pour cent des suffrages exprimés en avril 2012 : Jean-Luc Mélenchon, sous vos applaudissements. Nul ne le conteste, sauf les deux partis révolutionnaires à sa propre gauche qui, sans aucun espoir de l'emporter, manœuvrent dans une stratégie de subsides post-électoraux (voir le billet des Interstitiels). Porté par le renfort du Parti communiste français, lui sont ôtés les soucis de parrainages, seul capital encore utile au vieux parti stalinien. Il va donc y aller franco de port et d'emballage avec une proclamation de non-ralliement qui fera des dégâts au second tour de la Présidentielle en mai 2017.
[GDG] A Gauche, c'est la grande inconnue et le combat des frères du Grand Orient ! Le président décédé politiquement ouvre la voie aux impétrants en tous genres, confessions et agenda. Bien malin qui prédirait le résultat du premier tour de la primaire socialiste lancée sous les auspices de La Belle Alliance populaire. S'y bousculent tous les caractères qui font l'intérêt pédagogique du cirque électoral, témoins, imprécateurs, boulets et dérailleurs. Les premiers déclarés sont les plus sincères, les derniers les plus sournois.
Benoît Hamon, Gérard Filoche en ont gros sur la patate et quelque chose à dire, mais le second a été éliminé d'entrée, en toute "équanimité" comme dit le président de la Haute autorité de la primaire citoyenne, pour ses outrances passées ; il va les assigner, direct ! Damned ! c'était le candidat de la fachosphère qui voulait en faire un troll. Va-t-il se présenter en candidat libre ? Plus probablement, il rejoindra le Parti de gauche de Coquerel et Corbière. Arnaud Montebourg, bouffi d'orgueil, ne se voit nulle part ailleurs que dans ce concours de plaidoiries depuis qu'il a fait dix-sept pour cent à la Primaire Aubry-Hollande de 2012 ; entre-temps, ce grand impulsif a fatigué du monde tout en le faisant rire et la fraîcheur de la surprise a passé. Manuel Valls se revendique comme l'exécuteur testamentaire du quinquennat agonisant et, prévoyant, avait acheté son hastag #Valls2017 dès 2012. Mais il n'est rien d'autre au parti socialiste que le maire autoritaire d'Evry. Il a contre lui tous les autres jusqu'au dernier venu, le "dérailleur" Vincent Peillon, rappelé de son exil fiscal pour torpiller l'helvéto-catalan que tout le monde déteste aujourd'hui pour son arrogance, ses colères, son autoritarisme, ses volte-faces, sa femme de la FrançAfrique et le 49-3. Peillon a le bon logiciel de campagne en lui-même et une revanche à prendre sur la Rocardie d'ordre et pour compte son mentor assassiné au Sofitel de New-York. Vieil apparatchik de la veine réformiste strauss-khanienne, il peut parler deux heures avec un verre d'eau sur tous les sujets. S'il fallait miser chez les bookmakers de Londres, je le donnerais lauréat du concours inter-socialiste. Pinel, Benhamias et De Rugy sont figurants mais ils améliorent leur page Wikipédia.
[CDG] Le Centre utile vient d'être conquis en trois coup de queuillère à pot par Emmanuel Macron, plus vite que l'Etat islamique n'a repris Palmyre (et l'a quitté). Avec quinze mille militants payants au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, il a renvoyé dans les cordes les partis croupions du centre-droit que sont les Centristes d'Hervé Morin, l'UDI de Jean-Christophe Lagarde et le MoDem de François Bayrou. Aucun n'est capable aujourd'hui de franchir la barre des cinq pour cent de suffrages ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Ça bride l'élan :) Au centre-gauche, les radicaux ont disparu en tant qu'espèce différenciée, Sylvia Pinel ayant rejoint la Belle Alliance pour ne pas être accusée d'avoir fait le lit du fachisme en captant par une candidature directe des suffrages utiles ailleurs.
[DDG] A Droite, les jeux sont faits. Le parti est en ordre, les centristes ralliés (finalement tous sauf le fat de Pau qui se décidera après l'Épiphanie) discutent des postes possibles au râteau de croupier. François Fillon n'a plus qu'à tenir le choc des assauts de tous les autres. On est en démocratie et tous les coups sont permis, même les plus bas, mais avec quarante ans de pratique, il est le dernier à se laisser surprendre. Bien épaulé, par des gens qui connaissent bien les dossiers (je pense à Eric Wœrth et Thierry Solère), il devrait mener l'aventure à terme, même si les mises au point se succèdent, arrondissant les angles du programme. Un bémol ? son shadow cabinet ressemble plus à une synthèse hollandienne qu'à un gouvernement de combat (voir l'organigramme mexicain en pied de billet): on a la désagréable impression d'être arrivé déjà à la ronde des desserts. L'ouverture au centre, préalable à la victoire, commence à affadir le programme botté, les quatre prochains mois seront longs pour monsieur Fillon et il ne m'étonnerait pas que sous la contrainte des réalités, une fois élu président (pour cent jours), il déroule le programme... d'Alain Juppé. De quoi en remettre dans la coupe d'huile de foie de morue que le vaincu doit avaler chaque matin que Dieu fait à Bordeaux.
[EXD] Le Front national va moins bien qu'il n'allait aux élections régionales de cette année. Le monolithe se fendille à mesure que le combat électoral gagne en intensité. Le problème central est le programme économique marxiste de Marine Le Pen, que les cadres du bureau politique ont acheté dans le champ des labours souverainistes, oubliant un peu vite que les Français n'ont jamais validé ces options. Ils s'en défieraient plutôt comme la plupart des populations menacées par le mondialisme que sont les Italiens, Espagnols, Grecs et Portugais. Quitter l'euro pour avoir quoi ? Une piastre que personne au monde ne change un vendredi ne sachant quel en sera le cours le lundi matin à l'ouverture des banques ? Marion Maréchal-Le Pen a très bien vu que ça ne collait pas, et d'autres idioties aussi ! Mais validées par le sémillant Philippot, qui se verrait bien le Raspoutine de la Duchesse de Montretout, ces âneries deviennent une affaire d'orgueil. Les chapitres économiques sont si mal travaillés au fond que la fente est large et l'épée traverse l'armure. Le jeu de massacre des économistes médiatisés va commencer après les fêtes. La jeune Le Pen a plus de sens politique que l'ancien élève de l'ENA, et ça n'est apparemment pas acceptable pour les evzones de Nanterre. Avec un charisme fou en plus, la totale !
Marine Le Pen va-t-elle repasser sous le fameux plafond de verre ? C'est son dilletantisme qui lui a coûté la région du Nord. Ses dossiers n'étaient pas assimilés, toute question pertinente était renvoyée à la dictature de Bruxelles ou à la submersion migratoire, elle ne savait pas convaincre au-delà des slogans faciles et éculés. Et pour ce qu'elle en montre aujourd'hui - sans doute se réserve-t-elle pour le vrai combat électoral - il semblerait que la candidate soit pour l'instant aussi faible qu'avant dans la construction de son raisonnement. On n'est pas à l'oral de Sciences Po mais dans le dur maintenant. Quand parle-t-on de responsabilisation citoyenne ? Les Français veulent-ils vraiment l'homme providentiel ? Combien font deux et deux ?
La volonté nationale est un des maux dont les intrigants de tous les temps et les despotes de tous âges ont le plus largement abusé. Les uns en ont vu l'expression dans les suffrages achetés de quelques agents du pouvoir ; d'autres dans les votes d'une minorité intéressée ou craintive ; il y en a même qui l'ont découverte toute formulée dans le silence des peuples ; et qui ont pensé que du fait de l'obéissance naissait pour eux le droit du commandement.
(Alexis de Tocqueville)
Tout ceci n'est que le contour du spectre politique. A remplir les cinq cases du jeu, nous mettrions en lices, aujourd'hui 19 décembre 2016, les candidats déclarés suivants, de la gauche vers la droite :
[EXG] Jean-Luc Mélenchon
[GDG] Vincent Peillon
[CDG] Emmanuel Macron*
[DDG] François Fillon*
[EXD] Marine Le Pen*
Les étoilés sont notre pronostic de second tour (2 de ces 3).
Pour info, gouvernement de campagne de François Fillon :
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Prochain billet sur le sujet : Déboisement des impétrants (LLL)
Belle étude ethnologique de cette tribu cannibale et consanguine. Vous êtes le Levi-Strauss des sacs-à-merde. Mais vivement l'extinction!
RépondreSupprimerLa constitution monarchique de 1958 a été castrée par la révision de 1962. On a ouvert la porte aux médiocres dont l'archétype règne aujourd'hui succédant d'ailleurs à soi-même. Tout ça sort de la même fosse.
SupprimerChateaubriand nous en avait prévenu de bien belle manière : "Plus l'homme en pouvoir est petit, plus il convient à toutes les petitesses. Chacun en se comparant à lui se dit : Pourquoi n'arriverais-je pas à mon tour ? Il n'excite aucune jalousie : les courtisans le préfèrent, parce qu'ils peuvent le mépriser ; les rois le gardent comme une manifestation de leur toute-puissance. Non seulement la médiocrité a tous ces avantages pour rester en place, mais elle a encore un bien plus grand mérite : elle exclut du pouvoir la capacité. Le député des sots et des imbéciles au ministère caresse deux passions du cœur humain, l'ambition et l'envie".