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Flotte stratégique

Sommes-nous devenus intelligents ? Le jour de son départ de Matignon, l'ancien maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve, a signé le décret* de la flotte stratégique. Non, non, ce ne sont pas les sous-marins nucléaires construits aux arsenaux de Cherbourg justement, ni le groupe aéronaval que nous promenons au bord des zones de conflits pour nous conserver le fauteuil au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Ce sont les chaînons de nos filières logistiques salées qui jusqu'ici n'étaient pas gérés autrement que par la mobilisation générale de moyens affectés (plus ou moins) à des besoins à naître du conflit en préparation. Autant dire le grand flou. Le décret* définit ainsi le pool concerné :

La flotte à caractère stratégique instituée à l’article L. 2213-9 du code de la défense comprend :
– Les navires et emplois y afférents susceptibles d’assurer, dans une logique de filières stratégiques et aux fins de préserver l’intégrité de celles-ci, la sécurité et la continuité :
1° Des approvisionnements industriels, énergétiques et alimentaires du territoire métropolitain et des outre-mer ;
2° Des transports opérant dans le cadre d’une délégation de service public ;
3° Des services portuaires et des travaux maritimes d’accès portuaire ;
4° De l’intervention et de l’assistance en mer des navires en difficulté ;
5° Des communications par câbles sous-marins ;
6° De la recherche océanographique ;
7° Des travaux de production énergétique et d’extraction en mer.
Et plus loin il est précisé - ce qui montre en creux qu'on va récupérer des moyens originellement français mais passés sous pavillon de complaisance si nécessaire, la langue de communication entre les navires affectés à la flotte à caractère stratégique et les autorités publiques françaises est la langue française.
* Le décret n°2017-850 du 9 mai 2017 est accessible en cliquant ici.


Reste à établir la liste des navires et autres moyens mobilisables et suivis dès à présent. Disons tout de suite que ce n'est pas l'ancien maire du Havre qui va revoir a minima ce dispositif intelligent, qui peut-être a motivé une passation de pouvoirs particulièrement chaleureuse à l'hôtel de Matignon.

Nouvelle goélette ARANUI 5 pour la Polynésie française

Pour bien comprendre les types de navires stratégiques, au sens des intérêts immédiats de l'Etat en temps de paix comme en temps de guerre, nous citerons les remorqueurs, des dragues, des démineurs, les moyens de liaisons maritimes en continuité territoriale comme les ferries ou les goélettes polynésiennes, des méthaniers, des porte-conteneurs, les vedettes de la SNSM... « Cette flotte fait l’objet d’un plan triennal arrêté par le ministre en charge de la marine marchande, après avis de cette commission (interministérielle de la flotte stratégique). La liste des navires est tenue par le commissaire délégué au transport maritime, sous l’autorité de ce même ministre » nous dit le journal Le Marin. Outre notre marine de guerre, les autres acteurs sur zone sont les Douanes et le futur corps européen de garde-côtes s'il se crée.

Bien qu'impliqué, le ministère des Armées n'est pas l'initiateur de la flotte à caractère stratégique puisqu'il avait déjà programmé ses mécanismes de soutien propre, comme le contrat d'affrètement des Abeilles de remorquage hauturier ou ceux d'autres moyens logistiques. La démarche permet de projeter à cinq ans le panorama des moyens disponibles en cas de crise grave pour tous les services mouillés de l'Etat, et elle accompagne une re-francisation de ces moyens dans une approche de souveraineté quand c'est nécessaire et possible. L'Etat devient stratège (enfin) et commence à prendre en compte notre zone économique exclusive, la deuxième du monde. Il était temps. Bravo à MM. Cazeneuve, Le Drian et au CA Patrick Augier.

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