C'est fait ! Vox populi, vox dei : Emmanuel et Brigitte Macron ont acquis le droit de pendre la crémaillère dans la bonbonnière de la marquise de Pompadour et d'y inviter tous leurs amis pendant cinq ans, ou plus... si affinités avec le peuple français qui n'existe d'ailleurs pas. Quelle belle aventure d'amour, Guenièvre et Lancelot du Lac héritent de Camaaloth ! La reine fut professeur de latin et de français, ce qui nous ramène à des premières dames à bagage que le temps des poules nous avait fait oublier. Pour le reste, c'est à lui qu'on s'adressera désormais en lui donnant du monsieur le président ; elle, le regardera vieillir deux fois plus vite que d'habitude et la rattraper de cette façon ; c'est la fonction la plus usante du microcosme. Pour une fois, elle sera assumée par un homme de presque quarante ans, ce qui ne déplaît pas au pays, lassé des croûtons rassis des partis en cour. Le dernier jeune président fut aussi le premier d'entre-eux, Louis-Napoléon Bonaparte qui accéda à quarante ans et fut l'unique président de la II° République. Tout commence maintenant pour deux attelages inédits à la ville comme au palais, le premier ministre ayant pour référent une pointure intellectuelle quoiqu'on en dise, un khâgneux philosophe et énarque, lauréat du concours général, ce qui compte peut-être plus que le reste. A la ville, l'écart de génération n'est pas plus grand qu'entre Melania et Donald (je sais ce que vous voudriez dire).
Sans augurer de l'avenir - en aura-t-il un à l'issue des #MacronLeaks en cyrillique ? - on peut avancer que le président Macron a su évaluer par le principe de réalité la position géopolitique et les ambitions françaises jouables, bien avant les incantations vociférantes en meeting. Il ne cassera pas la baraque à l'extérieur, nous n'en avons plus les moyens et c'est un gage de succès comme aurait pu le lui dire Edmond Burke. La tabula rasa sied aux esprits simples et aux orgueilleux incultes. Oublions par contre le programme électoral qui ne survivra pas tel quel à l'élection. Ce pays est irréformable sauf au cœur d'un drame national. Pompidou disait qu'on ne pouvait en France faire bouger les lignes qu'à chaud. Par la raison ou le bon sens, c'était impossible. Comme on n'est pas (encore) en guerre intérieure, il s'agit maintenant d'attendre que les oppositions s'usent jusqu'aux congés d'été avant de gouverner au mieux des intérêts bien compris du pays et naviguer entre contraintes intérieures et dépendances extérieures as usual.
Mais il est un fait nouveau : la haute bourgeoisie s'est ralliée d'un bloc. Jacques Attali disait l'an dernier, parlant de la fusée Macron : voilà un bon produit, un bon logiciel, y a plus qu'à ! On jugera de l'influence de la Haute dans l'évolution de la contestation et dans la mise en œuvre in fine des réformes indispensables au dernier pays marxiste d'Europe ; soit par extinction du mécontentement à travers les syndicats ouvriers et le mouvement pseudo-alternatif qui canaliseront le mécontentement vers le cocufiage, soit par extinction de l'embrasement que les pouvoirs bourgeois auront provoqué pour atteindre aux circonstances de désordre nécessaires à la proclamation de l'article 16 de la Constitution, un 18-Brumaire moderne.
Dans leur analyse du mode de désignation du chef de l'Etat, le Groupe d'Action Royaliste* avait cité Danielle Mitterrand qui bornait ainsi la capacité d'intervention de son président de mari : « Après 1981, je demandais à François Mitterrand : "Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ?" Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu.»
Gouverner au sens plein à notre époque revient à optimiser les dépendances. Royal-Artillerie le rabâche depuis dix ans. La faillite annoncée des programmes hyper-souverainistes et les prémices d'un hard Brexit infinançable par les Brittons - le UKIP est en voie de désintégration au Royaume-Uni - a convaincu une majorité importante du corps électoral français que nous n'étions pas une île. Sans blague, nous sommes déjà mitoyens avec sept pays ! Au-delà, la France est imbriquée dans le monde pour le meilleur et pour le pire, et pas plus que sous François Mitterrand, elle n'est ni sera seule ! Mais optimiser les dépendances n'est pas s'abstenir de gouverner comme s'y est vautré ce brave monsieur Hollande, incapable de briser la coquille élyséenne. Il a dépensé son temps à se chercher des excuses, des traîtres et des miroirs, comme nous le révélait le bouquin de Davet & Lhomme qui l'a tuer. Tout le contraire de "fonctionner", présider la V° République c'est du haut niveau, quasiment surhumain, exaltant au bout du compte quand on a cumulé les gains ! Macron y croit. Croyons-y avec lui quelques semaines.
Pour conclure, constatons qu'au pantographe de la mondialisation, la France est un beau pays moyen, souvent le premier du pack des moyens (clic p.379 et >) : pnb/$ (5°), population (20°), défense (5°). Faut faire avec intelligence et ruser un peu avec nos outremers ! A défaut de rente minière, à nous de pousser partout nos atouts - il en reste - en commençant par libérer la créativité qui en permet leur exploitation. Ce pays est intelligent mais bridé par la soviétisation imposée à la Libération. Ses atouts sont : dans le désordre, l'agriculture commerciale, l'agro-alimentaire, la pharmacie, l'aérospatial, l'atome, les start-ups, la bancassurance, le luxe et le tourisme (culture, œnologie et gastronomie) sans oublier la deuxième zone économique exclusive et bien sûr, le concours Lépine.
Sortons des débats politiques... ils ne créent aucune richesse, au contraire. S'ouvre maintenant une période des luttes sociales et corporatistes annoncées pour contrer d'emblée la politique réformiste de M. Macron (ultra-libérale paraît-il, malgré des taux de prélèvements et redistribution proprement collectivistes - gag!). C'est la Gaule éternelle livrée à elle-même qui attend son Pacificateur. Mais il faut purger la colère populaire d'abord ! Vous avez les indices, on en reparle ?
De quoi s'agit-il quand on parle d'optimisation ? Faisons l'inventaire des chaînes existantes qui ne sont pas toutes de captivité mais aussi de transmission :
- Approvisionnement énergétique
- Droit européen
- Droit international
- Code international de commerce (OMC CEE)
- Monnaie étrangère et commune
- American way of life (culture)
- Contraintes atlantiques
Finances internationales
Sans augurer de l'avenir - en aura-t-il un à l'issue des #MacronLeaks en cyrillique ? - on peut avancer que le président Macron a su évaluer par le principe de réalité la position géopolitique et les ambitions françaises jouables, bien avant les incantations vociférantes en meeting. Il ne cassera pas la baraque à l'extérieur, nous n'en avons plus les moyens et c'est un gage de succès comme aurait pu le lui dire Edmond Burke. La tabula rasa sied aux esprits simples et aux orgueilleux incultes. Oublions par contre le programme électoral qui ne survivra pas tel quel à l'élection. Ce pays est irréformable sauf au cœur d'un drame national. Pompidou disait qu'on ne pouvait en France faire bouger les lignes qu'à chaud. Par la raison ou le bon sens, c'était impossible. Comme on n'est pas (encore) en guerre intérieure, il s'agit maintenant d'attendre que les oppositions s'usent jusqu'aux congés d'été avant de gouverner au mieux des intérêts bien compris du pays et naviguer entre contraintes intérieures et dépendances extérieures as usual.
Mais il est un fait nouveau : la haute bourgeoisie s'est ralliée d'un bloc. Jacques Attali disait l'an dernier, parlant de la fusée Macron : voilà un bon produit, un bon logiciel, y a plus qu'à ! On jugera de l'influence de la Haute dans l'évolution de la contestation et dans la mise en œuvre in fine des réformes indispensables au dernier pays marxiste d'Europe ; soit par extinction du mécontentement à travers les syndicats ouvriers et le mouvement pseudo-alternatif qui canaliseront le mécontentement vers le cocufiage, soit par extinction de l'embrasement que les pouvoirs bourgeois auront provoqué pour atteindre aux circonstances de désordre nécessaires à la proclamation de l'article 16 de la Constitution, un 18-Brumaire moderne.
Dans leur analyse du mode de désignation du chef de l'Etat, le Groupe d'Action Royaliste* avait cité Danielle Mitterrand qui bornait ainsi la capacité d'intervention de son président de mari : « Après 1981, je demandais à François Mitterrand : "Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ?" Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu.»
Gouverner au sens plein à notre époque revient à optimiser les dépendances. Royal-Artillerie le rabâche depuis dix ans. La faillite annoncée des programmes hyper-souverainistes et les prémices d'un hard Brexit infinançable par les Brittons - le UKIP est en voie de désintégration au Royaume-Uni - a convaincu une majorité importante du corps électoral français que nous n'étions pas une île. Sans blague, nous sommes déjà mitoyens avec sept pays ! Au-delà, la France est imbriquée dans le monde pour le meilleur et pour le pire, et pas plus que sous François Mitterrand, elle n'est ni sera seule ! Mais optimiser les dépendances n'est pas s'abstenir de gouverner comme s'y est vautré ce brave monsieur Hollande, incapable de briser la coquille élyséenne. Il a dépensé son temps à se chercher des excuses, des traîtres et des miroirs, comme nous le révélait le bouquin de Davet & Lhomme qui l'a tuer. Tout le contraire de "fonctionner", présider la V° République c'est du haut niveau, quasiment surhumain, exaltant au bout du compte quand on a cumulé les gains ! Macron y croit. Croyons-y avec lui quelques semaines.
Pour conclure, constatons qu'au pantographe de la mondialisation, la France est un beau pays moyen, souvent le premier du pack des moyens (clic p.379 et >) : pnb/$ (5°), population (20°), défense (5°). Faut faire avec intelligence et ruser un peu avec nos outremers ! A défaut de rente minière, à nous de pousser partout nos atouts - il en reste - en commençant par libérer la créativité qui en permet leur exploitation. Ce pays est intelligent mais bridé par la soviétisation imposée à la Libération. Ses atouts sont : dans le désordre, l'agriculture commerciale, l'agro-alimentaire, la pharmacie, l'aérospatial, l'atome, les start-ups, la bancassurance, le luxe et le tourisme (culture, œnologie et gastronomie) sans oublier la deuxième zone économique exclusive et bien sûr, le concours Lépine.
Sortons des débats politiques... ils ne créent aucune richesse, au contraire. S'ouvre maintenant une période des luttes sociales et corporatistes annoncées pour contrer d'emblée la politique réformiste de M. Macron (ultra-libérale paraît-il, malgré des taux de prélèvements et redistribution proprement collectivistes - gag!). C'est la Gaule éternelle livrée à elle-même qui attend son Pacificateur. Mais il faut purger la colère populaire d'abord ! Vous avez les indices, on en reparle ?
Madame Première |
Note (*): L'article du Groupe d'Action royaliste est à lire in extenso par ici (clic)
COMPLÉMENTS D'OBJET DIRECTS
De quoi s'agit-il quand on parle d'optimisation ? Faisons l'inventaire des chaînes existantes qui ne sont pas toutes de captivité mais aussi de transmission :
- Approvisionnement énergétique
(sujet abordé dans le billet précédent) Le mix énergétique français est à régler au mieux de nos intérêts mais il est facile de comprendre que des négociations au niveau européen avec les producteurs d'énergie étrangers auraient plus de poids. Si l'Europe discute avec Gazprom ou la Sonatrach pour un marché de cinq cents millions de consommateurs etc... Optimiser c'est avec l'Europe.
- Droit européen
Les cours européennes de justice nous contraignent, c'est vrai, mais à y porter nos analyses, nous agissons déjà. Il faut certainement s'impliquer plus dans le travail juridique où nous sommes reconnus très bons.
- Droit international
La charte de San Francisco nous gouverne à notre insu, mais nous avons l'avantage du fondateur et bénéficions d'un siège au Conseil de sécurité assorti d'un pouvoir de veto. Nous avons aussi une certaine aura en assemblée générale qu'il faut savoir exercer intelligemment. Bien menée, la contrainte onusienne n'en est pas une et peut rehausser le prestige de notre diplomatie.
- Code international de commerce (OMC CEE)
Les lois internationales du commerce existent depuis la Renaissance et leurs contraintes sont les garanties de nos clients et fournisseurs. Hors ces lois, nous perdrions toute crédibilité, comme s'y sont essayé quelques pays émergents à leurs dépens. Le premier secrétaire général de l'OMC fut un Français. Nous y existons donc. A nous de peser dans le sens de nos intérêts et faire agir le niveau compétent sous pression, souvent l'Union douanière européenne. Il suffit de travailler et de ne jamais lâcher le bout. On ne voyait pas trop un Harlem Désir dans le schmilblick.
- Monnaie étrangère et commune
Nous avons déporté à Francfort le pouvoir de battre monnaie pour une raison simple : nous étions incapables seuls de brider notre création monétaire. Adepte de la politique du chien crevé au fil de l'eau, la classe dirigeante française, addictée au collectivisme répartiteur, a constamment soldé ses comptes par la dévaluation. Les acteurs économiques trafiquent aujourd'hui en euro et s'en trouvent bien, j'en témoigne. Cette monnaie a autant de valeur que les quatre autres grandes monnaies du monde (GBP, CHF, USD, JPY) ce qui ne fut jamais le cas du franc français après la dévaluation Poincaré de 1928. Si nous avons perdu ce pouvoir, c'est de notre faute, y revenir ruinerait non seulement l'épargne populaire, mais notre crédibilité internationale jusqu'à l'humiliation de passer par l'euromarc ou le dollar dès que nous traiterions à l'étranger. L'accès aux prêteurs internationaux ne se fera jamais en francs nouveaux. Même à l'époque, nous émettions des bons en devises ou en eurofrancs (francs expatriés), pas en francs domestiques. Pour parer le premier choc pétrolier en 1973, Giscard d'Estaing, ministre des finances de Pompidou, fut même obligé d'emprunter en garantie-or auprès des épargnants français qui n'avaient aucune confiance dans la monnaie nationale.
Il n'y a rien à optimiser là, sauf à peser au conseil de la BCE et à rétablir nos comptes publics comme promis. Le jour où nous serons en excédents, nous n'aurons plus envie de repasser au franc.
- American way of life (culture)
L'américanisation de nos sociétés est souvent perçue comme une mode, une tendance... mais c'est parfois une véritable contrainte quand elle guide les goûts du public consommateur en stérilisant le champs des choix qui lui sont offerts. Il y a beaucoup à faire contre cette globalisation, à commencer par libérer la création domestique pour la sortir du sillon gauchisé. Même si ce n'est pas de la vraie culture, les productions d'EuropaCorp de Luc Besson démontrent qu'on peut jouer dans la cour des grands. Un "ministère" est-il la meilleure méthode ? Selon Frédéric Mitterrand, le ministère de la Culture est un fromage où toutes les dépenses sont fléchées vers les abonnés au Système, et où se recopie le modèle subventionné français, pas toujours formidable. Le cinéma est le volet le plus visible mais il y a quantité d'autres tonneaux des Danaïdes.
- Contraintes atlantiques
Il s'agit dans l'esprit des gens de l'Alliance éponyme**, mais les relations économiques et politiques entre l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale suggèrent un billet dédié, ce serait trop long. L'OTAN est un outil de guerre à disposition, qui ne nous oblige pas plus que nous ne le voulons. Les preuves sont... désarmantes, l'affaire d'Irak de 2003 les résume toutes, l'affaire d'Afghanistan en rajoute une couche. Nous nous sommes abstenus là avec quelques autres et y sommes allés ici de notre plein gré, sous Jacques Chirac. En plus, la participation au commandement intégré et à ses procédures imposées nous a forcés à rehausser les nôtres qui commençaient sérieusement à dater.
Finances internationales
Les financiers internationaux n'ont jusqu'ici jamais manqué à l'appel du renflouement de notre gabegie nationale, ce qui laisse penser que, vu de loin, le pays est solvable et sûr, pour deux raisons : a) l'impôt rentre, même si le taux de prélèvement est exorbitant à la limite du racket fiscal ; b) le patrimoine des ménages excède la dette souveraine. Certains ont du mal à l'encaisser, mais la finance anonyme et vagabonde n'est pas notre pire ennemie, elle paie rubis sur l'ongle ! Par contre, nos déficits structurels la convoquent à la table des décisions politiques. La politique de la France ne se fait pas à la corbeille mais la corbeille téléphone souvent quand même. Le pouvoir sera toujours prudent avec la Banque puisque nous aurons longtemps besoin de preneurs de bons du Trésor.
Note (**): Le blogue Royal-Artillerie recense 47 billets libellés OTAN ou NATO. Bon courage.
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