"What the fuck in America ?" me disait hier ma concierge américaine. C'est tout simplement l'aboutissement d'une longue guerre des fossiles contre les énergies renouvelables et le marché-carbone, menée par les frères Koch et leur groupement d'intérêts Americans For Prosperity qui tirent depuis 2008 à coups de millions sur les sénateurs et représentants rétifs. Pour comprendre de quelle façon le parti républicain a été "reconstruit" par le fric et pourquoi tous les ténors républicains du Congrès (sauf McCain) ont applaudi la décision de Donald Trump, il faut lire le long article de Davenport et Lipton dans le New York Times du 3 juin : How GOP Leaders Came to View Climate Change as Fake Science (clic).
Douze heures après le retrait fracassant du gouvernement US de l'Accord de Paris (COP21), la fronde s'est organisée à grandes enjambées par tous les territoires de l'Union. Vendredi matin, trois gouverneurs démocrates (CA, WA, NY), des dizaines de maires de grandes villes (dont Los Angeles, Salt Lake City, Atlanta, New York, Pittsburgh, la ville emblématique du discours de Mr Trump), des patrons importants, des dizaines de doyens d'université ont convergé dans une volonté de continuation des mesures visant à freiner le réchauffement climatique mondial. Le public ne va pas tarder à s'organiser et MM. Trump, Pence et Bannon vont faire se lever la pire contestation de leur politique populiste, sans lignes de partage ethnique, classe d'âge ou de revenu. il est difficile de gouverner plus mal en levant tout le monde contre soi sauf les red necks des Appalaches ! Que n'a-t-il promis en campagne pour se faire élire ! Au jour de parution de ce billet, la contestation aura grossi au niveau d'un tsunami*.
La presse entre dans le détail des conséquences du désengagement annoncé et ce modeste blogue ne va pas s'y frotter, mais il peut s'avancer sur le terrain psychologique. L'étude de comportement du cas Donald Trump s'achève sur sa façon grotesque de chanter à tue-tête l'hymne national en mémoire des soldats morts au combat le 29 mai dernier, tout en en gigotant sur place comme à l'Oktoberfest devant l'orchestre en culotte de peau. On rapporte que les parents des soldats morts ces derniers temps en furent outrés ! Mais lui s'en fout. Une étude de comportement du nouveau président des Etats-Unis ferait déjà quatre cents pages,jusqu'à vouloir prendre la main au pape pour faire un mano a mano de pure com (hoax) ! La présidence n'est qu'un théâtre, les décrets sont signés devant les caméras et retournés vers elles pour bien montrer la signature de Dieu. Quand il y pense, il toise ses interlocuteurs en levant le menton comme le Duce, pus se ravise sur un sourire pour la photo. Et finalement, il est partout chez lui, fait le pitre à la danse du sabre chez les Séouds, le monde lui appartient comme un grand champ de fric à moissonner. Donald le formidable est en scène du lever au coucher. Il adore parler de lui. On peut lire la version prononcée de la déclaration de retrait de la COP-21 devant son parterre de groupies sur le site de la Maison Blanche en cliquant ici. NDLR : sur les sujets de politique internationale l'administration Obama publiait jadis la traduction française du discours officiel dans la foulée (autre temps, autres mœurs).
Les deux axes soutenant la thèse climatosceptique américaine sont l'emploi domestique et les transferts financiers vers le Tiers-Monde. La transition énergétique est créatrice d'emplois, mais ce ne sont peut-être pas les mêmes, au mêmes endroits et ne s'adressent-ils pas non plus à la même clientèle électorale. Ce qui est probable en revanche, c'est que les emplois techniques induits par la révolution énergétique sont en train de quitter les Etats-Unis, sauf si Ubu change d'idée, ce qui est possible encore ! Quant à l'argent - juste obsession mais obsession quand même - les pays pauvres n'en ont pas demandé tant que ça au premier producteur de pollution cumulée de la planète, trois milliards de dollars seulement. Au fait, si le budget fédéral se retire, les GAFA pourraient couvrir facilement la contribution due. Il reste que l'esprit "positif" de la COP21 est un facteur de cohésion sociale dont les Etats-Unis n'auraient donc pas besoin ?
Nous n'avons pas les compétences pour juger de la pertinence des mesures engagées à l'échelle du monde par les signataires de l'Accord, mais les yeux ouverts nous font voir que les glaces fondent au Groenland, que les inter-saisons raccourcissent en France, que les épisodes météorologiques sont plus violents, sans même faire l'inventaire des tornades, tempêtes et inondations en Amérique du Nord, les villes asiatiques sont irrespirables, en bien des coins l'eau pue. La planète change (à cause des gens sans doute, de la surpression démographique aussi) mais il n'est pas inutile de s'atteler sans attendre Trumpinator à son nettoyage de printemps, en grand et à fond. J'aurais préféré à la réponse ironique du président Macron "make our planet great again", un "make the earth clean again", c'est déjà herculéen et moins disgracieux à l'endroit d'un dirigeant qui n'a pas le niveau de la fonction.
Cette grande dispute illustre la faiblesse programmatique des démocraties qui se gouvernent sur l'instant, au sondage, au nombre et parfois comme ici, sous la puissance de la corruption institutionnalisée ! Les meilleurs projets des gouvernements démocratiques sont amputés des moyens de leur projection à long terme au bénéfice d'avantages politiques de court terme. Ce n'est pas que nos vieilles nations européennes en soient incapables mais elles courent d'une élection à l'autre et le renforcement de leur socle électoral prime tout, après le fameux état de grâce des cent jours qui ridiculise le régime. Après, est-ce la rue qui gouverne ? Vient en outre une mode nouvelle chez nous, celle de défaire les mesures prises par l'équipe précédente, surtout quand elles sont bonnes. Deux empires se projettent à trente ou quarante ans parce qu'ils ont détaché la géostratégie des débats quotidiens, ce sont des dictatures : la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. Et pour la seconde, le dire au lendemain de l'anniversaire du massacre de Tian'anmen me coûte. Mais les perspectives assumées sont là-bas. Le revirement climatologique de Pékin est le fruit d'une analyse poussée sur des constatations irréfutables.
Sans appeler au pavois le despote éclairé qui remettrait les choses au carré (quoique !) on touche du doigt l'intérêt d'un pouvoir permanent libéré des passions partisanes qui s'occuperait des grands sujets de temps long. Un roi ferait ça bien. Imaginez que les trente plus grands pays du monde soient des monarchies actives. Les effets du réchauffement climatique les inquiéteraient gravement puisque leur progéniture recevrait la promesse de défis impossibles à relever, et en cénacle plus restreint que l'Assemblée générale des Nations unies, ils prendraient des mesures communes de sauvegarde dans l'intérêt de tous. Ceci ne doit pas diminuer les mérites des organisateurs de la COP-21 et de M. Fabius. Vingt ans de négociations, précipitées sur un résultat planétaire dans un sprint de trois ans, une procédure qui pourrait nous faire mentir sur l'incapacité des nations à s'entendre. C'est bien pourquoi l'intrusion grotesque de l'éléphant Trump dans ce magasin de porcelaines est du domaine des calamités. On n'avait jamais réuni 195 pays sur un texte de 39 pages !
Mais, soyons fair-play. L'éléphant peut être aussi un grand niveleur de difficultés. Que s'est-il passé entre les chefs d'Etat arabes et Donald Trump lors de son voyage chez les Séouds ? Sabre en main, dansait-il de joie ? Ce matin les téléscripteurs crépitent : l'Arabie séoudite (allié de référence des Républicains), le Bahrein (pays-hôte de la V° Flotte de l'US Navy), Les Emirats arabes unis qui tiennent toute la Côte des Pirates et plus sérieux, l'Egypte qui éradique systématiquement chez elle les Frères musulmans outre le fait qu'elle est la première puissance économique, démographique et militaire de la région, coupent les ponts avec le Qatar, au motif du financement avéré du terrorisme international. Si bien des politiciens français** sont abattus ce matin, c'est ailleurs que se lève le vent de la panique. Les fondations, associations caritatives ou pieuses de la péninsule arabique puis toutes celles du proche Orient savent qu'elle sont devenues depuis ce matin des cibles pour les polices secrètes arabes, bien plus redoutables que les nôtres. On va suivre maintenant la cascade d'accidents regrettables qui va nourrir le feu de la purification qui va blanchir ceux qui l'apportent. Un motif ? Je m'avance ? Donald Trump a convaincu les Séouds et leurs alliés qu'il irait jusqu'à vitrifier l'Iran si nécessaire sous condition de leur pleine collaboration dans la lutte contre le terrorisme islamique et pour la pacification du Moyen Orient. Toute autre explication sera bienvenue.
Douze heures après le retrait fracassant du gouvernement US de l'Accord de Paris (COP21), la fronde s'est organisée à grandes enjambées par tous les territoires de l'Union. Vendredi matin, trois gouverneurs démocrates (CA, WA, NY), des dizaines de maires de grandes villes (dont Los Angeles, Salt Lake City, Atlanta, New York, Pittsburgh, la ville emblématique du discours de Mr Trump), des patrons importants, des dizaines de doyens d'université ont convergé dans une volonté de continuation des mesures visant à freiner le réchauffement climatique mondial. Le public ne va pas tarder à s'organiser et MM. Trump, Pence et Bannon vont faire se lever la pire contestation de leur politique populiste, sans lignes de partage ethnique, classe d'âge ou de revenu. il est difficile de gouverner plus mal en levant tout le monde contre soi sauf les red necks des Appalaches ! Que n'a-t-il promis en campagne pour se faire élire ! Au jour de parution de ce billet, la contestation aura grossi au niveau d'un tsunami*.
La presse entre dans le détail des conséquences du désengagement annoncé et ce modeste blogue ne va pas s'y frotter, mais il peut s'avancer sur le terrain psychologique. L'étude de comportement du cas Donald Trump s'achève sur sa façon grotesque de chanter à tue-tête l'hymne national en mémoire des soldats morts au combat le 29 mai dernier, tout en en gigotant sur place comme à l'Oktoberfest devant l'orchestre en culotte de peau. On rapporte que les parents des soldats morts ces derniers temps en furent outrés ! Mais lui s'en fout. Une étude de comportement du nouveau président des Etats-Unis ferait déjà quatre cents pages,
Les deux axes soutenant la thèse climatosceptique américaine sont l'emploi domestique et les transferts financiers vers le Tiers-Monde. La transition énergétique est créatrice d'emplois, mais ce ne sont peut-être pas les mêmes, au mêmes endroits et ne s'adressent-ils pas non plus à la même clientèle électorale. Ce qui est probable en revanche, c'est que les emplois techniques induits par la révolution énergétique sont en train de quitter les Etats-Unis, sauf si Ubu change d'idée, ce qui est possible encore ! Quant à l'argent - juste obsession mais obsession quand même - les pays pauvres n'en ont pas demandé tant que ça au premier producteur de pollution cumulée de la planète, trois milliards de dollars seulement. Au fait, si le budget fédéral se retire, les GAFA pourraient couvrir facilement la contribution due. Il reste que l'esprit "positif" de la COP21 est un facteur de cohésion sociale dont les Etats-Unis n'auraient donc pas besoin ?
Ourse en zoo au Canada |
Nous n'avons pas les compétences pour juger de la pertinence des mesures engagées à l'échelle du monde par les signataires de l'Accord, mais les yeux ouverts nous font voir que les glaces fondent au Groenland, que les inter-saisons raccourcissent en France, que les épisodes météorologiques sont plus violents, sans même faire l'inventaire des tornades, tempêtes et inondations en Amérique du Nord, les villes asiatiques sont irrespirables, en bien des coins l'eau pue. La planète change (à cause des gens sans doute, de la surpression démographique aussi) mais il n'est pas inutile de s'atteler sans attendre Trumpinator à son nettoyage de printemps, en grand et à fond. J'aurais préféré à la réponse ironique du président Macron "make our planet great again", un "make the earth clean again", c'est déjà herculéen et moins disgracieux à l'endroit d'un dirigeant qui n'a pas le niveau de la fonction.
Cette grande dispute illustre la faiblesse programmatique des démocraties qui se gouvernent sur l'instant, au sondage, au nombre et parfois comme ici, sous la puissance de la corruption institutionnalisée ! Les meilleurs projets des gouvernements démocratiques sont amputés des moyens de leur projection à long terme au bénéfice d'avantages politiques de court terme. Ce n'est pas que nos vieilles nations européennes en soient incapables mais elles courent d'une élection à l'autre et le renforcement de leur socle électoral prime tout, après le fameux état de grâce des cent jours qui ridiculise le régime. Après, est-ce la rue qui gouverne ? Vient en outre une mode nouvelle chez nous, celle de défaire les mesures prises par l'équipe précédente, surtout quand elles sont bonnes. Deux empires se projettent à trente ou quarante ans parce qu'ils ont détaché la géostratégie des débats quotidiens, ce sont des dictatures : la Fédération de Russie et la République populaire de Chine. Et pour la seconde, le dire au lendemain de l'anniversaire du massacre de Tian'anmen me coûte. Mais les perspectives assumées sont là-bas. Le revirement climatologique de Pékin est le fruit d'une analyse poussée sur des constatations irréfutables.
Sans appeler au pavois le despote éclairé qui remettrait les choses au carré (quoique !) on touche du doigt l'intérêt d'un pouvoir permanent libéré des passions partisanes qui s'occuperait des grands sujets de temps long. Un roi ferait ça bien. Imaginez que les trente plus grands pays du monde soient des monarchies actives. Les effets du réchauffement climatique les inquiéteraient gravement puisque leur progéniture recevrait la promesse de défis impossibles à relever, et en cénacle plus restreint que l'Assemblée générale des Nations unies, ils prendraient des mesures communes de sauvegarde dans l'intérêt de tous. Ceci ne doit pas diminuer les mérites des organisateurs de la COP-21 et de M. Fabius. Vingt ans de négociations, précipitées sur un résultat planétaire dans un sprint de trois ans, une procédure qui pourrait nous faire mentir sur l'incapacité des nations à s'entendre. C'est bien pourquoi l'intrusion grotesque de l'éléphant Trump dans ce magasin de porcelaines est du domaine des calamités. On n'avait jamais réuni 195 pays sur un texte de 39 pages !
Mais, soyons fair-play. L'éléphant peut être aussi un grand niveleur de difficultés. Que s'est-il passé entre les chefs d'Etat arabes et Donald Trump lors de son voyage chez les Séouds ? Sabre en main, dansait-il de joie ? Ce matin les téléscripteurs crépitent : l'Arabie séoudite (allié de référence des Républicains), le Bahrein (pays-hôte de la V° Flotte de l'US Navy), Les Emirats arabes unis qui tiennent toute la Côte des Pirates et plus sérieux, l'Egypte qui éradique systématiquement chez elle les Frères musulmans outre le fait qu'elle est la première puissance économique, démographique et militaire de la région, coupent les ponts avec le Qatar, au motif du financement avéré du terrorisme international. Si bien des politiciens français** sont abattus ce matin, c'est ailleurs que se lève le vent de la panique. Les fondations, associations caritatives ou pieuses de la péninsule arabique puis toutes celles du proche Orient savent qu'elle sont devenues depuis ce matin des cibles pour les polices secrètes arabes, bien plus redoutables que les nôtres. On va suivre maintenant la cascade d'accidents regrettables qui va nourrir le feu de la purification qui va blanchir ceux qui l'apportent. Un motif ? Je m'avance ? Donald Trump a convaincu les Séouds et leurs alliés qu'il irait jusqu'à vitrifier l'Iran si nécessaire sous condition de leur pleine collaboration dans la lutte contre le terrorisme islamique et pour la pacification du Moyen Orient. Toute autre explication sera bienvenue.
(*) Ampleur du mouvement de contestation et résistance écologique aux Etats-Unis suite au retrait de l'Accord de Paris : les élites américaines cherchent à réunir les gouverneurs des Etats fédérés, les doyens d'université, les grands patrons, les maires des métropoles. Il serait étonnant que la Maison Blanche, à moitié staffée et qui pis est, à partir du fond de panier, puisse affronter la bronca générale, les jours n'ont que 24 heures et le vieux président fatigue vite. Les coups de menton n'y suffiront pas !
(**) Lire le bouquin de Georges Malbrunot, Nos très chers Emirs
(**) Lire le bouquin de Georges Malbrunot, Nos très chers Emirs
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