lundi 30 octobre 2017

Centenaire de la déclaration Balfour

Jeudi prochain, jour des Morts chez nous, Israël commémorera les cent ans de la déclaration d'Arthur Balfour, ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, qui participa au dépeçage de l'Empire ottoman dans la grande tradition de fout-la-merde du Foreign Office ! Où que vous regardiez sur le globe sauf en Amérique latine, tous les abcès purulents actuels sont des grains de beauté suppurants infectés par les bureaux anglais. Outre maintes raisons aussi tordues que cachées, la déclaration Balfour rémunérait l'engagement des Juifs d'Europe dans les rangs britanniques au Proche-Orient (La Légion juive). Huit jours plus tard, Jérusalem était enlevée aux Turcs ; le sept novembre, le croiseur Aurora tirait au canon pour signaler le commencement de la Révolution d'Octobre à Saint-Pétersbourg. Mais dans tout ce vacarme, on oubliait les grands chefs arabes à qui les Anglais avaient tant promis. On peut lire ci-dessous le texte qui offre un atterrissage en Terre sainte au projet sioniste. Maints livres ont été écrits sur la question du "foyer juif", nous n'y revenons pas. Le centenaire va susciter un torrent d'articles*.
* Orient XXI
* AFPS
* Balfour 100
* Nuit d'Orient
* (votre propre article ici, que vous signalerez dans la section "Commentaires")


On a déjà commémoré cette année (clic) le cinquantenaire de la victoire israélo-arabe de 1967, on pense arriver à un traité de paix quand les poules génétiquement modifiées auront des dents. Israël s'est battu contre ses voisins pour s'agrandir sur un territoire ne lui appartenant pas mais où résidait une population autochtone quasiment apatride. Il y a une ressemblance dans cette captation avec la conquête de l'Arakan par la Birmanie en 1787, où résidaient (aussi) des Rohingya n'appartenant à personne. Les Birmans actuels sont en train de purger le Rakhine (Arakan) de cette anomalie insoumise, en toute cruauté mais parfaite logique. C'est ce que n'ont pas osé faire les Juifs en Cisjordanie en 1967 ; il faut dire qu'ils n'avaient pas la démographie suffisante pour compenser l'exode et qu'il fallut créer le "mythe d'Eretz Israel" pour susciter des candidatures de pionniers (ou colons si l'on veut) afin d'occuper le terrain conquis.

Israël est aujourd'hui devant le dilemme suivant : soit il accepte un Etat palestinien imbriqué entre les colonies juives (qui tiennent tous les captages d'eau), Etat qui lui sera hostile et renforcé par tout le monde arabe jusqu'à l'heure du jugement dernier ; soit il organise l'agrégation des Palestiniens à un Etat juif augmenté qui muterait en état fédéral, en contrôlant sérieusement la démographie du composé ethnique, ce qui est à la fois racialiste et dangereux, mais pas plus que les taches d'encre noire musulmanes qui s'agrandissent chez les nations européennes.

Peut-on raisonnablement penser que la paix s'obtiendra en confinant les uns et les autres ? Pourquoi ne pas bâtir ensemble la Terre sainte de demain ? Bâtir ? Oui, concrètement à chaux et à sable et pas seulement bavarder dans des micros d'estrade pacifistes ou financer des ONG bisounours. Quoi bâtir ? Bâtir quoi ? Et si par exemple on commençait par remonter la Mer morte au niveau de la vraie mer ? Impossible, on noierait trop de terres jordaniennes, mais utiliser le dénivelé entre elle et le Golfe d'Aqaba donnerait de l'hydro-électricité à toute la région, et en ajoutant une station de désalinisation sous pression, enverrait de l'eau douce partout où elle manque. Ce projet existe :

C'est en 2006 que les Etats-Unis et le Japon associés à l'Union européenne et à l'Agence Française de développement ont financé par la Banque mondiale l'étude de faisabilité. Elle a duré deux ans et a coûté un max de pognon (on parle de douze millions d'euros). Les experts pensent boucler le projet avec cinq milliards de dollars. Comment ça marche ?


On refoule l'eau du golfe dans un bassin collinaire jordanien à 600m d'altitude relative au-dessus du niveau de la Mer morte. Puis on laisse couler l'eau vers le nord dans un canal couvert de 180km de long vers l'usine à dessaler et la station hydroélectrique. Finalement, le projet a été réduit en 2013 au format boutique du Sentier : on se contentera de poser un tube depuis le Golfe vers une usine de dessalement et envoyer l'eau vers la partie méridionale asséchée de la Mer morte dont on percolerait les sols. C'est pas cher, mon fils, avec cinq cent millions de dollars tu fais plein de photos officielles. Ce projet économique (en image ci-dessus) plaît aux Juifs, aux Palestiniens et au roi de Jordanie. Il reste à appeler les dons parce que bien sûr, aucun des trois ne veut payer. C'est l'Orient quand même !

Pour finir, le Piéton du roi à la pointe du renseignement vous livre un secret : les grands Etats arabes tout autant que leurs classes moyenne et supérieure en ont ras la chéchia de l'affaire palestinienne qui s'éternise dans la lutte des egos, les revendications marxistes et la corruption des féaux : aussi « crèvent Fatah et Hamas pourris jusqu'à l'os ! ces gens ont fait la démonstration qu'ils étaient incapables de se gouverner ! on a beaucoup donné déjà... et trois guerres !».
C'est ainsi que privés de soutiens extérieurs, vont se liquéfier les embryons de pouvoirs palestiniens laissant ouverte la porte de tous les désordres dans l'indifférence de leurs voisins. Israël devra donc prendre en charge la répression et l'administration quotidienne des deux bantoustans. Il reste trente-et-un ans pour faire un compte rond à cent ans !


Postscriptum du 3 novembre :
La revue Causeur niait la possibilité d'un Etat palestinien à la sauce d'Oslo dans un article de Rachel Binhas du 13 octobre 2017 intitulé : L'Etat palestinien n'aura pas lieu.

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