lundi 13 novembre 2017

Le coup mou catalan

Le royaume au sang noir a la chance d'être gouverné par une médiocratie périphérique qui le sauve des rusés et autres habiles en agitation, propagande et victoire. Avec 43% d'indépendantistes déclarés en Catalogne, Lénine en aurait fait une bouchée.

Carme Forcadell, parlement de Catalogne
Ne doutant de rien, c'est pourtant ce vieux schéma que choisirent les catalanistes dès l'instauration de la Communauté autonome il y a quarante ans. Laver les cerveaux des générations montantes aux souffrances d'une République injustement vaincue, imposer par tous moyens une langue locale entendue de soi-seul, purger l'université des tièdes, multiplier les passe-droits aux pensent-droit, s'envelopper de la toge démocratique tout en travaillant les scrutins, exciter l'oppression franquiste en continu, et dans la pleine arrogance du sot, ignorer les avertissements de Bruxelles et Madrid. Le Parti communiste français suivait pareil schéma soviétique dans les années cinquante, c'est peu dire qu'il s'est planté, la société avança sans lui !

Dans ces circonstances dramatisées à outrance il fallait des pointures à la manœuvre plus qu'au pupitre. A part la tchache on n'a rien vu de probant. Embastillés sans résistance aucune, les ministres ont fini par "abjurer" leur foi et déclarer qu'ils œuvreraient désormais dans le cadre de la constitution espagnole de 1978 s'ils continuaient jamais à faire de la politique (mort de rire !). La présidente du Parlement de Catalogne a plié devant la Fiscalia, payé 150000 euros pris sur les dons et cotisations populaires, pour rentrer chez elle faire des tartes aux poires à ses gosses. Mais le plus beau est la fuite en Egypte du président de la République nouvelle, esquivant les sicaires d'Hérode !

Soraya de Santamaria
gouvernement de la Generalité
Justement, puisqu'on parle de Mariano Rajoy, revenons au principal. C'est un politicien très moyen avec une petite licence en droit de Galice, ayant grimpé les échelons dans l'écurie du phalangiste José María Aznar. Il tient dans son fauteuil comme bouche-trou de la charge de président du gouvernement afin que nul ne s'en empare parmi la classe politique espagnole passablement déconsidérée. Dans l'affaire catalane, après les semonces d'usage, il a malgré tout le mérite d'avoir écrit la jurisprudence des décrets d'application de l'article 155 de la constitution, inédit jusqu'ici, dont les termes vagues laissaient place à toute interprétation.
Ceci fait, il a passé la patate chaude à l'institution judiciaire qui, elle, ne fait pas de politique mais comme la Sainte Inquisition de jadis, applique des textes sans grand discernement, ce qui a fait peur aux catalanistes emprisonnés, menacés de trente ans de cage par un tribunal de lézards à sang froid. Derrière la présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, ils ont tous levé les deux bras comme les Panoupanou du Congo, promettant de rester en pensées, en paroles et en action au sein du royaume honni. Bien qu'ancienne présidente de l'ANC (Assamblea Nacional Catalana) et égérie indiscutée du mouvement de libération catalan, elle n'a pas osé participer à la manifestation monstre de samedi dernier à Barcelone pour exiger la levée d'écrou de huit capitulards du gouvernement Puigdemont et des deux Jordi enchaînés à leur obstination séditieuse qui fait d'eux les bons lampistes. Reste le Dalaï Lama !

Ada Colau, alcade de Barcelone
Depuis la Belgique où il est assigné à résidence, Carles Puigdemont appelle au front patriotique pour les élections législatives du 21 décembre, mais les pertes de charge en ligne obèrent tout rassemblement des partis unis dans la précédente législature. Il lui faudrait être dans les couloirs du mouvement pour convaincre les uns et les autres d'une synthèse hollandienne, en dépit du fait qu'il ait fui comme un péteux, laissant tout le monde affronter la Santamaria. La CUP voulait récupérer sa posture révolutionnaire "sans frais" contre les partis bourgeois qui l'ont trahie, mais les militants chauffés à blanc ont forcé hier le politburo à aller aux élections ; les autres partis catalanistes veulent chacun compter leurs voix et iront dispersés tandis que l'alcade (Podemos) de Barcelone, Ada Colau, n'a pas assez d'insultes en rayon pour stigmatiser l'irresponsabilité des dirigeants indépendantistes qui ont joué avec la Catalogne jusqu'au "désastre" (sic) !

Comme Royal-Artillerie le suggère depuis le début de l'affaire, c'est le fric et le travail qui seront juges en dernier ressort. Les révolutions identitaires ou prolétariennes sont impossibles dans un monde brassé comme le nôtre, qu'on le regrette ou pas. Sauf imparable sursaut de la cause indépendantiste lors du scrutin 21-D, mais il faudrait dépasser 60% des sièges pour que ça fonctionne, la Catalogne va entrer en grand carénage à la Noël. Puisse le peuple pour moitié dégoutté, comprendre l'impasse d'une nostalgie romantique non étayée par les réalités de notre époque, même si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point (Pascal). Le peuple fut sincère. Ses dirigeants n'étaient pas de taille (pour rester gentil); comme le dirait encore Marie-France Garaud : "nous attendions le marbre dont on fait les statues, c'était de la faïence à bidet".

On peut sur ce blogue poser la question au prince Louis-Alphonse de Bourbon, madrilène de souche et français de racines : « Qu'en pensez-vous franchement, Monseigneur, face au soleil levant ? »


Pica del Canigó 2784m



Catalunya triomfant,
tornarà a ser rica i plena.
Endarrera aquesta gent
tan ufana i tan superba.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Ara és hora, segadors.
Ara és hora d'estar alerta.
Per quan vingui un altre juny,
esmolem ben bé les eines.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Que tremoli l'enemic,
en veient la nostra ensenya.
Com fem caure espigues d'or,
quan convé seguem cadenes.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

1 commentaire:

  1. Le journal El Pais sort un article sur la déstabilisation de l’opinion espagnole par les réseaux russes de comptes zombies lors du référendum illégal du 1er octobre. Bien sûr RT et Sputnik sont aussi impliqués.
    Cliquer ici mais c’est en castillan :
    La maquinaria rusa ganó la batalla ‘online’ del referéndum ilegal

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