jeudi 1 février 2018

Cessation de l'AF2000

Clap de fin pour le bimensuel Action Française 2000. L'aventure s'achève au moment où Charles Maurras est radié du livre des commémorations 2018 au Ministère de la Culture (voir notre billet du 29 janvier). Dans cette unité de temps et de lieu s'opposent trois mouvements de société : la bronca de la bien-pensance en cour, prétextant de l'antisémitisme ordinaire du Martégal pour barrer la réédition de son œuvre poétique, littéraire et de sa physique sociale, ainsi qu'il nommait les sciences politiques ; lui répondant, un mouvement pas moins indigné mais plus intellectuel condamnant la condamnation, au motif de l'influence écrasante de Charles Maurras sur le débat politique de la première moitié du XX° siècle ; signant l'échec des idées portées jadis par l'Action française, le naufrage en toute dignité de son organe de presse, à sec.

Ce billet ne fera pas l'autopsie du concept journalistique ayant présidé à la continuation de l'AF2000. Les gens du journal, libérés aujourd'hui des tabous, sont parfaitement capables de la faire et d'en tirer d'utiles conclusions après avoir constaté qu'il n'y a pas le lectorat pour ce modèle intermédiaire d'un bimensuel d'actualité. Nous nous contenterons d'ouvrir (ou rouvrir) quelques pistes de communication pour l'avenir, déjà dessinées sur le site du Million du Roi.

La communication est professionnelle ou rien. Les survivors créent de l'information, car la presse ne peut pas vivre des commentaires qu'elle produit sur le travail des concurrents. C'est pourquoi, une agence de presse royaliste doit produire du matériau qui nourrisse ses vecteurs, pure-player, magazine, édition du fonds.

Comme nous l'avions chiffré à la création de ce site du Million dédié à la communication royaliste, le tour de table dépasse le million d'euros.

- Newsring avait levé 3 millions avant de mourir ;
- Rue89 fut racheté 7 millions d'euros à ses actionnaires par le groupe du Nouvel Obs ;
- Atlantico fut lancé avec 1 million d'euros et lèva rapidement 2 millions de plus. Un système d'abonnement renforce la viabilité du produit ;
- Contrepoints, expression du courant libéral, se finance sur cotisations des associations libertariennes, dons et legs, plus la pub. Son système est assez hermétique mais la production est active et variée ;
- Agoravox est devenu une grosse plateforme éditoriale ouverte à tout blogueur talentueux ou lanceur d'alerte, donc impropre à une communication ciblée. Financée au départ par une fondation belge éponyme qui collecte en permanence des dons comme une ONG ;
- Le Média (Parti des Insoumis) se lance avec 20000 sociétaires et 2 millions d'euros.

Il y en a d'autres plus riches comme le Huffington Post, mais en moyenne la mise de fonds est entre deux et trois millions d'euros. S'ajoutent tous les sites web des médias mainstream subventionnés. C'est l'inondation numérique, presque le vacarme. Tous sont co-financés par de la publicité. Les timidités de rosières à l'endroit de la pub n'ont que faire dans le monde de la communication. Les petits sites ronchons (pas de nom mais chacun sait le sien) sont peu efficaces parce qu'ils ne captent pas au-dehors de la fachosphère ; juste le plaisir (bien réel) de l'entre-soi.

Ceci pour dire que, si la restauration est encore à l'ordre du jour, la propagande royaliste de demain doit non seulement attirer des lecteurs en nombre en promouvant une épure politique claire et compréhensible par tous, ouvrir le champ de conscience propre à notre époque, enquêter par elle-même et sortir de temps en temps le scoop, valoriser les recherches actuelles du monde futur qui vont dans son sens plutôt que de s'en remettre toujours à l'histoire. Mais aussi convoquer un tour de table financier.
Qu'en pensent les princes ? Pour continuer, il y a bien sûr le crowdfunding. Qui va construire le business plan attrayant qui fera affluer les sous ?


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