C'est ainsi que le dernier empereur de la Cité interdite regardait chaque matin le miroir de la Tongzi que ridait le sillage des mandarins, parés de couleurs de vitrail sous le soleil rasant. Il leur jetait des poignées de blé écrasé et parfois de l'avoine à chevaux, puis il retournait à ses eunuques, autorisés à passer les portes du palais dès le petit matin, pour en recevoir l'hommage et les conseils timides. De la même manière à cent ans d'intervalle, les princes d'ici en situation d'accéder mais privés de miroir, regardent entre deux biscottes beurrées leur écran bourré de flagornerie courtisane. Dans le tiroir ils prennent des parchemins tout neufs et des médailles pieuses qu'ils jettent aux connards, euh... aux canards de la cour, mais pas basse. Et eux de réciter : "Vous z'êtes le plus beau des z'hôtes de ce bois". A dire vrai, aucun n'a de canards, ni de mare ou d'étang... c'est une allégorie !
Il est très curieux de voir la dérive d'emmurement des prétendants au trône en ce début de siècle, surtout de celui dont on croyait l'esprit plus délié que la moyenne de ses concurrents. A l'heure de la cinquantaine, il s'enferme déjà dans son "château" de Dreux qu'il fait visiter comme un nouveau riche, joue au seigneur féodal mais sans fief ni censive, pavoise sa tour à son chiffre, remet des trophées aux gueux d'en-bas, sonne du cor du haut de chez lui pour fêter les champions du monde, fait partir la course cycliste, retranche ses enfants de l'école et, et, et... promeut les intérêts d'une fondation partisane qui défend des idées pro-vie - qui sont un peu les miennes - mais qui, dans une logique de récupération du pouvoir, le coupe des deux-tiers des Français qui devront un jour le plébisciter. Donc, même s'il ne le souhaite pas, il sort du jeu.
Son père, titulaire d'une charge virtuelle sans avenir à son âge, se confit en jeux de rôles, créant des ordres de chevalerie et des croix qui meublent ses longues soirées sous tisanes, court les messes de repentir et maintient à leurs frais une palanquée de chevaliers d'opérette enthousiasmés par des "titres en attente". C'est le pain dur qu'on jette aux canards de la mare que nous évoquions plus haut. Feu son père en faisait grand emploi pour son argent de poche. Ce microcosme confine au nanocosme mais qu'importe, il n'y a que peu de place devant l'âtre armorié !
L'abandon chez le parti d'Orléans du camp clos et, selon la formule de Brantôme, de ses combats à outrance, devrait réjouir les partisans de l'aîné des Capétiens, duc d'Anjou à ses heures, occupé à Madrid par ses affaires, sa famille et son clan, mais toujours prêt à se rendre disponible pour jeter lui-aussi du pain dur à ses canards français. Ô Dieu des Francs ! le voila parti combattre le gouvernement espagnol à la tête d'une fondation nationale franquiste héritée de sa mère, nouvelle duchesse de Franco à la mort de la sienne, fondation menacée de délégalisation par une partie des Cortes de Madrid, ce qui normalement devrait pousser son président à prendre le maquis comme dans la période carliste. C'est vrai qu'on commençait à s'emmerder ! N'est-ce pas Bauffremont, euh... Monsieur le Duc ?
La doxa anti-franquiste française lui interdit désormais de briguer le trône de France avec le minimum de chances nécessaire, au milieu de la République établie dont le cœur a toujours penché pour les républicains espagnols. Ce fait nouveau n'est pas mortel en soi pour la Cause, mais peut le barrer des manifestations régaliennes du souvenir où il est automatiquement invité, comme la messe anniversaire de la création des Invalides par son ancêtre Louis le Grand. Serait alors fini le plan "com" de l'Institut de Bourbon qui vise à imprimer son visage et sa prestance dans l'opinion à travers des manifestations qui ne mangent pas de pain politique et ne gênent pas les pouvoirs en place. Alors comme chez les D'Orléans à l'époque du défunt comte de Paris, sautera-t-on l'héritier de Louis XIV, incapable par immoralité et défaut de tenue correcte en Valle de Los Caídos, pour adouber son fils ?
L'espérance légitimiste ne pourrait que s'effondrer, car elle roule sur des lois à écartement fixe comme des rails de chemin de fer. Depuis la résurgence des Bourbons après la seconde guerre mondiale, les lois irréfragables du royaume ont été dès le départ le leitmotiv de la revendication légitimiste contre la branche cadette usurpatrice. Tout le principe dynastique partirait à l'eau, les ultrabrites nous le confirment : le peuple ne choisit pas son roi, Dieu y pourvoit. Circulez !
C'est à ce stade que l'on devrait se disputer sur la logique céleste qui a laissé crever le projet capétien issu du sang du roi David pour le relancer sur des bases en l'état improbables, si tant est qu'on les connaisse un jour. A part le roi d'au-delà des mers, le bateau blanc ou le retour de John Frum, je ne vois rien que je puisse expliquer pour faciliter la restauration par le Ciel en la reliant au passé. Et cela tombe très bien, l'affaire étant de foi plus que de raison, s'acharner à convaincre relève de l'intercession divine ou de la foudre ; à quoi j'ajouterais qu'on tue plus pour la foi que par la raison.
En attendant l'hypothétique renfort de la Providence, nous devons parler de monarchie tous les jours ou presque et ensemencer l'opinion à l'idée d'une famille royale, en lieu et place d'éphémères locataires de l'Elysée qui n'ont pas l'intérêt du pays chevillé au cœur comme des rois, ne possédant par eux-mêmes qu'un infime fraction du patrimoine, mesurable en toises, parfois à crédit ! Une personne étrangère au microcosme m'assurait tantôt que les émirs du Golfe, les princes de Monaco ou de Liechtenstein, le sultan de Bruneï et dans une moindre mesure les rois et reines du Nord, se démènent pour le bien commun et la perpétuation de leur monarchie parce qu'elle leur appartient, c'est leur "chose". A qui appartient la République française ? On le saura quand la banqueroute publique aura tari les prestations sociales généralisées à compte d'autrui. Se lèveront alors les contributeurs contre les assistés en colère ! La guerre de tous contre tous, la Gaule éternelle quoi ! Et personne au-dessus de la mêlée pour couvrir le vacarme et faire entendre raison, au canon s'il le faut.
D'accord, ce n'est pas tendance ! La famille royale l'est-elle encore ? Je vais de ce pas donner à manger aux canards. Les miens sont des colverts. 后会有期。À tchao, bonsoir !
(*) Michel Audiard in Cent Mille Dollars au Soleil d'Henri Verneuil
Il est très curieux de voir la dérive d'emmurement des prétendants au trône en ce début de siècle, surtout de celui dont on croyait l'esprit plus délié que la moyenne de ses concurrents. A l'heure de la cinquantaine, il s'enferme déjà dans son "château" de Dreux qu'il fait visiter comme un nouveau riche, joue au seigneur féodal mais sans fief ni censive, pavoise sa tour à son chiffre, remet des trophées aux gueux d'en-bas, sonne du cor du haut de chez lui pour fêter les champions du monde, fait partir la course cycliste, retranche ses enfants de l'école et, et, et... promeut les intérêts d'une fondation partisane qui défend des idées pro-vie - qui sont un peu les miennes - mais qui, dans une logique de récupération du pouvoir, le coupe des deux-tiers des Français qui devront un jour le plébisciter. Donc, même s'il ne le souhaite pas, il sort du jeu.
Son père, titulaire d'une charge virtuelle sans avenir à son âge, se confit en jeux de rôles, créant des ordres de chevalerie et des croix qui meublent ses longues soirées sous tisanes, court les messes de repentir et maintient à leurs frais une palanquée de chevaliers d'opérette enthousiasmés par des "titres en attente". C'est le pain dur qu'on jette aux canards de la mare que nous évoquions plus haut. Feu son père en faisait grand emploi pour son argent de poche. Ce microcosme confine au nanocosme mais qu'importe, il n'y a que peu de place devant l'âtre armorié !
L'abandon chez le parti d'Orléans du camp clos et, selon la formule de Brantôme, de ses combats à outrance, devrait réjouir les partisans de l'aîné des Capétiens, duc d'Anjou à ses heures, occupé à Madrid par ses affaires, sa famille et son clan, mais toujours prêt à se rendre disponible pour jeter lui-aussi du pain dur à ses canards français. Ô Dieu des Francs ! le voila parti combattre le gouvernement espagnol à la tête d'une fondation nationale franquiste héritée de sa mère, nouvelle duchesse de Franco à la mort de la sienne, fondation menacée de délégalisation par une partie des Cortes de Madrid, ce qui normalement devrait pousser son président à prendre le maquis comme dans la période carliste. C'est vrai qu'on commençait à s'emmerder ! N'est-ce pas Bauffremont, euh... Monsieur le Duc ?
Amerrissage impeccable ! |
La doxa anti-franquiste française lui interdit désormais de briguer le trône de France avec le minimum de chances nécessaire, au milieu de la République établie dont le cœur a toujours penché pour les républicains espagnols. Ce fait nouveau n'est pas mortel en soi pour la Cause, mais peut le barrer des manifestations régaliennes du souvenir où il est automatiquement invité, comme la messe anniversaire de la création des Invalides par son ancêtre Louis le Grand. Serait alors fini le plan "com" de l'Institut de Bourbon qui vise à imprimer son visage et sa prestance dans l'opinion à travers des manifestations qui ne mangent pas de pain politique et ne gênent pas les pouvoirs en place. Alors comme chez les D'Orléans à l'époque du défunt comte de Paris, sautera-t-on l'héritier de Louis XIV, incapable par immoralité et défaut de tenue correcte en Valle de Los Caídos, pour adouber son fils ?
L'espérance légitimiste ne pourrait que s'effondrer, car elle roule sur des lois à écartement fixe comme des rails de chemin de fer. Depuis la résurgence des Bourbons après la seconde guerre mondiale, les lois irréfragables du royaume ont été dès le départ le leitmotiv de la revendication légitimiste contre la branche cadette usurpatrice. Tout le principe dynastique partirait à l'eau, les ultrabrites nous le confirment : le peuple ne choisit pas son roi, Dieu y pourvoit. Circulez !
C'est à ce stade que l'on devrait se disputer sur la logique céleste qui a laissé crever le projet capétien issu du sang du roi David pour le relancer sur des bases en l'état improbables, si tant est qu'on les connaisse un jour. A part le roi d'au-delà des mers, le bateau blanc ou le retour de John Frum, je ne vois rien que je puisse expliquer pour faciliter la restauration par le Ciel en la reliant au passé. Et cela tombe très bien, l'affaire étant de foi plus que de raison, s'acharner à convaincre relève de l'intercession divine ou de la foudre ; à quoi j'ajouterais qu'on tue plus pour la foi que par la raison.
En attendant l'hypothétique renfort de la Providence, nous devons parler de monarchie tous les jours ou presque et ensemencer l'opinion à l'idée d'une famille royale, en lieu et place d'éphémères locataires de l'Elysée qui n'ont pas l'intérêt du pays chevillé au cœur comme des rois, ne possédant par eux-mêmes qu'un infime fraction du patrimoine, mesurable en toises, parfois à crédit ! Une personne étrangère au microcosme m'assurait tantôt que les émirs du Golfe, les princes de Monaco ou de Liechtenstein, le sultan de Bruneï et dans une moindre mesure les rois et reines du Nord, se démènent pour le bien commun et la perpétuation de leur monarchie parce qu'elle leur appartient, c'est leur "chose". A qui appartient la République française ? On le saura quand la banqueroute publique aura tari les prestations sociales généralisées à compte d'autrui. Se lèveront alors les contributeurs contre les assistés en colère ! La guerre de tous contre tous, la Gaule éternelle quoi ! Et personne au-dessus de la mêlée pour couvrir le vacarme et faire entendre raison, au canon s'il le faut.
D'accord, ce n'est pas tendance ! La famille royale l'est-elle encore ? Je vais de ce pas donner à manger aux canards. Les miens sont des colverts. 后会有期。À tchao, bonsoir !