jeudi 6 septembre 2018

Franco l'encombrant

La translation des cendres du Caudillo serait l'affaire du moment en Espagne à en croire la sphère légitimiste qui ose s'exprimer car le franquisme du champion les met mal à l'aise. D'aucuns, comme le colonel Michel chez Boulevard Voltaire, s'inquiètent du silence de la Casa Real sur le décret gouvernemental qui est soumis aujourd'hui à la ratification des Cortes de Castille. Elle tient tout son pouvoir du dictateur par la restauration de la monarchie des Bourbons à Madrid, et se tait. Qu'est-ce à dire ? Que le roi ne gouverne pas ? Il y a des façons plus subtiles d'influencer les pouvoirs publics comme on le sait faire à Buckingham Palace, mais à Madrid quelqu'un règne-t-il ?

Le jeune roi, peut-être handicapé par la présence encombrante des anciens monarques derrière le rideau et sur la scène médiatique à tout propos, n'a pas convaincu dans la crise catalane où ses déclarations convenues, mais sans nul doute sincères, semblaient écrites par le président du gouvernement Rajoy et manquaient terriblement de chaleur communicative. L'histoire tourne les pages, certaines sont importantes, d'autres moins. La crise catalane qui est bien loin d'être terminée est la crise métapolitique d'un royaume toujours inachevé dans lequel les deux moteurs économiques sont républicains ! L'affaire du cercueil de Franco est aussi une page importante, en ce qu'elle titille les souvenirs les plus tristes de l'époque moderne mais aussi ravive une résistance victorieuse à la doxa marxiste européenne qui a condamné un camp sans appel et absout l'autre avec trop d'indulgence. Le danger de fracture de l'opinion est bien réel.

Tout au fond de la crypte obscure...

Don Felipe ne pourrait-il pas cette fois sortir des rails constitutionnels et innover ? Qu'on lui reproche d'avoir enfreint le code sera moins grave s'il réussit, et ce que l'administrateur de ce modeste blogue lui suggère humblement est de tout simplement murer l'entrée du mausolée de la "Valle de los Caídos" pour toujours, couper le compteur sans rien toucher à l'intérieur, comme on le faisait dans l'Egypte ancienne de la pyramide de pharaon. Ce mausolée creusé dans la montagne (par des prisonniers) à partir de 1942 est sépulcral et sinistre, la crypte en tunnel fait 260 mètres de long, sa statuaire massive libère un sentiment d'écrasement, les effets d'éclairement des voutes n'adoucissent pas l'ambiance. Pour parfaire la décision, il serait sage de retirer du complexe monumental l'abbaye bénédictine de la Sainte Croix qui donne l'image d'une adoration perpétuelle de l'œuvre franquiste, quitte à remonter un monastère qui prierait pour les morts de la guerre civile à l'Escorial tout proche. A y être, prier pour les morts de toutes les guerres civiles espagnoles car on ne saurait oublier dans le registre les guerres carlistes !


Fermons les lourdes portes de bronze et oublions les heures noires, devrait se dire le roi.
Qu'en pense le duc d'Anjou, président de la Fondation nationale Francisco Franco ?

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