samedi 20 avril 2019

Équerres et compas



Toute la France et ses amis sont entrés en sidération au spectacle de l'embrasement de la flèche et des toits de Notre-Dame de Paris. Le vaisseau majestueux est maintenant décapoté, ouvert aux intempéries ; on doute aujourd'hui de la résistance des parties de maçonnerie qui, pour certaines, ont subi un feu direct de huit cents degrés. Sachant que depuis les Romains les constructions de pierres amalgament du fer et du plomb à leurs assemblages, on peut raisonnablement questionner la solidité de quelques sections contiguës aux effondrements. Pour la charpente de bois, c'est "réglé", elle a disparu ; il faut la refaire complètement, du temps, de l'argent, pas de surprise particulière. Reste le défi de reconstruction de la flèche d'Eugène Viollet-le-Duc de 1859 !
Est-ce le péché d'orgueil de l'architecte le plus fameux de l'histoire de France ? Culminant à 93 mètres au-dessus du sol, elle pesait sept cent cinquante tonnes, posées sur les quatre piliers de transept comme nous l'explique la notice du site (clic) avec de magnifiques photos du chef d'œuvre disparu.
Comme pour l'abondance des dons financiers destinés à consolider et reconstruire l'ouvrage le plus emblématique du monde, ce pays malade dans son identité et oublieux des racines qui l'ont nourri depuis vingt siècles, se dispute déjà sur la contemporanéité du design retenu pour la nouvelle flèche ! Avouons que les horreurs à la mode ont de quoi susciter une saine crainte de défiguration de l'ouvrage. Que veut dire notre premier ministre quand il évoque un concours international d'architecture ? Qu'il a perdu les plans de la cathédrale ?
Une flèche identique visuellement à celle de Viollet-le-Duc ne sera pas obligatoirement le monstre de 750 tonnes (500T de bois et 250T de plomb) que les matériaux du temps avaient obligé à créer. Au moins a-t-on retrouvé dans les cendres le coq-reliquaire intact qui nous assure déjà qu'il terminera le nouvel ouvrage. Sauvés du chantier avant sinistre, les "douze apôtres" de cuivre repoussé permettront de retrouver la vraie silhouette. Le plus simple et le plus rémunérateur en termes d'image est de refaire la flèche que le monde entier connaît. Le reste est arrogance insupportable.


Garde-nous des cons, Seigneur, tant ils pullulent !





Avant de tourner la page, une visite du site ésotérique Hermetism.free.fr s'impose.


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