Jean d'Orléans et son fils Gaston - cliché David Nivière pour Point de Vue |
Sotheby's Deauville met en vente les pavillons Nemours et Montpensier du domaine royal d'Eu (Normandie septentrionale) appartenant encore à la famille d'Orléans, et le Roycoland de s'émouvoir de la liquidation continue par ses héritiers du patrimoine d'Henri l'Ancien (1908-1999). Après les souvenirs de famille, les œuvres, les cadeaux, on entame le foncier. D'un domaine autrefois conséquent il ne restera demain que la forêt du Nouvion en Thiérache attribuée à Jean d'Orléans par sa grand-mère Isabelle et le chalet restauré par Viollet-le-Duc à Jacques d'Orléans. On sait aujourd'hui pourquoi Henri l'Ancien a légué l'essentiel du capital immobilier à la Fondation Saint-Louis avec une succession d'une dizaine d'hoirs appelés à lui survivre, parmi lesquels aucun n'avait de métier sérieux et suffisamment lucratif pour conserver sa part. Régine Salens a propulsé l'annonce sur Noblesse & Royautés dont extrait ci-dessous :
Le pavillon Montpensier fut construit au XVIIe par la princesse Anne Marie Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier, connue sous le nom de la "Grande Mademoiselle", petite-fille d'Henri IV, cousine germaine de Louis XIV. Hérité en 1693 par le duc de Maine, la propriété appartint ensuite, au comte d'Eu, au duc de Penthièvre, à sa fille la duchesse d'Orléans puis au roi Louis-Philippe.
Restaurée par Viollet-le-Duc à l'époque de Philippe, comte de Paris, qui la transmit à son fils, le prince Pierre D'Orleans et Bragance puis à sa petite fille la princesse Isabelle, comtesse de Paris, qui aménagea le pavillon pour son usage personnel. La propriété s'étend sur 6,5 hectares de parc avec partie boisée et vue mer. Dossier et visite sur demande. Prix : 685.000 € FAI, honoraires d'agence à la charge du vendeur.
La propriété est aujourd'hui encore à Michel d'Orléans né à Rabat en 1941, divorcé de Béatrice Pasquier de Franclieu dont il eut entre autres enfants Charles-Philippe duc d'Anjou, remarié à Barbara de Posch-Pastor en 2017. Il est le jumeau de Jacques d'Orléans.
La bronca a fait bien des reproches à une famille qui semble vivre sur les ventes, auxquels ont répondu les défenseurs attitrés de la famille d'Orléans, savoir que tout un chacun a le droit de disposer de ses biens dans le cadre légal. Bien sûr, le Landerneau royaliste conteste à la fois la banalité des biens annoncés qui furent un écrin de la vie d'Isabelle d'Orléans & Bragance (1911-2003), connue sous le nom de "Madame", elle qui marqua la dynastie d'une empreinte indélébile ; et tout autant l'impécuniosité des ayants-droits et particulièrement celle du nouveau chef de maison Jean d'Orléans qui vit dans les murs de la fondation à Dreux, tous incapables apparemment de maintenir le patrimoine dans la famille. C'est là qu'intervient un argument jamais vu encore d'un commentateur dont je tairais le nom mais que vous trouverez dans le fil N&B :
« Beaucoup de nos correspondants pensent avoir des droits sur les Orléans, sur ce qu’ils pensent, ce qu’ils écrivent, ce qu’ils possèdent, ce qu’ils vendent, qui ils fréquentent, où ils vont à l’église ou à l’école, où ils travaillent… c’est peut-être reconnaître que cette maison a une place à part dans l’histoire de notre pays mais je ne suis pas certain qu’ils y voient un hommage.»
Effectivement les Français ont des "droits" sur les D'Orléans aussi longtemps que ceux-ci convoquent l'encensoir médiatique à leur admiration, en ne nous épargnant aucun détail de la saga furieuse qui ravagea l'espèce sous Henri l'Ancien. De toute part on vit jaillir des entretiens crapoteux, des mémoires vengeurs, des mises au point, le fatras habituel des ressentiments de la dispute familiale ! D'Orléans est venu chercher les Français et pas l'inverse. Changer son patronyme en "... de France" marque à jamais la vocation. Les Français, du moins ceux qui s'intéressent aux royals jugent donc la proposition ! Est-ce la faute de la nation si les mœurs de la maison, et particulièrement ce goût de la rente, affaiblissent la revendication monarchique ? A vouloir régner un jour, ne vaudrait-il pas mieux commencer par créer quelque chose, produire de la valeur ajoutée taxable, faire fortune, à défaut en bien vivre ?
C'est le défi du nouveau comte de Paris "Jean de France" de faire la preuve qu'au-delà des recommandations de bon sens distribuées aux pouvoirs publics, il sait porter un projet à la mesure de sa légitime ambition. A tout le moins, préparer ses propres enfants à y parvenir. Dans le futur tout prétendant devra prouver qu'il est bien plus qu'un intellectuel assis ayant fait SciencesPo ou l'ENA et cherchant une "pantoufle" confortable, mais un chef entreprenant à ses risques et périls, qui saura réussir.
Courtoisie N&B et David Nivière |
Quand je vois dans les émissions consacrées au patrimoine français que des gens tombent amoureux d'un château abandonné et vouent leur vie à sa restauration alors que d'autres en héritent et le bazardent pour vivre sans travailler, ça m'éloigne un peu des familles dites royales mais qui n'ont plus comme avant les gueux à mettre en coupe réglée pour augmenter leur fortune !
RépondreSupprimerCela vient de loin, d'un monde disparu qui se continue dans une race affaissée mentalement. Ceux que vous voyez restaurer des châteaux à la télé ont les moyens de leurs envies, ce qui suppose deux choses, une situation rémunératrice et pérenne (on tourne autour des 50 heures par semaine) et avoir envie ! Ce sont pour la plupart des entrepreneurs établis qui ont monté leur boîte et se repayent de leurs efforts et des risques pris dans un projet familial parfois démesuré.
SupprimerStéphane Bern restaure son propre château, comme d'ailleurs Yves Lecoq (LesGuignols) et bien d'autres personnalités de l'industrie ou des médiats.