Mon grand-père qui formait l'espoir de me voir devenir riche m'avait dit un jour qu'il en est de deux sortes : ceux qui vivent sur les intérêts de leur capital et ceux qui placent ces intérêts annuels pour vivre du fruit de leur rapport. Après quoi mes lectures de jeune homme m'avaient appris qu'un Hollandais de la haute époque des Indes néerlandaises - le top des gestionnaires de fortune - ne consommait que la moitié de ses revenus, épargnant le reste pour palier tout revers.
Dans l'affaire qui nous occupe aujourd'hui, nous rencontrons la famille d'Orléans qui n'est pas hollandaise pour deux sous mais qui, depuis l'extinction des espérances, mange son capital. Un peu d'histoire avant d'en venir au Scandale de Dreux (Eure & Loir). A la mort du duc de Guise, son fils Henri d'Orléans (1908-1999) hérita d'une énorme fortune que leur ancêtre Louis-Philippe Ier avait patiemment reconstituée après les Evènements et qui faisait vivre la famille depuis lors. Le nouveau comte de Paris disposait donc à 32 ans de la fortune de son père, de celle du duc d'Aumale - Chantilly avait été déjà légué à l'Institut de France - et de celle de ses oncles et tantes disparus sans postérité. On estime la succession de 1940 à plus d'un milliard d'euros actuels. Le nouveau prétendant, bordé du nécessaire, se lança, riche à millions, dans la mission de reprendre la couronne. Chacun connaît les péripéties rocambolesques de la carrière d'Henri l'Ancien, qui acheva ses jours de la plus modeste des façons, dans une sorte de punition auto-infligée en rémission de son échec à devenir roi. Ce qui désola tous les royalistes de France. Il n'avait donc pas suffi d'avoir de gros moyens, il aurait fallu aussi un mode d'emploi, un peu d'anticipation et le goût du risque, toutes choses englouties dans le système de cour et dans une propension à se surestimer.
Au début des années 80, le train de vie royal maintenu à un rythme effréné entame le capital, les intérêts des placements n'y suffisant pas. On avait bradé le Manoir d'Anjou en Belgique et le Palais d'Orléans en Sicile dont on n'avait plus l'usage malgré une descendance nombreuse et peu habituée au travail, on continuait maintenant en liquidant la maison de Larache au Maroc, celle de la Quinta au Portugal, les maisons du Nouvion-en-Thiérache dont Isabelle d'Orléans Bragance parviendra à détacher la forêt qu'elle offrira à son petit-fils Jean, actuel comte de Paris, et enfin la propriété du Coeur Volant à Louveciennes, longtemps siège social de la Prétendance. Coulèrent ensuite, comme de l'eau entre les doigts, des biens secondaires, des terres, des métairies, du mobilier de prix, des tableaux, des bijoux dynastiques. Et pour achever la liquidation, ce qui put être distrait (en justice) du séquestre opéré par la Fondation Saint-Louis, dont nous allons parler maintenant, est parti aux enchères chez Christie's pour "pouvoir acheter l'entrecôte". Même des albums de photos de famille partirent. In fine, quelques derniers vestiges d'Eu ont été vendus récemment et le petit-fils de Madame la comtesse aurait fourgué la forêt du Nouvion.
Il semblerait aujourd'hui que le président d'honneur soit sorti de l'emploi. C'est l'histoire cornecul du squat de la maison Philidor sise au château de Dreux. Cette maison du XVIIIè siècle fut restaurée en 1978 par Henri l'Ancien (président de la Fondation propriétaire) afin d'y accueillir sa bru Marie-Thérèse de Wurtemberg avec sa progéniture, pendant les vacances scolaires et les week-ends. Sa bru, abandonnée par son mari, l'aîné d'Orléans, et accablée de cinq enfants dont deux lourdement handicapés, souffrait de l'exiguïté de son appartement parisien. C'était une libéralité, ce n'était pas un bail. Il n'existe apparemment aucun document de ce qui ressemble maintenant à un accord verbal entre gens de confiance. Lorsque Jean d'Orléans se maria avec Philomena de Tornos y Steinhart en 2008, il quitta son petit appartement parisien pour élever au grand air ses enfants dans un parc de trois hectares. Il rejoignit la maison Philidor où sa mère venait de temps en temps encore et en fit sa résidence principale, a priori sans autre titre d'occupation que la libéralité verbale de feu Henri d'Orléans. Son père, devenu à son tour président d'honneur de la fondation, laissa courir, même si des frictions apparurent entre le personnel rémunéré par Amboise et la jeune famille princière en développement, qui fatalement occupait de plus en plus d'espace ; jusqu'à ce que le nouveau comte de Paris, usant et abusant de sa nouvelle position de président d'honneur à la mort de son père, se comporte en maître de céans, invitant au château édiles, élus, gotha et saltimbanques.
Quels objectifs ? Les objectifs sont dans les statuts de l'organisme et aucune demande n'est parvenue à les faire publier par le prince. Il est difficile de soutenir la revendication sans avoir un minimum de bases et la dramatisation du différent est embarrassante pour tout le monde - en fait, on a un peu honte pour ce prince impécunieux. De son côté, la Fondation Saint-Louis refuse de jouer le rôle du méchant Hérode, arguant d'un conflit d'ordre privé dans un communiqué laconique de son secrétaire général : "Ce qui se passe entre la fondation Saint-Louis et le comte de Paris est une affaire strictement privée sur laquelle je n’ai pas à revenir. Il y a des négociations pour que les règles internes de la fondation et la légalité soient respectées en lien d’ailleurs avec l’État. Mais je n’ai pas à en révéler la teneur publiquement dans l’intérêt de chacune des parties. En revanche, je peux évoquer ce qui est fait pour le développement du site de la chapelle royale de Dreux. Nous sommes en lien étroit avec les autorités locales et nous allons mettre ne place des projets pour renforcer l’attractivité du site. Tout le monde a conscience de la valeur de ce monument et de ce patrimoine". On voit quand même que le secrétaire général cantonne la dispute à l'occupation du domaine de Dreux et n'engage pas de réflexion sur la fondation elle-même qui va rester hors de portée de la chicane.
Nous ne nous prêterons pas au jeu des insinuations et supputations bien qu'il y ait matière d'abondance dans le cadre général de l'oisiveté chronique de cette famille ; mais nous nous permettons de dire que lorsque un prince prétend à la couronne de France, quand il fustige à juste raison le gouvernement de son pays, quand il appelle chacun à prendre ses responsabilités dans les questions de la vie donnée et dans celles de la sacralisation de la mort, il est dommage qu'il perde la face en reculant s'il est dans son droit, et précarise ce faisant une famille de sept personnes. Veut-il casser la Fondation ? C'est puéril, les administrateurs sont inexpugnables et la présidence effective a été retirée aux héritiers par le fondateur, en connaissance de cause. Mais après être revenu sur une défaisance volontaire de ses droits au moment de la succession de son aïeul quand des biens mobiliers réapparurent dans la succession contestée, il s'est montré assez procédurier pour récupérer sa part imprudemment abandonnée ; ce qui peut se comprendre quand l'ordinaire est maigre en vivant d'expédients.
Que les enfants du prince Jean en prennent de la graine, fassent de belles études qui leur paieront la maison de leur rêve, loin de l'humidité de biens dynastiques encombrants ou ruineux.
A quand la relève ? On a hâte !
Dans l'affaire qui nous occupe aujourd'hui, nous rencontrons la famille d'Orléans qui n'est pas hollandaise pour deux sous mais qui, depuis l'extinction des espérances, mange son capital. Un peu d'histoire avant d'en venir au Scandale de Dreux (Eure & Loir). A la mort du duc de Guise, son fils Henri d'Orléans (1908-1999) hérita d'une énorme fortune que leur ancêtre Louis-Philippe Ier avait patiemment reconstituée après les Evènements et qui faisait vivre la famille depuis lors. Le nouveau comte de Paris disposait donc à 32 ans de la fortune de son père, de celle du duc d'Aumale - Chantilly avait été déjà légué à l'Institut de France - et de celle de ses oncles et tantes disparus sans postérité. On estime la succession de 1940 à plus d'un milliard d'euros actuels. Le nouveau prétendant, bordé du nécessaire, se lança, riche à millions, dans la mission de reprendre la couronne. Chacun connaît les péripéties rocambolesques de la carrière d'Henri l'Ancien, qui acheva ses jours de la plus modeste des façons, dans une sorte de punition auto-infligée en rémission de son échec à devenir roi. Ce qui désola tous les royalistes de France. Il n'avait donc pas suffi d'avoir de gros moyens, il aurait fallu aussi un mode d'emploi, un peu d'anticipation et le goût du risque, toutes choses englouties dans le système de cour et dans une propension à se surestimer.
Au début des années 80, le train de vie royal maintenu à un rythme effréné entame le capital, les intérêts des placements n'y suffisant pas. On avait bradé le Manoir d'Anjou en Belgique et le Palais d'Orléans en Sicile dont on n'avait plus l'usage malgré une descendance nombreuse et peu habituée au travail, on continuait maintenant en liquidant la maison de Larache au Maroc, celle de la Quinta au Portugal, les maisons du Nouvion-en-Thiérache dont Isabelle d'Orléans Bragance parviendra à détacher la forêt qu'elle offrira à son petit-fils Jean, actuel comte de Paris, et enfin la propriété du Coeur Volant à Louveciennes, longtemps siège social de la Prétendance. Coulèrent ensuite, comme de l'eau entre les doigts, des biens secondaires, des terres, des métairies, du mobilier de prix, des tableaux, des bijoux dynastiques. Et pour achever la liquidation, ce qui put être distrait (en justice) du séquestre opéré par la Fondation Saint-Louis, dont nous allons parler maintenant, est parti aux enchères chez Christie's pour "pouvoir acheter l'entrecôte". Même des albums de photos de famille partirent. In fine, quelques derniers vestiges d'Eu ont été vendus récemment et le petit-fils de Madame la comtesse aurait fourgué la forêt du Nouvion.
Qu'est-ce que la Fondation Saint-Louis ?
Au détail c'est dans la Wikipedia, en présentation c'est sur La Couronne sinon sur un site promotionnel dédié. Voyant s'éloigner toute perspective de restauration, Henri l'Ancien eut la sagesse de sauvegarder l'invendable de quelque importance en le protégeant de ses hoirs dans une fondation patrimoniale, héritière d'une société civile de gestion fondée par le duc d'Aumale en 1886, qui deviendra d'utilité publique en 1974 et dont les statuts seront approuvés par le ministre de l'Intérieur. La Fondation Saint-Louis est quelque chose d'important où siègent à son conseil et de droit, le ministre de la Culture, le directeur général des Patrimoines de la rue de Valois, et le maire d'Amboise. Les y rejoignent des personnalités investies dans les questions patrimoniales comme Stéphane Bern. Le président en exercice est M. François Voss de chez Lazard Frères et les statuts prévoient une présidence d'honneur assumée par le chef de la maison d'Orléans pour couper les rubans.Il semblerait aujourd'hui que le président d'honneur soit sorti de l'emploi. C'est l'histoire cornecul du squat de la maison Philidor sise au château de Dreux. Cette maison du XVIIIè siècle fut restaurée en 1978 par Henri l'Ancien (président de la Fondation propriétaire) afin d'y accueillir sa bru Marie-Thérèse de Wurtemberg avec sa progéniture, pendant les vacances scolaires et les week-ends. Sa bru, abandonnée par son mari, l'aîné d'Orléans, et accablée de cinq enfants dont deux lourdement handicapés, souffrait de l'exiguïté de son appartement parisien. C'était une libéralité, ce n'était pas un bail. Il n'existe apparemment aucun document de ce qui ressemble maintenant à un accord verbal entre gens de confiance. Lorsque Jean d'Orléans se maria avec Philomena de Tornos y Steinhart en 2008, il quitta son petit appartement parisien pour élever au grand air ses enfants dans un parc de trois hectares. Il rejoignit la maison Philidor où sa mère venait de temps en temps encore et en fit sa résidence principale, a priori sans autre titre d'occupation que la libéralité verbale de feu Henri d'Orléans. Son père, devenu à son tour président d'honneur de la fondation, laissa courir, même si des frictions apparurent entre le personnel rémunéré par Amboise et la jeune famille princière en développement, qui fatalement occupait de plus en plus d'espace ; jusqu'à ce que le nouveau comte de Paris, usant et abusant de sa nouvelle position de président d'honneur à la mort de son père, se comporte en maître de céans, invitant au château édiles, élus, gotha et saltimbanques.
Et à partir de là c'est le noir absolu !
Le Landerneau royaliste apprend le 9 septembre dans L'Echo Républicain que Jean d'Orléans a chargé sa voiture de valises et de gosses pour les mettre à l'abri de menaces émanant du personnel de Dreux afin de les installer dans le Midi. S'ensuivent des déclarations répétées du prince contre la Fondation et un communiqué sibyllin que voici : « Nous continuons à travailler pour que la Fondation Saint Louis retrouve les objectifs que lui avait fixés son fondateur, mon grand-père : mettre la Famille de France au service de son patrimoine, et mettre ce patrimoine au service de la France et des Français.»Quels objectifs ? Les objectifs sont dans les statuts de l'organisme et aucune demande n'est parvenue à les faire publier par le prince. Il est difficile de soutenir la revendication sans avoir un minimum de bases et la dramatisation du différent est embarrassante pour tout le monde - en fait, on a un peu honte pour ce prince impécunieux. De son côté, la Fondation Saint-Louis refuse de jouer le rôle du méchant Hérode, arguant d'un conflit d'ordre privé dans un communiqué laconique de son secrétaire général : "Ce qui se passe entre la fondation Saint-Louis et le comte de Paris est une affaire strictement privée sur laquelle je n’ai pas à revenir. Il y a des négociations pour que les règles internes de la fondation et la légalité soient respectées en lien d’ailleurs avec l’État. Mais je n’ai pas à en révéler la teneur publiquement dans l’intérêt de chacune des parties. En revanche, je peux évoquer ce qui est fait pour le développement du site de la chapelle royale de Dreux. Nous sommes en lien étroit avec les autorités locales et nous allons mettre ne place des projets pour renforcer l’attractivité du site. Tout le monde a conscience de la valeur de ce monument et de ce patrimoine". On voit quand même que le secrétaire général cantonne la dispute à l'occupation du domaine de Dreux et n'engage pas de réflexion sur la fondation elle-même qui va rester hors de portée de la chicane.
Nous ne nous prêterons pas au jeu des insinuations et supputations bien qu'il y ait matière d'abondance dans le cadre général de l'oisiveté chronique de cette famille ; mais nous nous permettons de dire que lorsque un prince prétend à la couronne de France, quand il fustige à juste raison le gouvernement de son pays, quand il appelle chacun à prendre ses responsabilités dans les questions de la vie donnée et dans celles de la sacralisation de la mort, il est dommage qu'il perde la face en reculant s'il est dans son droit, et précarise ce faisant une famille de sept personnes. Veut-il casser la Fondation ? C'est puéril, les administrateurs sont inexpugnables et la présidence effective a été retirée aux héritiers par le fondateur, en connaissance de cause. Mais après être revenu sur une défaisance volontaire de ses droits au moment de la succession de son aïeul quand des biens mobiliers réapparurent dans la succession contestée, il s'est montré assez procédurier pour récupérer sa part imprudemment abandonnée ; ce qui peut se comprendre quand l'ordinaire est maigre en vivant d'expédients.
Que les enfants du prince Jean en prennent de la graine, fassent de belles études qui leur paieront la maison de leur rêve, loin de l'humidité de biens dynastiques encombrants ou ruineux.
A quand la relève ? On a hâte !
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