L'état critique des forces de défense de la République fédérale, au moment de compter ses billes dans l'affaire d'Ukraine, a conduit la Chancellerie et le Bundestag à programmer cent milliards d'euros à la reconstruction d'une armée crédible. Contrairement à ses partenaires européens moins bien dotés, l'Allemagne dispose d'usines d'armement lourd en capacité de fournir des équipements avancés dans les quantités souhaitées. Il suffit à la Bundeswehr et à la Deutsche Marine de passer commande, et tournent les machines-outils ! Pour la Luftwaffe c'est plus compliqué car les productions sont en coopération internationale, mais ça peut le faire en intégrant des programmes européens ou américains avancés. On devine que les usines françaises seront impactées à des degrés divers, char de bataille, avion du futur, pour lesquels nous allons entrer en concurrence avec le reste du monde, appâté par ce budget phénoménal adossé à une économie performante et à des financements sûrs. Pour peu que les effectifs servant ces armes soient incorporés en nombre, à la fin de cette décennie, l'Allemagne disposera d'une puissance lui permettant de revenir sur son axe impérial traditionnel : Rhin-Main-Danube-Bosphore. Elle sera la première armée continentale d'Europe occidentale ; et elle aura les félicitations de Washington en laissant apercevoir une prise en charge euro-allemande de l'effort de défense, soutenu jusque-là par les contributions américaines. Il serait étonnant qu'à terme la Chancellerie de Berlin n'instrumentalise pas sa nouvelle puissance dans le compartiment géopolitique qu'elle avait jusqu'ici très modérément investi au regard de son poids économique. Quelqu'un dans la salle voit-il d'autres conséquences ?
Prenons l'affaire par l'autre bout. Le peuple allemand est pacifiste dans l'âme, et le chancelier Gerhart Schröder l'a démontré en 2003. La Deutschland AG l'est aussi, qui multiplie ses concessions automobiles à mesure que cessent les guerres ci et là. Mais depuis... Rossbach (1757) les capitaines de l'industrie teutonne ont une aversion particulière pour l'arrogance militaire française, ce qui explique en partie les difficultés des programmes bilatéraux. Or, le projet macronien de défense européenne, s'il se heurte au scepticisme de tous les pays de l'Est, révulse tout pareil l'âme prussienne qui dort dans leurs usines d'armement. Le programme allemand de réarmement donne à l'industrie allemande et au-delà d'elle, à la classe politique allemande, l'argument décisif pour se soustraire au majorat français proclamé urbi et orbi depuis Paris. A échéance de dix ans, la Bundeswehr mangera sa tagesuppe sur notre tête, question de moyens budgétaires. La fable de l'entrée en premier des armées françaises sur tout théâtre d'opérations extérieures se fracasse sur nos capacités réelles de guerre intensive contre un ennemi à parité. Oui, nous entrons partout en Afrique mais pas si longtemps tout seuls. Nous sommes confinés au combat d'alliance, qui nous ôte toute supériorité tactique dans l'approfondissement d'une défense européenne. Même au Sahel, nous sommes dans une alliance occidentale pour mener la pacification du territoire, et nous n'y arrivons pas ! Alors, seuls ? Oui, nous avons la bombe atomique de non-emploi qui sert d'ultima ratio mais qui ne pèse pas dans une guerre conventionnelle fermée comme la guerre d'Ukraine.
Il y a un bébé dans la bassine.
On pourrait faire un gros paragraphe sur l'utopie d'une défense commune préalable à la production d'une stratégie commune des pays impliqués. C'est l'inverse qui risquerait de marcher, à quelques-uns. Mais il est un effet collatéral intéressant à toute cette agitation : l'accroissement inéluctable des capacités industrielles européennes dans le domaine de l'armement. Au lieu de battre le pavé dans la posture du paon, M. Macron serait mieux inspiré d'oublier l'expression publique de ses visions et distraire plutôt les fonds nécessaires à la remise en route des chaînes de production militaire, dans la double optique de réarmer la France d'une part et d'offrir à nos partenaires européens une alternative aux productions extra-européennes, de l'autre. Baissons ce ton politique agaçant et mettons des moyens dans l'industrie tant que l'opinion française l'accepte. On me dit dans l'oreillette qu'on n'a pas un flèche à mettre dans le schmilblick.
Evitons donc le ridicule d'une loi-programme étirée à l'infini et remisons nos grandes idées jusqu'à meilleure fortune. Avant de nous lancer dans la recherche-développement d'armes cosmiques sans pouvoir dépasser le stade du prototype, commençons par ce que nous savons faire déjà : une véritable armée de mêlée (char-avion-canon) et une flotte océanique qui découragera nos contempteurs outremer.
Quid des Pluton ?
Prenons l'affaire par l'autre bout. Le peuple allemand est pacifiste dans l'âme, et le chancelier Gerhart Schröder l'a démontré en 2003. La Deutschland AG l'est aussi, qui multiplie ses concessions automobiles à mesure que cessent les guerres ci et là. Mais depuis... Rossbach (1757) les capitaines de l'industrie teutonne ont une aversion particulière pour l'arrogance militaire française, ce qui explique en partie les difficultés des programmes bilatéraux. Or, le projet macronien de défense européenne, s'il se heurte au scepticisme de tous les pays de l'Est, révulse tout pareil l'âme prussienne qui dort dans leurs usines d'armement. Le programme allemand de réarmement donne à l'industrie allemande et au-delà d'elle, à la classe politique allemande, l'argument décisif pour se soustraire au majorat français proclamé urbi et orbi depuis Paris. A échéance de dix ans, la Bundeswehr mangera sa tagesuppe sur notre tête, question de moyens budgétaires. La fable de l'entrée en premier des armées françaises sur tout théâtre d'opérations extérieures se fracasse sur nos capacités réelles de guerre intensive contre un ennemi à parité. Oui, nous entrons partout en Afrique mais pas si longtemps tout seuls. Nous sommes confinés au combat d'alliance, qui nous ôte toute supériorité tactique dans l'approfondissement d'une défense européenne. Même au Sahel, nous sommes dans une alliance occidentale pour mener la pacification du territoire, et nous n'y arrivons pas ! Alors, seuls ? Oui, nous avons la bombe atomique de non-emploi qui sert d'ultima ratio mais qui ne pèse pas dans une guerre conventionnelle fermée comme la guerre d'Ukraine.
Il y a un bébé dans la bassine.
On pourrait faire un gros paragraphe sur l'utopie d'une défense commune préalable à la production d'une stratégie commune des pays impliqués. C'est l'inverse qui risquerait de marcher, à quelques-uns. Mais il est un effet collatéral intéressant à toute cette agitation : l'accroissement inéluctable des capacités industrielles européennes dans le domaine de l'armement. Au lieu de battre le pavé dans la posture du paon, M. Macron serait mieux inspiré d'oublier l'expression publique de ses visions et distraire plutôt les fonds nécessaires à la remise en route des chaînes de production militaire, dans la double optique de réarmer la France d'une part et d'offrir à nos partenaires européens une alternative aux productions extra-européennes, de l'autre. Baissons ce ton politique agaçant et mettons des moyens dans l'industrie tant que l'opinion française l'accepte. On me dit dans l'oreillette qu'on n'a pas un flèche à mettre dans le schmilblick.
Evitons donc le ridicule d'une loi-programme étirée à l'infini et remisons nos grandes idées jusqu'à meilleure fortune. Avant de nous lancer dans la recherche-développement d'armes cosmiques sans pouvoir dépasser le stade du prototype, commençons par ce que nous savons faire déjà : une véritable armée de mêlée (char-avion-canon) et une flotte océanique qui découragera nos contempteurs outremer.
Quid des Pluton ?
L'ambition de Scholz va au-delà d'un réarmement. L'Allemagne entend reprendre sa place :
RépondreSupprimerVoir l'article de Zone Militaire.