mercredi 23 juillet 2008

Le "8" en Afghanistan

A la demande de nos alliés, la Task Force française "Chimera" dite TF700 est en cours de déploiement à Bagram (Afghanistan). Il est prévu qu'elle soit alignée courant août. La prise de commandement sous l'égide de l'ISAF a eu lieu le 20 juillet à Forward Operating Base Morales-Frazier. Le colonel Jacques Aragones a reçu la responsabilité de la Kapissa. La TF700 est constituée du 8è RPIMa de Castres porté sur VAB et dispose de blindés légers du 1er REC servis par des chasseurs du 4è de Gap. Une composante déminage du 17è Génie parachutiste de Montauban et un appui feu du 35è Artillerie parachutiste de Tarbes complètent les renforts. En octobre cinq Buffalo américains d'ouverture d'itinéraires rejoindront le bataillon.

soldats français en patrouille
L'état-major reconnaît que "c'est un secteur très sensible, très difficile, car il s'agit d'un couloir d'infiltration vers la capitale, qui permet de déborder à pied ou à moto l'axe principal passant par Jalalabad". Le secteur est coupé en tous sens et doit être travaillé "à la main" par des formations de chasse. Seule une tactique dynamique de harcèlement peut payer car le vilain est rusé ; les résidents sont estimés à la valeur d'une compagnie...


Depuis l'empire des Indes ...
Vingt-cinq mille guérillas fondamentalistes pourrissent la vie de la république islamique d'Afghanistan ; on les désigne sous le nom impropre mais accepté de Talibans, qui veut dire en pashto « étudiant en théologie ». Le territoire, montagneux et enclavé, est aussi grand que la France augmentée des terres qui forment la rive gauche du Rhin. Chacun connaît l'histoire de ce pays imprenable depuis le massacre du 44°Foot (Essex) à Gandamak en 1842. Rien n'y fit, les états-majors se pensent chaque fois supérieurs à leurs prédécesseurs surtout s'ils furent vaincus. Ainsi les Anglais, après 40 ans de disputes incessantes sur les frontières escarpées de l'empire, remirent-ils le couvert en 1878 ; et le 27 juillet 1880, perdirent à Maïwand le 66°Foot (Berkshire) et le 1°Grenadiers, avant de revoir la plaine de l'Indus. Leur politique de contention de l'Empire russe sous son flanc sud avait paradoxalement réussi à dégoutter le Csar d’y venir.

carte impériale anglaise
Les Soviétiques nullement impressionnés par l'Histoire, mirent les doigts dans la porte en 1973 puis avancèrent en 1978 une force mécanique considérable pour y perdre plus d'acier (par la faute des missiles US Stingers) que la petite industrie afghane ne pouvait transformer.
Viendront bientôt les Américains, décoiffés par la destruction de leur prestige à Manhattan un certain onze septembre. Après l'aplatissement des montagnes de Tora Bora en 2001, et la traque par les forces spéciales d’un petit millier de vilains, éparpillés sur tout le front Est par l’artillerie lourde, ils choisirent le renseignement électronique et le scalpel laser pour les excaver le plus proprement possible eu égard aux collatéraux. L’enthousiasme est retombé, la guerre n'est pas un jeu vidéo, ils y sont encore, et nous avec eux.

Cinquante-trois mille***** soldats de 40 nations étrangères battent aujourd'hui villes et campagnes pour en vain briser le cercle vicieux : « développement rural pour gagner les populations et obtenir la sécurité du territoire indispensable au développement rural » ! Les vieilles puissances coloniales connaissent ce cercle par coeur. Tout cela ne servira à rien. Alors ? Les Français vont renforcer leur corps expéditionnaire de 1600 hommes déjà, le portant à 2300 hommes par solidarité envers leurs alliés dans le besoin. J’approuve ! Il faut savoir être à la peine sans la gloire parfois.

carte physique d'afghanistan
Le premier réflexe des états-majors d'un théâtre subverti est de demander des renforts pour tenir plus de territoire. Pourquoi élargir la zone d'efforts inefficaces ? Vous n'y comprenez rien, vous dira-t-on. Pourtant la propension classique en phase d’occupation est bien de miter la zone et de surveiller tous les villages et chemins. Il est bien connu de nous tous que les maîtres du jour ne sont pas ceux de la nuit, d’où la vanité du dispositif. L'Indochine, l'Algérie, puis le Vietnam pour les Américains, ont bien expliqué le processus imparable de l’alternance quotidienne. On ne peut vaincre une insurrection que si l'on parvient à la concentrer.
Tous les officiers américains en poste là-bas connaissent Na-San (Tonkin) et ...... Dien Bien Phû. Mais dans la dernière guerre coloniale techniquement gagnée, ils savent aussi que l'effectif militaire était d'environ 400.000 hommes dès 1957 en Algérie, soit 1,1 homme par kilomètre-carré utile* contre 0,14 h/km² en Afghanistan. Si la technologie a progressé depuis, la différence reste importante. Autant dire que la stratégie "contre-insurrectionnelle" en l'état est vouée à l'échec, ce que confirme les agences de renseignement occidentales, du moins anglaise, allemande et française.

pucelle du 8Sept cents de nos meilleurs soldats arrivent quand même en Afghanistan.. D'aucuns craignaient qu'affectés sur la carte à la province de Kapissa au nord-est de Kaboul pour écoper l'infiltration des Talibans depuis le Pakistan, ils ne descendent assez vite dans la région de Kandahar où les Britanniques sont à la peine, ne tenant plus les routes la nuit, au point que des mauvaises langues généralement bien informées les soupçonnent d'avoir noué des contacts informels avec les crapules. Notons que la route qui mène de Kandahar au barrage stratégique de Kajaki est fermée même de jour sur 40 kilomètres, interdisant d’apporter les quatre transformateurs de 30 tonnes chacun à la centrale électrique qui tourne au ralenti !
Malgré les revers britanniques au Helmand, il est prévisible que les Français n'y descendront pas car ils auront fort à faire au N.E. où les mortiers de 120 du RAP viennent de donner de la voix : il vont être déployés exactement face à la "mère" des problèmes afghans : Les FATAs !

Il faut revenir sur cette "curiosité" si l'on veut comprendre la suite des évènements :
FATAsLes FATAs (Federally Administered Tribal Areas) sont un legs de l'empire des Indes britanniques suite aux deux guerres anglo-afghanes perdues par lui. Dans l'impossibilité de tenir durablement les montagnes coupées de cols en tous sens (le plus célèbre est la Khyber Pass), les Anglais traitèrent avec les chefs pachtounes. Ils troquèrent leur ralliement à l'Empire et la charge de surveiller la frontière afghane contre une réelle autonomie et l'entière liberté de mœurs et de droit coutumier, la charia. A la division de l'empire de 1947, les traités antérieurs furent abrogés et les tribus gagnèrent leur totale indépendance ; mais le jeune Pakistan, confronté au même problème de sûreté que l'ancienne puissance impériale, renouvela les accords. Le sanctuaire des contrebandiers, voleurs de grand chemin, bandits d'honneur, fondeurs de canons à fusil et trafiquants d’opium continua donc ; l'armée pakistanaise n'y entra pas !
La seule avancée, du fait de la forte cohésion tribale, fut la mise en place des FCR (Frontier Crimes Regulations) qui établirent des punitions collectives appliquées tribu par tribu afin de renforcer l'autorité des chefs de village ! Les sept agences pakistanaises locales qui gèrent les FATAs, sur le modèle des agences indiennes du Far West, fondent leur justice sur les FCR et les administrent par un réseau dense de maliks (juges de paix coutumiers comme nos cadis). Le dispositif permet de garder un œil sur la région, sans plus.

labours
Quand l'armée américaine fit exploser le régime taliban de Kaboul fin 2001, ceux d'entre eux qui purent gagner ce "no whiteman's land" furent ainsi sauvés. Les mœurs arriérées, l'illettrisme et la misère noire des peuples furent le terreau de la résurgence d'al-Qaïda et de ses redoutables dialecticiens. Les offensives pakistanaises de 2005-2006 au Waziristân, aidées par le renseignement électronique américain, ont échoué à capturer les méchants. Finalement il y eut transaction au niveau du commandement opérationnel qui encaserna ses effectifs. Si les chefs pachtounes concèdent à mots couverts qu'ils tolèreraient une incursion « vengeresse » des Américains, si (1) elle ne ciblait que Ben Laden et al-Zawahiri, et (2) qui réussirait leur éradication (c'est le sine qua non), ils font comprendre aussi qu'ils combattront à leur manière toute autre forme de "pacification" des FATAs.

Au Pakistan Islamabad branle dans le manche ...
Depuis la constitution du gouvernement démocratique de coalition à Islamabad il y a cinq mois, la situation, déjà mauvaise sous Musharraf, a sensiblement empiré. Comme l’avait très bien vu le marchand de bois philosophe Bernard Henri Lévy lors de son enquête sur la décapitation de Daniel Pearl, le Pakistan détient la clé d’une terrible énigme atomique ; et vient d’être convaincu depuis d’avoir miniaturisé une arme nucléaire exportable. Cocagne ! les magouilles de cabinets occupent tout l'espace des couloirs ministériels et les négociations ouvertes avec les représentants des FATAs sous la pression américaine ne peuvent aboutir car totalement impréparées par le gouvernement. Les nouveaux maîtres sont occupés à se répartir les honneurs. Les minutes de la dernière réunion interministérielle du 4 juillet à Islamabad sont un catalogue de vœux qui va du recrutement de policiers au brouillage des fréquences de radio FM ! C'est contre cette indolence et cette incompétence que le général Musharraf avait fait jadis son coup d'état !
Pendant ce temps, la fermentation islamiste du type le plus dur métastase par toutes les tribus, et se crée sous nos yeux la vraie Base* arrière d'Al-Qaïda, avec sa logistique, ses nœuds de communication, ses centres de formation et mobilisation. Le stade des petites madrassas radicales est dépassé depuis longtemps ; le bec de la pieuvre grossit et durcit.

RafaleCe n'est pas avoir le mauvais œil de dire que notre bataillon ne changera rien à la situation actuelle, même s'il capture cinquante moudjahidine. Pourtant il est indispensable de réduire l'écoulement des assassins par les cols pakistanais et de mesurer le flux car c'est un bon paramètre pour estimer la vigueur d'al-Qaïda. Si comme nous le verrons plus bas, la seule activité militaire de notre responsabilité doit être la lutte anti-terroriste, elle s'exercera presque complètement sur la frontière occidentale des FATAs. C'est là que nous positionnons le 8°RPIma, en attendant une solution (improbable) au Pakistan.

Séquencer les priorités ? Il faut tout faire ensemble dans les deux pays, Afghanistan et Pakistan : faire ouvrir les FATAs au développement, à défaut, développer visiblement les provinces situées à leur périphérie pour susciter l'envie de lessiver la crasse islamiste et accéder enfin à ... la lumière, ce progrès tant décrié le soir à la lampe à huile.
Le fleuve Indus à l'Est offre une force hydroélectrique considérable, le Baloutchistan au Sud est riche de charbon qui par les temps qui courent vaut de l'or.
Les Américains qui veulent décider de tout, devraient-ils basculer leurs moyens d'Irak au balcon des FATAs ? Hélas, malgré la réitération d’une demande officielle de départ des troupes coalisées émise par le gouvernement de Bagdad, l'Administration Bush n'inverse toujours pas ses priorités en dégageant immédiatement des moyens humains et surtout financiers pour les affecter au développement économique rapide du Pakistan malade.

StewartSans avoir l'outrecuidance de donner des conseils stratégiques, il est quand même autorisé d'explorer quelques chemins de traverse. Dans Time Magazine de cette semaine, Rory Stewart, diplomate de formation résidant à Kaboul, en ville, juge que l'option militaire est le mauvais choix parce que "l'Afghan", qui n'existe tel quel hors de son clan qu'en affrontant les étrangers, est allergique à la force militaire extérieure. En outre le peuple, au plus profond de son cœur, est complètement saturé de guerre quels qu'en soient les motifs, et penchera vers celui qui lui promettra d'en finir au plus vite.
Stewart préconise de diminuer l'intensité du conflit en se retirant des provinces insurgées et en développant les autres, non pas directement car ce volontarisme fait perdre la face au pouvoir légal de Kaboul, mais à travers les gouverneurs régionaux qu'il faut faire sélectionner par le gouvernement, en fonction de leurs capacités personnelles et de leurs projets de développement.

Soyons réalistes. Libérer les populations du joug islamiste des Talibans et de leurs alliés al-qaïdistes implique-t-il de "vendre" dans le package (1) la démocratie obligatoire et (2) la lutte anti-pavot ?

Dans un brillant exposé, le professeur Lafrance de l'université de Montréal soutenait que la démocratie était un bien lourd fardeau pour un peuple :
"C’est un fardeau qu’il faut assumer à chaque jour car il faut prendre le risque de faire des choix et accepter qu’un mauvais choix se retourne contre ceux qui l’ont pris. Il est beaucoup plus facile de laisser le grand officier d’un clan, d’un état ou d’une église prendre ce risque en lui abandonnant le pouvoir du choix. Et pourtant, ce risque, ce fardeau, c’est la pierre que chacun apporte à la construction de la cité. Cet effort quotidien implique un long apprentissage dont une intervention extérieure ne saurait faire l’économie. La démocratie, ça s’apprend. Cela ne s’impose pas."

pachtounistan
Comment peut-on "former" à la démocratie un peuple terrorisé par une guérilla qui barre les routes et "trie" les voyageurs, pénètre de nuit dans les habitations pour récolter vivres et argent, vérifie tous indices de collaboration comme une simple canette de PepsiCola, pose mines et bombes sans égard aucun pour la population civile, et au bout du compte taxe la production agricole imposée par elle-même, disposant ce faisant du numéraire indispensable à sa liberté de mouvement ? Et puis, transformer une nation de trente-deux millions d'âmes aussi typée que la nation afghane n'est pas à la portée de l'Occident. Seuls les Afghans y parviendront peut-être, éventuellement, un jour ! Soyons réalistes.

Pour la lutte contre le pavot, il faudrait peut-être faire la part du feu et expliquer aux bonnes âmes prohibitionnistes de chez nous que nous devons défendre l'Occident contre des soldats courageux et cruels, susceptibles de se procurer à bon compte des détonateurs atomiques et de réussir des attentats d'envergure n'importe où. Les Afghans n'ont pas la fibre prohibitionniste et ne se saigneront pas aux quatre veines pour le rachat des drogués occidentaux. En comparaison de quoi la santé des épaves humaines qui se piquent chez nous convoque certes toute notre commisération mais restera secondaire dans l'ordre des priorités. S’il faut vraiment planer sur ce mondo cane, revenons à l’opium traditionnel du Lotus Bleu et de Malraux, c'est zen !

La pyramide féodale ?
gaminEn Afghanistan comme dans les FATAs, il n'est possible de lutter contre la subversion du territoire que par l'émergence d'un pouvoir concurrent plus fort, capable d'ancrage à des racines populaires profondes. Aucun substitut moderne à la pyramide traditionnelle d'essence féodale ne fonctionne. C'est archi-prouvé. Les provinces qui décollent sont celles qui sont bien gouvernées localement dans un "système féodal éclairé". Au plan national, l'ANA (Armée nationale afghane) monte doucement en effectifs et qualité mais avec quatre-vingt mille hommes elle ne peut tenir tout le pays. Il faut donc décentraliser aussi la sécurité où c'est possible.

On combattra l'insurrection par le développement visible des provinces qui l'acceptent, et en exacerbant le différentiel de richesses disponibles ainsi établi. Le prestige des administrateurs afghans sera un exemple fort pour les autres. Inutile d'insister à Kandahar ou au Helmand, l'insurrection détruira tout. Il faut segmenter le pays (à la chinoise) et trier les provinces admissibles au développement.

Dans cette veine, nous devons nous préoccuper d'abord de la réputation de l'Etat afghan, ne pas le circonvenir et mettre le paquet sur la formation des fonctionnaires - depuis le postier de base et le garde-champêtre - car le déficit de compétence et d'intégrité est abyssal. Exemple : pour leur trouver un modeste salaire on a nommé par endroit des instituteurs illettrés !

Il est plus facile de bâtir une banque centrale, des casernes, des murs d'école et des routes qu'un Etat ramifié. Ces structures superposées au territoire sont attribuées aux étrangers plein aux as qui partiront un jour, tandis que les services publics de base, staffés par des agents qualifiés, comme la santé de proximité, l'instruction publique, les utilités de base (égouts, électricité, téléphone), outre qu'ils impactent immédiatement le quotidien des gens, rehaussent aussi le prestige du drapeau national plus sûrement qu'un défilé à Kaboul, bannières au vent ! Le micro-développement de masse est porteur d'image beaucoup plus qu'on ne le croit dans nos pays gavés.

Forcément la paix a minima indispensable ne sera pas obtenue par les voies démocratiques dans aucune région. Les gens d'ailleurs n'en ont cure ! Il faut intéresser les chefs de tribus au développement de leur coin et les pousser à se fédérer par provinces sous un chef de clan ou un gouverneur. En fait, reconstruire la pyramide féodale qui n'a pas complètement disparu. Il est fâcheux que le « bon choix » ait disparu : SM le roi Zaher Shah est mort en 2007. Proclamé Baba (père de la nation) lors de la Loya Jirga**** de 2002, un titre assez peu distribué dans l’histoire afghane, il eut été la clef de voûte idéale !

Les Afghans livrés à eux-mêmes auront-ils la volonté de s'en sortir et de chercher quelque possible bonheur de leurs peuples ? Cette quête est leur affaire, dès lors que nous laissons cette fois ce qu'il faut à disposition. Dieu ne nous a pas investi d'une mission spéciale comme le croient les Evangélistes américains derrière leur pupitre d'acajou ciré.

Tout jusqu'ici n'est pas vain !
ecoliereOn ne doit quand même pas passer sous silence les résultats des efforts de la communauté occidentale en Afghanistan depuis la chute des Talibans. A des bonheurs divers, la crasse islamiste a été enlevée où nous avons pu : le Bazar mythique de Kaboul a été rouvert, les mœurs ont été pacifiées, l'adduction d'eau a été généralisée au plus loin possible, les égouts ont été rénovés, les décharges contrôlées, le courant électrique a été amené dans des milliers de villages qui ont été restaurés sur crédits étrangers directs bypassant la "taxation" officielle - ce fut une erreur de canal d'accès -, des dispensaires ont été ouverts presque partout malgré l'absence d'infirmiers, et on peut téléphoner sur presque tout le territoire. Mais, le plus beau : Six millions de gosses sont retournés à l'école.

Pour que la reconstruction soit solide, il faut de l'humilité, du temps et une clef de voûte à l’arc des piliers. La démocratie occidentale, toute à ses échéances électorales, a-t-elle du temps de reste ? Je ne sais. L'humilité n'est pas non plus l'apanage de nos dirigeants obsédés de "communication" jusqu'à faire "coucou" de la main dès qu'ils voient un attroupement.

Ce n’est peut-être pas si exaltant de participer à la résurgence d’un monde ancien mais laisser la situation actuelle empirer comme nous en préviennent tous les stratèges, peut nous causer de grands dommages. Et puis, ce monde n’est pas à notre botte, laissons-lui sa chance de progresser ultérieurement, car le Village Global restera toujours un village, et les meilleures ambitions naissent parfois de l’envie. Quant à la clef de voûte, c'est aux Afghans et à eux-seuls de la poser.

Si le dispositif général est à redéployer intelligemment, la lutte contre al-Qaïda ne doit s'essouffler d'aucune façon, qu'elle dure un an, deux ans ou dix ans. La traque doit être confiée aux OPS soutenus par un renseignement renforcé ; le seul but utile n'étant pas de les capturer pour Guantanamo mais de les abattre. Demander l'ordre de stop par radio quand vous tenez Ben Laden dans l'alidade, comme cela se serait produit deux fois chez les forces spéciales françaises, est vraiment surréaliste.

kaboul
Le Quai serait bien inspiré de promouvoir au sein de l'Alliance atlantique ce dispositif de spécialisation de la guerre sur l'anti-terrorisme et de provincialisation des pouvoirs au mérite, avec le développement foisonnant assorti. En osant sacrifier certains principes utopiques comme une démocratie populaire en pleine guerre subversive ou l'égalité des sexes, nous pourrions risquer la paix.

Le pouvoir en place ici est-il au niveau requis pour construire un dispositif complexe qui tienne debout hors des tabous ? Je vous laisse répondre, mais il ressort des déclarations des deux candidats à la Maison Blanche qui seront l'un ou l'autre le décideur ultime, qu'on n'en prend pas le chemin :
McCain comme Obama misent beaucoup sur l'ANA dont le premier voudrait doubler les effectifs sur fonds internationaux. Dans l'illusion qu'ils entretiennent d'une réussite de la pacification irakienne - l'un bascule les brigades US libérées d'Irak en Afghanistan, quand l'autre bascule les fonds redevenus disponibles. La déclaration de McCain sur l'Afghanistan prouve, si le doute persistait, qu'il n'a même pas le niveau de Georges W. Bush. Seul Obama a compris qu'il fallait mettre vraiment le paquet sur le Pakistan. Il est même prêt à mettre deux brigades de plus pour nettoyer préalablement la zone ! Mais confier le bouclage et la purge des FATAs à une coalition OTAN-Pakistan comme il le rêve, me semble présomptueux. Il faudrait pour y parvenir acheter tout le monde au prix fort, jusqu'à peut-être l'état-major de Ben Laden (?!)
Ce sont des choses qui se font en Asie.



Note* : Le Sahara représente 84% de la superficie algérienne.
Note** : Al Qaïda veut dire : La Base.
Note*** : ANA : Armée Nationale Afghane
Note**** : Loya Jirga : Grand Conseil des Anciens, que nous appellerions ici assemblée des pairs.
Note***** du 23.07.08 : la première édition du billet décomptait un peu rapidement, et à notre étonnement d'ailleurs, 88000 hommes, mais certaines forces américaines (originellement hors NATO) étaient comptées deux fois chez la source. Sorry !



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