L'éviction brutale d'Aymeric Chauprade de l'Ecole de guerre par Morin le sournois, nous donne l'occasion de revenir sur ce monstre froid qui concentre toute la ire du Roycoland et Bolcholand réunis, cette machine à tuer qui aliène les peuples vassaux des Etats-Unis d'Amérique sous le joug des Bilderbergers, j'ai cité l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord.
A l'issue de la Guerre mondiale, les vainqueurs décidèrent de formaliser leur alliance pour le temps de paix armée qui s'ouvrait devant eux après le coup de Prague du 12 mars 1948 et le blocus de Berlin du 24 juin 1948. Ainsi naîtra le Traité de l'Atlantique Nord qui, sans l'agressivité croissante de l'Union soviétique, n'aura jamais existé, les Etats-Unis étant constitutionnellemnt incapables de contracter alliance hors du temps de guerre. Cette clause de sauvegarde de l'indépendance nationale sera contournée au Sénat par l'incorporation de la Charte des Nations Unies dans le préambule du traité que voici :...
Les Etats parties au présent Traité, réaffirmant leur foi dans les buts et les principes de la Charte¹ des Nations Unies et leur désir de vivre en paix avec tous les peuples et tous les gouvernements. Déterminés à sauvegarder la liberté de leurs peuples, leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le règne du droit. Soucieux de favoriser dans la région de l'Atlantique Nord le bien-être et la stabilité. Résolus à unir leurs efforts pour leur défense collective et pour la préservation de la paix et de la sécurité. Se sont mis d'accord sur le présent Traité de l'Atlantique Nord... (Washington, 4 avril 1949).
Le 4 avril 2009, on fêtera à Kehl et Strasbourg le 60° anniversaire de ce traité dans le pétardage des grenades lacrymogènes.
Ainsi a-t-on dès le départ un pont atlantique entre l'ONU qui sera installée à New-York et pas à San Francisco, et l'OTAN qui sera installée à Londres puis Paris et non à Washington (c'est important pour comprendre ce qui se passe de nos jours sur des théâtres éloignés). Les vetos répétés des soviétiques au Conseil de Sécurité aggraveront le poids de l'Alliance atlantique qui instrumentalisera en retour la menace occidentale face à la subversion communiste, partie au projet de submersion de l'Europe occidentale. Les signataires sont au départ au nombre de 12, répartis comme suit :
- Les 5 pays de la nouvelle Union occidentale (Traité de Bruxelles du 17 mars 1948 répondant au coup de Prague) : Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni.
- Les 2 pays d'Amérique du Nord : Etats-Unis et Canada
- 4 pays ayant une façade atlantique qui les impliquait dans tout futur conflit : Islande, Norvège, Danemark et Portugal
- 1 pays en danger de communisation qui tient l'arc alpin et sert de porte-avion au milieu de la Méditerranée : l'Italie.
Toute l'essence du Traité de l'Atlantique-nord est dans son fameux article 5 qu'on est bien obligé de citer : Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.
Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales.
Ce n'est pas l'automaticité du robot, mais les conditions et circonstances techniques de la veille et de la riposte y obligeront.
Par son siège permanent (avec droit de veto) au Conseil de sécurité de l'ONU, et dès 1952 par l'accueil sur son territoire du siège de l'OTAN mais aussi ceux des états-majors² principaux de l'Alliance et de nombreuses bases³, la France sur-valorise sa contribution à la Seconde guerre mondiale, dont elle fut plus un déclencheur puis l'ouvrier de la onzième heure, qu'un acteur important. Merci aux hauts fonctionnaires de la IV° République qui eurent le sens de la patrie au point de faire oublier à nos partenaires que le plus grand contributeur européen à la Guerre mondiale était de très loin le Royaume-Uni, qui en ressortait épuisé et endetté à mort par les balances sterling qu'il avait dû ouvrir dans tout l'Empire.
L'organisation militaire intégrée servira à encadrer le réarmement de l'Allemagne fédérale dès 1955 quand au sortir de la Guerre de Corée les perspectives s'assombriront et qu'on ne pourra se passer du savoir-faire allemand. Puis il faudra incorporer la Grèce et la Turquie, non pas tant pour encercler l'URSS et la Yougoslavie comme on le dit, que pour prépositionner des forces amphibies contre tout coup d'état dans ces deux pays travaillés au corps par l'agit'prop communiste. Jusqu'à la fin des années 50, personne ne rechigne, la sécurité de l'Europe occidentale semble à tous assurée très convenablement et à bon prix. L'OTAN, c'est alors quinze pays solidaires, une organisation bien armée, qui par son intégration sophistiquée et son immédiateté de réaction fait peur.
(fin du 'bref' rappel historique)
On notera que la France n'était d'aucune façon vassalisée aux Etats-Unis, et que sa participation dans les commandements intégrés OTAN ne la priva nullement de faire des guerres perso qu'elle perdit les unes derrière les autres (Indochine, Suez, Algérie). On arrive maintenant à la question gaullienne, le mirage capétien diront certains, la frime grandiose pour ma part.
Le 7 mars 1966, le général-président adresse une lettre à la limite de l'insulte au président Johnson des Etats-Unis l'informant du retrait unilatéral de la France de tous les commandements intégrés et le sommant d'évacuer le territoire national, ce qui sera fait par les états-majors alliés le 1er avril. L'affaire ne surprend pas les Anglo-américains dès lors que le même général-président a retiré en 1958 la flotte de Toulon du circuit, puis leur a interdit en 1959 de positionner des armes nucléaires en France, a retiré en 1963 la flotte de Brest du commandement intégré, et la même année a refusé d'entrer dans une force nucléaire de dissuasion tripartite (USA, GB, FR), pour se lancer dans la construction d'un système d'arme nucléaire national à la mesure de son ego.
Il expliquera plus tard son cheminement au motif de rompre l'aliénation insupportable dans laquelle la IV° République avait jeté notre grand pays. Le problème est que "nous" étions alors les seuls à nous sentir aliénés et que la force de dissuasion qui serait notre réponse ultime, n'a jamais intimidé personne. A partir de 1966, la sécurité de la France était à la merci de toute météo diplomatique néfaste. Quand survint d'ailleurs l'affaire des SS20 en 1981, le président Mitterrand ne s'y est pas trompé qui, en dépit d'une composante moscoutaire dans son gouvernement, a rallié dare-dare la position de contention musclée décidée par l'Alliance avec les fusées Pershing. Il a également maintenu les 5 régiments de Plutons atomiques destinés à l'Allemagne de l'Est et à la Tchéquie, suivant Giscard d'Estaing dans la destruction par acceptation de la riposte graduée, du concept fumeux de "dissuasion du faible au fort". Les péripéties de la démarche gaullienne sont longuement exposées ici ; l'article mérite le détour.
Le cœur du projet gaullien qui déclare maintenir l'Alliance atlantique dans ses principes mais pas dans ses réactions, est donc une défense indépendante autour du pivot atomique, avec un vasistas entrouvert sur la maison OTAN pour y accéder au cas où le typhon se déclencherait. L'histoire des trois petits cochons dans laquelle la France a la maison de paille. Qu'en est-il vraiment ?
Disons d'abord que le maintien de la France dans l'Alliance mais hors des commandements intégrés était une posture rhétorique qui fut prise comme telle par nos alliés. Elle ruinera notre réputation pour longtemps. Dans une guerre moderne de type continental, du modèle redouté alors, tout se joue en 72 heures. C'est très simple :
- on vide toutes les cuves d'Anvers et Rotterdam avant que ces deux ports ne soient détruits, pour pousser l'essence derrière les opérations aéro-blindées (réseau CEPS)
- les détroits danois sont fermés ;
- le front mécanique se constitue sur l'Elbe en attendant la riposte atomique graduée ; l'holocauste n'est jamais sûr mais l'adversaire n'a pas ce doute ;
- on essaie de prendre l'avantage sur le plateau de Bohême qui commande tout le théâtre Centre-Europe ;
- si rien ne s'arrête, on teste la résolution soviétique sur... Mourmansk.
Où voyez-vous l'espace pour une négociation entre marchands de tapis des conditions de participation de l'armée française sous-équipée et sous-entraînée faute de crédits (tout pour la bombe), armée de conscription configurée dans les mêmes schémas de mobilisation que ceux de 1939, avec les mêmes problèmes logistiques (charroi de réquisition), avec ses calibres d'infanterie propres, et ses carburants non déployés d'avance en avant. A part quelque appui aérien, mais encore aurait-il fallu intégrer les procédures communes sur nos pupitres de combat pour ne pas casser l'ambiance, le renfort de la France n'était pas souhaité, et une guerre autonome de sa part encore moins, dès lors qu'elle pouvait mettre en péril tout le dispositif allié dans des opérations commencées sans elle. Ça décoiffe les démonstrateurs au tableau noir qui vantaient notre main en retrait, car ce rôle du chien dans le jeu de quilles fut mis en évidence à l'occasion de manoeuvres.
Quant à la "dissuasion du faible au fort", elle mérite qu'on s'y arrête. Pour ceux qui viennent d'arriver, rappelons que le principe fondateur de cette dissuasion est qu'il n'est pas nécessaire que notre capacité de frappe atomique se situe au même niveau que celle de notre adversaire, il suffit qu'elle nous permette d'occasionner chez l'ennemi des dégâts au moins équivalents à ceux que ce dernier peut opérer sur le territoire français. La menace qu'elle fait peser devient alors inacceptable et le prix à payer exorbitant.
C'était donc une dissuasion fondée exclusivement sur le "mental" du chef du Kremlin. Pourrait-il être impressionné ?
Non ! Pourquoi ?
Hormis la configuration de la France seule contre l'Empire du Mal - personne ne sait expliquer ce cas de figure -, il est plus que probable qu'une période de risque nucléaire imminent aurait englobé toute l'Europe occidentale et que la présence des forces énormes opposées prédirait un holocauste sur au moins la moitié du globe terrestre. Que pèse la force de dissuasion du faible au fort au milieu de ce maelström puisque de toute façon, sans notre avis, le bombardement atomique aurait détoné partout dans un embrasement sans commune mesure avec la puissance limitée de rétorsion française ! Les bombes gaullistes lancées ou non seraient plutôt passées inaperçues au milieu de cette guerre littéralement monstrueuse.
L'histoire d'une guerre portative et individuelle entre le petit David français et le grand Goliath russe est une affabulation. Désolé pour son concepteur. Il ne pouvait s'agir que d'un choc continental puis mondial. Mais plein de gens ont mordu à ce truc incroyable ainsi qu'au concept associé de "défense tous azimuts" inventé pour dire aux Russes qu'on ne les visait pas ! Alors qui ? Les Vénusiens ? Tu parles, Charles ?
Au résultat, la France des années 60, par hypothèse seule debout au milieu du champ de bataille, quasiment aveugle sur ses avants, sans renfort programmé de ses alliés qui auraient eu au moment d'autres chats à fouetter que de sauver le concept gaullien de sa ruine, était dans la plus complète insécurité. Ceux qui allèrent aux armées dans ces années 60 peuvent témoigner de l'impréparation, du sous-équipement, de la vétusté d'un matériel colonial usé et de cent autres défauts qui ne remontaient pas aux oreilles des penseurs. En manoeuvrant en Allemagne à cette époque, comme je l'ai fait plusieurs fois avec le panzergrenadier battalion du voisinage, il sautait aux yeux qu'un écart de préparation technique nous séparait. J'ai visité début 70 le centre de commandement de Taverny creusé dans le gypse ; le portail d'accès était en ferraille et non-étanche, sans porte coupe-feu derrière. Autant dire que le cerveau national de la guerre totale n'était pas même protégé et donc qu'en haut lieu on se payait de mots.
Pour en terminer sur la doctrine française de cette époque et ses contradictions : L'effort de guerre au sol était centré autour de la DOT (défense opérationnelle du territoire), système de guérilla inspiré à Michel Debré par les Yougoslaves et dans lequel lors d'un conflit conventionnel, la France était présumée envahie par le Pacte de Varsovie en quelques jours, les Américains rechignant à déclencher l'holocauste à notre profit. Debré n'a jamais dit pourquoi nous le déclenchions pas nous-mêmes avec notre propre bombe. A partir de là, nous devions leur rendre la vie intenable avec tout l'armement que nous avions caché dans des grottes, en espérant que l'ennemi intérieur ne nous l'ait pas piqué avant (les communistes faisaient aussi le service militaire) ! Outre l'imbécillité stratégique de la collision des deux concepts , Dissuasion et DOT, l'Etat-major acceptait ouvertement la défaite préalable en rase campagne, ce qui n'était pas terrible pour la motivation des soldats, mais formidable en conférence du style feu de camp scout. A l'épreuve de nombreuses manoeuvres "DOT", les unités élémentaires d'infanterie aperçurent rapidement les limites de cette tactique et s'en défièrent.
Néanmoins ce quadrillage restera utile pour la protection civile (catastrophes, menace NBC, sécurité des points sensibles) et la lutte anti-terroriste si celle-ci prend de l'ampleur. La DOT est aujourd'hui confiée à la Gendarmerie nationale.
PS : J'ai toujours eu le pressentiment que De Gaulle avait intégré dans ses analyses que l'URSS gagnerait à la fin et qu'il fallait disposer ses pions pour ne pas lui être ouvertement hostile. Ce qui expliquerait ce jeu de cavalier seul qu'il mena sur les théâtres du monde, qui nous fit passer un moment comme le plus riche des pays non-alignés. C'est la faute à pas de chance si les stratèges du Pentagone entraînèrent l'URSS dans une course aux armements insoutenable pour elle, jusqu'à ce qu'elle en crève. Merci Mr Reagan.
Prochain article sur le sujet : pourquoi donc revenir dans le commandement intégré ?
Note (1): Charte de San Francisco signée le 26 juin 1945
Note (2): Le secrétariat général était à la Porte Dauphine (Université Paris-Dauphine), le SHAPE à Roquencourt, AFCENT à Fontainebleau et plusieurs agences en région parisienne le long du méga-câble de télécommunication ad hoc.
Note (3): AFCENT disposait en France de 12 bases tactiques aériennes américaines, 2 bases canadiennes, 4 bases logistiques et de garage ; en renfort, ils avaient 10 bases françaises calibrées comme bases OTAN de détournement (procédures communes et qualité du jet fuel).
Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.