vendredi 24 avril 2009

UE : pourquoi la sécession ?

plume détachéeA la disparition de Pierre Pujo s'ouvrit à l'Action française la querelle des anciens et des modernes dans le plus pur style d'avancement au tableau d'attrition. Nous en laisserons la chronique aux historiens, nombreux dans la mouvance, pour nous pencher vers cet objectif majeur subitement mis à jour par une des composantes politiques de la vieille maison : la sécession de l'Union européenne.
Certes l'image est belle de la Caroline du Sud déclarant sa séparation pour ouvrir la voie à la Confédération sudiste, mais je fus néanmoins surpris par l'aboutissement d'une analyse discrète et sans doute fouillée des circonstances qui militent en faveur de cet acte majeur. Je n'ai pu en trouver le "fondateur" même si je suppute que l'ordre de larguer partout est venu de l'intérieur, peut-être d'un politologue très introduit dans les arcanes de la politique atlantique. Mystère !

La sécession est philosophiquement neutre, historiquement dépassée car techniquement impraticable, et la propagande de son projet politiquement néfaste. C'est par ce dernier point que nous commencerons avant de nous pencher sur l'impraticabilité.

sinogramme de la patienceIl n'est pas souhaitable de choisir un projet impossible pour un parti-pris politique chez un mouvement ayant l'ambition de convaincre au plus large - sinon il faut arrêter le journal à perte, les tracts et affiches en voirie, les blogues en ligne, les conférences publiques - surtout s'il n'existe à terme sûr aucune fenêtre d'opportunité pour en commencer la réalisation.
Même un second "non" des Irlandais ne détruira pas l'Union européenne qui continuera de méfaire dans les dispositions scabreuses du traité de Nice, ainsi que le répètent tous les pays de l'Est débiteurs de subventions européennes. La rupture éventuelle pourrait suivre une crise gazière d'ampleur insoupçonnable au sein de l'ancien Comecon soviétique dont se désolidariserait l'Europe occidentale. Voire une situation de guerre larvée pour la captation des richesses arctiques qui casserait la soudure baltique au sein de l'Union. On devine qu'il nous reste du temps à passer ...

coulée d'acier en fusionLe projet est néfaste surtout parce qu'il barre le recrutement de cotisants au sein des forces vives du pays. C'est le handicap de l'Action française de ne pas intéresser des entrepreneurs, professionnels, grands agriculteurs, ouvriers et cadres de la tranche d'âge 35-55. Or aucun de ceux-là ne détruira le Marché commun, aucun de ceux-là n'échangera l'euro pour la piastre antérieure (clic), aucun de ceux-là ne rétablira les inconvénients des anciennes frontières, les contrôles des changes, les visas et autres complications policières. Ce temps est pour eux passé. Dans une optique de sécession, nous ne les intéressons pas.

Par contre nous avons un grand effectif d'étudiants en droit, histoire et lettres - les scouts sont légitimistes -, de professeurs en sciences molles, de penseurs autodidactes et de retraités de la Cause et de la CNAV réunies. Autant dire que nous sommes prêts à surgir au bon moment avec la pugnacité qui nous avait manqué jusqu'ici !

Reste l'impraticabilité technique de la sécession.
Cela fait plus de cinquante ans que l'économie française est tricotée avec de la laine communautaire. Des milliers de normes et de canaux d'échanges, de tarifs commerciaux et douaniers s'enchevêtrent. La quasi-totalité de ces contraintes obéissent au bon sens (comme les quotas de pêche) ou à des accords internationaux passés avec le reste du monde, sans parler de notre intégration dans un système monétaire commun dont la sortie est exclue dès lors que nous n'avons plus le capital nécessaire pour fonder une nouvelle devise.

tricotageSi un parti politique en course électorale use souvent de propagande populiste ou de démagogie, il m'étonne qu'une "école de pensée" de la réputation que l'on sait produise une queue de trajectoire aussi éthérée que nuisible. Je crois qu'il vaudrait mieux oublier le parti-pris de la rouspétance stérile et construire un projet positif pour cet environnement géopolitique dont nous ne pouvons nous extraire.
Qui oserait, outre la ruine, lever des adversaires sur quatre de nos cinq frontières ? Nos voisins ne sont pas nos ennemis, même si nous les agaçons beaucoup de notre ancienne grandeur et de nos gloires enfuies. Ils partageraient même un projet de puissance de la France nous sachant capables de tirer le char Europe sur la scène mondiale, mais peut-être pas avec le personnel politique que nous subissons actuellement du fait du système électoral de "recrutement".

Le projet de sécession n'a que le mérite d'ouvrir l'épure vierge d'une utopie sur laquelle se règleront certaines contradictions entre la doctrine et les réalités. C'est une fuite intellectuelle.



Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

6 commentaires:

  1. Le choc de la sécession ne serait-il pas un facteur d'éveil du peuple français qui semble complètement avachi dans la social-démocratie et incapable de faire face aux défis d'avenir ?

    RépondreSupprimer
  2. Je crois plutôt que le "choc" détruirait ce qui reste de mortier social dans ce pays, car nous entrerions dans une période de récession grave et durable, avec probablement un séquestre partiel de l'épargne populaire pour sauver les positions de la nomenklatura.

    RépondreSupprimer
  3. Je ne crois pas à une sécession de la France. Trop compliqué. Par contre il se pourrait que l'UE éclate selon certaines lignes de fracture sans qu'il soit possible de discerner lesquelles déjà.
    - Pays immigrationistes (Ouest) vs. pays identitaires (Est)
    - Pays libre-échangistes (derrière le RU) vs. pays protectionnistes
    Ou bien que se forment des fédérations intérieures à l'Union européenne, dont les intérets divergeront. Par ex. pays ottomaniaques comme les balkanniques, le RU, la Grèce ou Chypre contre les pays revendiquant une certaine catholicité.
    De toute façon ce seront des mouvements de clans de pays, pas de pays isolé.

    RépondreSupprimer
  4. Je suis favorable à la sécession. Seule solution, pour construire ou ne pas construire l'Europe, mais qui consiste à défaire l'absurdité technocratique et le goufre de l'actuel bazar nommé Europe.

    RépondreSupprimer
  5. Réponse ici : http://afe-blog.com/2009/04/26/union-europeenne-pas-delection-secession-independance-souverainete-necessite/

    RépondreSupprimer
  6. Vu le billet de l'Action Française Etudiante et les longs commentaires qu'il suscite.
    J'ai moi-même répondu sur la forme.
    Je persiste sur le fond.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Les plus consultés sur 12 mois