samedi 19 mars 2011

Contrôle parental national

Mercredi 15 décembre 2010, le parlement s'affranchissait du juge pour faire bloquer des sites Internet illicites, à tous motifs du seul ressort de l’Office de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication. La France entrait subrepticement dans le club assez fermé des Big Broz du Web (voir la carte ci-dessous).


La manifestation (internationale) de Reporters Sans Frontières contre la cybercensure est passée inaperçue le 12 mars pour cause de nausées médiatiques ; sondage au triomphe de Marine Le Pen et tsunami de 23 mètres au Japon, sans parler de BHL à Benghazi.
Le filtrage des accès Internet, exigé maintenant des fournisseurs d'accès par l'article 4 de la loi Loppsi2, est "justifié" par la lutte contre la pédophilie et la pornographie, même si des associations de lutte contre les pervers, comme l'Ange Bleu, doutent fortement de son efficacité. Qu'importe, la pédophilie n'est que le cheval de Troie qui investit le cyberespace où il se passe des choses pas catholiques. Frédéric Lefebvre, qui dans l'emphase ne craint personne, amalgamait pour faire bon poids tous les malheurs suintant des écrans : « Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l'absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d'adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde ». S'il sortait le dimanche, il aurait su que ce G20 existe déjà, c'est le Réseau Echelon et qu'il ne traque pas les pédales mais les terroristes et les narcotrafiquants.


Depuis le 15 mars, jour de la promulation de la Loppsi2 au JO de la République, les "bureaux" peuvent désormais y aller carrément, sans le regard du juge, sans retard et sans rendre compte puisque le "rapport annuel d'activité de l'Office avait été jugé inutile dans la même séance parlementaire. La CNIL jetée au bartas, listes noires, listes rouges, logiciels de traitement automatique des flux, chasse au mot-clé, ces messieurs de l'Etat français vont pouvoir se donner du bon temps avec une productivité inouïe.
Avec les moyens modernes de traitement électronique et le croisement des fichiers existants, on peut avancer sans paranoïa que chacun de nous part en fiche de police. La Réacosphère à livre ouvert n'aura plus besoin de se certifier [MRAP]. Les agences et ligues de traque à la Bête vont pouvoir compter sur le renfort inespéré d'un Office autonome qui laissera ou pas fuiter ce qui l'arrangera dans les circonstances politiques du moment. Licra, Mrap, Halde, c'est du jardin d'enfant ! Place à l'OCLCTIC, sous les ordres et contrôle de la Direction Générale de la Police Nationale sise place Beauvau.


Finalement la Loppsi2 instaure le contrôle parental du cybercitoyen. On savait bien que la démocratie rend con.

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