mercredi 30 mars 2005

Constitution, la lumière viendra d'en haut


Le débat constitutionnel montre d’évidence que le peuple convoqué se fie plutôt à ses représentants qu’à ses propres analyses, perdu qu’il se trouve devant le texte ouvert sur des complications indéchiffrables. C’est donc bien de la responsabilité des élites politiques d’éclairer le plus honnêtement possible selon les capacités particulières de chacun, les gens du commun qui forment le gros des troupes laborieuses et démocratiques. Il doit y avoir un mouvement vertical du savoir qui doit investir l’espérance de la nation jusqu'à décider le "peuple souverain" en son âme et conscience de nous dire ce qui sera bon pour elle. Ne nous leurrons pas, l'individu qui à millions constitue le peuple, est majoritairement égocentrique, et laisse le destin de la nation aux ânes ou aux lions qui selon l'époque le gouvernent.

Jusqu'à présent d'un bord à l'autre, on se contentait d'amuser la galerie avec des arguments de préaux, ici la "connerie" agriculturelle, en face l'invasion polonaise. Mais les choses allant dans le mauvais sens pour les progressistes du "oui", il est temps de passer de la résonance au raisonnement. Et là commencent les difficultés.
Dans le camp du oui, on ne peut pas faire seulement campagne "contre le non" avec des arguments usés du style " les partisans du non sont mécontents de l'Europe, par le non ils conserveront l'Europe de leur mécontentement".
Dans le camp du non, on ne pourra pas longtemps tenir sur les arguments poujadistes qui vont tourner à la rengaine. De plus certaines personnalités du monde politique et de celui de l'agit'prop qui se sont jetées dans le camp du refus ne le servent pas vraiment de leur image.

Puisque la nation est en grand péril et l'Etat au risque de chanceler, il faut quitter la langue de bois des récitations énarchiques que le "souverain peuple" n'entend plus, et passer à la pédagogie, convoquer l'intelligence. C'est un peu ce que demande le texte de Charles Maurras que nous reprenons aujourd'hui dans L'Avenir de l'Intelligence.
Charles Maurras
« Rien n’est possible sans la réforme intellectuelle de quelques-uns. Ce petit nombre d’élus doit bien se dire que, si la peste se communique par simple contagion, la santé publique ne se recouvre pas de la même manière. Leurs progrès personnels ne suffiront pas à déterminer un progrès des mœurs. Et d’ailleurs ces favorisés, fussent-ils les plus sages et les plus puissants, ne sont que des vivants destinés à mourir un jour ; eux, leurs actes et leurs exemples ne feront jamais qu’un moment dans la vie de leur race, leur éclair bienfaisant n’entrouvrira la nuit que pour la refermer, s’ils n’essaient d’y concentrer en des institutions un peu moins éphémères qu’eux, le battement de la minute heureuse qu’ils auront appelée sagesse, mérite, vertu.

Seule l’intelligence, durable à l’infini, fait durer le meilleur de nous. Par elle, l’homme s’éternise : son acte bon se continue, se consolide en habitudes qui se renouvellent sans cesse dans les êtres nouveaux qui ouvrent les yeux à la vie. Un beau mouvement se répète, se propage et renaît ainsi indéfiniment. Si l’on veut éviter un individualisme qui ne convient qu’aux protestants, la question morale redevient question sociale : point de mœurs sans institutions. Le problème des mœurs doit être ramené sous la dépendance de l’autre problème, et ce dernier, tout politique, se rétablit au premier plan de la réflexion des meilleurs.

Je comprends qu’un être isolé, n’ayant qu’un cerveau et qu’un cœur, qui s’épuisent avec une misérable vitesse, se décourage, et tôt ou tard, désespère du lendemain. Mais une race, une nation sont des substances sensiblement immortelles ! Elles disposent d’une réserve inépuisable de pensées, de cœurs et de corps. Une espérance collective ne peut donc pas être domptée. Chaque touffe tranchée reverdit plus forte et plus belle.
Tout désespoir en politique est une sottise absolue. »

Pour respirer aux entr'actes voici en cadeau un petit opuscule touristique de Léon Daudet et Charles Maurras, Notre Provence (flammarion 1933) offert par le CIEL d'Oc de Berre-l'Etang. Merci au Ciel.
Léon Daudet Posted by Hello



Je terminerai par ce petit poème d'Anatole France destiné à une préface pour Maurras.

Le long du rivage sacré,
Parmi les fleurs de sel qui s’ouvrent dans les sables,
Tu méditais d’ingénieuses fables,
Charles Maurras ; les dieux indigètes, les dieux
Exilés et le dieu qu’apporta Madeleine
T’aimaient ; ils t’ont donné le roseau de Silène
Et l’orgue tant sacré des pins mélodieux,
Pour soutenir la voix qui dit la beauté sainte,
L’harmonie et le chœur des lois traçant l’enceinte
Des cités, et l’amour et sa divine sœur,
La mort qui l’égale en douceur.

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