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De la supériorité économique de la monarchie

HoppeHans-Hermann HOPPE est un allemand, professeur d'économie, docteur de l'Université de Francfort sur le Main. Pour l'instant, il enseigne aux États-Unis, à Las Vegas, à l'Université du Névada ; et a écrit un livre (1) qui fit grand bruit outre-atlantique. Le présent digest vient d'un vieux "Politique Magazine" que nous avons rechargé et accéléré.

Du point de vue de la science économique, une monarchie est un régime où le pouvoir politique est privatisé dans les mains d'une dynastie. Une démocratie est un régime où le pouvoir politique est collectivisé, et remis aux mains du peuple. Les conséquences sont les mêmes que pour une entreprise privée. Dès qu'elle est nationalisée, l'entreprise rentable se met à avoir des déficits. Le roi, parce qu'il est propriétaire, a le souci, non seulement des revenus du pouvoir mais aussi du capital. Il va donc faire des choix rationnels de bon père de famille, en ayant en vue l'intérêt à long terme de la dynastie, et du pays. Le chef démocratique élu, en revanche, n'est pas propriétaire. Il n'est que gérant ici pour cinq ans, soumis à réélection. Son intérêt est de maximiser les revenus du pouvoir à court terme, pour plaire aux catégories qui vont le réélire. Il n'a aucun souci du capital à maintenir ou à accroître. Pire encore, si ce chef démocratique a des scrupules et ne joue pas le jeu politique par souci du pays en longue période, il sera sans doute battu par un démagogue sans scrupules à la prochaine élection. Le système est pervers.

En effet, que le pouvoir soit ouvert à tous, n'est pas nécessairement un avantage. La compétition n'est pas toujours un bien. La compétition pour produire des biens est une bonne chose. Or, la compétition électorale démocratique, qui consiste à exploiter l'envie des plus nombreux contre les plus riches, est moralement dégradante. Pour Hoppe, la démocratie élève la préférence pour l'immédiat. Or, une forte préférence pour l'immédiat caractérise les êtres peu civilisés. La civilisation suppose une discipline pour préférer un bien durable à long terme à une jouissance fugitive à court terme. Or, seule la monarchie privilégie le long terme.

La monarchie est restée le régime dominant en Europe jusqu'à la guerre de 1914. Depuis que la démocratie s'est installée en Occident, les signes de décadence liés à la préférence pour l'immédiat, se sont accrus. La sécurité sociale au sens large a déresponsabilisé les individus. La famille a perdu sa valeur économique et la natalité s'est effondrée pour des raisons liées d’abord à la mise en productivité des mères. Les moeurs se sont dégradées pour capter des voix dans toutes les chapelles, même les moins recommandables, et une sous-culture de masse vulgaire a envahi les esprits.
La démocratie favorise l'égalitarisme par la modélisation simplifiée des comportements et des opinions qui sont ainsi plus facilement « accédés » par le pouvoir manipulateur. Même l'immigration de mauvaise qualité est favorisée au motif de la standardisation du consommateur électeur, alors que les monarques, comme Frédéric II de Prusse ou Marie-Thérèse d'Autriche favorisaient une immigration de qualité. Ainsi vaut-il mieux aujourd’hui naturaliser un immigré qui vit de l'aide sociale et qui vote pour les distributeurs de cette aide, plutôt qu'un immigré génial vite pressuré par le fisc qui votera mal parce d’esprit supérieur et libre.

Quel avenir ? Pour Hoppe, la démocratie occidentale va s'effondrer un jour comme l'URSS l'a fait en 1989. Car elle mange le capital accumulé dans le passé. La dette publique s'accroît sans cesse et les régimes sociaux sont menacés de faillite. La démographie, minée par la politique anti-familiale des classes politiques qui diminuent la population active contributaire, empêchera de financer les régimes sociaux. Cela détruira la réputation de la démocratie et fera voir son vrai visage.

Comment la remplacer ? Hoppe, en bon libertarien, rêve d'un monde sans État, composé de propriétaires associés. Mais à cette utopie il préfère la monarchie. Il préfère aussi les petits États, comme le Liechtenstein, Monaco ou le Luxembourg, qui font moins de mal que les grands !
Il lui semble que tout tourne autour d’un principe qui se manifeste à travers la propriété privée. La préférence pour l’immédiat est mauvaise : elle caractérise l’attitude des adolescents pour qui un besoin, ou prétendu tel, doit être, sans attendre le résultat d’un effort, satisfait au plus vite : impulsivité, imprévoyance et désintérêt pour ce qui n’est pas eux.
En revanche, la propriété privée, qui suppose épargne et investissement, est bonne, car elle implique une vision à long terme. Et Hoppe, de définir la monarchie comme un gouvernement basé sur la propriété privée où le roi, développant cette vision à long terme de ses intérêts, s’efforce de ne pas taxer ses sujets inutilement et de ne pas agir avec excès pour maintenir sa légitimité. Le roi, en tant que propriétaire privé, ne peut détruire sans danger pour lui-même la propriété des autres ; il y a solidarité.
En contraste avec la modération interne et externe de la monarchie, le gouvernement nationalisé de la propriété "publique", ou démocratie, est porté aux excès. Le président d'une démocratie se sert de l'appareil d’état à son avantage, mais il n'en est pas le propriétaire, il n’en est que le gérant provisoire. Il possède l'usage des recettes de l'État, mais non pas son capital. Il va donc maximiser le revenu courant en ignorant la détérioration du capital. Il utilisera les ressources le plus vite possible pour consommer tout de suite.
De plus, en république, les gouvernés se croient gouvernants et sont donc moins vigilants. La démocratisation n'est donc pas un progrès pas plus que la nationalisation l'est pour une entreprise. L'État taxe, s'endette et exproprie. L'endettement, notamment, est préféré car il frappera plutôt le gouvernement futur, peut-être même celui des adversaires du gouvernement présent : il n'y a pas de solidarité entre les gouvernants successifs.
En résumé, la monarchie est un gouvernement privatisé, où l'intérêt du roi propriétaire est basé sur le long terme, dans le respect du capital national.

Les rois de jadis ne purent gouverner que parce que l'opinion publique trouvait cela légitime ; de même, le gouvernement démocratique dépend de l'opinion publique. Il faut donc que cette opinion change, si l'on veut arrêter ce processus de déclin de la civilisation. L'idée du gouvernement démocratique sera un jour considérée comme immorale et politiquement impensable quand il sera patent que la démocratie républicaine a conduit à l'accroissement permanent des impôts, de l'endettement public et du nombre des fonctionnaires, en dévorant le capital. Cette délégitimation est nécessaire pour empêcher la catastrophe sociale qui s'annonce. La dette qui court détruira l'assurance-maladie avant dix ans ; et les pensions de retraite ne seront plus servies aux taux actuels à la même époque.

Depuis 1918, le processus de collectivisation s'est généralisé, tous les indicateurs d'exploitation du peuple par l'État sont en hausse :
Pression fiscale : de 8 % en moyenne durant huit siècles jusqu’en 1900, elle atteint plus de 50 % aujourd’hui.
Endettement : Il a tué la monarchie française, elle s'en souvient. La République pas, ou trop tard.
Famille : la cellule de base naturelle est attaquée de toute part en république parce qu'elle peut constituer in mini contre-pouvoir. Il faut laminer les idées et donc individualiser les comportements.
Droit : en monarchie, le gouvernement ne crée pas la loi.
Le droit privé général s'applique à tous. Le roi, comme un juge, applique la loi préexistante. Ayant lui-même des droits subjectifs, il respecte ceux des autres, même antérieurs à son autorité. Si un roi violait une propriété privée, il remettrait en cause le titre qui le fait roi. Dès lors, on ne change pas les droits des sujets sans leur consentement. Le droit privé s'impose au roi. S'il transgresse, il y a crise grave.
Au contraire, un gouvernement public fait émerger un droit public orienté vers la redistribution. Son gérant se moque que la redistribution réduise la productivité dans le futur, confronté qu’il est au présent électoral et à la concurrence. Le droit privé est perverti de façon totalitaire par une réglementation galopante. La démocratie collectivise ou mutualise la responsabilité individuelle.
Démographie : Le déclin massif des taux de la natalité en Occident correspond à la période démocratique d’après 1918, avec une chute plus grande dans les années soixante, les plus " démocratiques " et égalitaires dans la mentalité.
L'héritage biologique et juridique préservé, le choix sélectif du conjoint et le mariage renforcent l'autorité naturelle de certaines familles dont les membres, de conduite exemplaire, sont bien placés pour jouer le rôle d'arbitre et de juge. De là, naît la monarchie de façon endogène. Si le monopole du pouvoir doit être surveillé, la production naturelle d'une aristocratie est à favoriser, pour obtenir littéralement le gouvernement des meilleurs.

Selon Hoppe, aucune société libre ne peut éviter de dégénérer en société de masse vulgaire si elle se prive d’une aristocratie naturelle dirigée par des ascètes de la civilisation. La survie du monde libre dépendra de notre capacité à produire un nombre suffisant d'aristocrates dévoués au sens de l'Etat.

En monarchie, c'est le prince qui décide si vous pouvez participer au pouvoir.
En démocratie, tout le monde peut, en théorie, participer : on élit n’importe qui. Il n'y a pas de privilèges attachés à la personne, mais des privilèges attachés aux fonctions publiques. Les privilèges, la discrimination et le corporatisme ne disparaissent pas et peuvent être exercés par n'importe qui. Le suffrage universel combiné à la loi de majorité, organise une compétition entre gérants qui vont faire des promesses de type égalitariste à divers groupes sociaux pour se faire élire. Il faudra payer d'autant. La qualité des hommes baisse, comme la vie qui perd en agrément. La sélection de l'homme politique par voie électorale exclut presque qu'un homme honnête ou neutre parvienne au sommet. Seul le démagogue sans inhibitions morales arrive à se faire élire président. Et la corruption le dispute vite à l'arrogance d’un pouvoir éphémère ! C'est une escroquerie.

En revanche, si la sélection d'un prince n'est pas parfaite, il est quand même éduqué dans la préservation de la dynastie. S’il est très mauvais, la famille interviendra et l'entourage immédiat prendra soin de l'État. C'est pourquoi un roi n'est jamais un Hitler ou un Staline mais, ou bien un homme de qualité, ou bien au pire un charmant dilettante comme Louis II de Bavière.

Note : (1) Democracy, the god that failed
Hans-Hermann HOPPE.
Transaction publishers
New Brunswick. New Jersey - USA, 2002


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