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Livre Blanc sur la France (2)

lettre ouverte à Mgr le Comte de Paris - deuxième partie

I.- Défi écologique


Le réchauffement climatique est moins "climatique" qu'on ne le dit et plus "humain" qu'on ne l'avoue. Deux projections en disent plus long que cent pages de thèses :
Des projections sans doute hardies nous préviennent qu'à vouloir atteindre le niveau économique occidental, les deux empires milliardaires d'Asie exigeront une seconde planète Terre accessible pour en extraire l'énergie nécessaire.

Des bureaux d'études très officiels qui ne vivent pas de leurs alarmes, ont quand même déclenché les sirènes d'alerte. Le Natural Resources Defense Council estime que la demande d'électricité chinoise aux alentours de 2050 exigera 2600 gigawatts de plus à ce moment-là. Bonne nouvelle pour l'industrie électrothermique, il s'agira dès lors de construire à partir de maintenant quatre centrales de 300 mégawatts par semaine pour y répondre.
L'Inde a doublé sa consommation électrique en vingt ans et son développement exponentiel accroîtra ses émissions de gaz à effet de serre de 70 % d'ici vingt ans.
Le protocole de Kyoto est déjà enfoncé. Le ciel va virer au gris, la banquise disparaître, le Gulf Stream couler au fond de l'océan, la mer noyer la plage, etc.

Je crois bien que les Etats pachydermiques sont déjà dépassés par l'ampleur du problème qui s'aggrave inexorablement chaque jour. Le jeu de rôles de Kyoto est une abomination. C'est au niveau de l'espèce humaine que l'on doit agir. On doit convaincre des milliards d'hommes que leur espèce est en grave danger car seul un comportement d'homo sapiens le plus largement distribué, est capable d'enrayer le péril. En attendant il ne s'agit que de compter sur la multiplication des initiatives locales entre les mains de décideurs courageux qui n'attendent plus rien du "sénat de Rome".

Quelques exemples fournis par un dossier de Time Magazine, qui valorisent l'intelligence et la pugnacité individuelles contre la bureaucratie.

- Chine : Le professeur Li Zheng de l'université Tsinghua de Pékin - elle est du niveau du MIT - a monté une joint-venture avec BP pour développer la polygénération du gaz de houille afin que la consommation inévitable des réserves immenses de charbon chinois n'obscurcisse pas le Ciel de l'empire.
- Inde : La directrice de l'India's Center for Science & Environnement, alliée à un haut-fonctionnaire particulièrement hargneux, a mené une vie d'enfer aux autorités municipales de New Delhi pour qu'elles réduisent leur pollution automobile par combustion du gasoil. Ils sont arrivés à faire reconvertir 12000 autobus au gaz naturel ; mais également 10000 taxis et 80000 rickshaws, et cela en quatre ans ! Ils s’attaquent maintenant au parc privé.
- Seattle : Le maire Greg Nickels, impatient d'attendre une décision intelligente de l'Administration Bush, a décidé de mettre en pratique chez lui le protocole de Kyoto. C'est bien ! Mais il a lancé le bouchon de ce défi majeur chez ses collègues. 218 maires dans 39 états ont décidé d'appliquer aussi ce protocole en investissant dans les transports propres et les énergies renouvelables. Cela fait déjà 44 millions d'habitants.
- Austin : La capitale du Texas a pu annuler la construction d'une centrale thermique au charbon de 500 mégawatts grâce à un programme complexe d'isolation, énergie solaire, rénovation de bâtiments publics comme les écoles, mais aussi en incitant les entreprises et les particuliers à suivre la municipalité. Finalement ça marche, dans un pays patriote.

La prise de conscience existe donc dans le pays que l'on décrivait comme le plus hostile. Il faut que ces initiatives progressent en tâche d'huile sur tout le globe. Les Français sont un peuple inventif, ils doivent foncer en tête et retrouver eux-aussi leur patriotisme. De l'Etat, incapable d'avancer dans aucun domaine, je n'attends malheureusement rien de plus que de la "communication". Je regrette bien cette conviction du peu d'utilité des Etats dans ce domaine alors que le livre blanc cherche à remodeler un état capable.
Mais tout cela restera encore insuffisant.

Si l'espèce humaine atteint dans trente ans les huit milliards qu'on lui prédit, on peut raisonnablement penser qu'elle ne verra pas le XXIIè siècle, à moins d'un programme universel d'entropie volontaire visant à atteindre des conditions moyennes de survie pour tous, en élevant celles des déshérités et en abaissant les nôtres. Cela ne pourra sans doute être déclenché que par un grand malheur préalable et une montagne de victimes. Encore faudra-t'il avoir convaincu une grande multitude d'esprits que la seule voie praticable est celle de l'entropie universelle. Rien de glorieux à attendre pour les politiciens. Les Etats seuls n'y parviendront pas. Il s'en trouvera même pour forcer les lemmings à sauter de la falaise à la mer afin de pérenniser sinon d'accroître leur espace vital.


I.- Défi nucléaire


La prolifération nucléaire risque bien de résoudre le problème précédent en application du dicton " tout finit toujours par s'arranger, même mal !" Ainsi mettra t-on un terme à l'acharnement thérapeutique que montre les responsables des pays et autres organisations transnationales dans leur incurie écologique, par l'embrasement général de la planète ! Devrons-nous vitrifier des nations pour nous en prémunir ?

Les intentions de la Corée du Nord sont obscures, même si son dictateur n'est pas suicidaire. Le monde veut faire confiance à la Chine qui saura, peut-être, décider d'une solution finale si elle est menacée. Mais personne ne sait ce qu'il adviendra, si la Corée septentrionale ne menace que le Japon. On peut croire que le haut niveau technique nippon l'autorise à produire des armes nucléaires à courte échéance si la menace se précisait. Le Japon fait-il confiance aux Américains qui ont déjà lâché Taiwan ? Est-ce une vraie question ? Le Japon peut-il le proclamer ?

Ailleurs, les tergiversations européennes et chinoises vis à vis des intentions à peine voilées de l'Iran sont coupables à l'égard des peuples de l'hémisphère atlantique. Les déclarations de souveraineté intouchable que font les dirigeants iraniens participent d'une revendication légitime et sont à prendre au sérieux. Par contre les assurances lénifiantes d'un développement pacifique d'une industrie nucléaire nationale sont contredites par la continuation des activités d'enrichissement du minerai d'une part, et le développement du programme de missiles balistiques à longue portée Shahab, de l'autre. Les Iraniens n'ont jusqu'ici convaincu strictement personne, encore moins à l'intérieur de leur propre pays qui chante déjà les louanges du douzième imam revenu en brandissant au dessus de sa tête le feu nucléaire. Les voisins de la République islamique tremblent déjà, et pourraient bien reconsidérer leur "ouverture occidentale" afin de se prémunir d'une terrible punition. Ou plus simplement émigrer vers les propriétés foncières qu'ils ont acheté loin du Golfe définitivement persique.

La prolifération nucléaire est le nouveau défi, plus terrible que le précédent, parce que plus proche encore. Terrible, dès lors que des états en capacité de se servir de l'arme nucléaire en dépassant une simple dissuasion, y ont accès. Staline était un tyran raisonnable. On peut considérer qu'Israël échappera au complexe de Massada, le jour venu. Pakistan et Inde ont créé un équilibre de la terreur dans leur sous-région ; ils en resteront sans doute là. Mais les propos fanatiques du président Ahmadinejad, un illuminé nullement démenti par le "conseil suprême" de Khamenei, ouvrent la porte à la terreur atomique à l'endroit de pays non détenteurs, dans un mouvement de conquête mystique. Ce qui est nouveau.
Les scenarii les moins scabreux sont déjà pires que tout ce qu'on imaginait jusqu'ici. L'espèce humaine saura-t'elle assez rapidement se rejoindre sur l'abolition totale de cette arme ? Sans doute pas avant un grave accident !


Dans les deux cas, écologie et prolifération, la France est dans son domaine de prédilection, la technologie nucléaire.
Electricité propre, traitement des scories, régénération, surgénération, enrichissement civil, etc. "c'est notre truc !"
Ils sont peu nombreux les pays qui disposent de la panoplie scientifique et industrielle complète.
Ne gâchons pas par des emballements irréfléchis ce qui reste peut-être notre dernier atout pour nous maintenir au premier rang des nations qu'on écoute.


Et le roi dans tout ça ?
Ce sont des sujets graves, plus graves que les pensions de retraite ou la cohésion sociale.
Les Français méritent qu'on leur en parle sans idée de manoeuvre politicienne et en détail. Il serait tout à fait opportun qu'un roi prenne rendez-vous une fois par semestre directement avec la nation, à travers une causerie télévisée au coin du feu, pour donner les nouvelles mauvaises du monde et nous encourager à agir ou à nous abstenir, c'est selon, afin de contribuer au sauvetage de la planète. Il faut une grande autorité morale pour convaincre un peuple qui vit à court terme. S'il s'abandonne de temps en temps entre les mains du souverain, il saura la vérité.
Le procédé pourrait être imité par toute l'Europe, du moins là où les peuples ont mis leur confiance dans une monarchie. Mais il est à parier que l'exemple serait imité bien au-delà, jusque chez les réfractaires, jusqu'à voir peut-être même l'éphémère président de la distinguée Confédération helvétique, succomber à cette médiatisation indispensable pour sa fière nation.

Nous sommes un peu loin des lois fondamentales du royaume ...

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