Reprint d’un article plus long de Steppique Hebdo, « Le choix stérile ».
On nous annonce que les éléphants du PS ont investi le team de campagne de Marie-Ségolène. Après les désordres politiques et financiers des IIIè et IVè républiques, Charles de Gaulle s'était arrangé en 1962 pour reprendre la main aux politiciens et à leurs appareils partisans qui, avant de l’installer à la passerelle du naufrage annoncé, avaient mis moral et morale du pays au plus mal. Il les exclut du chemin de l’Elysée en inventant l'élection présidentielle au suffrage direct fondé sur la sincérité du regard.
Si le précepte n'apportait aucune garantie de capacité, il prévoyait d’en détourner les rats. La belle formule qui le résume - " la rencontre d'un homme et d'un peuple" - ne lui survivra pas longtemps.
C'est finalement Jacques Chirac qui renouera avec cette tradition de la poignée de main directe et sincère à profusion, en bousculant le paysage politique pré-établi par les partis, dont le sien propre l'excluait. Il gagna seul en 1995 contre l’Ottoman. Il retrouvera cet affect monarchique du lien direct lors de sa réélection de 2002. Le peuple rassemblé comme jamais par les tambours de la nomenklatura en péril, acclamant son président-sauveur, seul !
Aux résultats, on constate que le peuple s'est lourdement trompé, par quatre fois au moins. La sincérité du regard, la fermeté de la paume présidentielle, n'auront servi à rien, le pays s’est ruiné en un quart de siècle, moralement et financièrement.
Doit-on dire que le principe du chef d'Etat choisi est déficient ?
Oui, puisque après 14 ans de gabegie, on vient d'achever 12 ans de politique du chien-crevé-au-fil-de-l'eau mais, dans la meilleure empathie possible avec le peuple des benêts. Du dodécannat chiraquien, l'histoire retiendra la proximité paysanne du chef de l’Etat, sa lutte bruyante et vaine contre l'engagement de l'Occident en Irak, et peut-être l'accession de Michel Platini à la présidence de l'UEFA ; avec son « abracadabrantesque » … ce sera tout !
Et maintenant ?
L'Etat est en quasi-faillite. Le pays doute, à se jeter au cou de n'importe qui. L'avenir est précarisé. L'industrie souffre. Si nos chercheurs restent, nos trouveurs partent. La Nation va-t-elle appeler son sauveur comme à chaque fois ? On ne voit pas qui ferait vraiment l'affaire ; la compétence première recherchée est celle du jongleur. Parmi la légion des « indispensables » nous obtiendrons comme à chaque fois le plus « habile à parvenir » !
Le spectacle que nous donne la campagne électorale actuelle est le pire possible. Le niveau des débats est misérable, ramené à des questions subalternes, et la farce peut très bien aboutir à l'avènement de madame Royal qui confond mauvais caractère et compétences. Dans l'environnement international le plus dangereux qui soit depuis la chute du mur de Berlin, laisser la barre de la France à un marin de beau temps comme Marie-Ségolène est le risque que nous allons tous ensemble courir ! A la première crise, prévaudra l'argument d'autorité sur tout autre conseil qui sera décodé à l’aune de son originateur, ou qui n'aura pas l'avantage de la flatter.
Nous aurons eu un président fort en coups de tête mais capable de se rétracter sans vergogne ; nous risquons une présidente de classe médiocre, soupe au lait, et têtue comme GW. Bush, qui se maintiendra sur le mauvais axe au motif de persévérance !
Nous entrons dans un siècle où se ressent le besoin d'un professionnel affûté, entouré d'experts éprouvés. Le vent de l'histoire qui prend des tours pendant que nous nous abandonnons aux joies du cirque électoral, va balayer bien de nos certitudes et la plupart de nos dogmes nationaux.
Le candidat-ministre de la police aurait-il les bonnes solutions que leur mise en oeuvre est handicapée déjà par l’inexistence de marges de manœuvre résultant d’un système d’apaisement démagogique qui tint lieu de toute politique. Les gouvernements Chirac, auxquels il a participé, sont le parfait cas d’école de la couardise en politique. Le narcissisme ne suffit pas à se faire une image de chef, et l’image n’est qu’une image. Il nous faut plus d’épaisseur que ne nous en offre monsieur Sarkozy, et dans ce monde complexe et sans délais, un vivier d’expertise. Après tout l’intelligence sera la seule « matière » de compétition dont nous disposerons bientôt. Autant la promouvoir !
Des esprits, libres de préjugés idéologiques, ne pourraient-ils organiser au sein de la nation une race de dirigeants afin que le pays ait sous la main en toutes circonstances une ressource d’éléments prédisposés à la chose publique, éduqués et préservés de la crasse démagogique, de la concussion et de la chasse aux prébendes.
Comme les puissances célestes le font du dalaï lama détecté par les sages, on confierait ces pépites à des naisseurs, puis des éleveurs, jusqu'à parfaire leur formation par l'expérience du pouvoir quotidien dans des instances internationales, ou dans le gouvernement de terres éloignées.
On retirerait alors la fonction présidentielle du jeu démagogique, laissant le parlementarisme foisonner au-dessous d'elle pour éponger les humeurs politiciennes de l'oligarchie, classe qui s'auto-régénèrerait dans les combinaisons d'appareil comme il en va aujourd'hui.
On dénationaliserait l'étage suprême pour lui rendre la connaissance, les capacités morale et intellectuelle, la résilience mentale et la pugnacité, sur le théâtre du vaste monde où nous sommes définitivement convoqués.
Ainsi le paysage politique intérieur n'étant que peu différent de celui que nos élites dévastent actuellement, elles ne prendraient pas ombrage d'un exécutif privatisé, compact, efficace, chargé des pouvoirs régaliens. On peut rêver ...
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