mercredi 11 avril 2007

Adieux suisses

uniformes des Suisses de la garde

(i)
Nous étions trop heureux mon amie
Nous avions trop d'espoir et d'amour,
Nous croyons nous aimer pour la vie
Mais hélas, les beaux jours sont si courts
(ii)
Le bonheur dure peu sur la terre
Entends-tu tout là-bas le tambour,
Mon doux cœur je m'en vais à la guerre
Ne crains rien jusqu'au jour du retour
(iii)
Tes baisers étaient doux à mes lèvres
Ton sourire était doux à mes yeux,
Que nos larmes aujourd’hui sont amères
Donnons-nous le baiser des adieux
(iv)
L'ennemi a passé les frontières
Il a pris nos maisons et nos champs,
Défendons le pays de nos pères
Il faut vaincre ou mourir bravement
(v)
Compagnons, si Dieu veut que je meure
Retirez cet anneau de mon doigt,
Mon amie est là-bas qui me pleure
Dites-lui cette bague est pour toi
(vi)
Compagnons, si Dieu me prête vie
Ce sera le plus beau des retours,
Mon amie est là-bas, si jolie
Qui attend la douceur de l'Amour





Ce fut, dit-on, le chant qu'entonnèrent les Suisses de la Garde le 10 août 1792 avant leur massacre, quand ils se surent abandonnés aux révolutionnaires par le billet du roi qu'apporta D'Hervilly au péril de sa vie ! La fin tragique de Louis XVI dispose un interdit moral sur ses responsabilités quant à la liquidation de la monarchie capétienne. Nous ne le franchirons pas aujourd'hui, nous bornant à souligner que la race s'était de beaucoup amoindrie, à voir comme ses successeurs s'enfuirent à la première alarme, jusqu'au dernier qui attendit en grand uniforme de lieutenant-général dans un appartement de Versailles en 1873, le landau de Mac Mahon ! Mais brisons là.

Le coeur vaillant Jean-Christohe Vallet persiste dans sa démarche de commémoration du sacrifice des Suisses, régiments d'élite au service de la France depuis Louis XIII. C'est bien le moins que nous puissions faire pour leur fidélité au serment, même si ce genre de réaction apparaît incongrue de nos jours où aucune promesse n'engage plus, paraît-il. Les réticences semblent fortes chez les autorités, locales et nationales, à revisiter une page tragique de l'histoire de France qui amalgame la république naissante à la pire canaille que le peuple ait chauffée en son sein ! Les récits de cette page horrible qui nous sont parvenus, font frémir. Le site du Mémorial Gardes Suisses en présente quelques-uns.

Monsieur Vallet a donc adressé une lettre à chacun des candidats à l'élection présidentielle, que nous reproduisons ci-dessous. Je ne sais si tout à leurs sondages les candidats auront la minute nécessaire pour la lire, et la volonté de s'engager dans une réponse qui ne contribue pas à l'épicerie électorale. Nous verrons bien car Monsieur Vallet nous tiendra informés.


Madame, Monsieur,


Vous êtes candidat à l’élection présidentielle française pour 2007.
A ce titre, je me permets d’attirer votre attention, ainsi que celle de tous les candidats officiels, sur une pétition que j’ai lancée en janvier 2006 à la mémoire du service des Gardes Suisses en France et notamment au sacrifice de certains d’entre eux morts les 10 août et 2 septembre 1792.
Vous savez que suite au message de déposer les armes lancé par Louis XVI le 10 août 1792, six cent trente gardes suisses meurent dans d’affreuses conditions et seront jetés dans un vaste charnier, sur lequel sera édifié la Chapelle Expiatoire. Cent cinquante six autres, également sans défense, qui seront faits prisonniers, seront assassinés puis mutilés dans leur prison le 2 septembre 1792.

Le 18 novembre 2005, le Président de la Confédération Suisse, Monsieur Samuel SCHMID, assiste à une cérémonie privée aux Invalides, au cours de laquelle une plaque commémorative est dévoilée. Cette plaque, destinée à l’origine à la Chapelle Expiatoire, repose toujours aux Invalides.

Il s’agissait pour la France d’une occasion extraordinaire de rendre hommage à ce pays voisin qui de 1613 à 1830 fournit à la France un million d’hommes, dont la moitié ne reverra jamais son pays. Depuis 1831, à la dissolution du Régiment des Suisses a succédé la Légion Etrangère avec la même devise : « Honneur et Fidélité ». Le Chant des Suisses est toujours chanté par notre Armée.

A ce jour, la pétition recueille 1650 signatures parmi lesquels Michel DEON, membre de l’Académie Française, Jean RASPAIL, écrivain, Ghislain de DIESBACH, écrivain, François BLUCHE , historien, Jean-Christian PETITFILS, historien, Lady Antonia FRASER, historienne, Reynald SECHER, historien, René PILLORGET, historien, Jean de VIGUERIE , historien, de nombreux historiens, juristes, professeurs de nos Universités, militaires, descendant des familles de Gardes suisses.

J’ai naturellement contacté au fil des mois entre autres, l’ambassade de Suisse en France, le Musée de l’Armée aux Invalides, la Mairie de Paris, la Mairie du 8ème arrondissement de Paris, la Mairie de Rueil-Malmaison, la Nonciature Apostolique, la Mairie de Lucerne en Suisse, le Commandant des Gardes Suisses du Vatican.
Le Ministère de la Défense et le Ministère de la Culture sont au courant de la pétition.

En cette période électorale, il était de mon devoir de vous contacter, pour vous poser la question suivante :
Si vous êtes élu, vous engageriez-vous officiellement pour rendre hommage, au cours de votre mandat, aux Gardes Suisses ayant servi en France et faire mémoire de ceux qui sont morts assassinés en août et septembre 1792 par l’apposition solennelle d’une plaque à la Chapelle Expiatoire ?

Je reste bien entendu à votre disposition pour tous renseignements complémentaires afin que notre mémoire nationale ne fasse pas l’impasse sur les relations privilégiées qui nous ont unis et nous unissent encore à nos voisins suisses.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

Jean-Christophe VALLET
Le 27 mars 2007
Mémorial Gardes Suisses.
Cidex 62
21250 CORBERON


10VIII1792
La pétition nationale pour le transfert de la plaque commémorative du sacrifice des Suisses est à signer sur le site :
http://www.gardessuisses.blogspot.com/

 

3 commentaires:

  1. J'ignorais ce drame. Ce combat mérite d'être poursuivi !

    Il est par ailleurs exact que cette race s'était bien affaiblie, et cette lucidité vous honore. Elle a accompagné l'affaissement d'une société qui ne respirait plus.

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  2. Vous pouvez approfondir un peu avec un ancien billet RA intitulé "Aux Suisses de la Garde" et surtout avec des récits détaillés de ces moments tragiques sur le site "Gardes Suisses" de JC Vallet.

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  3. Vous en trouverez une version plus "rock" ici:

    http://www.carol-rich.ch/production.php

    sous le titre "La Chanson des adieux".

    Par ailleurs, le Choeur des Armaillis de la Gruyère (Suisse) en a donné une très belle version enregistrée, malheureusement non disponible sur leur site ( http://www.choeur-des-armaillis.ch ); mais elle figure sur leur CD "Contrastes".

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