samedi 19 mai 2007

Ils avaient jeté l'éponge ...

chevalierLes légitimistes, sellés, bridés, prêts à mourir, avaient jeté l'éponge et je ne le savais pas. Dans son colloque universitaire d'avril 2005 l'association des Amis de Guy Augé s'est retirée sur la pointe des pieds de la scène politique en faisant l'amer constat que voici :

« Légitimité ? Le point d’interrogation ne vise nullement une intention critique envers un grand concept historique que nous avons soutenu et illustré pendant plus de dix ans. Il veut simplement jeter le doute sur l’opportunité de faire encore état de la Légitimité, là où la Monarchie se trouve acculée à ne plus relever que de la mémoire culturelle. Non seulement faute d’un substrat qui lui conserverait un minimum d’avenir ; mais, plus gravement, en raison de l’opposition frontale entre sa dimension spécifique – qui est spirituelle – et les aspirations d’un monde devenu son repoussoir absolu. Il faut savoir tourner la page : notre monarchisme, sauf miracle, n’intéressera bientôt plus que l’histoire des idées.

L’y cantonner, avec lucidité, est le meilleur service qu’on puisse aujourd’hui lui rendre. C’est ce que fait, en cet ultime "Cahier de la Légitimité", le petit groupe qui aura été, jusqu’au bout, fidèle à celle-ci. Le petit groupe perdurera pour maintenir vivant – à défaut de pouvoir travailler au service de l’institution – l’esprit monarchique. C’est en s’en inspirant qu’il continuera à analyser, si Dieu le veut, une société politique dont il a au moins le devoir de ne jamais devenir, intellectuellement, le complice.
»
(La Légitimité, 2005, 51, Sées 2006)

Le site de cette association prestigieuse nous rappelle que Guy Augé (1938-1994), docteur en droit, diplômé en science politique et licencié ès lettres, maître de conférences à l'université de Paris II (Panthéon-Assas), était un spécialiste de l'histoire du droit, des institutions et des idées politiques. Grâce à ses nombreux travaux, mais aussi à l'ensemble de ceux qu'il a suscités et dirigés dans le cadre de ce qui était pour lui un véritable apostolat professionnel, il était unanimement reconnu comme le meilleur connaisseur du légitimisme contemporain et son plus fin, plus rigoureux et plus scrupuleux historien.

Vous trouverez sur ce site plusieurs digests des actes de colloques traitant de ...

- la Nation contre le cosmopolitisme européen(III/96)
- des pièges de la Tolérance affichée par un régime intolérant (V/98)
- de l'idée de Croisade opposée à la repentance officielle (III/99)
- de la fin de l'Occident miné par la violence, le chômage, la dénatalité, l'insalubrité publique, des épidémies de virus aussi variés que difficiles ou impossibles à soigner, l'analphabétisme, l'abrutissement télévisuel, les impostures artistiques et intellectuelles, la corruption, les fraudes en tout genre, les pollutions, etc. (II/00)
- du Miroir des Princes qui ont disparu de l'épure politique (V/01)
- de l'Europe ou le vide souverain (V/02)
- de la Guerre ou comment faire la paix (V/03)
- de l'Aristocratie ou la démocratie et l'homme nietzschéen (V/04)

Le prochain colloque est annoncé au samedi 2 juin prochain sur le thème de « L’illusion démocratique ».

Interventions de MM. Miguel Ayuso, Guillaume Bernard, Jean-Pierre Brancourt, Thierry Buron, Claude Polin et Claude Rousseau.

Université de Paris II (Panthéon-Assas)
Salle des conseils (2e étage, « aile Soufflot »)
12, place du Panthéon 75005 Paris

Entrée libre de 10 h à 17 h, venez y nombreux en ces temps de démagogie débridée.

Mais, à quoi bon relever les calamités de la démocratie présente, dès lors qu'on fait retraite ?

Napoléon pensait-il à l'aménagement des plaines noires d'Ukraine quand il combattait le blizzard de Courlande pour rentrer à Paris ? Il s'inquiétait peut-être de la page d'histoire qu'il venait de rater, ou de l'inéluctable destin des génies conquérants repoussés un jour sur leurs bases de départ avant que de disparaître. Le désenchantement légitimiste et la proclamation d'un cessez-le-feu aussi "raisonnable" soit-il, contreviennent aux attentes de la génération royaliste montante qui majoritairement a le coeur "légitimiste".

C'est l'âge chevaleresque, celui de la piété médiévale, du scoutisme et bientôt de l'amour courtois. La saga des Bourbon, dans ses gloires et sa fin tragique, y correspond bien, plus certainement que les péripéties parfois scandaleuses d'une branche collatérale très "affairée", qui semble aujourd'hui vouloir s'assagir pour plaire.
Que la branche aînée dispose d'un jeune prince de belle allure, issu d'une enfance tragique, n'est pas pour rien dans le rallye des coeurs. Même s'il n'a pas daigné leur adresser ses meilleurs voeux de bonne année, ils le gardent pour leur champion. Ne pouvant le suivre dans ses trop brefs séjours sur la terre de France, ils l'acclament en silence, l'aiment et l'insèrent dans leurs prières avec son épouse Marie-Marguerite et la petite princesse Eugénie. Ils ne savent pas encore qu'il a offert Excalibur au musée de la monarchie.

Pourtant le site officiel de la Maison de Bourbon en France, s'il ne se lasse pas de porter haut sa revendication d'unique héritier, est très clair dans sa profession de foi :

L'I.M.B. a pour objectif de promouvoir la connaissance de la maison royale qui a régné sur la France et sur une grande partie de l'Europe et du monde. Il veut montrer comment l'histoire de la France a été forgée par la longue suite de ses souverains, de Clovis à Charles X en passant par l'empire de Charlemagne, l'œuvre de reconstruction de Louis VI, Louis VII et Philippe Auguste, la sainteté de Louis IX, la politique de Philippe le Bel, la sagesse de Charles V, la reconstruction du royaume par Charles VII, le génie politique de Henri IV et de Louis XIV, le martyre de Louis XVI. Les huit siècles de la royauté des Capétiens directs, des Valois et des Bourbons forment l'essentiel de la mémoire politique, culturelle et artistique de la France. L'I.M.B. entend être le conservatoire des traditions françaises, et à ce titre contribue à la mise en valeur de son patrimoine.

Conservatoire du passé. D'accord !
Alors pourquoi entretenir cette dispute avec le parti d'Orléans et l'Action française. Que les choses soient clairement dites aux jeunes militants : pour l'action politique allez voir le CRAF, la Restauration nationale ou l'Alliance Royale. Pour les commémorations historiques et les colloques inquiets, c'est ici !

... et les moutons seront bien gardés !

4 commentaires:

  1. Les partisans légitimistes sont, traditionellement, "plus royalistes que le roi", non?

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  2. Je crois que vous confondez avec les "ultras" de la Restauration. Les légitimistes d'aujourd'hui ont le souci de conserver le patrimoine politique et religieux de la monarchie capétienne de droit divin qui s'est éteinte avec Louis XVI (ou Charles X si l'on veut), et tournent leur dévotion vers la branche aînée des Bourbon issue du deuxième fils du Grand Dauphin, Philippe de France (1683-1746), qui règnera sur l'Espagne.

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  3. Reste que de nombreux éléments permettent d'envisager une filiation étroite entre ultracisme et légitimisme: Même si les légitimiste rassemblent, après la chute de Charles X, de nombreuses personnalités qui avaient jusqu'alors refusé l'intransigeance ultra, on retrouve chez les légitimistes la plupart des anciens ultras; et la ligne de partage entre légitimistes et orléanistes correspond à peu près à celle qui séparait ultras et constitutionnels

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  4. La ligne de partage actuelle est quand même franchissable. Elle divise surtout les pour et les contre -Orléans.

    Le roi-citoyen de 1830 ne convient pas à tout le monde, de là à passer pour un ultra, il y a de la marge.

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