L'émoi est grand dans le milieu royaliste de voir se déchirer le tissu économique national surtout dans sa trame traditionnelle. Mais il ne sert pas à grand chose tant que nous ne nous serons pas impliqué dans la régulation du libre-échange. En effet, la compétition commerciale planétaire est un fait acquis, un avantage acquis diraient certains pays émergents qui lui doivent de s'être arrachés en deux générations à leur crasse séculaire.
Il ne fut dit nulle part que cette compétition, favorisée par les pays de l'OCDE qui, ne l'oublions pas, ont toujours eu un certain ascendant dans les décisions économiques mondiales, devait détruire nos industries dans une sorte de mutation historique imparable vers le tout-tertiaire. Et pourtant nous devons être lucides, bien des usines qui tournent encore dans des pays de tradition industrielle comme la France, ou la Grande Bretagne en pire, sont des usines d'assemblage de composants produits ailleurs.
C'est la bancassurance qui désormais tire le char ! Malheur aux médiocres et aux gens ordinaires qui autrefois gagnaient leur pain dans des spécialités ordinaires et salissantes ne convoquant jamais leur intellect. On va les garder comme consommateurs assistés pour faire tourner la roue des échanges.
Que notre mode économique change, qu'importe, s'il préserve une équité élémentaire. Nous en sommes très loin. Deux points :
(1) Il n'est nul besoin de se lancer dans les calculs complexes pour comprendre que l'enrichissement des uns ne doit pas progresser au détriment des autres qui s'appauvrissent dans une équation à somme nulle. Il faut revoir l'équation.
(2) Nous, occidentaux, devons aussi intégrer le facteur temps dans nos analyses et accepter que notre prospérité ait été acquise sur des positions très discutables, à la fois par l'exploitation systématique d'un Tiers-Monde impotent, et aussi par une mise en coupe réglée de l'environnement de notre planète. Ils ont beau jeu les Indiens, les Chinois, de nous dire "vous avez salopé la planète avec votre révolution industrielle échevelée et vous voulez nous appliquer "votre" variable d'ajustement climatique au motif du réchauffement global, au moment où nous réussissons la nôtre".
L'analyse du point (1) conduit inexorablement, plus ou moins vite, vers la question de la juste rémunération du capital. C'est un chapitre peu exploré actuellement de la physique sociale sauf en milieu universitaire de diffusion restreinte. On peut simplifier en posant une question : "Comment répartir les résultats de production d'une activité humaine entre les commanditaires, les commandités, la force de production et le bassin social environnant".
La loi capitaliste exige que le commanditaire, l'actionnaire, soit le premier servi, sans limite d'aucune sorte sauf à tuer la poule aux œufs d'or, et encore !
L'usage a laissé ouverte la rémunération du commandité, le directeur général, sans freins ni limites non plus. Et dans des pays comme la France où le vivier des chefs est alimenté surtout par des héritiers ou des hauts fonctionnaires sans goût exagéré du risque, leur impéritie éventuelle, ayant pu conduire à des difficultés graves de l'entreprise voire à sa banqueroute, ne freine en rien leur gloutonnerie. Aux Etats-Unis des patrons dorment en prison pour ce motif, en France aucun, ce serait indécent !
Qui se soucie de la force de production ? L'ouvrier est l'ennemi car il a tous les défauts des hommes et "mauvais esprit". Vive les robots ou ceux qui veulent le devenir !
Quant au bassin social, c'est l'affaire des politiques que l'on subventionne largement pour que la question se résolve en dehors de l'entreprise par le miracle de la solidarité répartitive du vulgum pecus contribuable !
Sans aller jusqu'à un pacte d'acteurs économiques aux relents marxistes, la moralisation est nécessaire. Comme la comptabilité éthique, elle viendra certainement du monde anglo-saxon beaucoup moins coincé que le monde latin quand il s'agit de s'asseoir sur des principes véreux quoique universels. Pragmatisme quand tu nous tiens !
Le point (2) est plus grave. Il s'agit de se répartir les ressources du monde. Et là c'est bien une équation à somme nulle. La régulation du marché par la variable des prix est insuffisante dès lors que les "nécessiteux" captent des fonds énormes sur les flux du commerce mondial, sommes leur permettant d'accéder aux matières indispensables sans considérations de prix. D'ailleurs, même le prix politique à payer (cf. la Chine au Soudan) ne les freine pas.
Ces hausses mécaniques impactent lourdement sur nos économies en renchérissant nos productions, mais sont de nul effet sur le partage global. Il faudrait trois planètes Terre pour que les empires émergeant atteignent notre niveau de vie moyen. Inutile pour nous en sortir de compter sur leur implosion, causée par les décalages sociaux et financiers de leur développement rapide. Il pourrait s'agir plutôt d'explosions qui ne nous laisseraient pas indemnes.
A moins de gérer la planète dans une sorte de conférence mondiale permanente, je ne vois pas comment dérailler le train fou de la course aux ressources. Le seul problème est que dans le tour de table les Occidentaux doivent "donner" pour rééquilibrer les chances de tous ! Pas d'argent pour cette fois, mais donner de leur niveau de vie et terminer leurs gaspillages, donc donner du "confort". Relents d'entropie ?
Il y a plusieurs formes possibles de ce "bureau mondial" qui existent déjà. Contentons-nous de les mettre à l'heure plutôt que d'en surajouter un nouveau.
Revenons à nos moutons français. "Refuser les délocalisations" tient de la danse indienne pour la pluie ! Défendre le pré carré français d'abord ? Pourquoi pas ? Sauf qu'on atteint vite aux limites du nationalisme qui, maniant l'alibi des "coopérations multinationales sauvegardant la souveraineté des nations", ferme volontairement l'angle de vue pour se recentrer sur les problèmes "indigènes", problèmes qu'il proclame savoir gérer mieux que tout autre. Hélas, hors du sérail souverainiste, personne ne croit sérieusement qu'une puissance moyenne comme la France ait au bout des dix ans qui viennent le pouvoir à elle seule d'influencer des décisions d'ordre stratégique au niveau de ce "bureau mondial", pas plus qu'elle n'y arrive dans ce qui en tient lieu aujourd'hui.
C'est avec nos voisins qu'il faut agir en ordre concerté comme une main dont tous les doigts ont leur mobilité propre mais qui puissent se fermer ensemble pour former un poing quand nous nous adressons à "l'extérieur". C'est un des buts du traité simplifié, parmi d'autres moins avouables peut-être.
Disons quand même que les cris d'orfraie des champions du NON référendaire au succès de M. Sarkozy, sont recevables, s'ils n'émanent pas de royalistes, la sacralisation du suffrage universel au niveau géostratégique leur étant interdite. A ce niveau d'inconscience politique un vrai royaliste reçoit les résultats électoraux comme une indications des opinions du moment face à une question qui n'est pas toujours celle posée officiellement. Il ne peut en tirer argument pour valider ses thèses. Il prend note c'est tout.
Plusieurs fois déjà j'ai soutenu l'argument que le nationalisme était du lest dans la quête monarchiste alors que le patriotisme lui est indispensable. Je connais ma patrie, je l'aime, la touche, la parcours, la hume, la protège ; je doute de la réalité de ma nation qui me semble être réduite aujourd'hui à un mot.
Le chauvin (ou nationaliste défensif) est l'adversaire du conjoncturiste et du stratège qui fouilleront les choses jusqu'à proclamer les vraies réalités. Ces constatations indispensables - sur notre taille réelle par exemple - trouveraient du poids si elles étaient faites par des autorités indiscutées, et pour chez nous, par les princes, polynationaux d'héritage !
Aujourd'hui le problème, s'il est posé à toute la Terre et non plus seulement à la France, résulte quelque part de l'avidité de la bourgeoisie, qui tient dans ses rets les marchés sur lesquels elle entend agir en toute impunité. On est au-delà de la "liberté" d'entreprendre, et quasiment au seuil de l'extraterritorialité. Le pouvoir économique a quitté le champ politique qui le bridait. Il ne s'agit que de l'y faire revenir de force, par une coopération globale.
Les royalistes avanceraient leurs pions s'ils se rangeaient en ordre de bataille dans cette guerre institutionnelle mondiale qui s'annonce, et se creusaient les méninges pour proposer leurs inédits. On ne peut pas être toujours dans le camp des laissés-pour-compte de la modélisation de notre futur ! Le roi sait voir à travers l'ombre portée du monde. Au roi vite !
Ce billet fait suite au drame récent de St Hippolyte du Fort où l’usine de chaussures Jallatte, seule industrie encore debout, est en cours de délocalisation.
Une page web de la mairie cigaloise fait une excellente et rapide présentation de cette petite ville cévenole, même si je conteste la responsabilité des Wisigoths (c’est pour rire !).
En remontant la vallée du Vidourle on atteint un col où se niche le village du capitaine Marchand (Fachoda), Saint Roman de Codières, d’où la vue est panoramique jusqu’aux contreforts du Larzac. En redescendant du col au couchant, on arrive chez moi ! C’est un coin attachant où je n’ai su m’attacher, faute d’industrie résistante.