Le discours de politique générale de notre premier ministre est le discours de clôture de la campagne électorale. Ne s'y sont pas trompé les Jack Lang, Guy Carcassonne et Hubert Védrine qui au signal se sont engouffrés derrière les "Sept Traîtres" de la fable dans le scenic railway du vainqueur, puisqu'il est dit que la gare constitutionnelle n'en verra point passer d'autres de cinq ans ! La fenêtre politique française est refermée, silence, on gère !
Les extrêmes écrasés par l'entregent démoniaque du candidat qui sut déterrer de leurs programmes les dispositions les plus juteuses en voix (il suffisait d'y penser!) se réveillent après la bataille pour appeler ici à la résistance civile, là à contributions, plus loin à une vigilance de tous les instants ! Peine perdue.
Le système vient d'aboutir au comble de la démocratie représentative en faisant sortir du bois-des-inscrits par quatre fois, plus de 80% de ses électeurs, afin qu'ils passent la totalité de leurs pouvoirs au gouvernement de la République et ne s'occupent plus de rien ! Ce qu'ils ont consenti de bonne grâce à voir la solidité des sondages de popularité ! Cette dévolution quinquennale est exactement celle qui convient aux Français qui préfèrent s'occuper de leurs questions familiales, scolarité, vacances, logement du gamin, maison de campagne avec ? ou sans piscine, diète bio, voire cultiver leur affichage minoritaire s'il y a lieu. Restent les vélos, rollers, fêtes, télé, lectures et mots-croisés pour meubler le cerveau du veau national. L'Etat fait tout le reste, s'occupe de tout, du moindre tout, et finalement le citoyen est presque content !
Dans un manifeste célèbre mais un peu oublié, Charles Maurras décrivait la coercition administrative du césarisme républicain, dérivée obligatoire de la démocratie. C'était au chapitre : Les libertés en bas :
« Il n’est point d’insolences que n’osent les bureaux contre les citoyens. Un César anonyme et impersonnel, tout puissant, mais irresponsable et inconscient, s’applique à molester le Français depuis le berceau. Soit qu’il vive seul, soit qu’il veuille s’associer, le citoyen français est assuré de rencontrer à tous les pas de son chemin le César Etat, le César bureau, qui lui impose ou lui propose soit ses directions avec ses prohibitions, soit ses marchandises avec ses subventions.
Celles des affaires publiques que le citoyen connaît le mieux sont soumises à la surveillance ou au bon plaisir de l’Etat. Sans l’Etat, un père de famille, un conseil municipal, un bureau de société, un simple comité de fêtes, ne peuvent décider presque rien en ce qui les touche de plus près et qui les intéresse immédiatement. Associations volontaires, comme les sociétés morales et politiques, ou associations naturelles, comme la famille, la commune et la province, tous les rassemblements de citoyens sont tantôt frappés d’inertie par les lois de l’Etat, tantôt même interdits par le caprice des chefs temporaires de l’Etat.
Non seulement l'État ennuie et tracasse le citoyen français, mais il lui inflige des commodités dangereuses. Il le sert en des cas où celui ci devrait se servir lui même. Il le déshabitue de la réflexion et de l'action personnelle. Ainsi l'État endort et atrophie chez le citoyen la fonction civique. Le citoyen devient ignorant, paresseux et lâche. Il perd le sens et l'esprit public. Traité en mineur, il devient digne de retomber en tutelle. Les intérêts prochains de sa communauté ne le touchent ni ne l'occupent. Des curateurs gérant l'avoir communautaire, il les laisse faire ; il s'isole de ses concitoyens. Il retourne à la condition individualiste du sauvage et du primitif »
(Maurras, Dictateur et roi, août 1899)
Ce manifeste qui convertit le nationaliste Maurice Pujo au royalisme, reste adapté aux circonstances présentes, on le croirait du dernier printemps. Cliquer ICI pour son intégralité.
Notre problème est que la description du troisième paragraphe de l'extrait précité est achevée de nos jours :" Traité en mineur, il devient digne de retomber en tutelle". Un peuple aujourd'hui d'assistés ! D'accord, deux guerres mondiales ont couché, la plupart impeccablement alignés sous des croix blanches, presque deux millions d'hommes de France, et de l'Empire aussi, la fine fleur de la nation et pas les moins courageux non plus ! Cela explique-t-il l'affaissement moral du pays ? La bovidisation du peuple comme s'en agaçait le Général ? Sans doute aucun ! Que faire du reste ? Du reste nous en sommes ! Hé oui !
J'avais l'outrecuidance de croire qu'on pouvait "dealer" la consolidation et la pérennisation de l'Etat central à notre façon, contre le débondage de toutes les contraintes qui pèsent à l'étage subalterne et entravent nos concitoyens. "L'autorité en haut, les libertés en bas", "l'anarchie plus un", slogans impeccables. Puis le doute m'a envahi. Nos concitoyens sont-ils demandeurs de libertés ? "Les libertés en bas" est-ce vendeur ou pas ?
Dans la liste des préoccupations populaires, les libertés ne sont jamais citées, bien que le fichage général soit en cours. Même la SNCF et la RATP mettent en fiche leurs voyageurs à travers les nouvelles cartes électroniques individualisées qui remplacent les coupons magnétiques anonymes. Les caméras pullulent en ville, les fichiers sont croisés, les patrimoines et revenus familiaux sont accessibles d'un clic par l'Administration, chaque patronyme ayant un code d'accès par famille à la disposition du Contrôle. Malgré cela, dans le classement des priorités que les Français font des mesures présidentielles dont ils ont approuvé l'annonce, il n'y a rien sur les libertés. Ne faisons pas cent pages sur ma bévue. Les Français ne s'intéressent pas au foisonnement des libertés, dès fois qu'elles emporteraient peut-être les avantages acquis. De fait, ils ont la liberté essentielle, celle d'aller où bon leur semble avec ou sans document de passage, liberté qui a fasciné nos cousins de l'Est pendant un demi-siècle. Certains d'entre eux ayant savouré cette fameuse liberté de voyage, enfin, s'en contenteraient aujourd'hui et reviendraient facilement aux contraintes antérieures qui les protégeaient, s'il était promis de les laisser passer quand et où ils le souhaitent ! Nous-mêmes vendrons ce qui nous reste de libertés pour un plat de lentilles, façon Vigipirate, RSA, SS, CNAV, ou tout autre dispositif de sûreté quel qu'en soit le coût d'ailleurs pourvu qu'il rassasie notre faim de sécurité.
Le "deal" monarchie/libertés ferait un flop, faute de savoir les valoriser.
Ils ne se passionnent pas plus pour la décentralisation ! Au contraire même et c'est un second point de désenchantement. Nous offrons la monarchie décentralisée un peu comme une compensation au recentrage des pouvoirs régaliens. Nous fondons cette offre politique sur les raisonnements de Charles Maurras et tant d'autres qui mâchèrent ces idées à une époque de jacobinisme incandescent, en rêvant aux pays d'Etat et autres provinces libres. La décentralisation a été amorcée et va se poursuivre pour désendetter l'Etat central qui défiscalise beaucoup d'assiettes de sa responsabilité. Or cette décentralisation se fait sans engouement populaire, les provinciaux y ont reconnu surtout les métastases du césarisme, bien plus redoutable souvent que le jacobinisme car il instrumentalise le clientélisme.
Je me souviens d'une discussion avec des édiles de Mazamet au début de la décentralisation qui s'insurgeaient à l'idée de devoir soumettre leurs besoins à Toulouse plutôt qu'à Paris et attendre de la Région les décisions les concernant. Fort justement ils me faisaient remarquer que le préfet d'Albi, renouvelé régulièrement, était impartial voire neutre et se contentait de peser la conformité des dossiers avec la loi et budgets en vigueur, alors que le politicien de Toulouse allait incorporer dans sa décision tout le relationnel affectif local, les histoires anciennes, la réaction de la Dépêche du Midi, les petites revanches et mesquineries qu'on ne rencontrait pas avec Paris. Ils avaient raison, les exemples abondent.
Le césarisme décentralisé fait rage. Il suffit de visiter les "hôtels de région" pour mesurer la mégalomanie des satrapes au petit-pied qui reçurent les honneurs de la division 2 politique en compensation de leur échec au plan national, pour saisir que leur hauteur de vue ne se mesure pas à la hauteur des plafonds.
Le citoyen, édile ou lambda, réclame plus de justice et pas nécessairement de proximité, les moyens de communication actuels ayant rétréci de beaucoup notre grand pays. Les cahiers de doléances de 1789 réclamaient sous diverses formes une certaine égalité civile que l'uniformisation révolutionnaire apporta. On ne revint jamais là-dessus, jusqu'au jour récent où l'on délégua le format de certaines subventions sociales aux départements et aux régions.
Faut-il aussi réfléchir à la reconstruction de la décentralisation ? C'est sans fin ! Non, il faudra y passer aussi car liberté et décentralisation vont ensemble pour mesurer la maturité de notre auditoire.
ANNONCE DE l'ASSOCIATION DES CHOUANS MAYENNAIS
Le samedi 14 juillet 2007, l'ASCM propose une expédition originale à Jersey pour y évoquer le souvenir des Français qui y trouvèrent un refuge généreux pendant les années de la Révolution et de l'Empire pour la Cause de Dieu et du Roi : prêtres réfractaires chassés, émigrés isolés ou en famille.
Cette excursion part de Granville et y revient. Tous détails en contactant dès aujourd'hui ...
Monsieur Yves Floc'h
17 place du Cardinal Cheverus
53100 Mayenne.
Tél. : 02 43 04 10 48
Le samedi 14 juillet 2007, l'ASCM propose une expédition originale à Jersey pour y évoquer le souvenir des Français qui y trouvèrent un refuge généreux pendant les années de la Révolution et de l'Empire pour la Cause de Dieu et du Roi : prêtres réfractaires chassés, émigrés isolés ou en famille.
Cette excursion part de Granville et y revient. Tous détails en contactant dès aujourd'hui ...
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