Jours ordinaires en Vendée.
1794, le 21 mars, trois gardes nationaux de Riaillé furent tués dans le bois de Maumusson. Ils étaient venus prêter main forte dans une battue organisée contre un groupe d'insurgés. Il s'agissait du fils Jacques Guillet du Bois-Laurent, Louis Lemarié et Pierre Boisselin. Ces trois jeunes gens signalés comme assassinés par les brigands avaient eu leur éloge notée dans leurs actes de décès, réclamés par Jacques Guillet père : "Tous les trois ont donné dans toutes les occasions des marques du plus pur patriotisme et du plus sincère dévouement à la chose publique".
La Commission d'enquête et de propagande envoyée de Nantes par la Société Vincent-la-Montagne, parcourut le District d'Ancenis, du 20 mars au 19 avril 1794 distribuant des blâmes et des félicitations aux municipalités organisant réunions et banquets patriotiques avec bals prolongés dans la nuit. A son passage furent fusillés, à Couffé, le prêtre Tricoire avec Jean Guillet et sa femme qui l'avaient caché, un autre prêtre nommé Dallais, un jeune homme et une jeune lingère vendéenne nommée Marion, le métayer Rigault, sa femme et ses enfants furent emmenés à Ancenis et leurs biens confisqués. A Mouzeil, près de l'église, devenue Temple de la Raison, les citoyennes du pays furent invitées à venir se chauffer en buvant la goutte civique auprès d'un feu de joie allumé sur le corps d'une vendéenne fusillée la veille.
Cette Commission passa à Riaillé, le mercredi 9 avril et consigna sur son procès-verbal : "A Riaillé, esprit républicain très bon, les hommes sont de bons soldats contre les brigands de la Vendée. La municipalité est très bien composée. Le Comité de surveillance est très actif. La Garde nationale fait son devoir."
Les patrouilles se succédèrent jusqu'au jour où la Garde nationale de Riaillé découvrit dans une ferme à Pannecé deux jeunes gens, l'un originaire du midi appelé Pardessus, l'autre de Blois appelé Drouard. Ils furent fusillés sur place, sans même être interrogés. Les patriotes de Riaillé revinrent chez eux triomphalement sans se douter qu'ils venaient de signer leur arrêt de mort.
1794, le 7 juin, trois cents chouans submergèrent la localité de Riaillé et y massacrèrent une trentaine de personnes dont 4 gendarmes, 1 avoué, 1 médecin, 5 marchands, 10 artisans, 3 laboureurs et 4 journaliers, la plupart miliciens de la Garde nationale.
La disparition des "Patriotes de Riaillé" fut un coup dur pour l'Administration du District d'Ancenis. Le maire de Riaillé reçut l'ordre de constituer un nouveau groupe dans les plus brefs délais. Les volontaires furent rares malgré les avantages offerts et restèrent dans une prudente réserve dans la suite des évènements. Par ailleurs le 27 juillet suivant, (9 thermidor), la Terreur tomba avec l'exécution de Robespierre et de son équipe. Les nouveaux maîtres de la Convention se rendirent compte qu'il fallait mettre plus de modération dans le zèle des Patriotes, mais la Chouannerie lancée continua ainsi que les persécutions contre la religion. (Extrait de l'Histoire de Riaillé (Loire inférieure).
Trois mouvements font remonter à la surface de l'actualité les guerres civiles de Vendée de l'époque révolutionnaire : la campagne inlassable de Philippe de Villiers pour l'exhumation des atrocités de la Convention à l'encontre des Vendéens ; la proposition de loi de MM. Lionnel Luca et Hervé de Charette, visant à reconnaître officiellement le génocide, déposée le 21 février 2007 par le député UMP de la 6è des Alpes maritimes, brillamment réélu en juin ; l'investissement permanent du professeur Reynald Secher sur l'histoire des Chouans depuis le bicentenaire mitterrandien de la Révolution française. C'est de lui dont nous parlons aujourd'hui.
Sa bio est dans Wikipedia. Nous la résumons au format de cet article : Historien bardé de diplômes universitaires, il commence à sévir en 1986 quand à la veille des commémorations du bicentenaire il publie son fameux "Vendée - Vengé", appuyé principalement sur le pamphlet de Gracchus Babeuf "Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier" dénonçant le populicide décrété par la Terreur, pamphlet publié après Thermidor, et sur les ordres de mission de la Convention à Turreau et ses comptes-rendus. Secher a de son bord Pierre Chaunu, Jean Tulard, Emmanuel Le Roy Ladurie, l'écrivain Michel Ragon et Stéphane Courtois, spécialiste du communisme au CNRS, qui stigmatisent également les guerres de Vendée comme un génocide.
Mais la "thèse" du génocide ne fait pas l'unanimité. Ses adversaires la réfutent au motif émotif ! Sans contester les crimes de guerre, l'intention idéologique appliquée à un groupe bien délimité n'est pas établie, et donc à défaut, la notion de génocide n'a pas de sens. Ils soutiennent qu'il n'est possible ni de trouver une identité "vendéenne" préexistante à la guerre, ni d'affirmer que c'est contre une entité particulière (religieuse, sociale... raciale) que la Révolution s'est acharnée. Il y a des pointures aussi dans ce camp, et même des historiens étrangers reconnus sur l'époque révolutionnaire, qui dédouanent l'Etat en chargeant de toutes les responsabilités les commandements locaux en lutte contre l'Insurrection. François Furet est dans ce camp sceptique. Est évoquée aussi la gestion humanitaire des "réfugiés" vendéens qui fuirent les départmements insurgés.
Sans compétences pour le faire, nous ne trancherons pas, et laisserons parler notre coeur qui bat depuis toujours du côté des Chouans, sans autre raison que l'amour du roi. Après tout, laissons l'histoire à ceux qui en vivent !
Reynald Secher n'a pas publié que "Vendée - Vengé".
La Chapelle-Basse-Mer, village vendéen : révolution et contre-révolution, Perrin -1986
Les Vire-couettes, roman historique, Presses de la Cité - 1989
Juifs et vendéens, d'un génocide à l'autre, Orban - 1991
Histoire de Résistance en Bretagne, Presse de la Cité - 1994
Jean Pierre Le Roch, de l'exil aux mousquetaires, Reynald Secher Editions - 1996
Legris, Histoire d'une saga industrielle, Reynald Secher Editions -1997
Un prince méconnu : le dauphin Louis-Joseph, fils aîné de Louis XVI, Prix Hugues Capet 1999
Plusieurs bandes dessinées par René le Honzec, Ray Saint-Yves ou Charlie Kiefer, sur des textes de Secher, ont été publiées dans le domaine de la vulgarisation historique, dont une remarquable "Histoire de Bretagne" en dix tomes parus de 1991 à 2002, republiée en épisodes par Ouest-France.
Tous ces titres dont disponibles aux éditions éponymes ...
Secher était à Lignières au CMRDS 2006. C'est un brave, faites vivre sa petite maison d'édition, achetez ses livres !
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Question idiote. Enfin pas tellement !
RépondreSupprimerLes éditions RS ont-elles un diffuseur ? Car je suis allé dans 2 grandes surfaces de livres aujourd'hui pour acheter des classiques, et dans les rayons Histoire et BD je n'ai trouvé aucun livre de M. Secher.