lundi 27 août 2007
Monarchisation de l'Elysée
A l'issue de ses Cent Jours, l'agitation fébrile du locataire suprême plaît à 71% des Français. Enfin de la téléréalité politique avec un candidat au parler vrai ! Qu'adviennent donc les chagrins d'amour, les accrochages politiques, les drames domestiques ou les grandes trahisons préludant aux retrouvailles mouillées, afin que la représentation soit parfaite, enterrant les Khalankoué aux Philippines et toutes ces îles de la Tentation vulgaire. On a l'émission en grand et les épisodes hebdomadaires, l'un chassant l'autre comme il convient dans un bon scénario.
Les jaloux n'en peuvent plus, jusqu'à même se rallier à l'opinion générale pour masquer le peu de succès de leur ire rentrée. Les docteurs de la loi théorisent pour surfer sur la vague médiatique et voilà l'explication lâchée : normal, nous sommes en monarchie républicaine ! Et même des constitutionalistes renommés comme Guy Carcassonne, Jack Lang voire Patrick Devedjian s'abandonnent à cette turquerie. J'ai cherché longuement pourquoi. Et j'ai trouvé, jusqu’à changer de taille de chaussettes !
Pérennisez la fonction de chef d'Etat en plaçant un roi (ou la reine des Roms) à la tête du pays, vous neutralisez d'un coup l'expression la moins gérable du suffrage universel, l'élection présidentielle. Si les propagateurs de la nouvelle foi parviennent à se faire entendre, ils privilégieront un roi du modèle scandinave, la Scandinavie ayant une excellente réputation en France avec Volvo et Ikea. Ce roi règnera sans gouverner, ce qui n'est pas dans la réalité profonde des monarchies du Nord mais il sera pressenti comme tel par les Français. Dès lors le "pouvoir" reviendra au Premier ministre qui recouvrera tous les attributs constitutionnels de la V° République et qui sera le vrai patron du pays comme en Grande Bretagne, la dynastie restaurée jouant le rôle de "sleeping partner".
Le schéma devient très intéressant pour l'ambitieux qui brigue la charge la plus haute car le champ de manoeuvres sera fortement réduit, pour ne concerner que le parti politique auquel il s'inscrira et ultérieurement les Chambres. Il lui suffira de savoir faire carrière pour éventuellement "parvenir", et les questions de marketing populaire, d'image, de buzz médiatique deviendront secondaires. C'est le mafiatage qui l'emportera à tous coups. Beaucoup de nos hommes politiques ont des prédispositions utiles.
Dans le système républicain français, ce que redoute le plus un homme politique qui fait carrière en viager dans le "microcosme", c'est la période électorale. Vaincre le complot du silence, les Guignols de l'Info et convaincre la France du Vingt-Heures n'est pas à la portée de tous. D'excellents grands commis de l'Etat sont de piètres bouffons et en pâtissent. Par contre "gérer" adroitement une circonscription législative est bien plus facile, et même dans la trivialité du vulgum pecus à ce que j'observe sur la mienne. A partir de là, les dés sont beaucoup plus largement distribués - ah, l'égalité des chances ! - et tout éventuel projet de monarchisation de l'Elysée devrait attirer des supporters dans le camp politique, du moins ce qui s'estiment à la hauteur de l'enjeu.
Dit en passant, une monarchie constitutionnelle n'est pas du tout à l'image du couple présidentiel que nous percevons et la stigmatisation présente est une facilité dialectique débouchant sur l'accusation d'absolutisme. Ce qui n'est pas tout à fait faux, puisque Monsieur Sarkozy a plus de pouvoirs que le roi Louis XIV ou Bertrand Delanoë ! Néanmoins nous savons qu'il n'y a pas même copie de l'original, les maisons princières qui fournissent le matériau royal sont d'un autre niveau. Du moins souhaiterions-nous qu'elles s'y appliquent.
Dans Le Figaro de samedi dernier, le pontife stratégique Alexandre Adler nous annonçait la réunion prochaine de la Wallonie française à la République. L'Etat belge s'effondrant sur ses bases après seulement 177 ans d'existence, il libèrera de sa charge écrasante la jeune tige belge de la vieille maison de Saxe-Cobourg & Gotha, nous laissant l'opportunité de la récupérer pour Paris en même temps que Liège et Namur ! Il n'est pas mal Albert II, roi des Belges et duc de Saxe. Il a lui l'expérience, et nous referons le royaume d'Arthur Pendragon, puisque c'est la même maison qui règne outre-Manche sous le nom emprunté de Windsor.
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Derrière cette boutade de "récupérer" l'aimable Albert II - qui ne saurait cesser de régner sur la Belgique, soit dit au passage - que se cache-t-il ?
RépondreSupprimerS'agit-il de la chute de l'article, ou bien d'un certain frémissement observable ici ou là depuis quelques jours, que s'affiche un peu plus nette la solution que je laisse progressivement entrevoir : celle d'une royauté ne renonçant pas à être une vraie royauté, transcendant ses bases, offrant un plan d'avenir fondé sur lui-même et non sur la chronique douteuse, à laquelle se consacrent les medias faute de savoir quoi dire, des faits et fort menus gestes du locataire de l'Elysée.
Celle d'une dynastie princière reprenant en main un flambeau éteint depuis... des lustres !
C'est en semaines d'années plutôt qu'en lustres qu'il faut compter.
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