C'est à l'occasion de la présence aux Invalides du prince Louis-Alphonse de Bourbon et de son épouse (merci "iHola!" pour le reportage) que certains cercles se sont posé à nouveau la question de la pertinence des commémorations et témoignages, si du moins ils ne sont pas qu'un interlude dans un programme politique par ailleurs soutenu. En clair, suffisent-ils à faire avancer la cause royaliste ? Mieux encore, cette cause doit-elle "avancer" ?
Si l'on met de côté, mais sans vouloir les ostraciser, les providentialistes (heureux hommes finalement qui guettent des signaux de fumée derrière les nuages), on a deux thèses : Le roi reviendra comme ultime recours après l'effondrement du régime actuel, consécutif à un grave affaissement du pays voire un désastre. C'est assez bien parti mais faudrait assurer la queue de trajectoire. Secondement, le roi reprendra en viager la place donnée à bail précaire au président de la République en remettant au Premier ministre les pouvoirs qui lui sont octroyés par la Constitution actuelle. Ce schéma reste le plus probable, même si les motifs sont nombreux pour soutenir le pronostic dans chaque cas. Ce n'est pas l'objet du billet d'aujourd'hui que de les exposer à nouveau.
Si l'on croit en l'efficacité d'une propagande pour faire avancer la cause royaliste on doit se poser la question primordiale de la stratégie, à peine de faire du surplace, dans l'illusion d'une action entretenue par des colloques, blogues et journaux par abonnement, conférences crypturales à 50 et manifestations de témoignage inaperçues.
On se bat pour le prince et le principe ou pour seulement l'un des deux. C'est la promotion du principe qui nous occupe aujourd'hui, dans le but de gagner. Laissons les princes à leurs réflexions et occupons nous des nôtres. Toute action politique visant à faire triompher un principe institutionnel ou un programme social est vaine hors d'une stratégie. Le mouvement royaliste n'en a pas. Il la remplace par les augures et le foisonnement tactique. C'est grand dommage qu'il n'y ait jamais eu de convergence tactique sur une stratégie d'ensemble, les egos surdimensionnés des chapelains ayant stérilisé toute remise dans l'axe des actions parcellaires menées ci et là. Epargnons-nous la liste des erreurs politiques qui ont émaillé la résurgence monarchiste depuis la mort de Charles Maurras. Disons simplement que la dure loi du succès devrait s'appliquer aux maîtres de chapelles, loi communément reçue dans les entreprises humaines, a fortiori les entreprises politiques. Certes, la coutume française veut que les politiciens meurent en fonction, debout comme les escargots, mais il s'agit là de politiciens arrivés. Qu'en doit-il être des hommes politiques qui ne sont pas encore partis ?
Un forumeur de ViveLeRoi (fil VLR #28094) a pris comme exemple la démarche d'un parti moins connu encore que l'Alliance royale ou que l'Action française et qui est parvenu à placer un candidat (Gérard Schivardi) dans la campagne officielle pour la présidentielle : le Parti des Travailleurs.
Sur les plans tactique, stratégique et politique, c'est presque le sans-faute. Atteindront-ils le Grand Soir est une autre question.
Lorsque ce courant (il s'agit des "lambertistes") se constitue en 1952, ils sont une cinquantaine de militants, tout au plus ( sur un effectif total de tous les trotskystes français de 150 personnes) ... Ils sont non seulement capables de réunir grâce à leurs propres élus locaux mais aussi grâce à une myriade d'associations relais les 500 parrainages nécessaires à une candidature présidentielle, ils sont propriétaires de tout le groupe d'immeubles situé rue du faubourg-Saint-Denis à Paris où ils y impriment, dans leur propre imprimerie (!), un hebdomadaire, quatre mensuels et plusieurs autres périodiques. Ces locaux sont surveillés nuit et jour par des permanents qui y logent avec leur famille.
Leur échec supposé aux élections législatives (idem pour Lutte Ouvrière), va tout simplement leur permettre de toucher annuellement plusieurs milliers d'euros puisqu'ils ont compris que si la présidentielle est importante pour diffuser ses idées, les législatives sont encore plus importantes pour survivre financièrement, avec l'application de la loi sur le financement de la vie publique.
Le Parti des Travailleurs se sert des élections présidentielles:
- pour adresser légalement sa propagande dans les boîtes aux lettres de près de 30 millions de foyers électoraux ;
- pour maintenir son appareil militant en état de veille ;
- pour mobiliser périodiquement et étoffer ses réseaux associatifs, syndicaux et mutualistes ;
- pour déceler au sein de son appareil son futur encadrement.
Même si le PT n'est pas, de loin s'en faut, la formation trotskyste la plus heureuse aux élections, c'est de loin la plus nombreuse numériquement parlant. Les Lambertistes se considèrent comme une avant-garde, une "élite révolutionnaire", ayant vocation à "encadrer" les masses. Une connotation "école de pensée" quand même ! Et sur ce point, les positions dont ils disposent encore au sein de FO, de SUD et de la FSU sont de nature à faire réfléchir. Enfin ce Parti des Travailleurs, la LCR et LO vont à l'issue des dernières élections législatives de 2007 et en application de la loi sur le financement de la vie publique, se partager annuellement la somme de 1.478.000 euros (9,7 millions FF). De quoi payer bien des campagnes, journaux, sites web et permanents. (Merci HG).
Ugh ! No more comments. N'est-il pas temps de recruter des stratèges et tacticiens en lieu et place des historiens et conservateurs des hypothèques, lourdes hypothèques. Au concret, il est déjà trop tard pour construire quelque chose de viable pour surfer sur les municipales. Il faudrait s'atteler déjà aux européennes, sauf à ne vouloir réapparaître sur la scène politique et médiatique qu'en 2012. C'est un choix.
Le site Gotha de Stéphane Bern nous apprend que les Ardisson et le prince de Bourbon ont jeté les bases d'une nouvelle revue monarchiste éditée chez Léo Scheer "la Couronne". Si les pros des médias s'en mêlent ...
C'était le soir de la commémoration aux Invalides.
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Si c'est pour faire avancer la cause de Monsieur Louis de Bourbon, ce n'est pas la peine.
RépondreSupprimerLa même opposition que celle faite par d'autres à la Maison de France (Bourbon-Orléans) existe et se maintiendra. Elle est même beaucoup plus profonde, en ce sens que cette opposition concerne chacune des générations jusqu'ici de cette branche cadette espagnole qui n'est même pas capable de conserver sa place dans la monarchie espagnole puisque Juan Carlos a retiré ses titres à Louis de Bourbon.
Sans poursuivre plus avant cela, c'est d'une manière constructive que je voudrais le présenter : les idées nettes, utiles, et déterminées, qui semblent faire croire à une reprise du courant royaliste s'auto-torpillent par la présence de candidats non-sérieux ou bien qui suscitent une opposition insurmontable.
Suite à demain...
C'est à mon avis un lancement de presse de la veine capitalistique, ce qui est un gage de succès. Il y a effectivement de la place sur le marché médiatique pour un hebdo de ce type. Point de Vue fait un peu cheap.
RépondreSupprimerDes professionnels comme Ardisson et Scheer sauront décliner tous les dérivés. A suivre donc ...
Un forumeur fait remarquer sur le même fil de discussions de ViveLeRoy qu'il serait difficile de former des brigades de militants prêts à découcher pour garder l'immeuble du parti comme ceux du PDT.
RépondreSupprimerEt pourtant les camelots du roi d'avant-guerre couchaient à l'imprimerie de l'Action Française sur des lits faits de journaux.
O tempora ...
Ne me dites pas que vous les avez connus !
RépondreSupprimerPas à cette époque en tous cas !
Mon père dormait là.
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