jeudi 27 septembre 2007

R comme Racisme

86-61-86Nos rangs seraient-ils infectés par le racisme ordinaire, nous qui nous targuons d'ignorer justement l'ordinaire ? Y a-t-il d'ailleurs un racisme select, voire chic ? A courir les fora (? je soigne mon accès aux z'académies) je suis épaté de voir avec quelles facilités certains jeunes royalistes (ou qui se croient tels, et de moins jeunes aussi) ont la conviction de la supériorité de leur sang. Ils tranchent, coupent et crachent par terre, puis l'angélus venu, plient un genoux les yeux mi-clos pour saluer leur Créateur. Certes en des temps lointains les maîtres du mystère inaccompli chevauchaient l'antisémitisme d'Etat au prétexte qu'une ethnie biblique était favorisée institutionnellement par la III° République. L'avenir leur donnera tort. Puis raison. Vont-ils avoir tort à nouveau ? Vaïsse-Villiers et le balancier de l'Histoire.

Aujourd'hui les "Purs-blancs" détenteurs du certificat d'aryanité se trouvant des généalogies quasiment protogauloises hurlent au métissage depuis que la Faculté de médecine leur a dévoilé que leur future greffe de moelle osseuse était en mise en péril par la subversion de "races" inappropriées. Ce n'est pas une blague ! Et moi qui pensais bénéficier du coeur d'un jeune nègre plein de vitalité fauché sur l'avenue derrière une benne à poubelles ! Incompatible ! A quoi sert dès lors cette immigration si ses effectifs ont des défauts ?

Contrainte et forcée par l'Histoire - on n'est pas au finistère de la péninsule européenne sans conséquences - la France officielle s'est inventée une mission d'accueil de l'étranger qui cadre mal avec le côté latin triste de ses populations, soupçonneuses et xénophobes en diable. Les circonvolutions sémantiques peinent à cacher le substrat raciste et l'on feint d'ignorer que durant cinq siècles toute la Steppe et la Forêt sont passées sur le ventre de nos mères, renouvelant le sang gâté par le plomb des amphores. Sans doute est-ce pour cela que le Français n'aime pas chez lui l'étranger, et cette répulsion est tellement ancrée dans le sol national que lorsque l'étranger accède lui-même au statut de Français il est saisi du syndrome du compartiment de chemin de fer qui fait fermer la porte derrière soi et étaler ses affaires sur la place libre d'à côté. On serait étonné du nombre d'anciens "étrangers" ayant voté Sarkozy après avoir voté Le Pen. J'ai des noms, comme aurait dit Coluche.

La question reste cependant de savoir si le royaliste convaincu, le militant de terrain, doit se vautrer dans le racisme non-dit (ou racialisme) au motif que la répulsion xénophobe est endémique en France. Et finalement d'aller à la vraie question pour lui : le roi (en son principe) a-t-il une approche racialiste de la société sur laquelle il prétend régner ? Sortons de la pensée unique qui interdit les questions verticales. Allons-y ! Le roi "classe-t-il" ses peuples ?

Bien évidemment non. Si le royaliste fonde son action politique sur l'étude des moeurs populistes pour s'y conformer, il se trompe lourdement d'étage. Le message royaliste n'est pas un message sociétal ni un message de revanche. Sa quête d'audience transcende les disputes triviales pour élaborer l'état de parfait équilibre proposé par la physique sociale et confirmé par l'empirisme organisateur, invention géniale oubliée par les disciples de son créateur :
la monarchie est une grâce pour un pays.
L'organisation qui en découle n'est pas biométrique, et l'ADN féodal s'est un peu dispersé jusque dans les chambres de bonnes, mais culturelle dans ses fondements. La base de la construction est l'éducation plus que la naissance. A charge pour le royaliste d'en convaincre les sceptiques, non pas en embouchant les clairons de la rouspétance nationale - laissons cet exercice aux poujadistes -, mais en déroulant sans se lasser la mécanique monarchique des bienfaits garantis du haut en bas de la pyramide sociale. Ce fameux Bien Commun, cette belle promesse du Besoin du Peuple. A développer.

Au lieu de cela, que de temps perdu dans les émotions de rues, les copinages douteux, parfois involontaires. Quelle image détériorée du chevalier que nous devrions tous être nous renvoie le miroir du racisme raisonnable quand d'aventure on s'y regarde plein de ressentiment envers l'Autre !

Un roi gouverne (ou règne sur) un pays réel. marianne bigarréeIl n'est pas le lapin blanc d'Alice au Pays des merveilles et devra faire aussi avec les United Colors de Benneton, avec le métissage des sangs et aussi des moeurs. On a moralement le droit de regretter cette modification de notre démographie, voire l'altération d'unité ethnique un peu rêvée quand même, mais le Pays réel est comme ça ! La France - tous ses voisins sont dans la même situation - a importé, bon gré d'abord, mal gré ensuite, de larges populations étrangères qui se sont intégrées bien ou mal, de plus en plus mal sans doute. S'il n'est pas dans ses intentions supposées de noyer les populations ensouchées et résidentes sous un flot continu d'immigrants, il n'est pas non plus au programme du roi de mener une vie impossible aux étrangers, souvent pauvres, en renversant les flux migrants à la Pasqua. Le cosmopolitisme naturel des maisons royales l'en préviendrait d'ailleurs. Alors cessons de donner la main aux adeptes du grand retour puisque nous devrons les trahir un jour !

Que l'immigration soit stoppée par un "Décret Zéro" serait une sage décision. Qu'une vraie guerre au sous-développement des pays d'émigration soit déclarée par la Banque Mondiale est indispensable. Que les aliens criminels soient renvoyés chez eux sans même la simple peine, pas d'hésitation. Mais que suinte dans nos rangs le doute raciste, que l'on se réjouisse ouvertement sur nos fora des problèmes que les étrangers subissent chez nous, avec ou sans papiers, c'est insupportable pour la cause royaliste et si ça fait prétentieux de le dénoncer ainsi, disons que ça m'est personnellement insupportable, sur le plan moral d'une part, et sur le plan politique de l'autre, car ces remugles vichystes ruinent les efforts de notre propagande, sauf à vouloir l'enferrer encore plus dans le "béret-baguette-gauloise". Mais il y a plus grave : tricher avec son âme.

Le Catholicisme dont se revendiquent neuf royalistes sur dix interdit par la lettre de marque que lui a remise le Messie, de sérier les enfants de Dieu par le prisme chromatique ! Même si dans les temps anciens, le compartimentage des esprits, l'affaissement de l'universalisme romain et une certaine surdité des vicaires du Christ, ont laissé croire le contraire, il n'empêche que dans les temps que nous vivons, le racisme est tout simplement "interdit" en droit canon, sauf à changer de religion ou mieux de n'en prendre aucune. Après tout, si c'est pour se confire en charité et multiplier les pauvres comme population d'exercice, restons agnostique et travaillons aux Restos du Coeur ! Il y a quand même un message non caritatif à entendre du Ciel :

canard d'empire
Les enfants du bon dieu ne sont pas des canards sauvages !

PS : j'aurais aimé qu'Albert II de Monaco épouse sa belle togolaise rien que pour voir fulminer la bienpensance petit-bourgeoise ignorant qu'il descendrait lui-même ... d'une simple lingère (cf. LDC) ! Ce qui ne l'empêche pas de prouver chaque jour qu'il est un prince avisé, sain de corps et d'esprit et tellement populaire.

7 commentaires:

  1. Un ou deux liens vers les fils incriminés ?

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  2. Juste un coup de sifflet, on n'entre pas dans la polémique, pied à pied.

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  3. Cet amalgame fait avec le sujet sensible de votre billet risque de prêter à confusion avec un tout autre débat, qui a fleuri lui-aussi sur les forums : est-ce la place de la lingère sur le trône ?

    La réponse est non, à moins de vouloir une monarchie de carnaval ou d'instituer tous les jours la fête des rois.

    Je suis, vous le savez sur la même ligne quand il s'agit de dénoncer les exubérances contre-productives de jeunes militants mi-royalistes mi-autre chose, mais encore une fois, ou pour le dire autrement, pas au prix d'accepter la subversion. Subversion/Restauration, même combat ?

    Comment concevoir de procéder par amalgame, comme l'ont fait depuis des décennies les centrales de pensée qu'en principe "nous" dénonçons ?

    S'agirait-il encore de s'inspirer des ardeurs militantes de la contestation classique, pour la faire servir nos idéaux : là, bien ! Mais si c'est pour valider l'erreur viscérale instaurée par le Système, à quoi sert une monarchie : à rien, sinon se tromper elle-même et surtout les gens sincères. D'où je ne vois pas comment ni pourquoi, il faudrait d'ailleurs une monarchie, puisque tout ce qu'en général elle prétendrait mettre en place existe déjà ?
    Et que, selon votre système, les questions sociales doivent rester dans les mains où elles se trouvent déjà, pour que le roi ne s'occupe que de domaines réservés, qui à vrai dire, n'ont d'ailleurs par eux-même ou autrement aucun intérêt ?

    Si la société est mauvaise, il faut la changer, intelligemment certes.

    Si son produit actuel convient, laissons faire : le système n'a pas besoin de nous, il se débrouille tout seul très bien pour pourrir la société.

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  4. Le roi n'est pas un Tout. Celui-là existe déjà.

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  5. S'il y a des racistes égarés chez nous, ils finissent par se décourager et quitter le mouvement puisque la monarchie est fédérative, universelle. Ce n'est pas en définitive un "pouvoir fort".
    Or c'est ce qu'ils recherchent : un homme fort, un autocrate, un dictateur. J'ai vu des sites liés au royalisme qui vénèrent Pinochet. Peut-être parce qu'il est d'ascendance française ? Faut relire l'Automne du Patriarche. (:))

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  6. Dire qu'il y atrop d'étrangers en France et trop d'étrangers de couleurs c'est pas un crime raciste quand même.

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  7. Pour répondre à l'avant-dernier commentaire ci-dessus, la monarchie n'a pas pour principe de servir de cause arrangeante ou justifiante de ce qui ne va pas dans un autre régime...

    Un pouvoir fédérateur de ce qui ne va pas n'est autre qu'une dictature. Entre ce régime-là dont je ne comprends pas la nécessité et les dictatures, il y a place pour tous les régimes raisonnables...

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