mardi 25 septembre 2007

République coulante

camembert La RépubliqueOn ne parle dans les milieux autorisés que de la mise en péril du pacte républicain par la convergence de tous les déficits de la nation. Nous cumulons les horreurs économiques dans le plus parfait contentement social tant que l'oeil nous assure du coin que la mangeoire publique est toujours là. Mais au fond de nous-mêmes nous savons bien qu'à force de tirer le diable par la queue, l'Etat va déchaîner un jour l'assaut de tous les démons. D'autres y sont passés ; l'Argentine par exemple.

Dans son livre cité hier, Philippe Jaffré pronostiquait après la faillite de 2012 que le pouvoir, acculée au naufrage de l'Etat sauf à appliquer les mesures de sauvegarde dictées par le FMI*, abolirait le statut de la fonction publique, licencierait un million de fonctionnaires, passerait enseignants et personnel hospitalier au privé, baisserait toutes les retraites de 10%, et laisserait le Louvre vendre ses collections pour payer son personnel. La Joconde partirait en Chine chez un roi du plastique !
(* il ne pouvait deviner en 2006 que le "premier ministre de Ségolène Royal" deviendrait réellement le patron du FMI !)

Pacte républicain, qu'est-ce à dire ? Ce serait un pacte moral qui assurerait le respect et la dignité à tout citoyen dans le cadre des droits de l'homme et du principe de répartition générale. le candidat Sarkozy"J'ai dit dès le début de la campagne que je voulais bâtir avec tous les Français un nouveau pacte républicain fondé sur la confiance et sur le respect", déclara le président en campagne. "Ce pacte sera mon engagement. Si je suis, élu, il sera ma règle et mon exigence. C'est sur ce pacte que je demande à être jugé". "Nul ne doit se sentir exclu de la politique de renouveau que je veux impulser", "Au nom d'une haute idée de la France, je ne serai pas le président d'une France contre une autre, d'une faction ou d'un clan. Je veux être le président de l'union de tous les Français, je veux être le président de la réconciliation". "Mes valeurs sont celles de la droite républicaine, et j'entends créer les conditions d'un immense rassemblement au service de la France". "Les étiquettes, je m'en moque, les convictions, je les respecte : voici mon message !".

Bien ! Ce président est proclamé celui de la rupture. Donc à relire ses déclarations, on obtient en creux la réalité de la vie politique française jusqu'ici. Nous avons bien été gouvernés par une faction, un clan, dans l'affrontement démocratique d'une France contre l'autre. Au point d'arrivée que nous venons d'atteindre, il semblerait que le pacte institutionnel démocratique n'était pas le bon choix puisqu'il a mis le pacte républicain en péril ! Et tout le monde a peur bientôt de manquer ; merci monsieur Fillon.

Nous avons souvent parlé sur ce blogue du défaut essentiel de la démocratie d'étage national qui est de convoquer aux urnes les opinions fabriquées par les passeurs de slogans sur des sujets complexes, une véritable escroquerie politique. Billevesées que la souveraineté du peuple. C'est un alibi oligarchique pour se défausser sur le veau national des erreurs ou maladresses du pouvoir réel. " Vous avez voté ? tant pis pour vous !" On est allé jusqu'à solliciter l'avis de tout le monde sur l'avenir des institutions européennes ? Pourquoi avoir oublié le référendum sur la politique monétaire de la BCE ? Mais ce qui est plus troublant au-delà de cette pitrerie philosophique c'est la précarité du régime actuel dans l'esprit des gens responsables et toute la nomenklatura. Il n'est pas un discours, une incantation de tréteaux, qui ne finisse par "vive la République" deux siècles après sa fondation. Entend-t-on les Anglais crier "vive la monarchie" ? Les Américains "vive la république" ? les Allemands "vive la Bundesrepublik" ? Ces régimes sont suffisamment ancrés dans leur sol national qu'il serait ridicule d'en souhaiter la survie. Ce serait comme crier "vive l'Hôtel de Ville" à Paris ou vive le "viaduc de Millau" ! Ben non !

Les républicains, du moins ceux qui se ressentent tels (et sont-ils si nombreux?), ont certainement la crainte qu'un régime concurrent ne leur vole la Nation, sa mise en coupe réglée bas, les prébendes qu'ils en tirent comme l'eau d'un puits, les réseaux qui assurent l'avenir d'eux-mêmes et de leurs enfants, et ils n'en visent pas d'autres que la monarchie. A preuve, au moindre signal d'autorité des pouvoirs publics qui sont quand même là pour en montrer, on crie à la dérive monarchique comme le parangon de tous les excès, sans convaincre personne d'ailleurs car le peuple, lui, en redemande ! Les vacances de satrape d'un président qui ostensiblement "se la pète" n'ont pas entamé d'un chouia sa popularité. Au contraire les Français se sont réjouis de voir enfin dans leurs revues people le couple suprême à parité des maisons régnantes que l'on traque sur toutes les plages. Jusqu'en Libye, rendez-vous compte, comme Diana au Lesotho ! Un agenda de star, un port de reine.

les tuileries
On comprend que certains soient inquiets, jusqu'à s'infiltrer dans nos rangs pour être prévenus de la mousson. Quarante rois ont laissé des traces ineffaçables malgré la reconfiguration cérébrale du peuple. Le problème est qu'il est sollicité par des comparaisons et a quand même compris qu'on ne ruinerait pas le patrimoine au motif de ruiner l'image des "tyrans" qui se bousculent sur les écrans et laissent croire à une France autrefois glorieuse et forte. Que viendraient voir ces millions de touristes s'il ne nous restait que la République ?

Tout laisse penser que l'acclimatation de la monarchie en France est parfaitement possible. Il y a des traceurs concrets comme le sondage BVA commandé par l'AR au début de cette année, et l'engouement des gens pour les maisons royales, à qui finalement ils pardonnent beaucoup.

bannière bleue fleurdeliséePlutôt que de vilipender sans relâche les dérives et insuffisances du régime actuel - ça tourne à la rengaine dès lors que l'électorat a choisi justement la Rupture - il serait plus efficace de se ranger en ordre de bataille en convoquant des idées neuves et une certaine discipline. En se donnant aussi la peine de comprendre que rien ne se fera contre les gens, qui seront consultés forcément soit avant soit après.
Cent trente ans d'échecs ne suffiront-ils jamais à nous remettre en cause ?
Les princes sont-ils providentialistes ?
Ou las ?

3 commentaires:

  1. Comme vous le dites, les votants ont choisi la Rupture...
    Oui, mais les choses ne vont pas tarder à se fissurer... La rentrée n'est pas encore faite, et le malaise finira par s'installer, lentement mais d'autant plus sûrement. Pas avant un an et demi à deux ans... Le temps pour que la moyenne se rende compte qu'elle a été flouée, une fois de plus, et aussi le temps pour que les énergies de contestation, qui seront syndicales - la Gauche ne se relèvera pas - se mettent en place et déjà elles tâtent le terrain ne serait-ce qu'en réinvestissant l'action militante, à travers des pétitions sur le service public ou des débrayages réguliers...

    Les princes prétendants officiels ? Ils sont incompétents à impulser quoi que soit, comme à tenir les espérances dont certains persistent à les charger.

    Le gouffre sera-t-il salutaire ?
    Tout est là.

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  2. Je ne faisais que relever l'impertinence des humeurs anti-système au moment où le peuple justement a mandaté M. Sarkozy pour s'en défaire.
    Un train de retard en somme.

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  3. Certes, le président détient un mandat qu'il n'honorera pas, et vous dites qu'on l'a élu pour se débarrasser des humeurs anti-système... Ce qui me laisse songeur, car je croyais que l'important pour les Français était d'éviter la dérive générale qu'ils perçoivent assez clairement sans vouloir peut-être se l'avouer, non de faire taire les contestations...

    Quoi qu'il en soit, il n'est ni possible ni souhaitable de greffer une monarchie sur l'actuel état des choses. Celui-ci tient le pilote, et je ne crois pas à un effet magique de la monarchie pour s'en dégager progressivement.

    Mais je rejoins votre avis sur l'acclimation possible, et celle-ci, dans l'esprit des Français doit démarrer sans attendre. La transition d'un état à l'autre - la seule transition salutaire - doit inévitablement prendre soin de mettre la clique à la porte.

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