vendredi 12 octobre 2007

Guevara l'ingérant

Vue de loin la légende de l'argentin Ernesto Ché Guevara est impeccable. La révolution ayant triomphé à Cuba, il est en charge de l'industrialisation d'un pays arriéré dédié à la canne à sucre puis le travail fini, pose le cigare et décide de cloner le modèle ailleurs, part en Afrique soutenir le jeune sauteur congolais Kabila qui est un cancre, revient en Amérique latine pour soulever les Indiens et finit en Bolivie dénoncé par un Français. Est-il vraiment parti de Cuba pour bâtir sa légende ? Ou fut-il convaincu d'aller exercer plus loin ses talents ? Etait-il ce pur guérillero ?

L'Express a réuni des témoignages qui donnent l'une des clés de l'énigme. Cliquez ici.
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Ernesto Guevara pensif
La légende du Ché est celle d'un révolutionnaire impitoyable et juste, mais il ressort de tous les témoignages et analyses que le personnage était très complexe, cultivé, asthmatique, très intelligent, à la fois compassé vers autrui par sa formation de médecin, et dévoré par une cruauté intrinsèque qui le laissait présider à l'éradication sanglante de ses ennemis et de beaucoup d'innocents qui croisaient son chemin. Mais peut-on faire et du sentiment et la Revolucion, reste la bonne question.
Le livre de Jung Chang et Jon Halliday, Mao, l'histoire inconnue, nous indique que ces grands hommes faisaient peu de cas de l'espèce humaine, travaillée comme un matériau qu'on prend, pétrit selon le programme, méprise et jette s'il résiste. Les paysans chinois sont morts par millions pour des conversations arrosées entre Staline et Mao, fin 1949.

Le départ de Cuba du comandante résiderait tout simplement dans l'incompatibilité d'humeurs entre son approche maoïste de la Révolution mondiale et l'approche pragmatique des Soviétiques, qui se satisfaisaient du partage du Monde entre eux et le Grand Satan capitaliste, les Etats-Unis d'Amérique. Vous pouvez écouter son discours d'adieu de la Havane en cliquant ici. Sans oublier qu'il n'est bon nulle part d'être le second d'un leader maximal tout en gardant son franc-parler. Raùl Castro qui, lui, fut le véritable ogre, restera tapis dans l'ombre de son frère, jusqu'à la délivrance actuelle.

Vingt millions de personnes dans le monde détiennent un T-shirt à l'image du Ché. Il s'en imprime quelques-uns de plus ces jours-ci et les hagiographes communistes tirent des numéros collectors. Au sens anglais, on forge la légende.

Avec Ché Guevara, on touche du doigt le matérialisme au sens premier qui "gère" les peuples par masses quasi-indivises. Bien des conscrits cubains de la dictature Batista furent abattus pour simple port de l'uniforme bleu. L'individualisation des peines était une perte de temps en procédure. On classait les prévenus arbitrairement dans une catégorie artificielle, et si cette catégorie était éradicable, on fusillait.

Notre grande Révolution française qui se veut la mère de toutes les révolutions, en fit autant. On assassinait une caste, voire une sous-classe, un uniforme. Mais ceci est-il le privilège des matérialistes ou existe-t-il des prédispositions dans l'ADN humain ? Les Japonais réinventèrent Tamerlan et se mirent à tailler du Chinois à Nankin comme on irait au débroussaillage. Ils impressionnèrent d'ailleurs les officiers de liaison nazis ! La leçon fut entendue et appliquée en Russie par la Waffen SS. Dénoncée et excavée de l'histoire où l'avaient enfouie les anciens combattants, elle resservit pour les Croates puis pour les Serbes qui renouèrent avec la barbarie médiévale à Srebreniça. Les Noirs du Darfour furent taillés en pièces par la cavalerie musulmane à chameau comme à la grande époque de la Conquête.

En ostracisant les responsables politiques et militaires, notre époque se bat pour que les divergences politiques ou de moeurs ne conduisent pas à ces massacres, et d'abord en séquestrant leurs avoirs bancaires et en interdisant de Grands Magasins leur femmes trop grasses. Fait-on assez ? Pas assez, mais le bras armé de la répression est malgré tout retenu en Birmanie, au Kurdistan, au Pakistan, et les fusillades d'hier cèdent la place à de simples emprisonnements dont on peut un jour réchapper, comme en Chine, en Iran, voire en Corée du Nord.

La (bonne) conscience universelle est utile dès lors qu'elle démultiplie la force de l'ingérence légitime dans les affaires atroces d'un Etat violent. Atteinte intolérable à la souveraineté comme le déclare l'ambassadeur chinois à Washington au Congrès qui va médailler le Dalaï-lama ? Atteinte souhaitable à l'arrogance chinoise.

Toute diplomatie est ingérence, c'est affaire de doigté. Hélas, le locataire actuel du Quai d'Orsay n'en a pas.

train blindé de batistaPour finir, on retiendra que lorsqu'ils descendirent de la Sierra Maestra les troupes de Fidel Castro n'étaient pas plus nombreuses que celles du Cid Campeador et qu'elles plièrent les supplétifs locaux de l'Amérique lourdement armés. La bataille de Santa Clara ne fut pas gagnée sur les ondes, ni par un soulèvement populaire, mais les pieds au sol, par de jeunes professionnels courageux qui attaquèrent le train blindé de l'armée régulière ! A méditer !

Viva la contra-revolucion !


3 commentaires:

  1. C'est toujours pareil!!!C'est trop bien d'être mort jeune et en pleine période de gloire, ça rend hyper connu!!Regardez Marylin, JFK, Jésus, Jim Morrison, Janis et Jimmy...Tous jeunes, tous morts, tous connus...Par exemple, je n'ai jamais vu de poster ou de T Shirt Fidel Castro... Moi je dis, si le Che il était était pas mort si jeune, il serait: soit en prison, soit à la tête d'une dictature, soit il aurait succombé à un cancer du poumon; où alors il aurait été assassiné par un concurent, et là il aurait été en core plus connu!!!

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  2. Le temps passant on s'encrasse les méninges, on s'endurcit, puis c'est le naufrage de la vieillesse et les regrets.

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  3. S'il y a une vie après la vie, c'est sûr que le Ché a de quoi raconter à la veillée malgré son "jeune âge".
    Que sert-il de vivre cent ans à presque rien faire ?
    Sinon d'attendre à pourrir dans un mouroir maintenant climatisé pour ensuite emmerder les anges avec le récit de ses maladies terrestres.

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