C'est l'annonce précipitée dans les journaux d'une "grève générale" des fonctionnaires et de leur excroissance estudiantine le 13 novembre prochain, qui m'a interpellé sur le jeu trouble des journalistes. Comme le soulignent sans être écoutés les représentants du pouvoir, rien n'est joué dès lors que les syndicats les plus responsables négocient toujours, mais le journaliste n'en a cure qui additionne les navets et les carottes pour, au constat d'une forte majorité, nous prédire une forte grève. Ce métier est envahi de cuistres.
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Les entretiens accordés à, ou sollicités par des responsables politiques ou syndicaux ne dévieront pas de cette question : "la grève sera-t-elle formidable, comme en 1995 ?". Pour vendre, il faudrait en convaincre les lecteurs même si au résultat elle ne s'avérait nullement formidable. Ce n'étaient que des estimations, chère médème, vous savez, les sondages !
Dramatisons en tout est le maître-mot de l'audience ou du tirage. A n'importe quel prix, tant qu'on n'égorge personne en direct dans les lucarnes bleues ; al-Qaïda s'abtenir.
L'autre exemple est la lamentable affaire de l'Arche de Zoé. La position des gens du Quai et de Rama Yadé sur cette affaire est plus que claire. Ils ont été informés et circonvenus. Sans doute a posteriori certaines mesures conservatoires auraient pu être prises, et l'unité de transport aérien militaire de l'antenne française au Tchad moins complaisante. Que savaient réellement les militaires français de ces humanitaires qui s'occupaient de pauvres petits orphelins du Darfour ? Rien !
L'affaire fait pschiiitt ! L'affaire devient politique, que dis-je, diplomatique ! Ainsi en ont décidé les journalistes, et l'Opposition qui n'a rien à faire que d'attendre cinq ans, leur emboîte le pas s'il y a quelques minutes pas chères à gagner sur les écrans. C'est plus juteux pour tout le monde ainsi. Pensez, des Blancs sympas mais pas vraiment nets - ils embauchent un pilote belge de 75 ans ! - achètent des gamins au Tchad, qu'on leur vend bien sûr, et se font attraper sur le tarmac d'Abéché, par hasard, ou peut-être même sur dénonciation des trafiquants tchadiens comme on le fait au Maroc pour le cannabis afin de toucher deux fois le prix du shit. Et la grosse caisse médiatique s'ébranle (on peut redisposer les lettres comme on veut). Le "charity bizness" met en péril les vrais humanitaires au détriment de tous les réfugiés qui seront pris en otage par les potentats locaux, etc. etc. etc. ... des morts et des morts ... as usual !
Vous n'avez pas beaucoup entendu les mêmes dénoncer le trafic d'esclaves noirs au Soudan par les musulmans, esclaves rachetés pièce par pièce par l'ONG Christian Solidarity International qui en dénombre des dizaines de milliers ! Ce ne sont pas 103 petits orphelins ! Steppique Hebdo avait fait son travail d'alerte derrière les Manants du Roi ; on peut cliquer ici. Mais il ne serait pas correct que les grands prêtres du Vingt-Heures stigmatisent l'Islam sur des données recueillies par une organisation chrétienne et donc de parti-pris. De plus, vous ouvrez la porte sur un tabou : la Traite arabe. Au moment même où tous les coups (et les coûts) de la repentance sont dirigés contre les nations européennes de tradition coloniale, vous agaceriez les ligues. On peut aussi cliquer ici vers un site "noir", pour un précis d'histoire concernant cette traite interdite de dénonciation en dehors de la sphère universitaire, parce que "traditionnelle". Le Tchad s'appelait autrefois Soudan français.
Le troisième motif d'inquiétude instrumentalisé par les journalistes est le campement sauvage des mal-logés à Paris. Certaines plumes amalgament toutes les catégories "sans" sous la rubrique des "droits à" afin de stocker du grain à moudre pour tout l'hiver. Même Depardieu-la-betterave a flairé le carburant promotionnel, qui se pavane dans ses offuscations. Il y a des problèmes sociaux à résoudre du fait de l'immigration, immigration due essentiellement à l'abâtardissement de la nation française qui a désappris à travailler. On connaît les solutions, et Mme Boutin en Chanel promotion sait faire. Il faut cheminer dans les arcanes de l'administration pour aboutir à loger tout le monde. Mais où serait le gras pour la presse si tout cela se résolvait en six mois sans tapage ? Il faut du bruit ! Fournissez-nous du bruit, des images, des odeurs !
Le Quatrième Pouvoir qui fut un temps le rempart de nos libertés - encore qu'il n'ait au final rien empêché de ce dont il nous avait prévenus - s'est mué en digesteur d'information dont il nous vend le compost le plus cher possible, de la façon la moins visible possible. La presse gratuite ne vivant que de ses annonceurs et donc à leur merci fait florès, les marchands de canons et les banquiers ont acheté ce qui restait de rotatives, à l'exception de journaux d'humeur qui pour survivre donnent dans le sensationnel ou la caricature. Il ne reste d'opposition au mainstream médiatique que trois titres disposant de tirages conséquents : Le Canard Enchaîné, Marianne et Charlie-Hebdo ! Mais ce n'est pas pour autant qu'ils se privent d'instrumentaliser l'inquiétude. Pauvre pitres !
Notre société est à la merci des médias. Pour le moment ils font de l'argent. Demain ils pourraient changer d'idée et nous gouverner. On me dit dans l'oreillette que c'est déjà fait ! Alors on plie les gaules ?
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Peut-être que cette pitoyable affaire de Children Rescue (Zoé) va mettre le gros projecteur sur les moeurs mercantiles soudanaises ?
RépondreSupprimerCet article me plaît énormément !
RépondreSupprimerCeci dit, il est innommable dans un société moderne de voir des gens coucher dehors. Je ne le pardonnerai pas à la pseudo-démocratie.
Thomas de la garde, vous pensiez que la modernité allait éradiquer la pauvreté ? Comment gagnerions-nous notre Salut sans les pauvres ?
RépondreSupprimerBonne idée que d'avoir mis en vitrine le bouquin Propaganda qui décode la manipulation des consommateurs de politique, comme ça se fait des consommateurs de conserves de viande sans viande.
RépondreSupprimerPour répondre à PV :
RépondreSupprimerJe n'ai pas parlé d'éradiquer, ni de pauvreté, quoique la pauvreté soit le signe d'une société en faillite.
De nombreuses familles, de nombreux individus sont pauvres aujourd'hui, et au-delà de la frange qu'un esprit "économique" pourrait accepter.
J'ai parlé de ceux qui couchent dehors, ce qui est inacceptable. J'en dénonce la société qui se dit moderne, et ce qu'on appelle maintenant la modernité est autre chose. Dans une société qui se proclame juste, qui vante sans arrêt son modèle, une telle hypocrisie, un tel mensonge sont inacceptables.
La pauvreté est un phénomène inacceptable dans une société digne, et s'il est vrai qu'il y aura toujours des pauvres, la pauvreté, elle, devrait être vaincue depuis longtemps. Et j'ajoute que ce n'est pas seulement le fait que nous soyons dans un régime dit démocratique ainsi que républicain qui me rend odieuse cette pauvreté générale : dans une monarchie, elle le serait tout aussi.
Vous devriez lire les pages de Bernanos sur les pauvres dans Les Grands Cimetières sous la Lune. Saisissant.
RépondreSupprimerJe ne sais si c'est à moi que s'adresse ce dernier mot, Catoneo, mais je réponds à son contenu :
RépondreSupprimerPourquoi faut-il un écran, une oeuvre littéraire entre nous-même et la réalité ?
Je vois des pauvres tous les jours, alors qu'a-t-on besoin pour comprendre ce qu'est être pauvre de revenir à une littérature qui a marqué une époque révolue et bonne à rien, sinon à avoir réduit presque définitivement toutes les espérances de ceux qui sont jeunes aujourd'hui ?
Voici deux jours vous-même souligniez qu'il fallait rompre avec tout ce magma en dehors duquel le monde royaliste est incapable d'aligner une phrase.
Alors si l'on veut des références, il y en a ailleurs que chez Bernanos et à commencer par descendre dans la rue ou visiter tous ceux qui travaillent au profit du Fisc et du Système.
Très bonne soirée !
Merci cependant du conseil !
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