Ce jusqu'à samedi dernier !...
Le roi d'Espagne excédé des insultes vénézuéliennes à l'endroit de son ancien premier ministre fasciste, José-Maria Aznar, s'est autorisé le por qué no te callas qui a fait le tour de la planète sudaméricaine. Que du bénéfice pour le goret Chavez qui ne vit que de provocations et réactions en retour. Il applique pour ce faire la formule de l'empreinte permanente sur les médias afin de maintenir à la Une ce qu'il croit être son leadership continental. Dès dimanche il lui a fallu rebondir avec des insinuations perfides sur l'implication "évidente" du gouvernement de Madrid dans la tentative de coup d'Etat de Pedro Carmona en 2002 à Caracas. Dans la soirée il a aussi parlé du génocide de la Conquista. Pas moins ! La question, qui n'intéresse plus personne sauf les journalistes "tendance repentance", est saluée par Fidel Castro que je croyais embaumé. Cette agressivité instrumentalisée n'a aucun intérêt sauf à faire parler d'autre chose que du sous-développement chronique des états latino-américains qui à l'exception des sudistes, rament dans une crasse indélébile, pire encore quand ils exilent le chat capitaliste pour attraper les souris de la misère (citation libre de Deng Xiao Ping). Il y a de grands progrès à faire sur la réforme agraire et le cantonnement des latifundiaires, mais chacun sait aussi que le morcellement de l'agriculture commerciale au profit (éphémère) d'une culture de subsistance, ne résout rien à terme. Pire, comme l'a montré le Zimbabwe !
Le thème du sommet ibéro-américain de Santiago du Chili n'était pas cette fois la géostratégie fumeuse mais "la cohésion sociale", avec des projets concrets comme par exemple un accord d'assurance maladie et retraite entre l'Amérique latine et la péninsule ibérique au bénéfice des nombreux migrants transatlantiques. Les résultats concrets n'intéressaient apparemment pas les "révolutionnaires" puisque Chavez a passé son temps (offert par le sandiniste Daniel Ortega) à pourrir la conférence d'un discours fleuve mais hors-sujet vantant les mérites de sa pétrodiplomatie, et Evo Morales, le président gazier de Bolivie, a choisi d'aller jouer au foot avec le numéro 10 de libero dans le dos à l'heure de la perdrix au chou !
L'agenda de Hugo Chavez n'est pas d'améliorer les choses du continent. Il est sur le chemin d'une autocratie viagère à la cubaine sous couvert de libération des peuples. Ce n'est rien moins que la succession du Lider Maximo qu'il vise, doublé de l'aura d'un Bolivar. En décembre 2006 il a inscrit le socialisme dans la constitution vénézuélienne, puis réformé les libertés de presse, expression et association. Depuis le mois de janvier il gouverne par décret - comme Pétain - la chambre s'étant dessaisie de ses pouvoirs. Un référendum annulant la limitation du nombre de mandats présidentiels est sur les rails pour 2010. Il lui suffira entre-temps d'avoir purgé l'armée pour reprendre le trône de Bolivar. La démocratie n'a jamais été qu'un outil de conquête pour le marxisme. Une fois le but atteint, on ferme les volets sur le bordel socialiste et chacun dans son coin se tait.
Comment cela marche-t-il ?
Il faut deux conditions :
- une faible culture politique des votants ouvrant leurs oreilles à la propagande ;
- les moyens de la propagande.
Les masses vénézuéliennes ne sont pas à la pointe de l'éducation, pas plus que les autres d'ailleurs sur ce continent. Le pétrole crée des tirelires qui à leur tour donnent les moyens d'acheter tous les vecteurs de propagande, et de détruire la "mauvaise presse". Le piège est en place, mâchoires ouvertes ! Ca doit fonctionner pour Chavez si Dieu lui prête vie. Por qué no te callas ? parce que J'ai un Destin !
La démocratie quand elle se départit de ses exigences de vertus, est une porte ouverte à l'infection despotique. Qu'en est-il chez nous ? Nos airs supérieurs sont-ils justifiés ? Les moyens de propagande sont ici réunis, mais pour une révolution à rebours. Le complexe militaro-industriel et bancaire a racheté toute la presse. Même l'Humanité a été perfusée par Lagardère et Bouygues en 2001 ! Les frères Dassault ont pris Le Figaro, Edouard de Rothschild de la banque éponyme a pris Libération, Bouygues (TF1) a lancé le gratuit Metro, Lagardère (Hachette) a Paris-Match et le JDD, et Bolloré (Havas et le CSA) arrive avec deux gratuits et la chaîne Direct 8. Quant à la presse économique elle est passée dans les mains de ceux qui font l'économie, c'est plus simple ! Tous ces gens sont nés entre Levallois, Neuilly et Boulogne-Billancourt (humour), tous au début des années 50 (humour). Restent à l'ombre, Marianne et le Canard Enchaîné. C'est peu comme presse de "gauche" pour un pays de 60 millions d'habitants !
Les masses démocratiques françaises sont-elles aussi frustres que leurs soeurs andines ? Oui et non !
A l'exception des rêveurs du Grand Soir qui comptent se payer sur le bourgeois avant qu'il n'aie pris l'avion, la plupart des gens ont compris que le pays doit se réformer à peine de faire tout simplement comme l'Argentine. C'est pourquoi Sarkozy a été élu avec une telle avance sur son concurrent et maintient un score honorable de confiance (59%). Reste à faire admettre la réforme par les réformés !
Tout va se jouer sur le bras de fer emblématique entre le pouvoir et les catégories protégées. Si le pouvoir passe sur le ventre de la CGT cette semaine, la Réforme de notre société pourra se poursuivre comme il est advenu chez tous nos voisins. Alors on pardonnera au président l'exercice ludique de sa fonction et son goût immodéré des jets et des estrades. Il ne nous restera qu'à lancer ou relancer des vecteurs d'information capables de rivaliser sur le champ politique avec les médias captifs actuels. La Réforme aidant, la santé mentale de nos concitoyens reviendra progressivement avec l'espoir d'une amélioration d'ensemble. La capacité d'écoute sera propice à la propagande de notre offre institutionnelle.
Si le pouvoir bronche comme en 1995, c'est tout l'ouvrage qui sera frappé de péril et pour le masquer, on mettra un illusionniste comme David Copperfield à Matignon, de préférence au bossu du Poitou. Il ne sera dès lors question pour le président que de garder le pouvoir pour le pouvoir, comme son prédécesseur, avec probablement une dérive populiste à la Chavez, rendue possible par la planète Média au service de laquelle il se mettra fatalement, parce qu'au contraire du goret andin, il ne disposera jamais d'une infanterie indienne disciplinée. Le pays s'enfonçant mais pas ses privilégiés, tous les moyens seront bons à masquer la fracture sociale réglée sur traites de cavalerie tirées sur les générations à venir, et il ne pourra pas y avoir de place pour la contestation, en dehors des organes de contestation officielle que seront devenus les syndicats, engoncés dans un rôle pré-écrit.
«Por qué no te callas» passera en subliminal sur les écrans de nos télévisions.
Sauf à émettre depuis des bases expatriées, nous serons noyés, littéralement.
Ici Londres !
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