samedi 22 décembre 2007

The Gutter Race

HuckabeeLa campagne présidentielle américaine entrera dans le vif du sujet sous quinzaine avec les Primaires. Elle a commencé au début de cette année par la levée des fonds de campagne par chacun des candidats des deux bords. Vous remarquerez en cliquant sur le nom des candidats le professionnalisme des sites, et que chacun s'ouvre sur le formulaire de contribution ; on est américain et pratique ! Curieusement ce ne sont pas les plus "riches" aujourd'hui qui mènent le train, mais les plus "assimilables" par les cerveaux formatés de l'électorat moyen. Le plus doué peut-être dans la mise à niveau - d'aucuns diront l'affaissement intellectuel - est le pasteur-gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee qui, inconnu quasiment il y a trois mois, sans gros moyens et soutenu par une équipe de campagne squelettique - essentiellement sa famille proche -, est devenu le leader républicain et la cible des satrapes du GOP ou Grand Old Party...

Le mormon Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, dénonce le programme "d'école primaire" du pasteur et les spins doctors de son équipe fouille les poubelles de l'Etat d'Arkansas 24h sur 24. Ils trouvent ! Le parrain new-yorkais Rudy Giuliani qui s'est laissé prendre dans les rets de l'argent facile et nauséabond tente de survivre au chaos républicain avec sa carte du Onze-Septembre, mais elle commence à s'écorner depuis que les anciens chefs de la police ont pris publiquement leurs distances avec le "héros médiatique" de la sécurité urbaine de Big Apple.

Bauer alias ChalaisSeul le héros-vétéran John McCain, sénateur de l'Arizona, s'abstient de curer les égouts de ses adversaires car il en a souffert lui-même dans la campagne précédente contre GW.Bush. Dans les "Chocolats de l'Entracte" (Stock 1972), François Chalais relate sa visite à l'hôpital de Hanoï où le pilote de bombardier était soigné. Deux bras brisés et la jambe cassée par une éjection défectueuse de son siège, McCain avait ému le reporter qui avait noté son courage dans la douleur, sans s'empêcher de mettre en parallèle qu'il avait bombardé 23 fois Hanoï avant de se faire descendre au dessus du lac Bach Truc : Que pèse un prisonnier blessé en face de tant de gosses tués ou affreusement mutilés par ses bombes à billes ? Quand on massacre des civils avec des bombes à fragmentation dont les fusées sont réglées pour exploser bien avant le sol, on peut prendre sa retraite et ne plus donner de leçons. L'héroïsme a-t-il consisté à s'éjecter et survivre ? Apparemment oui, le site de campagne de McCain offre en page d'accueil sa photo sur son lit de Hanoï.

ClintonEn face, chez les Démocrates, la guerre civile fait rage tout autant. Le chouchou des média, Barak Obama souffre du handicap du métissage, pas bien blanc pour les Wasp et les Red Necks, pas si black que ça pour les Noirs. Et malgré le support tapageur de la vedette Oprah Winfrey, il est mis à la torture quand l'équipe Hillary Clinton s'inquiète de ses convictions alors qu'il s'est abstenu de voter 130 fois au sénat de l'Illinois en huit ans seulement. Ça tue. Laquelle équipe Clinton use de la désinformation la plus vile en diffusant des tracts injurieux signés de ses adversaires.
Celui que toutes les belles mères mûres de la côte Est auraient voulu comme gendre est John Edwards, mais cela ne suffira pas face à l'entreprise de démolition de la sénatrice de New York.

Nos journaux français vont commencer à conter par le menu cette course de caniveau, nous n'anticiperons pas. Par contre il est l'heure de dénoncer la procédure de choix de l'homme le plus puissant du monde. Bien sûr les "démocrates" auront beau jeu de dire que c'est une comédie dont le script est précis et la mise en scène variée, mais qu'au bout de la trajectoire c'est un "embrassons-nous Folleville général". Pas du tout !

Le cirque démocratique américain a fabriqué Bush junior avec la complicité de la Cour Suprême et quelques ajustements de scrutin dans l'Etat gouverné par son frère. Il l'a confirmé au motif sans doute qu'on ne change pas de cheval au milieu du gué, ce qui s'applique bien à un ranchero. Le gouvernement bunkerisé Cheney-Bush est tellement mauvais que non seulement il est en passe de couler le GOP dans l'opinion, mais surtout qu'il commence à être pilonné par sa propre administration. Du jamais vu nulle part. La communauté du Renseignement publie son rapport NIE qui prend l'exact contre-pied de la thèse officielle à la Maison Blanche.
Si le champ de manoeuvre de la présidence américaine était limité aux marches de l'empire, nous pourrions seulement leur souhaiter d'améliorer leur système pour une société plus juste, plus fraternelle et tout le tintouin. Mais la Maison Blanche, la FED et Wall Street gouvernent le Monde par les armes, la monnaie commune universelle et la présidence de la planète Fric !

Time PoutineNos démocraties européennes ne réagissent pas vraiment, pire elles se laissent glisser à copier le modèle américain. Sauf en Russie ! Quoiqu'il advienne au pseudo-csar Poutine - surtout si le marché des hydrocarbures et des matières stratégiques se retourne - il aura fait la démonstration qu'un pays effondré sur lui-même se redresse par l'ordre et non par les effervescences démocratiques. Bien sûr, la gestion quotidienne de l'Ordre dérape souvent en Russie où l'on a du mal à rompre avec une longue tradition de l'assassinat, et les victimes sont nombreuses dans le champ et hors du champ politique. Mais à mesurer le chaos laissé par le président Eltsine on se doute un peu que ce ne pouvait être une promenade de santé.
La dérive autocratique est dans les moeurs russes, la popularité du président actuel en témoigne, jusqu'à défier Condoleezza Rice qui s'émeut publiquement des reculs démocratiques, dont tout le monde ou presque là-bas se félicite dès lors que le bol à bortch est plus grand. On notera que le pouvoir complètement décomplexé a dépassé le stade des remontrances et recommandations aux pays étrangers, et agit concrètement. Il livre la charge d'uranium civil pour sa centrale en Iran. Il fait manoeuvrer l'escadre ; et va s'impliquer sous peu dans "nos" affaires africaines en y entrant par la Libye !

Tous les régimes politiques ne se valent pas, et la démocratie maîtrisée qui se pratique en Occident et au Japon n'est pas le pire bien évidemment. Par contre son exercice est sans grand effet s'il ne s'appuie pas sur une puissance. La Russie en respecte les formes, la lettre mais peut protéger ses intérêts en grignotant les nôtres car elle recouvre de la puissance. Le Japon va dans le même sens, qui s'inquiète du blanc-seing occidental à la Chine Populaire à laquelle on a donné Taïwan en pâture pour apaiser ses appétits impériaux. Les Etats-Unis ne s'inquiètent pas de la gutter race dès lors qu'ils conservent une suprématie incontestée de leurs armées et de leurs banques. Restent nous ! Pauvres nous !

SarkozyEmpêtrés dans une solidarité hors de prix pour nos petits moyens, incapables de vraies réformes, et addicts de la comédie du pouvoir comme jamais aujourd'hui depuis la pipolisation effrénée des acteurs politiques - M. Sarkozy se rend à l'audience du saint-Père en costume de ville entouré d'une "bande de copains" -, nous ne voulons pas privilégier le renouveau de notre puissance, quels que soient les domaines et les cadres, l'Europe n'étant pas le plus mauvais.

En conséquence de notre désindustrialisation, nous sommes ouverts aux quatre vents et littéralement pompés par le Tiers-monde (300 millions $ à l'Autorité palestinienne alors que nous avons des milliers de gens qui vivent dehors ou dans les maisons de Cadet Roussel), nous affichons des déficits dans TOUS les compartiments du jeu, ce qui diminue d'autant notre influence, notre autorité. Passé les proclamations il faut avancer nos pions, nos armes ou nos virements ! Hélas.

C'est ainsi qu'entre les Etats-Unis assez mortifiés de leurs aventures orientales et la Russie impérialiste qui a décidé de ressortir de chez elle, ne va se trouver qu'un seul coin pour bloquer l'étau : l'Allemagne. Soyons sûrs que ce rôle donnera lieu à fructification politique à notre endroit. Nous disparaîtrons de la table de conférence des grands non en vertu de textes que nous aurons mal compris et signés, mais simplement par la non-convocation de la France à ces réunions, car elle ne fera plus le poids sans que cela ait pu diminuer son impossible et bruyante arrogance. Il y a eu des précédents.
Il suffit déjà de mesurer l'impact "concret" de nos prises de position les plus connues : Liban, Darfour, Turquie, Irak ... suivez Kouchner.
Les gens utiles et compétents ne sont pas aux places qu'ils méritent, à moins qu'ils ne montrent eux aussi déjà un désintérêt certain pour la gutter race.
Alors remettons le roi en ses conseils !


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