vendredi 7 décembre 2007

bonnet blanc, blanc bonnet

Ségolène Royal
J'ai regardé hier la première partie de l'entretien de Ségolène Royal et Arlette Chabot sur la 2. Puis j'ai roulé de sommeil du canapé et n'ai pu accéder à la conclusion finale. Y survivrai-je ?
Je ne commenterai pas les performances personnelles plus que de dire que Mme Chabot cherche à faire du chiffre (Audimat) en posant des questions subalternes qui excitent l'auditeur médian, et Mme Royal a peu appris de sa défaite, qui reste dans ce rôle d'ingénue usée par les responsabilités secondaires ou locales. Ça sonne faux. Ça ne lui va pas !...

Le futur secrétaire du Parti socialiste a passé son temps d'expression à se recaler sur le programme de son ex-adversaire, disant ce qu'elle aurait fait de plus, ce qu'elle aurait fait de moins, voire autrement. Comme le criait l'ajusteur de chez Messchermitt : bonnet blanc et blanc bonnet ! Dans une discussion sur le forum de l'Action française j'ai pris la liberté de définir l'escroquerie démocratique par la congruence des acteurs appelés à gouverner :

Il y a une convergence idéologique des influenceurs vers un mieux dogmatique qui aboutit à réunir l'Opinion sur un programme commun, déclaré le seul workable et affublé de variantes destinées à sauvegarder l'illusion du choix, comme on le fait des coques de couleur d'un téléphone portable.
Le choix à exercer par le peuple, un seul jour souverain, est donc réduit aux couleurs déposées, toute alternative au-delà est réputée aboutir au chaos. Dès que s'ouvre une période électorale, la responsabilité de l'électeur est convoquée à éviter ce chaos, en restant dans le courant général expliqué par les savants du prêt-à-penser.

La responsabilisation est ardente et prime tous autres détails des programmes. Ainsi les offres des extrêmes sont-elles classés comme des mines sociales quand ce n'est pas le bannissement de la nation des enceintes diplomatiques qui est prédit – comme M. Chirac l'a instrumentalisé à l'endroit de l'Autriche –, et les offres exotiques comme la monarchie sont traitées sur le mode ironique, car il faut bien se détendre un peu dans toute cette grisaille.

Choisir Mme Royal aurait sans doute permis de faire en rose bonbon la politique bleue horizon actuelle, mais les fondamentaux n'auraient pas vraiment changé, caisses vides, privilèges arrogants, corporatismes enragés, diplomatie supplétive, fédéralisme honteux, prime aux riches.

Pourtant elle a dit quelque chose de juste : « parfois l'histoire a des accélérations ». Nous, royalistes, comptons beaucoup sur ces accélérations. M. Bayrou, gonflé à l'hélium médiatique, n'a pas vu l'ouverture – c'est un mauvais rugbyman - quand elle fit la démarche d'aller jusque chez lui comme une escorte du Warwick Hotel pour le dévergonder. A eux deux ils auraient pu gagner, de peu sans doute, mais gagner. Elle était trop en avance sur son discours et a montré là des qualités politiciennes plus affûtées que celle du centriste extrême. Notre bayrou aura-t-il le réflexe du demi d'ouverture ?

Nous avons déjà dénoncé la supercherie de faire trancher par de braves gens des causes qui les dépassent et de bien se garder de le faire sur de sujets proches de leur sphère de conscience civique, car ils gripperaient le tourne-manège politique de base local. Aussi est-il bizarre de s'appuyer sur l'expression démocratique d'un choix stratégique – en l'espèce le référendum de mai 2005 contre l'Europe et Chirac – pour dénoncer une forfaiture de la part de la représentation nationale qui se saisit (ou est saisie) de la réparation d'une bévue souveraine , sans dénoncer dans le même élan la représentation nationale en son principe même de modèle démocratique. Pays réel, pays légal. On connaît bien le second, moins le premier, il faudra y revenir.

Dès lors qu'on projette de brider l'immigration et que s'éloigne la crainte de voir les Turcs nous commander, le courant général évoqué plus haut va vers l'Europe fédérée. Comme le choix présidentiel est de ratifier notre Canossa par les chambres réunies qui le soutiennent à fond, il n'est pas utile de responsabiliser l'électorat qui n'est plus invité à la dramatisation. C'est pourquoi la campagne souverainiste en cours n'a aucun écho dans les médias mainstream puisqu'elle est en porte-à-faux pour la raison précitée ; ce sont des représentants de la nation qui la mènent.

La seule voie de contestation est de démontrer que la démocratie représentative d'échelon national s'avère aussi perverse que l'escroquerie démocratique d'étage régalien et que le souverain n'est pas là où on le cherche en droit.

Mais c'est plus compliqué car il faut être « anti-démocrate » ou mieux dit, un vrai démocrate à la mode du canton suisse. Compliqué si l'on veut faire carrière en république jacobine


In cauda ... les nonistes assuraient l'air entendu qu'il y avait bien sûr un plan B. Après la victoire incontestable du Non à laquelle j'ai participé, j'ai attendu, confiant. Ils ne l'ont pas produit.

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