Les flux de la spéculation financière mondiale représentent trente fois le PIB mondial, à ce que nous confie la Faculté de science-éco ! On sait que les cours du baril de brut ont été portés au niveau de 100$ par les contrats spot de pure spéculation ; les criquets s'en détournent-ils pour le cuivre ou le soja que le pétrole s'effondre et que les armées chilienne et brésilienne s'équipent alors contre le Vénézuela ! Quelle coalition d'états serait capable d'y tenir tête ? Aucune au moment, et un état même grand, encore moins tout seul. La France n'est pas de taille, et le projet de coalition qu'elle réchauffe en vue de sa présidence de l'Union européenne, n'intéresserait que l'Italie en pleine déconfiture politique, à la veille de se briser territorialement ...
Non au gouvernement fédéral économique européen supposé cadrer les décisions de la Banque centrale européenne de M. Trichet ! L'Allemagne n'en veut pas, car elle tient déjà ce rôle à elle seule et ne voit pas qu'un pays au seuil de la banqueroute (la France) béquillé par le parangon de la gouvernance bordélique, puisse l'obliger à négocier ses choix financiers et donc économiques.
L'autre grand de la planète Fric européenne, la Grande Bretagne, n'est pas prête à passer sous la coupe de M. Trichet, et gagne des milliards en spéculation de tous ordres, dont elle ne corrige les effets pervers que lorqu'ils la touchent directement sur son sol, mais jamais ne bride le fonctionnement quotidien. La City de Londres est redevenu un géant mondial dans ce qui n'est plus le marigot à caïmans d'autrefois, mais une sorte de conurbation mondiale, câblée à la fibre optique à grand débit, sur laquelle le soleil ne se couche jamais, et que d'aucuns ont nommé NyLonKong, un acronyme pour les trois cerveaux financiers terrestres qui nous dictent leur loi : New York, Londres et Hong Kong (Shenzhen va s'agréger mettant HK au niveau des deux premiers).
S'il n'y a pas de gouvernement mondial - y en aura-t-il un jour au sens politique que nous lui donnons ? - il y a une galaxie "gouvernée" par l'anarchie des marchés, humeurs, rumeurs, trente fois plus grosse que notre planète bleue, qu'elle enferme.
Des esprits forts, alertés par la taille incongrue du phénomène, ont tout de suite pensé à le taxer (Tobin) pour résoudre les fractures civilisationnelles de l'espèce humaine, comme s'il était possible d'en capturer l'assiette fiscale ailleurs qu'au tableau noir. Ben Laden réfugié au Waziristan doit être plus facile à attraper qu'un flux spéculatif aussitôt externalisé. Mais sans doute le projet fumant de maîtriser la Spéculation va-t-il nourrir d'immenses cohortes de conférenciers et autres think-tankistes. Attendez-vous à un assaut général d'experts sur vos écrans, ça fait vendre le CocaCola et impressionne le bourgeois.
Ces évidences mettent en cause le concept de souveraineté nationale âprement défendu par l'arrière-garde de l'Ost gaulois. Le projet politique du président actuel est ruiné par la mollesse de la croissance européenne, le décrochage de la devise américaine plombée par les déficits monstrueux de l'hyperpuissance, et le défaut de contrepartie des junk bonds et autres subprimes pulvérisés sur tout le système bancaire international - en clair, par la patate chaude des gros risques. Lequel de ces paramètres est-il entre les mains du pouvoir français ? Aucun ! En fut-il de même dans le passé, sous les gouvernements éclairés à la lampe à huile de la V° République ? Oui !
La seule contribution notable de la France à la galaxie Fric était le marché des sucres blancs à Paris. Disparu en 1974 dans l'explosion de sa propre bulle !
Les moulins à vent de la Spéculation sont indestructibles, et l'assaut des responsables politiques, risible, voire populiste. Il est illusoire de vouloir maîtriser la Spéculation comme le prétendent MM. Prodi et Sarkozy ; un seul chemin pour amoindrir ses effets sur la vie de nos concitoyens : retrouver une puissance économique génératrice de capitaux et dividendes (financiers et sociaux), permettant à nos dirigeants d'entrer dans le Club et de manoeuvrer de l'intérieur à la marge. Ce que la Grande Bretagne a réussi et que l'Allemagne espère copier, la France devrait y parvenir après que le pays aura été réformé en profondeur et son Etat pachydermique recalibré.
Si l'on ne comprend pas que c'est la seule démarche susceptible de maintenir visible dans ce siècle une entité nationale appelée France, il faut tirer l'échelle !
A quoi bon s'épuiser à lutter pour un pays cabré par son orgueil ridule et battu d'avance au plan économique. La mondialisation tant décriée dans le camp souverainiste qui n'y comprendra jamais rien, doit être appréhendée comme un théâtre d'opérations extérieures (TOE). Avant, on donnait des croix aux Français qui s'y distinguaient ! Ceux qui s'y risquent encore - ils sont quand même plus de 1,4 millions - ne souhaitent rien d'autre qu'une meilleure pugnacité de la mère patrie, qui leur redonne une image offensive ailleurs que dans la restauration, le parfum ou la maroquinerie. Ils sont au front ; on serait bien avisé de les entendre de temps en temps ; certaines choses sont mieux perçues de l'extérieur.
Les fondamentaux de la métropole sont bons. Savoir-faire technologique de pointe, inventivité et adaptabilité d'une jeunesse intelligente et curieuse, goût inné de l'ingénierie et du développement scientifique, capacité de projection à l'extérieur des frontières de challenges personnels (rémanence de l'empire), démographie positive, terroirs riches et variés, une certaine fierté d'être français - quel bonheur d'entendre Jo-Wilfried Tsonga - et cette culture inimitable qui fait de la France le salon où viennent causer les esprits fins après le vacarme de la culture mercantile de masse.
Par contre les fondamentaux de la République sont épuisés. Revendication de liberté contrebattue par l'idéologie égalitariste, mise en coupe réglée des forces vives au motif d'une solidarité sans bornes, fraternité et connivence des puissants, justice de classe, opacité des projets politiques manipulés pour la Communication, train de vie somptuaire de pouvoirs précaires donc limités dans le temps d'exposition aux avantages de la charge, bureaucratie pléthorique - 1 fonctionnaire pour 3 actifs -, caisses désespérément vides sauf d'assignats, et surtout aucun dessein national.
Fonder le renouveau national sur le sursaut républicain à la manière des bonapartistes modernes est un escroquerie intellectuelle, ce régime est génétiquement celui de l'affaissement et du faux-semblant. Régime impécunieux et prodigue, la République a toujours cherché vingt sous pour faire un franc. Revenons au modèle qui construisit nos gloires anciennes, même si au pantographe de la mondialisation notre espace et notre influence ont fortement étréci. Du moins serons-nous à nouveau un noyau dur autour duquel d'autres viendront bâtir et ce faisant, le consolider.
*Post-scriptum :
Ceux qui s'ennuient de ce rabâchage doivent consulter les mouvements browniens de la Bourse pour amortir leur connexion Web et exercer leurs neurones.
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