mardi 29 avril 2008

Indépendance & guerre directe

De l'indépendance - chapitre 2/3.
Le second volet de notre exercice d'explication de l'indépendance nationale concerne l'ultima ratio, l'indépendance militaire. Il faut dire d'entrée que nous sommes ici moins dépendants d'autrui que dans l'économique. Nous traitons aujourd'hui de la stratégie directe, la plus facile, réservant la stratégie indirecte à plus tard. On y va ?

vallons de Champagne
Aux quatre paramètres de notre environnement (UE, Euro, Occident, Chrétienté) il faut rajouter une Géographie "spécifique". Manière de signaler qu'elle est extraordinaire et que nous ne pouvons nous en défaire. La France est le plus beau pays d'Europe et pour ceux, dont je suis, qui sont allés plus loin, le plus beau du Monde. Au coeur du continent, ouvert sur la grande plaine du Nord, il distribue quatre mers et deux grandes péninsules dont il se garde par de hautes montagnes. La géographie a fait la France ; la France que nous aimons ; ce qui est rassurant puisqu'on n'arrache pas si facilement l'empreinte à sa matrice.

Finistère du continent eurasien, la France a le dos à la mer derrière les frontières naturelles que donnent le Rhin d'Alsace, le Jura et les Alpes, mais son angle nord-est est ouvert à tous les dangers. Ainsi, bien que nous soyons le seul pays à accéder directement à toutes les mers ouvertes d'Europe, nous n'avons pu développer chez nous une marine insurpassable parce que notre exposition aux dangers terrestres était trop grave.

Chaque fois que le Grand Puant et sa horde de freux se mirent en marche vers le soleil couchant, cent ans plus tard des casques à cornes aux yeux bleus forcèrent la trouée de Saverne. Parmi les derniers venus, les Francs ressentirent le complexe du compartiment et comprirent que pour fermer derrière eux la porte de ce magnifique eldorado (le terme naîtra plus tard), il fallait être fort et bien commandé sur tous les fronts simultanément. Nos rois privilégièrent donc l'unité de commandement direct de préférence aux alliances, même sous le régime de secours mutuels de la féodalité. Le danger étant au nord-est, la monarchie phagocytera patiemment ses marches orientales et il s'en faudra de peu qu'elle ne réussisse à fermer l'angle dangereux, au fossé naturel de la Meuse et du Rhin mosellan.

les Goths
Dans cette situation unique de cage de football, la France eut à subir tout au long de son histoire le choc frontal des coalitions de toute nature. La Nation n'eut que le choix de se renforcer en continu ou disparaître, jusqu'à devenir une sorte d'Ost colossal que ses voisins venaient défier régulièrement pour s'affirmer eux-mêmes. France, mère des arts, des armes et des lois, écrivait Du Bellay. Que reste-t-il aujourd'hui de cette stratégie du mur infranchissable, de cette obsession de la guerre directe ?
La force de dissuasion, pardi !

La France de la République - c'est Guy Mollet qui en 1956 lança les études - comprit que la guerre directe nous serait un jour fatale et que nous l'avions échappé belle. La guerre de Quarante terminée, l'URSS remplaçait déjà le IIIè Reich à la fenêtre de nos inquiétudes. On ne pouvait faire l'impasse à aucun motif sur un affrontement probable. Par suite des dégradations matérielles et morales de la nation après deux invasions subies sur cet angle nord-est, nous devions compenser notre déclassement de degré sur l'échelle de la menace, en changeant celle-ci de nature. Si vingt divisions mécaniques ne pouvaient que vaincre une armée de cinq divisons, il n'en allait pas de même dans le rapport de forces d'une guerre apocalyptique. Il n'était pas utile de surclasser l'ennemi au jour et au lieu prévus pour percer ses lignes et le vaincre. Il fallait le menacer de disparition par notre propre disparition. Une attitude de kamikaze, en fait. Personne n'a souhaité savoir si ça marcherait. Observons néanmoins que nous sommes encore tous là pour en discuter.

champignon atomique sur l'océan
Plutôt que kamikaze, la dissuasion ressortissait en fait au billard à trois bandes : Deux adversaires formidables en capacité d'overkilling ; au milieu d'eux, le petit poucet atomique. Attaquer le petit poucet obligeait à détruire simultanément le plus possible des forces du grand adversaire car les dommages attendus de la part du petit poucet affaibliraient gravement la masse offensive de départ, ce dont l'autre grand adversaire prendrait avantage immédiatement, à moins d'être neurasthénique.

Mis à part la suppression des fusées balistiques du plateau d'Albion, qui étaient enfouies là pour lever le doute sur les intentions de l'ennemi, notre force de dissuasion est intacte. N'y voyez aucune ardente obligation de conserver l'héritage, la formule est tout simplement la moins onéreuse pour l'effet recherché : éviter la guerre directe.

A peine de se dissoudre comme l'or dans l'eau régale, cette arme de kamikaze ou ce poker ne peuvent être évidemment confiés à personne d'autre qu'un chef d'Etat français. Quiconque d'autre que lui n'en saurait rien faire et ne serait pris au sérieux. La force de dissuasion est l'archétype de notre indépendance.

bataille de Denain
Aujourd'hui les deux grands adversaires se parlent courtoisement et il n'est pas dans les conjonctions astrales qu'ils en viennent à l'apocalypse de sitôt. Par contre, si la menace de guerre directe sur notre angle nord-est est improbable avant longtemps, ils ne sont plus seuls à disposer de la Terreur atomique. La Menace comme tout le reste, s'est globalisée.

D’une certaine façon nous avons gagné la guerre directe. L'arme nucléaire restera dans nos mains, ce qui contraindra nos gouvernements, par l'essence même du concept, à une certaine indépendance. N'avait-on entendu dire que nous offririons "notre" parapluie à nos voisins continentaux ? Fadaises que cela. Reste la question plus complexe de la stratégie indirecte : évaluer les menaces et les espaces où elles naissent, mesurer l'importance de la surveillance et de la riposte exigées, tout ceci fera l'objet d'un prochain billet.

SNLE L'Inflexible


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lundi 28 avril 2008

La Conférence monarchiste

logo CMIUne chapelle nous est née. Attendons les rois-mages. Sixième* chapelle ou troisième** confédération, voici venue la Conférence Monarchiste Internationale.
La charte octroyée observe que « Nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé, qui tend à niveler les réalités humaines, culturelles, historiques, économiques, philosophiques, religieuses... Alors même que la Monarchie consiste à replacer le facteur humain au cœur des préoccupations politiques, la mondialisation, au contraire, tend à faire de l’humain un simple paramètre de développement économique ».
Elle dispose ainsi des intentions de ses fondateurs : ...

« Nous ne prétendons pas former ou constituer un parti Monarchiste international. Nos réalités nationales, nos objectifs respectifs seraient en contradiction avec une telle utopie. En revanche, il nous apparaît que nous ne pouvons plus nous permettre de lutter en ignorant, délibérément ou par paresse, les luttes et les aspirations de nos voisins et amis monarchistes partout dans le monde. Il est temps de fédérer les énergies. ».
Les blogues, entre autres vecteurs d'idées, sont convoqués es qualité.
La charte in extenso en cliquant ici.

L'organisation tout récente n'offre pour l'instant qu'un forum et prépare un site de librairie monarchiste. Elle devrait s'enrichir d'échanges entre les divers courants qui s'y abonneront.

logo CMI SYLM
Adhèrent déjà le Parti National-Monarchiste Algérien, l'Australian Monarchist Alliance, la Belgische Unie - Union-Belge,
la Résistance Royaliste de Belgique, l'Association Pour l’Unité Khmère, la Imperial Qing Restoration Organization et le Manchukuo Temporary Government (?!), l'Alliance Royale, le Centre Royaliste d’Action Française, le Groupe de Liaison Royaliste, l'Institut de la Maison Imperiale d'Haïti, The Imperial Iranian Guards, l'Alleanza Monarchica, l'Istituto Nazionale per la Guardia d'Onore alle Reali Tombe del Pantheon, le Partito della Alternativa Monarchica, l'Associazione Culturale Tricolore-Italia, l'Organizacja Monarchistów Polskich, l'Aliança Internacional Monárquica Portuguesa, le Centar za Istrazivanje Pravoslavnoga Monarhizma, le Forum Ducatus Carniolae et le Mouvement Royaliste Tunisien.

Longue vie à la C.M.I.
www.monarchiste.com


Nota :
* les cinq chapelles sont dans notre colonne de gauche.
** les deux précédentes confédérations étaient le Groupe de Liaison Royaliste et la Charte de Fontevrault.



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samedi 26 avril 2008

De l'indépendance

avion TGVL'Action française étudiante va quitter les oripeaux du souverainisme, concept politique galvaudé s'il en est, à la limite, marque de cachous. Qu'est-ce une souveraineté sans souverain ? Le peuple ne peut être "souverain" ; le souverainisme républicain est dès lors un songe creux que le traité de Lisbonne a achevé.
Le combat est dorénavant celui de l'indépendance nationale. L'objectif a le grand mérite d'être clair.

Nota : Le forum ViveLeRoi a collecté le fil "Du souverainisme" qui fut déroulé sur le forum d'Action française aujourd'hui fermé ; nous y renvoyons ceux qui désireraient approfondir cette idée ; les contributeurs qui s'impliquèrent dans cette discussion nous apprennent des choses.

Une vraie politique d'indépendance signifie simplement, qu'à travers les accords, les alliances, voire les amitiés si d'aucuns y croient encore, et tout en considérant que la France s'est projetée il y a longtemps dans l'univers et n'a pas de raison de rétrécir son audience tant qu'on ne l'y force pas, et qu'elle n'est pas seulement une fraction étriquée d'une seule région du monde mais un petit monde à elle seule, signifie donc que nous soyons maîtres de nos décisions, et par exemple ne pas nous trouver embarqués dans des conflits économiques ou militaires qui ne sont pas les nôtres. Bien sûr, économiquement personne n'est libre aujourd'hui, même pas la Corée du Nord !
L'indépendance d'une nation moderne dans un monde globalisé résulte de la construction patiente de ses interdépendances et de leur gestion avisé.

Commençons peut-être par l'environnement géopolitique où ces interdépendances vont agir.
Quatre évidences sont incontournables (ça commence mal) :
1.- l'Europe institutionnelle
2.- la monnaie unique
3.- l'appartenance à l'Occident
4.- les racines chrétiennes indélébiles

[1]-U.E.
satellite GalileoDans un monde d'empires-continents comme celui qui émerge de l'Histoire aujourd'hui, les petites nations péninsulaires comme la France doivent phosphorer intensément pour exister dans les enceintes décisionnelles. Celles qui sont enclavées ont déjà disparu de la scène internationale. Mais le rapport des tailles est tel qu'il nous faut adosser nos propositions à une Europe occidentale organisée qui fasse le poids dans le domaine en cause au moment. Si nous réparons notre Etat et notre économie, nous aurons capacité à participer au triumvirat naturel de l'Europe institutionnelle avec nos deux ennemis héréditaires (humour), la Grande Bretagne et l'Allemagne. Peut-être devrons-nous freiner certaines arrogances pour obtenir leur concours dans les grandes affaires du monde où nous nous présenterons, en commençant par connaître à fond leurs intérêts propres, dont la subite découverte semble toujours étonner les conseillers appointés du prince quand ils sont durement tacklés, comme sur le hochet sarkozien de l'Union méditerranéenne.

Sans le renfort de l'Europe et son instrumentalisation intelligente, nous n'avons plus de pouvoir, sauf à régler des différents subalternes entre tribus africaines et à multiplier les colloques de la Francophonie. Inutile donc de s'exalter sur un projet de sécession de l'Union européenne en invoquant l'article ad hoc du traité de Lisbonne. Tout en redorant le blason français, oeuvrons plutôt à une confédération puissante, respectant le génie des vieilles nations d'Europe ; savez-vous que les textes le permettent? Il suffit d'actionner la bobinette et de placer la charge au bon endroit si la chevillette ne veut pas choir.

[2]- EURO
Même le dernier des Moldaves dans sa cabane en tôle préfèrerait une monnaie solide comme l'Euro à une piastre comme le Franc français qui n'avait que le mérite d'effacer périodiquement l'ardoise de notre incurie financière par une dévaluation du dimanche. L'Eurogroupe exige des partenaires sérieux. En finances publiques, il nous faut cesser de recruter la haute fonction à l'Ecole du Rire. Nous devons impérativement rentrer dans les clous de l'Eurogroupe et atteindre à l'équilibre budgétaire, sauf à accepter de passer en deuxième division, comme l'Italie et la Grèce ; à partir de quoi il deviendrait inutile de prétendre au triumvirat. Nous deviendrons terre d'empire.

[3]- Occident
Avec les Anglais, nous sommes au coeur de l'Occident. Malgré une vocation réellement universelle, où que nous allions nous portons les stigmates de nos origines. La puissance occidentale dominante sont les Etats-Unis d'Amérique. Ce sont nos alliés depuis Louis XVI. Ceux-ci n'ont jamais exigé un alignement de nos positions sur les leurs, car d'ailleurs nos intérêts, s'ils ne s'affrontent pas souvent, divergent quand même, et ils le savent bien ; en outre, nous sommes réciproquement alliés de référence.

bataille de la Chesapeake 1781
Par contre, étant venus deux fois nous sortir du fossé où nous avions versé tout seuls, ils attendent un peu de considération de notre part. Je m'explique en prenant l'exemple de l'Irak :
Intimement convaincus de la bévue stratégique en préparation, nous avions le devoir de les mettre en garde solennellement à la tribune de l'ONU sur l'impertinence de leur guerre préventive contre la dictature sadamite, et nous avions tous les arguments pour étayer nos remontrances. Mais une fois qu'ils avaient pris leur décision - ils revendiquent une certaine indépendance eux-aussi - nous n'avions pas à saper leurs décisions en mafiatant dans les couloirs comme des Maltais, en courant les capitales africaines pour capitaliser des votes à l'Assemblée Générale. Nous n'en sommes pas sorti grandis, même aux yeux de ceux qui applaudissaient au spectacle de la fessée distribuée par notre flamboyant ministre napoléonien des affaires étrangères. Nous n'en avons retiré aucun bénéfice diplomatique d'ailleurs.
J'irais jusqu'à dire qu'une fois la guerre décidée par la Coalition - tous des alliés -, nous aurions dû mettre à sa disposition une brigade de la Légion pour participer à l'assaut, brigade que nous aurions retirée une fois que Bagdad serait tombée et que le Commander-in-Chief aurait proclamé la victoire. Nous aurions montré à qui nous regardait que nous sachions cesser les exposés de droit international quand les circonstances exigeaient le concours de notre alliance, même si elles submergeaient les limites de notre agacement. Peut-être que dans la guerre de 33 jours qui éclata plus tard au Liban, nos condamnations auraient été prises au sérieux, et nos amis libanais moins durement touchés.

[4]- Chrétienté
bataille de Poitiers 732Même si nous proclamons urbi et orbi notre laïcité maçonne, nous sommes appréhendés hors d'Occident comme une nation chrétienne. En ce sens, M. Sarkozy a eu raison de se rapprocher du Vatican. Fille aînée de l'Eglise, la France, plus tout à fait, mais héritière des Croisades sans doute aucun pour tous les musulmans ! C'est comme ça ! Cela vient-il du "Mur Franc" qui se dressa face à la charge des Sarrasins un samedi d'octobre 732 à les glacer de terreur ? Il est de notoriété publique que c'est bien la France qui anéantit un jour la Conquête et sonna l'heure du reflux.

Le cadre des contraintes étant posé, comment (re)construire nos interdépendances ? Dans l'équilibre de nos échanges, en privilégiant les créneaux où nous sommes bons.

INTERDEPENDANCES
Nous dépendons de l'étranger pour la moitié de notre énergie, tous les métaux non-ferreux, presque tout l'uranium, tout le fer et le charbon, tout le pétrole, tout le coton et presque toute la laine. Nous sommes moins dépendants dans les produits agricoles sauf le soja qui n'a pas pris en France, nous sommes très bons en céréales, oléagineux, protéagineux, viande, laitages et tous les dérivés gastronomiques. Nous ne sommes les seconds de personne en aéronautique et dans l'aérospatial où seuls nos moyens limités nous brident. Nous sommes des compétiteurs sérieux dans l'industrie nucléaire et le ferroviaire, en architecture et dans les travaux publics. Et jusqu'à la guignolade de la Société Générale, nous commencions à nous faire une réputation dans la haute banque. Nous avons bien d'autres compétences.

centrale nucléaire fumanteVous remarquerez que hormis l'agroalimentaire, nos productions sont le plus souvent "politiques". Si nous nous comparons à l'Allemagne, nous voyons qu'ils répondent à des nécessités industrielles chez autrui quand ils livrent des machines-outils ou des usines mécaniques, alors que nous devons négocier avec les gouvernements pour nos centrales, nos TGV ou nos avions. Ainsi avons-nous beaucoup de mal à contrebalancer les dépendances que nous subissons par des dépendances que nous créons chez les autres.

Pour compenser ce défaut d'axe, nous sommes condamnés à être largement meilleurs, à une course à l'excellence dans les domaines où nous existons vraiment sur les marchés internationaux. Au moins deux filières d'avenir nous sont ouvertes qui nous donneraient le même type d'avantage exclusif que celui dont bénéficie l'industrie allemande, la filière nucléaire et les satellites. Ceci nous indique que la formation et la recherche sont prioritaires pour nous, puisque tout commence là. Et chacun devine que nous soyons en l'état réellement très mal, à lire les classements internationaux qu'il faut scruter attentivement pour nous dénicher en bas de liste !

La dernière conférence du président de la République (100 minutes !) n'a effleuré dans ce domaine que la question de l'alphabétisation des enfants (immigrés) et a esquivé l'ardente obligation de recherche, au profit de mesures de "justice sociale" destinées à adoucir comme toujours les humeurs catégorielles. L'emplâtrage des plaies catégorielles, c'est la démocratie, comme disait Martin Masse dans un article du Québécois Libre que je vous recommande. Le chef d'Etat est un père Noël impécunieux inférieur aux défis qui nous sont lancés.

Une fois nos dépendances rééquilibrées par le renforcement de nos avantages, il s'agira de les gérer finement. Autrement dit, ce travail fondamental devra obtenir la priorité sur toute autre action gouvernementale et diplomatique. Nous devrons cesser nos arrogances, postures de coq déplumé, proclamations sans lendemains. En revanche nous apprendrons à mercantiliser notre diplomatie, avec tout ce que cela comporte de révision déchirante des effectifs et des moeurs du Quai. C'est une nouvelle mentalité qu'il nous faudra acquérir mais l'indépendance de la vieille nation est à ce prix.

rafale
Restera la question subsidiaire de l'indépendance militaire qui dérive de l'indépendance économique. Nous y reviendrons un autre jour.

Une démarche d'indépendance pour la France ne passe que par la recherche de la puissance. Obtenue, elle permet d'ouvrir alors la porte d'une vraie souveraineté si l'on veut bien d'un souverain. Manquée, elle nous jette dans le destin du Portugal.


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vendredi 25 avril 2008

Bon anniversaire



armes de France sur manteau25 avril 1974, naissait à la St Marc le fils cadet du prince Alphonse de Bourbon, héritier des rois de France. Vicissitudes et tragédies le laissèrent un jour seul, sans frère ni père, et lui tomba sur les épaules à l'âge de 14 ans la lourde charge d'aîné de Capétiens dans l'ordre de primogéniture mâle.
Louis-Alphonse de Bourbon, Duc d'Anjou, est Bailli Grand-Croix d'Honneur et Dévotion de l'Ordre souverain de Malte et sociétaire titulaire des Cincinnati de France où il représente Louis XVI.

le prince Louis

Bon anniversaire, Monseigneur.
Que votre 35ème année soit faste et votre famille heureuse.


Vous avez de nombreux fidèles qui, de leur propre chef, oeuvrent à l'élargissement de votre notoriété, faisant feu de tout bois du mieux qu'ils le peuvent. Souhaitez-leur en retour de la persévérance dans cette démarche ingrate qu'ils ont entreprise très naturellement, en attendant votre convocation par l'histoire, et accordez-leur votre soutien et votre indulgence.



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mercredi 23 avril 2008

La Com d'abord !

dirigeable GoodYear
Cette semaine, j’apprends que le président de l’Alliance Royale se retire sur son Aventin littéraire pour raison d’état. Nous ne lui disputerons pas un recul bien mérité après deux campagnes électorales éprouvantes. Par ailleurs, l’amirauté d’Action Française saborde ce soir son forum internétique en rade de Paris ! Tout ça fait quelque bruit dans le Landerneau royaliste qui ne scintille pas de mille feux. Les deux retraits sont un coup rude porté à notre communication, mais charbonnier est maître chez lui !

Si M. Adeline s’est présenté à la dernière élection présidentielle, c’était dans un but didactique, pédagogique, pour renouveler l’offre politique adressée aux Français en leur démontrant la pertinence du roi. La hauteur de la barrière d’accès aux grands médias était parfaitement vue, à preuve cette déclaration liminaire du candidat juste avant l’ouverture de sa campagne :
3Lis AR« J’ai décidé de continuer ce travail d’explication en me présentant à l’élection présidentielle.[…] Ce ne sera pas facile. Le mécanisme des 500 signatures, qu’il est question de renforcer, tend à ne permettre qu’aux candidats autorisés par les grands partis, qui contrôlent les élus, de participer au débat. Mais j’ai confiance en l’esprit de liberté des élus locaux, particulièrement des petites communes. Ce sont eux qui pratiquent le mieux cette démocratie équitable que j’appelle de mes voeux parce qu’ils sont proches de leurs administrés, au contact de leur réalité quotidienne et habitués à la prendre en compte en dehors des présupposés idéologiques ».
Si la barrière des 500 a été vue, identifiée, elle n’a pas été sérieusement étudiée, bien qu’elle fut la porte unique du tout-ou-rien. Les élus locaux, plus encore ceux des petites communes, sont dans les filets des conseils généraux, qui eux sont «politisés». Le maire de base n’a presque aucune autonomie d’investissement pour répondre aux besoins exprimés par ses administrés, sauf à monter au chef-lieu du département, et poser son petit dossier dans la corbeille de son conseiller «cantonal», qui réussira d’autant moins mal qu’il sera du même bord que le président du Conseil.

S’imaginer qu’exalter la liberté démocratique de choix puisse émouvoir les édiles locaux dévoile une certaine distance des réalités. Réalités, argument pervers pour la liberté de parrainage. Le déni patent de démocratie mis en musique par le parti de M. Chirac qui avait la phobie des petits candidats grignoteurs de voix utiles, est la cause de l’échec de communication de M. Adeline. Le condamner ne fait pas avancer le schmilblick. Si l’on veut renouveler l’expérience de la présidentielle, il serait sage d’étudier à fond le système de présélection des candidats par le collège de 100.000 élus préconisé par la commission Balladur. Critères et mode de validation sont à décortiquer tout autant que l’ambiance que ce dispositif créera au sein des cent mille happy few.
Dans son dispositif institutionnel, l’Alliance Royale n’avait pas grand-chose de spécifiquement communal à offrir aux élus locaux. Schivardi, si ! Au collège nouveau que proposera-t-elle qui puisse l’intéresser ? J’ose espérer qu’elle ne renouvellera pas l’erreur de naïveté fatale et construira à chaux et mortier une offre attrayante adaptée à son auditoire, déclinée en autant de volets que d’écoutes différentes. C’est un lourd travail d’équipe.

lys AFLe sabordage du forum de l'AFE donne la même distance des réalités. Tout forum politique est difficile à gérer, modérer, animer, et son efficacité en termes de propagande n’est pas mesurable. Celui-ci, héritier du forum lyonnais Anthinea, a intéressé 758 passants qui ont pris la peine de s’y inscrire alors qu’il est ouvert publiquement à la lecture. Ses membres ont laissé 73781 messages en deux ans et demi, certains très court, d’autres résultant d’analyses plutôt fouillées, même pointues. Ce n’est pas pour rien que l’Action Française revendique le statut d’école de pensée.
Nombreux sont ceux qui venus là, au hasard d’une navigation cybernétique, ont été accrochés par la force de l’argumentaire voire l’incongruité de la doctrine ou le plaisir de la querelle. Lesquels ont approfondi leur réflexion ? Les gens d’AF n’en connaissent que quelques-uns.

L’autre fonction d’un forum aussi marqué qu’un forum royaliste est l’organisation d’une communauté soudée, affranchie des distances, horaires et agenda. Les royalistes sont une espèce éparpillée. Le jeune royaliste de Villefranche-de-Rouergue seul dans son coin, comme l’expatrié en Allemagne ou aux Etats-Unis, peuvent s’agréger en continu et sans préavis à une communauté de pensée, partager ses idées, réflexions, irritations, colères et projets, et adapter son cheminement intellectuel au fil des échanges. Sans même passer par la case connexion. Ultrasimple.
Personnellement, je participe au forum ViveLeRoy depuis sa fondation (modèle 2004 modifié 2006) et je continue d’être surpris par tout ce que j’y apprends touchant au royalisme. Relativement isolé pour cause de raison d’état et horaires atypiques, j’apprécie cette facilité que me donne cet espace cybernétique d’être « dans » le mouvement.

clavier

Le défi numéro 1 du royalisme français est la Communication. L’offre politique monarchiste n’a aucune chance d’aboutir dans ce pays si elle n’acquiert pas de notoriété, au plus large, si le roi n’est pas réacclimaté dans la conversation générale. Le diamant demeure sous le boisseau et celui-ci est en fonte de fer, à peser des tonnes que nous n’arrivons pas à vaincre pour l’instant. La communication moderne est devenue un travail professionnel. Ne rajoutons pas cent ans groupusculaires aux cent ans décalés à contremploi que, par nos pères, nous avons connus.



hameçonnage à la mouche
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lundi 21 avril 2008

Carrefour !

Jin Jing paralympiqueAinsi donc les consommateurs chinois ont-ils spontanément décidé de faire la grève des Carrefour ! Qu'ils y regardent à deux fois avant que les autorités provinciales ne saisissent quelques contestataires au motif de sabotage économique : 99,90% des employés sont chinois et 70% des produits en linéaires sont chinois. Certains ont pris trois ans fermes pour avoir écrit deux lignes subversives sur leur blogue réclamant des droits pour l'homme au lieu des Jeux, alors pensez donc, quand on vise à affamer le peuple ! La balle dans la nuque, direct !
On me dit dans l'oreillette que c'est la dictature qui gère le chauvinisme han et règle la pression de l'autocuiseur en fonction des réactions attendues de la part du gouvernement français. Rien de spontané, donc je suis rassuré. Ces braves gens ne risquent pas leur peau.
Il est inintéressant (pour moi) de revisiter le parcours olympique parisien et mettre en évidence la fébrilité des G-men en bleu qui ont éteint le briquet de Douillet.

Ce qui est intéressant est le choix du gouvernement chinois d'emmerder les Français de préférence. boycott carrefour chineLes réactions suscitées par Pékin contre les pays qui ont chahuté la Flamme sont organisées dans les pays chahuteurs au moyen de manifestations prochinoises de peu d'envergure, filmées pour la consommation intérieure. Rien en Chine, sauf contre la France !
Dans une vie précédente je m'inquiétais auprès du Premier secrétaire d'une ambassade céleste de la réaction disproportionnée du gouvernement central à la fourniture d'avions de chasse français à la République de Chine (Taïwan) lui faisant remarquer que s'ils réussissaient l'anschluss, ils disposeraient alors d'un noyau d'escadrille aérienne ultramoderne. C'était de l'humour; mais il ne le prit pas ainsi et me dévoila le ressort de la réaction chinoise d'alors (je traduis l'essentiel de son propos de mémoire, après bien des années) :

« La France est la troisième puissance nucléaire mondiale, et le cinquième membre permanent avec veto du Conseil de Sécurité de l'ONU. A ce double titre elle a des responsabilités au-delà de son hexagone et même de l'Europe, responsabilités qu'elle doit exercer par une politique de puissance universelle respectant ses alter ego. Si elle n'a pas les moyens de cet exercice, elle doit rendre les clefs, à commencer par le siège permanent au Conseil, et rentrer dans le rang ».

Pas de langue de bois. Le doute qui rampe quant à ces moyens provoque une sorte de mise permanente au banc d'essai de la capacité de résilience de la diplomatie française.
La France a-t-elle toujours les moyens ? Moyens de force ? A l'évidence non. Nous déplorons ici depuis le début de ce blogue, cet état de faiblesse dont nous avons été concaincus lors de la dernière guerre asymétrique libano-israélienne. Certes, nous faisons encore plier la ... Somalie, mais pas le petit Rwanda !

LevitteOn peut rager à nous voir engloutir la moitié de la richesse produite par la nation dans la stérilisation des initiatives individuelles, la marxisation rémanente de notre société, la survie de castes improductives obsolètes et celle d'un modèle social perfusé à crédit, tandis que nos armées fondent à mesure que se liquéfient les crédits militaires dans le tonneau des Danaïdes de la République.
BalkanyEt quand nous voulons réagir à ce déclin annoncé, nous donnons un de ces coups de menton mussolinien qui ne résout rien sauf à nous enfoncer un peu plus. Le dernier avatar de ce type fut de construire le porte-avions Charles-De-Gaulle dont nous ne savons que faire tant il est stratégiquement pataud pour ne pas dire encombrant ! Les bases disséminées autour de l'Afrique ne ferment pas deux ans pour grand carénage ! A preuve nous allons construire une base aéronavale à Dubaï. L'alternative est exclusive, des bases ou une grande escadre.

La France, avec des moyens réduits au minimum, a-t-elle encore une capacité diplomatique ? Oui, elle peut initier des actions communes à l'éclairage de son autorité intellectuelle qui a de beaux restes, convaincre partenaires et adversaires de converger sur des intérêts communs, rassurer les faibles qu'ils ne seront pas écrasés dans la démarche, dire le droit (Fa Guo, le pays de la Loi en mandarin), mais elle doit savoir jusqu'où ne pas aller trop loin, dès lors qu'elle ne pourra s'imposer par la force. Le ridicule ne tue rien plus que la réputation. C'est une valeur de base dans les affaires étrangères.
Rama YadeLes embras(s)ements puérils de M. Kouchner, les petites missions portatives de M. Balkany, les analyses simplistes mais à haute voix de Mme Yade, et l'absence de tout canevas diplomatique actif à l'Elysée, écrasent l'entregent du conseiller Levitte, lone gentleman on the spot, et autorisent les grands pays tiers à se "payer" une tranche de rigolade à emmerder la France, juste pour la voir ramer, car nous allons ramer en Chine. Jusqu'à vendre à perte les plus beaux fleurons de notre production industrielle ! Il faudra bien sauver l'emploi chez nous ! Les grands osant, les moyens suivent, puis les petits. C'est la fable du "Lion devenu vieux".
Et Carrefour baissera son froc en Chine plus vite que partout ailleurs (voir l'image en fin de billet) depuis qu'ils y ont 1000 (j'arrête de compter en wan et je pose le flacon de "mao-taï") plus de 100 hypermarchés et pas le temps de ruser.

Même si nous ignorons les discussions de couloir, et pour en rester à nos voisins, les Chinois ne boycottent bruyamment ni les intérêts anglais ni les intérêts allemands, pour le moment du moins. Pourtant la chancelière Merkel a été très directe sur la question olympique, et le Premier anglais a clairement dit qu'il n'irait à Pékin que dans l'intérêt de Londres, c'est à dire à la cérémonie de clôture pour le passage de témoin. Ces pays n'ont pas beaucoup plus de moyens de rétorsion que nous-mêmes, mais les chancelleries savent qu'ils n'hésiteront pas à les appliquer. C'est toute la différence.

CRH le TGV chinois
L'une dans la finance internationale comme l'autre dans l'industrie mécanique, la Grande Bretagne et l'Allemagne ont une conscience de puissance globale, mais ne la brandissent pas à tout bout de champ. Elles l'exercent à leur bénéfice égoïste et bien compris, loin des questions morales qui participent d'autre chose que de la stricte diplomatie. Sans doute ne sont-elles pas gouvernées par de grands penseurs, mais sans message planétaire à délivrer chaque matin, elles savent ne pas se prendre les pieds dans le tapis, et montrer leur franche mauvaise humeur à l'occasion.

KouchnerA l'inverse d'eux, nous voulons être aimés ! Oui, la France veut qu'on l'aime.
A tel point que pour déclencher cette affection, cette francophilie, nous aimons nos "partenaires" plus que nous-mêmes. Nous n'avons pas encore intégré (sauf M. Védrine) que les autres ne nous "aiment" pas. Il n'existe pas d'Etat fran.co.phi.le. Ils nous apprécient à la carte, en fonction de leurs intérêts propres et s'aiment d'abord eux-mêmes. Mais nous sommes si différents de tous, ce qui fait notre charme, n'est-ce pas ?
Au fait, le TGV (en photo aux essais ci-dessus) dont la ligne est en construction entre Pékin et Shanghai - 1300 km, 350km/h - est un transfert de technologie allemande (ICE).

Donnant urbi et orbi les leçons de morale que nous sommes incapables d'appliquer chez nous, nous méprisons le mercantilisme au même moment que nous sommes obligés d'en vivre car les droits ne nourrissent pas, et accessoirement nous expliquons à M. Uribe comment doit-il gérer l'infestation de son pays par une guérilla marxiste, au bénéfice d'une compatriote à mi-temps. Croyons-nous que le Monde soit pendu au téléphone de la jungle colombienne ? Il est inquiet d'une implosion financière toujours possible si les Etats-Unis font l'infarctus, d'une tension insupportable sur les grains, et des risques de guerre à la fin de la mandature du président Bush si Mr McCain lui succède. Où est la France dans ce triptyque ?
Dans le grain, seulement dans le grain. Que dit-elle ? Rien.
Nous ne parlons que dans les domaines hors champ.
Si nous devenions sérieux ?

boycott Carrefour du Danemark
L'oreillette grésille et la régie susurre que le petit reître avec son phrasé de banlieue et sa démarche de barbeau n'impressionne personne, orbi. Va-t-il se faire livrer une Cadillac rose et des chaussures pie à la grille du Coq ? Sauf les Italiens qui raffolent de condottiere rolexisé, quelques autres nous plaignent derrière leurs sourires ; la grande majorité nous ignore. Heureusement que nous avons inventé ... Carla Bruni en first lady. Ca faisait trop longtemps que nous étions tristes !
L'aventure ...... du choix plébéien.


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dimanche 20 avril 2008

Jeanne en 2008

affiche AF Jeanne 2008

Présentation du dossier Jeanne d'Arc de Martin Messonnier par Arte
(DVD disponible à la vente ou location).

Qui était Jeanne ?

Jeanne d’Arc a-t-elle été envoyée par Dieu pour sauver le royaume de France ou bien la petite bergère de Lorraine a-t-elle été transformée en prophétesse pour des besoins politiques ? Une passionnante enquête de Martin Meissonnier, qui explore les mystères entourant l’existence extraordinaire de la Pucelle.

Est-ce bien la vraie Jeanne d’Arc qui, après avoir chassé les Anglais d’Orléans et fait sacrer le roi Charles VII à Reims, a été brûlée vive à Rouen en 1431 ? Qui donc était celle que les historiens appellent la “fausse Jeanne”, réapparue dans la région de Metz cinq ans après son supplice ? Sait-on que l’histoire d’une pucelle élue par Dieu pour sauver le royaume était prophétisée avant même sa naissance ? Que la famille de l’humble bergère de Domrémy était en fait l’une des plus aisées de son village ? Comment expliquer que la jeune fille parlait un excellent français alors qu’elle se déclarait illettrée ? Quelle a été sa formation militaire pour parvenir à renverser le cours de la guerre de Cent Ans ? Autant de questions surprenantes qui font de l’existence de la plus célèbre héroïne de l’histoire de France un mystère encore loin d’être résolu.

enluminure armée de Charles 7
Si, dans la mémoire collective, Jeanne d’Arc est la petite bergère devenue guerrière et sainte après avoir entendu des voix célestes, quelle est la part de vérité et quelle est la part de légende dans cette histoire édifiante ? Grâce à une mise en scène très soignée donnant accès aux témoignages écrits et aux documents d’archives de l’époque – comptes-rendus de procès, mémoires de chevaliers –, à travers également les précisions passionnantes d’historiens du Moyen Âge, Martin Meissonnier reconstitue les grandes étapes de la vie de la Pucelle en soulevant à chaque fois les points obscurs et énigmatiques qui contredisent la version officielle. Il met parfaitement en lumière les enjeux politiques liés à cette histoire et tente de résoudre des faits restés inexpliqués, voire inexplicables. Entrecoupant son récit d’extraits de films (s’il n’existe aucun portrait connu de Jeanne d’Arc, celle-ci n’en est pas moins devenue l’un des personnages les plus représentés !), le réalisateur entretient le suspense en remarquant que si l’on ne croit pas à l’intervention divine, il faut bien admettre une stratégie humaine… Les interprétations proposées sont convaincantes mais, au final, bien des questions demeurent.
(Source Arte, l'Aventure Humaine)

vitrail de Chelles
Tout le dossier et l'achat du DVD en cliquant ici.


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jeudi 17 avril 2008

Trompe de chasse

La Marquise de Noailles par M. Nicolas DROMER :


J'aime le son du cor.
Je n'irai pas dimanche à La Chabotterie* et j'en suis désolé, non que je manquerai le concours - il y faut les dents de fonte que je n'ai plus ! - mais parce que je serai privé de la trompe de vènerie. J'en suis réduit à suivre à l'automne des messes de saint Hubert qui sont pour moi des fanfares de fantaisie réverbérées par les voûtes jusqu'au vacarme, ... mis à part le kyrié.

*C'est là, à Saint-Sulpice le Verdon (Vendée) que fut arrêté Monsieur de Charette en 1796.

trompe de chasse
une Pettex Muffat

La trompe de vènerie est un instrument exceptionnel de puissance et portée, et si terriblement simple que les curieux non avertis y soufflent comme ils s'imaginent que le feraient les moines de l'Himalaya.
Ils n'en sortent rien tant qu'ils n'y pètent pas.

L'instrument
La trompe de chasse apparue vers la fin du règne de Louis XIII, trouve son aboutissement sous Louis XV. Des perfectionnements suivront qui ne changeront pas le principe d'exécution. C'est un instrument sans piston ni coulisse. Il est formé d'un tube de cuivre mince de 4545 mm de long, évasé en pavillon à son extrémité. Ce tube est enroulé sur lui-même 3 fois et demie. Ces caractéristiques sont dites "d'Orléans" dès lors que le modèle fut commandé par le Duc d'Orléans vers 1820 pour son équipage de chasse à courre. Il existe des trompes de plus grand diamètre roulées sur 2 tours et demi mais toujours de la même longueur, dites "Dampierre" ; on les trouve en collection plus souvent qu'en vènerie car fragiles ; et des trompes plus serrées sur 8 tours, assez dures.
C'est le tube d'embouchure conique et son grain qui personnalise l'instrument et sa facilité plus ou moins grande d'exécution.
Le facteur de trompe le plus connu fut François Périnet. La Maison Périnet (beau site en flash) existe toujours à Paris.



La technique
L'instrument étant "sans fin" le souffle du sonneur ne crée pas de surpression dans le tube. C'est un noeud de pression qui joue. Toutes les fréquences ne sont pas renvoyées par le tube de cuivre puisqu'elles ne trouvent aucun dispositif d'ajustage. Ainsi la trompe est-elle légèrement fausse et le technicien des Trompes d'Eustache de Paris nous explique cela par le menu avec formules pythagoriciennes, table de fréquences et tout le tintouin. Cliquez ici (chapitre "Tout sur les notes"). Si vous avez survécu à la démonstration, passez à la page "suivante" (chapitre "pavillon").
Ca me la coupe !

La pratique
Tout est question d'oreille dans la trompe puisque c'est le seul pincement de vos lèvres qui va donner les notes. Il s'agit d'insérer l'accessoire emboîtable spécifique à la trompe dénommé "embouchure" dans le tube éponyme et d'y appliquer ses lèvres serrées et tenant fermement l'ensemble contre ses maxillaires. On gonfle les poumons, et l'on expire l'air à travers les lèvres serrées comme si l'on voulait imiter un "vent". La force du pincement va créer des bruits plus ou moins élevés en fréquence qui deviendront un jour des notes de musique.
Cent fois sur le métier ... et on passera bientôt au tayaut.

Le tayaut et l'hourvari
C'est le vrai son de vènerie, celui qui imite les abois du chien courant. Il s'obtient par surprise, mais certains ne le connaîtront jamais, en redoublant l'attaque d'embouchure d'un coup de langue. C'est un coup à prendre, pas facile mais comme le vélo, il ne s'oublie plus.

L'hourvari est une volée de notes liées en une seule respiration. Il fait office d'alarme en cours de chasse car même si la mélodie est difficilement perceptible à causes de la distance, l'attaque est caractéristique.

Le plaisir

Je ne regrette pas les concerts, les cérémonies et les retours de chasse. Mais le vrai plaisir est à pied, de sonner à deux, première et seconde, et l'extase surgit parfois quand on vous répond de loin de la même manière et qualité.

Je n'irai pas à La Chabotterie, mais vous encourage à assister au Championnat de trompes du Grand Ouest de ce week-end. Ce sera un grand moment, et assez royaliste quelque part !

piqueux
On peut approfondir la trompe et la vènerie sur les sites ci-dessous, à commencer par l'incontournable lexique de Hallo & Rousseau :

Lexique de Vènerie
Fédération internationale des trompes de France
Trompes d'Eustache
Fanfares de trompe
Fanfares de Volcelest
Société de Vènerie française
Musée du veneur Montpoupon
Equipage Brissac
Equipage des bois de Margues
Chasses du Monde


Mais il y en a une bonne trentaine de plus, jusqu'en Belgique, Suisse et Allemagne.

Un article de Royal-Artillerie sur la chasse à courre fut publié il y a juste un an. On peut cliquer ici.


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mercredi 16 avril 2008

Jaws !

Saturne de GoyaNous vivons une époque formidable. La Terre court à sa perte, la planète s'en portera mieux. Tout ce qui nourrissait les rapports discrets des experts - nous avons des centaines de milliers d'experts - quant au devenir du bon sens commun, émerge au grand jour des écrans bleus. L'homme est-il à l'homme comme un loup ? Même pas mal ! Nous avons rétrogradé au niveau du rat social et dévastons champs et greniers sans relâche, à se demander si tel Saturne nous n'allons pas bouffer nos gosses bientôt.

L'espèce dominante est en concurrence avec toutes les autres espèces dont elle domestique les plus rentables et détruit celles réputées sans valeur ajoutable, voire simplement cachées. Ayant banni la sélection naturelle pour proliférer tout en s'abâtardissant, et cultivant au Nord ses vieux comme de précieuses abalones, l'Homme dont la population croît sans cesse, dévore tout ce que la Terre porte.
L'imagination dans l'autodestruction étant sans bornes, - l'Histoire fourmille d'exemples - le roseau pensant vient d'ajouter un convive de plus dans sa chaîne alimentaire en flux tendu : la bagnole !

calandre Buick 57Huit cents millions de "bagnoles" disputent le grain de 2 milliards de mal nourris !
Plus fort : on subventionne les "bagnoles" sur crédits d'Etat en garantissant des prix rémunérateurs aux producteurs de biocarburant, afin de diminuer dans des proportions minuscules les rejets de CO² dans l'atmosphère de ces mêmes "bagnoles" et ceux de leurs compères les "bahuts".
Il y a des gens qui sont arrivés à vendre aux opinions publiques cette quadrature du refroidissement planétaire. On doit les décapiter dare dare et montrer leurs cerveaux exceptionnels dans des bocaux au Musée de l'Homme !

Que l'air se charge de dioxine, que nos rivières soient toutes douteuses et certaines carrément toxiques (la Seine dernière arrivée pour les PCB (polychlorobiphényles) et que les saumons soient littéralement plombés, qu'y pouvons-nous ? Ce sont cent cinquante ans de révolution industrielle que nous allons payer cher. Arrêterons-nous l'émergence industrielle des empires asiatiques parce que la Terre est déjà trop sale ? Ils n'entendront rien et dans trente ans, mangeront leur bol de soupe sur nos têtes s'ils ne se sont pas mutuellement détruits.

Que faire ?
Sauf entropie universelle des conditions de vie englobant le milliard d'Africains prévu, qui permettrait de répartir la pollution avant l'institutionnalisation hypothétique d'un régulateur mondial, il n'y a pas grand chose à faire, sinon décider, décider, décider, sans autre effet que d'accumuler les annonces et se plaindre ensuite que les mesures "décidées" n'ont finalement abouti à rien de tangible dans les statistiques. Le procédé commence à être banalisé, et l'Opinion ne coupe plus dans ces salades.

Que le pôle Nord se réchauffe, dégelant l'océan arctique, que les glaciers fondent au Groenland, que les eaux montent un peu noyant les îles au raz de l'eau et que le Gulf Stream coule, personne ne peut enrayer ces phénomènes. Autant se préparer à de nouvelles conditions géographiques et admirer les nouveautés comme le grand passage du Nord-Ouest, ou les mérinos en Alaska !

Mais le temps de discuter entre décideurs à bail précaire, l'espèce s'est encore accru au rythme de trois souris par seconde. Dame Nature connaît de longue date les effets néfastes de la surpopulation et les règle par le syndrome des lemmings. Un jour, la troupe immense part en excursion à la falaise et un milliard de boules de poils saute à la mer vers l'Amérique.

L'espèce humaine appelle "bulle" son périmètre individuel, "espace vital" sa perception de l'entassement, mais "guerre" sa falaise. En attendant que la lutte contre la faim ne mute en guerre du grain, nous croyons utile de revenir aux fondamentaux de la nature tout court et de la nature humaine particulièrement.

file du riz à Dacca
Puisque l'on nous demande encore pour quelque temps de choisir nos décideurs, commençons par poser les questions de simple bon sens, et simplement trois pour aujourd'hui :

1.- Va-t-on cesser de subventionner la production de grain et de canne à sucre pour le biocarburant, quoiqu'il puisse en coûter aux producteurs, puisqu'ils mettent en grave péril le fragile équilibre planétaire ? PLUS FORT, monsieur Barnier, nous ne vous entendons pas décider !

2.- Va-t-on décréter l'arrêt de l'urbanisation sur les terres agricoles en dessaisissant les maires des pouvoirs de construire. Il est à mourir de honte d'assister à la construction continue de lotissements d'habitations sur les terres arables de la Région parisienne, parmi les meilleures du monde, alors que la France dispose de larges espaces stériles capables d'accueillir les nouvelles habitations (landes, terres crayeuses ou granitiques). Bête comme choux ! Mais cela va gêner beaucoup de gens. Tant mieux, qu'on les pende à la lanterne, nous sommes trop, ne laissons passer aucune occasion de modérer les effectifs.

3.- Va-t-on supprimer la TVA et toutes taxes sur les productions maraîchères et autres produits frais de proximité, et taxer plein pot (19,6%) tout ce qui provient de plus de ... cent kilomètres par exemple ? Il existe déjà en Italie des restaurants qui proposent des menus "zéro kilomètre" volontairement moins chers. C'est du bon sens.
Peut-être les champs kenyans cesseront-ils de faire du haricot vert en barquette de frais pour Paris et passeront-ils à quelque chose de mangeable par les Kenyans.
La mondialisation qui devait soulager la famine par la fluidité des échanges de denrées n'a finalement rien apporté dans ce secteur critique sauf l'écrasement des productions vivrières par les surplus euro-américains. La crise actuelle fait fermer les frontières en Egypte, en Inde, en Chine, au Vietnam, au grand dam de M. Lamy qui n'y comprend plus rien.

lemming de la ToundraPour tenter de sauver la planète et dans la foulée la plus grande partie possible de l'espèce humaine (mais si, mais si !), il n'est que de confier les décisions exigées à des gens sensés, déconnectés des enjeux électoraux et libérés des intérêts immédiats et particuliers qui se combattent. La situation actuelle montre à l'envi que chacun dans son coin s'est gravement fourvoyé dans la négociation intérieure et extérieure de politiques éphémères dictées par le clientélisme naturel à la démocratie, ou la priorité donnée à sa caste en dictature. Une vingtaine de pays influencent l'activité économique et financière du Monde. Ceux-là doivent se doter d'institutions régaliennes stabilisées, et se réunir en Conseil pour se coordonner. Il faudrait faire vite, le reste est tapage.
Et tant pis pour la démocratie d'opérette ou la dictature d'abattoir, laissons-les aux pays qui ne comptent pas !


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vendredi 11 avril 2008

Le Népal essaie la République

Le Népal
« Autant le roi symbolisait la discorde nationale, autant la monarchie symbolise toujours l'unité nationale » écrivait ces jours-ci Kunda Dixit, rédacteur en chef du Nepali Times. Façon de nous dire que la fonction ne crée pas nécessairement son outil. Le roi Gyanendra ne cultive pas l'affect populaire, c'est le moins que l'on puisse dire, et ne connaît pas exactement l'appareil critique de sa légitimité, et de la monarchie elle-même, plus que les limites qui lui furent imposées en 2006. Il a confondu l'autorité suprême et naturelle du monarque et le pouvoir fort, de bonne foi sans doute. Croyant aboutir à l'Ordre en suspendant les libertés fondamentales et la suppuration parlementaire, il prit la posture du Lord of War, maître chez lui qui écrase ses ennemis d'un coup de masse et compte sur le temps pour faire oublier la dureté du procédé.

A moins de disposer d'un rapport du fort au faible indiscutable et de beaucoup de chance, la pacification d'un pays déstabilisé par la subversion communiste - légitimée, il faut le dire, par l'absence de réforme agraire - ne réussit pas par ce chemin brutal. Surtout s'il s'agit d'un maharadja hindouiste à la passerelle. Au seuil des désagréments techniquement recommandés pour mater une insurrection, la retenue naturelle d'un prince-thaumaturge affectionnant son peuple (sinon que fait-il là?) brise l'élan initial et ouvre la brèche du compromis par laquelle s'engouffrent les Révolutionnaires éclairés. Si les fusils du roi étaient bien indiens, ses commettants étaient en même temps démocrates et ne voulaient pas être pris les doigts dans une porte refermée sur des massacres.
Le scénario est connu, le "sens de l'Histoire".

le roi GyanendraCeux-là, les révolutionnaires, convaincus de détenir la Vérité en tous domaines, ne laissent passer aucune option leur permettant de progresser, en dehors de tous principes autres que celui de la fin justifiant le moyen d'y atteindre. Ainsi, dès les élections à la Constituante d'hier, voit-on déjà les Maoïstes à la manoeuvre, intimidant les uns et les autres pour parvenir à leurs fins dans les formes légales. Le caractère hautain du roi en place et son coup d'état d'octobre 2002 sont pain béni pour eux au seuil de l'accouchement du vieux royaume, et sauf "accident", les républicains devraient gagner et accéder ainsi aux prébendes convoitées, car il ne s'agit bien comme chaque fois que de cela. Les exemples abondent.

Les peuples du Népal semblent aujourd'hui moins sûrs des lendemains qui chantent. Sans doute comme celui du Bhoutan qui depuis l'invasion des écrans bleus assiste aux désordres immenses des belles démocraties qui l'entourent, il redoute la chienlit et balance entre deux maux, la résurgence de l'insurrection maoïste actuellement en voie d'épuisement, et la mise en coupe réglée du pays par les républicains qui vont se le diviser, remplaçant les féodalités médiévales hors d'âge par celles plus modernes de la bureaucratie triomphante des partis, ou du parti. Les observateurs étrangers ont noté une forte effervescence, des maoïstes en ont payé le prix.

Le danger qui prévaut dans la conscience populaire est celui de la division inhérente au système démocratique, ligne de partage qui traverse le territoire en tous sens, les communautés, les ethnies et les familles. Mais entre la Chine communiste qui couve les braises de l'insurrection depuis sa frontière tibétaine, et l'Inde qui veut affirmer sa suzeraineté sur tous les royaumes de son piémont himalayen, il n'y a pas beaucoup de place pour les principes de juste gouvernance au bien commun de tous. Aussi le Népal doit-il faire aujourd'hui l'expérience des Lumières occidentales, jusqu'à la nausée, avant peut-être de se reprendre dans une ou deux générations quand les deux empires qui le tiennent se seront eux-mêmes écoeurés des rets invisibles dans lesquels ils se sont jetés.

Sans doute les rois himalayens ont-ils eu quelque mal à réorganiser les pyramides ancestrales. La montagne et la réclusion ne sont pas le meilleur environnement de l'imagination. De plus, l'immobilité asiatique du Temps ne favorise pas la réforme. Leurs royaumes auront tous bientôt disparu et leurs peuples auront troqué leur condition de sujets - certains de serfs - contre celle plus addictive de consommateurs globaux - certains d'ouvriers aux cadences - à qui l'on jettera les produits rutilants et menteurs de la civilisation matérialiste. C'est leur karma.

armes du Népal
La révolution népalaise nous indique que le métier de roi ne s'improvise pas, et qu'il n'est nulle part de roi absolu au sens commun. Le réglage équilibré de la fonction exige une molette fine et un consensus irréfragable au niveau supérieur de l'Etat, et une affection sincère au-dessous. Ce dont le roi Gyanendra ne bénéficiait apparemment pas, par sa faute aussi. La monarchie perdure quand elle est l'organisateur des libertés vraies. Le couple roi-libertés est indésserable à peine de faire périr les deux ; le gérer exige un éducation attentive et poussée.

Incarner l'unité nationale, apporter la touche de "magie" à l'appareil d'Etat, présider au destin des domaines régaliens, conseiller les ministres sans approche partisane, tout ceci comble déjà la plénitude de la fonction monarchique. Le roi ne doit pas mettre les mains dans le cambouis, sauf à montrer son courage à la guerre.
Mais les peuples ne sont pas toujours sages et s'inquiètent parfois que l'herbe soit à vue d'oiseau plus verte chez leurs voisins. Il est alors difficile de les convaincre de maintenir le meilleur de leurs traditions, de leurs exceptions. Pourquoi ne pas suivre le changement, la "modernisation" ? Quand bien même veulent-ils y verser, cette pédagogie doit être tentée afin de ne pas les abandonner sans rien faire aux oligarchies démocratiques qui vont les piller. S'ils persistent, leur souhaiter bonne chance et rejoindre l'âshram.


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