Frère Xavier tâte le terrain et annonce un projet de suppression des départements créés par la Constituante. Un lecteur "Sceptique" du Figaro abonde au projet : « Combien un citoyen payant ses impôts peut- il "supporter" de "représentants" pour décider pour lui ce qui est bon pour lui ? On a ajouté un étage à la pyramide avec l'Europe et bien nous en a pris, le jeu se joue au minimum à cette échelle. Il faut pour des raisons évidentes d'efficacité réduire le nombre total d'étages, le département est l'étage logique car trop loin des instances du dessus et de fait trop loin des instances vraiment locales. Bien sûr ses attributions seront réaffectées. »
Les régionalistes comme Jean-Paul Huchon, poussent plus loin la réforme en "supprimant" l'étage national qui les encombre entre régions et Europe. Il faut dire que dans l'état de déliquescence des administrations centrales pléthoriques, on peut se demander à quoi servent tous ces milliards dépensés entre les exécutifs régionaux bénéficiaires des principes de subsidiarité et les instances fédérales qui dictent déjà la moitié du corpus législatif. A quoi nous rétorquons que le désordre n'est pas soluble dans la réforme de la carte administrative française ...
Le désordre est entre les mains de l'Administration qui le crée, la seule aussi qui puisse le combattre et l'annihiler. La République, dans son système concurrentiel nourri de démagogie et réglé par l'argent, porte au pouvoir par le scrutin populaire souvent des arrivistes adroits, des nomenklatouristes sans vista par le scrutin indirect ; mais elle produit une haute fonction publique de qualité. Nous aimerions que le "contrôle qualité" descende les échelons et que l'incompétence des bureaux cesse d'être le cinquième des Beaux-arts.
L'incompétence et parfois l'arrogance se nourrissent du sureffectif, et dans ce domaine la France est une petite Sibérie patrouillée de mammouths. Le gouvernement Fillon fait ce qu'il peut pour débarrasser le pays de tous ses souteneurs, mais la tâche est surhumaine car la conscience civique des cibles est gravement émoussée par le coton du hamac statutaire. La manière connue d'opérer ces réductions indispensables est de supprimer physiquement le bureau. Aussi voit-on des trous dans le tissu des services aux usagers tiré sur tout le territoire par la social-démocratie. Mais la bureaucratie se défend bien, elle court comme le lierre ; arrachée ici, elle repousse là. Le "client" électoral affaibli qui laissera détruire son privilège, sera vite remplacé par un nouveau que l'élu devra s'attacher en distinguant son rapport à l'Etat de celui du vulgum pecus. C'est une vis sans fin qui raidit tout l'assemblage de la démocratie latine, la plus difficile à faire évoluer car elle mêle un clientélisme effréné et l'administration des usagers.
La destruction d'une strate administrative est relativement aisée comparée à celle d'une strate politique. Mais la carte administrative et la carte politique sont confondues depuis que les échelons départementaux ont été politisés, au nom de la décentralisation des choix politiques. C'est le corps administratif régional ou départemental qui donne sa consistance au pouvoir correspondant. On ne connaît pas d'élus de ces assemblées de division 2 prêchant le principe de suppléance pour transférer des compétences à Paris au motif d'efficacité ou d'économie. Et bien que la gabegie fasse rage dans maintes régions, on ne connaît pas non plus de dévolution de compétences nouvelles même minimes qui ne doive être assortie de transferts financiers nouveaux, même si une saine gestion couvrirait aisément le budget complémentaire. Mais tailler dans le gras déclenche l'hostilité des élus qui se sentent menacés dans leur (faux) prestige, et redoutent que se pose ensuite la question du nombre de sièges dans leurs assemblées délibératives.
L'administration d'échelon doit être rééduquée dans un sens civique en lui inculquant à nouveau le sens de l'Etat. Et dans la situation lamentable de nos comptabilités nationales, il est urgent de se défaire des cadres "mécontents" et insuffisants, par décret exceptionnel si nécessaire.
S'il neige un quatorze juillet, sera-t-il annoncé par les auspices de la réforme que le temps de tailler dans les représentations parlementaires est aussi venu ? Suicidez-vous, messieurs, nous nous chargeons du reste.
La parole est à la défense :
Une cocotte en papier ça peut quand même voler pour de vrai ! LA preuve :
Un site intéressant, le Club de l'hyper-république ou comment combattre la nouvelle bureaucratie internautique.
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Le lien du club de l'hyper république ne semble pas fonctionner...
RépondreSupprimerC'est réparé. Merci cher ami.
RépondreSupprimerEt sur le fond ... ? :)
Sur le fond ? Je suis perplexe.
RépondreSupprimerAvec une Europe qui n'a toujours pas tranché sur son devenir : à savoir Europe des nations, europe des états, fédération-confédération etc... j'aurais tendance à me méfier de la régionalisation. Mais, à voir la pyramide que vous nous proposez, il appert qu'il est indispensable de supprimer quelques étages d'icelle.
Ces chiffres me choquent, de 32 000 communes, nous arrivons à dix fois moins de communautés urbaines pour n'arriver qu'à 96 départements et 22 régions...
L'étage qui me parait le moins utile étant le communauté urbaine, car celle-ci à tendance a centraliser le département dont les "capitales" phagocyteraient en quelque sorte les petites communes environnantes et étouffant par la même les villes et communes plus modestes.
A voir des communautés urbaines comme celle de Lille 85 communes et celle de Lyon 57 chacune d'elle dépassant le million d'habitant. nous avons des départements qui avancent à deux vitesses. Les dites communes restantes, plus modestes se regroupant finalement en communautés d'agglomération, de communes etc...
Ainsi, pour palier au désiquilibre d'un tel étage administratif il s'en crée plusieurs autres. C'est un cercle vicieux, dont la représentativité et le mode de scrutin laissent de surcroît à désirer.
Enfin pour se rendre compte des réels gaspillages que ces étages causent, il faudrait les comparer avec les chiffres concernant leurs représentations respectives, par exemple 577 élus pour 96 départements, sans parler des conseils généraux, régionaux des collectivités territoriales... Enfin de compte, il ne faut guère s'étonner de voir que notre budget "élyséen" soit une telle abérration.