Même avec des rentes minières importantes comme en Algérie, règnent la crasse idéologique et l'arriération quasi mentale, un vrai bouillon de culture du GSPC rebaptisé al-Qaïda Maghreb, qui s'explose chaque semaine maintenant. La preuve de cette arriération est dans la conviction répandue par tout le Croissant Vert que les Américains et les Juifs ont organisé l'attaque du 11 septembre pour s'emparer du Moyen Orient pétrolier. On rejoint les terreurs millénaristes infondées du haut moyen-âge, mais cette affabulation court dans les milieux bourgeois jusque parmi les élites de ces pays. Aucune démonstration rationnelle ne pourra vaincre cette conviction. Et le pitre pontifical Bigard s'y est même laissé prendre, jusqu'à découvrir subitement qu'il allait couler au box-office.
L'Occident a bien sûr des responsabilités dans le retard accumulé par le monde arabe mais il n'est pas exactement coupable. Il se devait d'affronter l'organisation tentaculaire qui l'avait défié de pareille façon. Attraper la pieuvre pour la détruire était une cause juste que nul nulle part n'a jamais discutée au moment de la réaction occidentale. Nous courons toujours après l'octopode, sans doute par insuffisance de moyens au départ, ensuite par la confusion des genres : nos représailles qui était parfaitement acceptées, ont tourné à la Croisade. Nous avons décidé d'exporter la démocratie ! Du moins est-ce l'emballage-cadeau de nos bombardements.
Le problème n'est pas tant que le régime politique proposé paraisse à beaucoup exotique, mais surtout qu'en dehors de la sphère OCDE il ne marche pas ! C'est de notoriété publique. Même dans les républiques arabes, la démocratie est un slogan pour aguicher les bailleurs de fonds étrangers et pour organiser sans complot l'escroquerie intrinsèque au système. On ne mesure les prémices du modèle presque sincère que dans certains royaumes despotiquement éclairés au gaz du bon sens, et encore sont-ils timides.
Break !
Quelques milliers de kilomètres par delà la péninsule indienne, il est un pays qui se pose clairement la question de la pertinence démocratique, c'est la Thaïlande : les classes moyennes et supérieures de ce pays très populeux soumettent à l'analyse le tabou du siècle en déstabilisant le gouvernement de Mr Samak Sundaravej issu d'une majorité parlementaire élue au suffrage universel. Elles sont assez gonflées pour supporter une chute de 25% de la bourse de Bangkok. Si l'Université hurle à l'attaque contre le sacro-saint régime, le chef du parti d'opposition qui a jeté ses militants dans la rue (People's Alliance for Democracy), bien qu'annoncé démocratique, est plus franc :
« On prend pour argent comptant à l'Ouest que la démocratie est le système le meilleur. Mais tout ce que nous avons obtenu en Thaïlande avec ça est le même cercle vicieux de corruption qu'auparavant, augmenté de l'appétit de pouvoir des chefs de parti. Ce régime ne marche tout simplement pas ! » (Sondhi Limthongkul, président du PAD). Il n'en reste pas au constat négatif et fait des propositions qui font écho à certaines propositions royalistes d'ici. Réorganiser le parlement en faisant siéger les représentants des corporations professionnelles à côté des élus de circonscriptions géographiques, afin de coller à la réalité du pays. Mais au moment de conclure, il avoue prier tous les jours les dieux de retarder la mousson qui débandera ses cohortes de protestation. Finalement la Providence est interpellée.
Ce qui est "drôle" : le premier ministre contesté est un fervent supporter du roi Bhumibol, sa famille était un de ses courtiers depuis des générations. Il joue simplement le "jeu parlementaire" à l'anglaise et ne peut être soupçonné de pourrir la situation à dessein. C'est bien la preuve que le moule occidentaliste lui-même est défectueux. Le PAD lui, préfère valoriser le "pays réel" dans le gouvernement des hommes plutôt que de copier coller des solutions exotiques. Il est plus près de la vérité.
D'autres pays nous montrent que la démocratie n'est pas la panacée pour réussir. Et le nôtre, tout entier crispé sur la nomination du futur secrétaire général du parti socialiste, le fait aussi, sans même réussir quoique ce soit.
(à suivre ?)
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J'ai reçu un long message me signalant que les terroristes du 11 septembre, comme ceux de Londres d'ailleurs, n'étaient pas des pouilleux misérables mais participaient de la classe moyenne.
RépondreSupprimerLa misère crasse du monde arabe ne serait donc pas le déclencheur, mais il faudrait chercher un béritable complot.
A quoi je réponds que le complot est assez évident et qu'il n'est donc plus vraiment un complot, mais que la misère matérielle et morale des peuples musulmans et surtout arabes, forme le terreau d'une complicité populaire, les alqaïdistes étant perçus par les masses comme les nouveaux zorros.
Même dans notre pays, il y a une "empathie" de la jeunesse arabe avec al-Qaïda et les actes perpétrés par ses succursales. Et si lm'on ne peut parler de misère matérielle, on peut parler d'illétrisme et de misère morale.