Francis Richard nous signale dans son blogue helvètique un rapport de PME Magazine sur l'économie suisse. Ce rapport écrit par Aline Yazgi est consultable en ligne en cliquant ici (je conseillerais à chacun de l'archiver).
Depuis Belfort qui n'est pas loin, la Suisse est observée par les souverainistes français qui y voient la meilleure démonstration du "small is beautiful" dans l'indépendance des empires. Aussi reprenons-nous le digest qu'en a fait Francis Richard ... en l'accélérant un peu, bien qu'il n'y aie pas le feu au lac. Ce dossier répond donc à la question : pourquoi la Suisse s’en sort si bien ?
La raison principale ne plaira pas aux inconditionnels de l’adhésion à l’UE, qui, après le rejet par le peuple helvète de l’Espace économique européen le en 1992, annonçaient que les pires calamités allaient s’abattre sur la Suisse. En prenant du recul, on peut se dire que le choc du 6 décembre 1992 a été salutaire. Lorsque le peuple a refusé l’Espace économique européen, le pays – déjà fortement touché par le ralentissement économique – a dû se repenser. En réorientant ses débouchés, mais aussi en travaillant sur son marché intérieur, pour le rendre plus compétitif.
La réorientation de ses débouchés s’est traduite par la conclusion d'accords bilatéraux avec l’UE et par la conclusion d’accords de libre-échange avec les pays émergents, Chine, Inde, Indonésie, Russie, Mexique, pays du Golfe… En y regardant de plus près, on voit que l’Europe est devenu un marché d’approvisionnement net et le reste du monde un marché d’exportation net.
Les faits démentent les affirmations pessimistes des européistes : les accords bilatéraux permettent aux entreprises suisses d’accéder au marché communautaire à des conditions équivalentes à celles offertes aux sociétés des Etats membres, mais laissent au pays sa souveraineté politique.
Les faits s’opposent aux fantasmes des altermondialistes : La mondialisation a été favorable à la Suisse et continuera de l’être puisqu'elle entend consolider le réseau extérieur, notamment par le biais d’une foule d’accords de libre-échange d’autant plus nécessaires depuis l’échec cet été du Cycle de Doha à l’OMC.
Les autres raisons de la réussite de l’économie helvétique peuvent surprendre de prime abord : le franc fort des années 90 a paradoxalement joué un rôle positif après coup, en forçant les entreprises à tout faire pour être compétitives, la production hors agriculture n’étant pas subventionnée.
Une autre raison de la réussite de la Suisse est la flexibilité de son marché du travail et un climat social relativement bon. Il se lit dans la paix du travail et la très forte hausse des conventions collectives. Ces accords directement entre partenaires sociaux, contrairement à l’interventionnisme étatique qui prévaut dans d’autres pays, font que la Suisse ne pâtit quasiment jamais de grèves, hormis parfois dans le BTP.
Les résultats sont là : plus forte croissance occidentale du PIB en 2007 avec 3,1% à comparer aux 2,6% de l’UE, aux 2,2% du Japon et aux 2,1% des EU. Taux de chômage en juillet 2008 le plus faible avec 2,3% à comparer aux 5,7% des EU et aux 7,3% de l’UE. A la même date l’inflation apparaît mieux maîtrisée à 3,1% alors que l’UE affiche un taux de 5,7% et les EU de 7,3%.
Mais le résultat le plus spectaculaire est la formidable progression des exportations : elles représentaient 37% du PIB en 1995, en 2007 elles en représentent 57%. Les machines ne constituent plus le premier secteur d’exportation ; la chimie-pharmacie a ravi la place de première branche manufacturière exportatrice du pays.
Aline Yazgi donne les raisons de cette vigueur : d’abord, les exportateurs ont une redoutable capacité à s’adapter à l’évolution de la demande mondiale. Des comparaisons internationales montrent qu’ils réagissent plus vite à ces variations que leurs concurrents étrangers. Ensuite, ils se sont orientés graduellement vers des régions à forte croissance, sans se détourner quand même de leurs marchés traditionnels.
La bonne santé de l’économie suisse résulte donc de son goût retrouvé pour la compétition et de sa faculté d’adaptation. Au lieu de baisser les bras, d’attendre l’aide de l’Etat, elle a retroussé ses manches. Elle a fait face et pris ses responsabilités.
(fin du digest)
On s'aperçoit que c'est le génie propre des Suisses qui les conduit à ces performances remarquables. Ce génie est aussi celui de l'organisation de la sphère économique et civile, sous surveillance populaire, le référendum d'initiative populaire étant un modérateur puissant.
On connaît de longtemps leur prise de conscience collective que l'argent public n'est pas la manne divine aux Hébreux mais un prélèvement sur la sueur de tous. On sait aussi que le prix de l'immigration constaté a été le premier critère pour réduire les requérants d'asile, bien avant que la question ethnique ne soit exacerbée. On voit enfin que la Suisse a réussi l'examen de passage de la mondialisation parce que ses entrepreneurs sont des gens pratiques et compétents et que l'Etat leur facilite la vie en n'intervenant quasiment pas.
La France séparée du "moloch" européen ferait-elle mieux ?
Déjà, elle n'a pas de "conscience fiscale". Elle est en outre désorganisée et partage ses désordres entre plusieurs strates administratives qui se jalousent, ce qui aboutit à un coût global de gestion démentiel.
Ensuite, elle s'est abonnée à la guerre des partis politiques, le vainqueur vidant le programme du vaincu pour l'achever. Enfin elle souffre d'une tradition soviétique dont elle ne sait se défaire car elle englue tous les corps sociaux et constitués.
Quand un état qui prélève déjà chaque année un trillion d'euros de contributions fiscales et sociales ne voit d'autre financement d'une mesure aussi juste que le RSA (1,5 milliard) que dans l'instauration d'une nouvelle taxe, on comprend bien qu'il n'a aucun génie, pas même l'amour propre d'une saine gestion. Notre pays est devenu le premier producteur ...... d'impôts et taxes de l'OCDE.
Seul ou fédéré, là n'est pas la question. Cet état nous écrase comme une baleine morte échouée sur la plage de Royan. Les baleines échouées ne sont pas transportables, il faut les dynamiter sur place et ça pue !
L'Union européenne n'est pas le premier déclencheur de notre déclin, nous avons chopé le gène de l'auto-destruction bien avant elle.
La France n'a pas un problème de taille, d'indépendance ou de "souveraineté". Elle a un gros problème d'addiction à la social-démocratie, du modèle "à crédit".
La Suisse est performante parce qu'elle est la Suisse, pas vraiment parce qu'elle est seule ! Mais je concède que sa taille limitée l'oblige à se sortir les tripes sur les marchés extérieurs afin de survivre comme entité économique et par ricochet, comme entité politique.
Ici, il faut tout reconstruire de l'intérieur, en commençant par renouveler une classe dirigeante vérolée par des structures politiques amoncelées pour multiplier les prébendes, dans un déni d'efficacité provoquant une dépense toujours plus grande.
Au gibet les déficitistes !
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Le Conseil d'Analyse Economique vient de publier à Paris un gros rapport sur les Performances à l'exportation de la France et de l'Allemagne pour 2007. Instructif !
RépondreSupprimerOn peut le charger en cliquant ici (courtoisie des Echos).