vendredi 10 octobre 2008

Yamato ou Titanic

Les compagnies d'assurances ne choisissent pas Titanic comme raison sociale. Bien que coulé au combat, le Yamato est une épave qui git toujours par 300m de fond au large de l'archipel d'Okinawa. Ce n'est pas ce destin qui engagea les fondateurs de Yamato Life à choisir ce nom puisque la compagnie fut lancée en 1911. Elle a planté hier soir 180.000 souscripteurs d'assurance-vie. Motif, ses actifs constitués de titres ont fondu. (Dépêche de Romandie News)
Ceux qui s'étonnent à grands cris n'ont pour une fois pas écouté les agences de notation : Standard & Poor's avait déclassé dès novembre 2000 le risque sur Yamato Mutual Life Insurance Co. de BB+ à BB-, position exécrable pour un assureur sur la vie.

épave du Yamato

A se demander en passant si le maelström actuel ne donne pas l'occasion aux morts-vivants de pousser leur dernier soupir dans la dignité. Ainsi voit-on que la réaction du marché de Tokyo qui a dévissé de 9,62% cette nuit est une panique hystérique contre le secteur des assurances que la faillite de Yamato désigne du doigt. Les marchés réagissent toujours émotivement, pas seulement en période de crise. Chaque clic est réfléchi dans une poignée de secondes.

De l'autre côté du Monde, Wall Street a passé hier la cloche à moins 7,33% mais on ne dit pas que, pour des raisons obscures (pour le claviste), les ventes à découvert ont été à nouveau autorisées. Ça pue le krach certes, mais les ventes à terme permettront à beaucoup de faire de jolies pelotes si tout s'effondre, et ces bénéfices acquerront ultérieurement quelques diamants boursiers ternis par l'ambiance délétère actuelle.

Si les valeurs financières dérouillent les premières, les valeurs d'équipement les suivent depuis que la crise est sortie de Wall street pour envahir Main street. C'est une récession profonde de toute la zone OCDE qui fait peur aux marchés, et finalement au monde entier ; puisque les pays émergents n'émergent qu'autant qu'ils nous vendent leurs productions. A moins de fermer les bourses, il n'y a pas de mesures magiques qui stopperaient l'écroulement du système s'il ne croit plus en lui-même. C'est une crise de foi ! Oui, bon, d'accord ... :)

Les hommes politiques qui se succèdent derrière les micros au service médiatique pour lequel ils sont formatés, ont compris quand même que l'affaire était complexe, mondiale et à somme nulle, et donc que les milliards engloutis ici pouvaient ressortir n'importe où sur la planète Fric, sans avoir agi à bon escient, mais ne se perdront pas dans les sables mouvants ; donc, que même dans la plus parfaite perversité et à moins de n'être pas convertis en or (mais il n'y a pas un tel stock à vendre), ils finiront bien par circuler et rebrancher la pompe à phynances quelque part. On mesure les limites d'analyse des hommes de soi-disant pouvoir, qui malgré leurs déclarations à coffre ouvert, ne sont pas crédibles, car considérés comme des aliens par les acteurs de marchés. L'affaire dépasse en fait tout le monde.

Certains vieux raseurs crient que le capitalisme est mort, ... la preuve !
Ils oublient que le capitalisme tuent parfois les capitalistes et collatéralement quelques braves couillons et autres gogos comme nous le sommes tous, mais par essence est immortel. Créé par les Lombards à l'aube de la Renaissance sur la base de la lettre de crédit, il n'a cessé de muter ensuite. L'avatar "bullistique" échevelé que nous voyons agoniser aujourd'hui, cèdera la place dans 18 mois(?) à un modèle rénové lorsqu'il aura été purgé à fond. A se demander si les trillons de dollars déversés en désordre par les institutions nationales depuis vingt jours ne vont pas prolonger l'agonie dans un acharnement thérapeutique dont l'issue est certaine. Ne vaudrait-il pas mieux que le capitalisme fasse rapidement sa mue derrière des capitalistes de bons sens comme Warren Buffett ou George Soros, qui travaillent avec leur propre argent (ça change tout)..

dessin de presse de Chappatte

Le temps des porcs se battant pour leur place à l'auge doit s'achever au couteau. Les porcs c'est du boudin ! Clin d'oeil ...



L'auge d'Eugène Pottier, musique de Forest, interprétée par Sébastien Ducret
L'ordre bourgeois, c'est l'auge immense
Où de gros porcs sont engraissés
Tous les fumiers de l'opulence
Sous leurs groins sont entassés.
Ils se gavent du populaire
Ces déterreurs de capitaux,
Ce n'est pas avec de l'eau claire
Qu'on engraisse les zaristos !


PS : Deux billets ont paru en septembre qui fouillent les causes du désastre, sans les trouver toutes.
Nous les indiquons ci-dessous :
- Steagall firewall
- 2010 ou 2009

On lira surtout avec profit l'article de Samir Amin sur la ploutocratie dans Marianne2.


Si l'article vous a plu ou déplu, vous pouvez aussi le faire suivre à un ami en cliquant sur la petite enveloppe ci-dessous :

1 commentaire:

  1. Sur BFMTV ce soir, Alain Minc disait à Karl Zéro que 5000 types paniquent sur les marchés du monde et que la dérive irrationnelle leur est imputable, d'accord en cela avec JC Trichet qui a demandé que "ces messieurs" reprennent leurs esprits !

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