J'ai pris langue avec un taliban du club de karaté de mon gamin pour savoir ce qu'il pensait de la culture de mort qui semble submerger le Proche Orient, sans aller jusqu'à lui passer un tiré-à-part du billet (en arabe) de Wafa Sultan, dès fois qu'il porte la djanbia sous la veste. Sa réponse est claire :...
- « Nous essayons depuis 60 ans de rejeter Israël à la mer et seuls nous n'y parvenons pas, ni même avec l'appui des armées arabes. Seule la dramatisation à outrance de notre situation couplée à la menace d'exportation de nos menaces peuvent agréger à la cause palestinienne suffisamment de soutien international, jusqu'à confiner Israël au lazaret des pestiférés. L'Intifada a démontré cela. »
Lui faisant remarquer que la bombe démographique serait plus puissante à échéance de 15 ans que le combat de rue perdu d'avance, ou que les kamikazes qui "pestifèrent" aussi les organisations palestiniennes, ou que les roquettes Qassam de mauvais goût si on veut faire la victime, il me répondit :
- « Israël le sait aussi, et ne nous laissera pas atteindre le point de basculement démographique !»
C'est donc la guerre totale dans son esprit, et sans doute aussi dans l'esprit d'une grande majorité de Palestiniens qui ont vu défiler toutes les promesses imaginables proférées par les mufti, raïs, rois, attilas et présidents, sans jamais voir le début du commencement d'une pacification vraie de leur pays, et qui sont réduits chez eux à une misère dont nul ne sait les extraire sauf à les dépêcher au Ciel !
En quoi cela nous concerne-t-il qu'Ariel Sharon ait évacué Gaza en 2005 ?
Comme nous vivons dans une démocratie de voirie, multiplier les manifestations doit logiquement inciter les pouvoirs publics à faire pression sur l'agresseur du jour aux niveaux décisionnels utiles qui, s'ils ne sont pas à Paris-même, n'en sont pas si loin ; à Bruxelles où nous nous flattons d'avoir retrouvé une certaine influence depuis la présidence ronflante de M. Sarkozy, et au Conseil de Sécurité de l'ONU dont nous sommes membre permanent à veto. Si au Conseil la cause palestinienne se heurte au bouclier américain, du moins jusqu'au 20 janvier, il n'en va pas de même à Bruxelles où les relations économiques des 27 pays européens avec Israël vont être réglées par un traité associatif qui prévoit des clauses de privilèges plus ou moins liées aux droits de l'homme.
Ce traité, dit de rehaussement, améliore les accords commerciaux précédents jusqu'à faire penser à une intégration de facto d'Israël dans l'Union. C'est le prototype d'un traité proposable à la Turquie. Il a été négocié par la présidence française et devrait intervenir en avril 2009 ainsi qu'en ont décidé les 27 ministres des affaires étrangères en décembre 2008. Il prévoit un partenariat stratégique (y compris dans le domaine de la défense) et au moins une grand messe médiatique par an. Mais déjà le parlement européen, interpelé par les manifestations de soutien au Hamâs dans les grandes villes d'Europe, l'a fait ajourné au motif attendu de la conclusion de l'affaire de Gaza dans un sens heureux pour la paix.
Qu'en pensent les Cohn-Bendit, Kouchner, Strauss-Kahn, Badinter, Fabius, Lang, tous du camp antifachiste ? Qu'en pensent les faiseurs d'opinion comme Daniel Schneidermann, Gérard Miller, Serge July, Serge Moati, Paul Amar, Routh Elkrief... et cent autres qui comptent dans les médias ? Sacré dilemme ! Il ne s'agit maintenant pour la Commission que de contourner le Parlement, as usual, ce à quoi doit s'employer la présidence tchèque qui est un soutien sûr de l'Etat hébreu, à ce qu'on me dit dans l'oreillette !
Impliqués dans la dispute sémite par la repentance allemande qui a déteint sur eux, les pays de l'Union voisins de la RFA ont été circonvenus par la Commission européenne qui a investi énormément d'argent sur les Territoires sans jamais rien demander de significatif en échange, Israël ayant toujours l'ultima ratio en ruinant "nos" infrastructures. Peut-être vient-il avec la Crise le jour de faire publiquement les comptes ; et de défalquer des transferts futurs vers l'Etat hébreu le prix des immobilisations européennes détruites sciemment par l'artillerie et l'aviation de Tsahal. Les peuples européens en seront doublement abasourdis ! D'un, par les montants injectés, de deux, par l'étendue des ruines.
Il n'est donc pas surprenant que les parties ennemies prennent possession des chaussées d'Europe puisque chacune espère que l'Union européenne et son Trésor boycotte l'autre ! Nos institutions disposent à l'insu des peuples européens de beaucoup de leviers de pression sur les protagonistes, qu'au motif du "soft power" et de l'empathie obligatoire avec Israël, elles n'utilisent pas.
Actionnons donc les leviers, marchons, marchons ! Qu'un sang impur ... !
Hors Union, la France a par elle-même un intérêt historique à la sauvegarde des lieux saints et à protéger les communautés chrétiennes du Levant. Elle aurait mieux fait de s'y cantonner et de montrer plus d'intransigeance sur ses principes plus souvent, au lieu d'embrasser large et mal étreindre. Au lieu de quoi, l'usurpation diplomatique européenne, consentie par des gouvernements inférieurs au niveau requis et exécutée par des nains de jardin, convoque chez nous la dispute sémite dans sa barbarie essentielle.
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Comme pressenti dans une footnote d'un billet précédent l'humiliation que les autorités israéliennes ont fait subir au nonce apostolique Franco le 23 novembre, a allumé la mêche lente d'un travail de sape diplomatique au saint siège dont l'un des prélats vient de réitérer sa qualification de Gaza en "camp de concentration" malgré les objurgations outrées de l'ambassadeur israélien qui s'est vu renvoyé dans ses 22.
RépondreSupprimerSi les chancelleries n'obtempèrent plus aux remontrances historicisées de l'Etat hébreu, les Juifs de palestine peuvent commencer à se faire des cheveux et même des anglaises.