mardi 10 février 2009

Sept vices de notre République

Le NouvelObs note que la cote de confiance du pouvoir perd 4 quatre points en février, à 37%. Les Français sont aujourd'hui 60% à ne pas faire confiance au chef de l'Etat, (3% sans opinion). Le Premier ministre François Fillon perd lui aussi 4 points, à 38%. Les sondés déclarent à 57% ne pas faire confiance au chef du gouvernement (5% ne se prononcent pas). Le président passerait bientôt sous la barre atteinte par Jacques Chirac au crépuscule de son mandat.

diagramme CSA
Les "sondages" disent que la défiance est majoritaire dans ce pays après le dernier exercice pédagogique télévisé de M. Sarkozy. Si chacun lui reconnaît une grande aisance à la barre - c'était son premier métier, paraît-il - tous s'accordent sur l'effet papillon médiatique qui obère une véritable action politique car il n'y voient guère de vrai résultat. Si la marche anti-crise n'a réchauffé personne d'autre que les responsables syndicaux qui se votent des félicitations et programment une resucée pour le 19 mars prochain, en espérant faire mieux que leur score de 2 millions de marcheurs dès lors que la crise sera agravée d'autant, le pays doute de plus en plus de sa classe dirigeante qui verse une fois encore le char de l'Etat dans le fossé de la Dette en donnant la seule explication disponible : les autres en font autant sinon bien plus ! Certes, l'ex-candidat républicain McCain a déclaré hier au Sénat des Etats-unis que le plan de relance Obama était un hold-up sur les générations montantes. C'est vrai. Ici aussi, nos impôts vont d'abord payer les intérêts de le Dette publique. L'imagination n'est toujours pas au pouvoir, comme sous la Chiraquie.

Aussi l'Opinion verse-telle dans un pessimisme discret et se défie-telle toujours plus de sa nomenklatura sur-protégée et coupée des réalités bien qu'elle s'en défende à chaque apparition. Les prochaines élections pourraient surprendre par l'ampleur des abstentions. Si l'on creuse un peu, c'est la démocratie actuelle qui est mise en cause du moment que seule une infime minorité des électeurs croit encore aux promesses électorales qui tiennent debout la construction théorique du régime. On leur a tellement dit que c'était pour les couillons, qu'il ne faut pas s'en étonner. Sur son site "Nouvelle Société", Pierre Allard énumère les sept vices de la démocratie présente, que nous commentons pas à pas :

1 - La valeur nulle de tout engagement préélectoral :

La démocratie représentative repose moralement sur le mandat impératif. Or le scrutin législatif majoritaire à deux tours fait place à des blocs de partis qui vénèrent chacun leur idéologie. L'électeur n'y retrouve que rarement et brièvement ses espérances, à moins d'embrasser toute la doctrine politique de son élu (s'il en a une), ce qui n'est jamais le cas.

2 - La marginalisation du Parlement :
L'Assemblée nationale ne génère que 50% du corpus législatif (l'autre moitié vient de Bruxelles ou de Luxembourg) et pour cette portion, elle est assujettie au contrôle de l'exécutif qui dispose de l'ordre du jour. L’électeur a le sentiment que cet hémicycle de débats souvent houleux est un théâtre ou un champ clos d'affrontement des egos les extravertis, et ne lui sert à rien de concret, sauf à nourrir le gui de l'arbre.

3 - L’aliénation du citoyen de la chose publique :
Le citoyen est plus que jamais le jouet des robots bureaucratiques. Qu'il sorte des paramètres le définissant aux yeux de l'Administration, il est aussitôt partie prenante à son corps défendant des "disputes techniques" des robots entre eux, et n'aura de recours qu'ultime quand tout sera perdu ou près de l'être. Le Médiateur est sciemment inaccessible hors de la Chicane. La distanciation est mortelle pour la démocratie, et la "repersonnalisation" de l'Etat n'est pas au programme, les hommes coûtant de plus en plus cher.

4 - Le biais médiatique déséquilibre le dispositif électoral :
L'électeur rendu sceptique se méfiant des idées, il votera (tant qu'il vote) pour l'humanité du candidat, telle qu'elle transparaît par le canal des médias ou du contact direct (en meeting). La belle gueule, le beau parleur ont plus de chances et ce n'est pas d'hier : c'est la simple instrumentalisation du processus démocratique. Louis XI avec sa gueule de rat et les pins au chapeau n'aurait pas fait 0,5%, et pourtant ! L'avenir semble donc être toujours à la démocratie cosmétique promue par les médias qui la fabriquent. Le citoyen est assez mûr pour juger d'une publicité et par analogie de la vanité d'un discours politique. Il s'en distancie par réflexe de plus en plus souvent.

5 - L’exclusion des petits partis est un veto à l’évolution de la pensée politique :
Le bipartisme anglais que nos élites vantent tant, crée son propre modèle d'alternance au centre en puisant dans un vivier commun de "gens présentables". Le système apporte une certaine stabilité, mais une stabilité dans l'erreur aussi. Trente ans de déficits sont imputables à ce système consensuel. Il y a donc stérilisation de la pensée politique par la prééminence d'un "politiquement correct" ou plutôt d'un "politiquement rentable". Combien d'essais politiques sont barrés de l'imprimerie parce que le mouvement ou l'école qui les portent ne fait pas 1% !

6 - La démarche à huis clos de conception et de préparation des lois :
Le mandat donné à un gouvernement par la démocratie représentative n'est pas un chèque en blanc pour 5 ans, et son action ne sera pas jugée sur le bilan final. Y croire, comme semble-t-il M. Fillon, est le plus sûr moyen de lever une large contestation dans le pays, non tant pour les dispositions annoncées que pour les motifs discrets qui les soutendent. La querelle universitaire est un large procès d'intentions (réellement dissimulées même si Axel Kahn ne les voit pas) parce la réforme n'a pas été initiée dans le monde universitaire. C'est pareil dans les autres secteurs chauds. Chaque partenaire se méfie et cherche à "comprendre" la stratégie d'autrui.

7 - L’absence de contrôle efficace du citoyen sur l’application des lois :
Outre le dispositif vicieux des décrets d'application qui parfois vident une loi de tout amendement parlementaire, on peut reprocher au système installé de brader le contrôle nécessaire, quand ce n'est pas de soumettre les comptes du pays à une extraordinaire créativité comptable qui dissimule les réalités. Puisque le citoyen n'a évidemment pas le moyen direct de contrôler son gouvernement, on a institué une Cour des Comptes. Son travail est remarquable. Ses remontrances donnent lieu chaque année à quelques bonnes feuilles dans la presse, et les effets de son rapport annuel s'arrêtent là. La gestion publique prend la forme d'une gestion de satrapie absolument souveraine, ce qui ne rehausse pas l'estime des citoyens pour ce régime. La Cour des Comptes doit avoir un pouvoir de sanction, car on ne peut se satifaire de la sanction des urnes qui, en démocratie cosmétique décérébrée, peut remettre en piste des crapules avérées.

Ne nous lassons pas de promouvoir un régime de substitution qui préserve une démocratie honnête soumise à un vrai gouvernement responsable devant le pays et son histoire, et non plus seulement un ramas de prébendiers jugés par un politburo, le club des Forges ou un cénacle de loge.



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