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Impermanence et tradition

porte fenêtreTout se transforme, tout change et de place et d'aspect tel le chevalier errant des légendes médiévales, comme le courant du fleuve en crue, comme les nuages dans le ciel. Cette loi de l'évolution est d'airain au travers des quatre phases que traversent toutes choses, naissance, croissance à l'apogée, déclin et destruction. Nous-mêmes en notre corps d'éphémère roulons dans le renouvellement permanent de nos cellules de plus en plus vieilles, le corps de ce matin n'est plus le corps d'hier soir.
Le monde physique autour de nous est en constante évolution, on dit qu'il se réchauffe aujourd'hui. La société humaine qui le peuple se renouvelle dans un croît ininterrompu qui naturellement la modifie et les philosophes courent après cette roue. Dieu même dans l'image qu'il laisse entrevoir à cette "folle du logis" qui nous sert d'imagination, se métamorphose apparemment dans sa relation à l'humain. Et nous voudrions être intraitables quant à la préservation de nos traditions ! C'était notre minute bouddhique.
Clovis - 498 - le pigeon apporte la sainte ampoule - la Gaule retourne à Rome - terminé ?

On peut soutenir la thèse que si la France divorça d'avec sa monarchie il y a deux siècles, c'est que la seconde s'était arrêtée d'évoluer alors que la première subissait une accélération de son impermanence. Or parmi les bénéfices théoriques attendus du régime que nous promouvons, il est quand même attendu du titulaire "moyen" l'impulsion au bon moment, la prise de bannière et la tête de la charge de cavalerie qui va avec ; le fameux "ralliez-vous à mon panache blanc !".
Le roi d'il y a deux siècles aurait dû prendre les commandes (la bannière). Il est dommage qu'il ne se soit pas intéressé à la physique sociale avant que d'y être acculé sous un ridicule bonnet phrygien. Son prédécesseur avait assimilé le décalage croissant entre la ville et le château et, à ce que nous montre le travail législatif que son successeur interrompit, se préparait à le combler.

La vraie question met en cause le concept : « Si le principe prime le prince et assure une moyenne positive du gouvernement sur la durée, pourquoi fut-il contredit trois fois : Louis XVI, Charles X, Louis-Philippe ?» Les royalistes détestent ça et plongent dans les chroniques pour noyer le poisson dans le fatras du quotidien de cette époque. Moi-même y succombe. Les monarchistes le comprennent mieux, à tout le moins apparaissent-ils comme les seuls capables de projection à partir du pur concept de monarchie, projection qui vise à prouver que le concept est indéfiniment améliorable. Capables ne veut pas dire qu'ils y consentent facilement.

bodhisattvaLa fréquentation des milieux royalistes laisse découvrir la stratification des germes monarchiques et leur impossible germination dans l'évolution des temps, cette impermanence que l'on ne peut stopper. Listez les chapelles, cercles et associations en Roycoland et vous cataloguez un monde figé qui s'occupe moins de promouvoir le diamant d'une monarchie "absolue" en devenir que le propre souvenir des circonstances et causes parfois antagonistes de sa création. A chacun son gourou, ses soutras, ses souvenirs. Le problème n'est pas l'arrêt sur image que présente des structures mémorielles de qualité que l'absence d'autre chose !
Citez-moi une structure de prospective monarchiste capable de produire du concept ex-nihilo ? Il n'y en a pas. La dernière fut l'Action française de Charles Maurras, prolongée quelques années par la Nation française de Pierre Boutang. Elle s'est figée comme les autres et sent aujourd'hui la boutique. On me rétorquera bien sûr qu'il serait inutile de produire du concept quand tout a été dit en deux mille ans !

La dernière mondialisation date de l'empire romain ; quoi de neuf, docteur ?
Un empire quadrimillénaire presque disparu renaît de ses cendres en un demi-siècle et conquiert le monde par le seul labeur de sa race ; sans blague ?
Le basculement des pôles n'a pas eu lieu (désolé monseigneur) mais la ruine menace toute l'économie financière de la planète dopée aux stéroïdes monétaires ; back to the trees ?
N'importe qui est capable d'accéder à l'arme nucléaire pour vitrifier son voisin ou le voisin d'icelui d'un seul coup d'un seul ; mais que fait la police ? Etc...

Revenir à la tradition, revenir aux fondamentaux, se cacher dans la petite cabane au fond du jardin. Et j'entends siffler le train du monde qui passe en bruit de fond sans jamais pouvoir y monter.



grève de sable
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Commentaires

  1. Lorsque vous dites : "Citez-moi une structure de prospective monarchiste capable de produire du concept ex-nihilo ? Il n'y en a pas", s'agit-il d'une tentative pour connaître la présentation de mon projet ?..

    Il existe depuis assez longtemps, et attend le moment, qui approche très vite.

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  2. Sur le point particulier de la permanence, alors même que vous connaissez pas position très critique vis-à-vis de l'Ancien-Régime, les événements du XIX° Siècle n'en sont pas à mon avis une remise en cause. Leurs sources étaient suffisamment multiples et profondes pour ne pas faire douter de la permanence si longtemps et efficacement vérifiée par les siècles.

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  3. En attentant mon mail après -demain, quelques frémissements se préparent...

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  4. Sur le point particulier de la permanence, alors même que vous connaissez ma position très critique vis-à-vis de l'Ancien-Régime, les événements du XIX° Siècle n'en sont pas à mon avis une remise en cause. Leurs sources étaient suffisamment multiples et profondes pour ne pas faire douter de la permanence si longtemps et efficacement vérifiée par les siècles.

    (bon post)

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