Et bien non ! C'est impossible en France et dans d'autres pays addictés à "l'Etat-je-suis-partout", pour la bonne raison que la seule façon de diminuer les dépenses de l'Etat (et de ses collectivités locales) est d'assécher les caisses. Y aurait-il un euro dans le tiroir qu'il serait réclamé par l'un ou l'autre. Rappelez-vous la "cagnotte de Jospin" dans un budget en déficit. Ce déficit-là était moindre que prévu que déjà il fallait distribuer la différence, même si elle restait au moment une "perte d'exploitation"...
L'hypertrophie de l'Etat dont nous réclamons chaque matin l'urgente intervention est la cause comptable de ce "malheur". Mais elle répond à l'abâtardissement de la Nation qui a fait dévolution de son courage et de son futur à l'utopie socialiste que nous poursuivons depuis 1920. C'est cette cause morale qui est la plus redoutable quand elle a provoqué le désarmement mental. Il n'y aucun raisonnement qui puisse convaincre le secteur public d'organiser lui-même sa réduction pour sauver l'Etat . Même poser des doutes sur son efficacité est très mal pris. Prenons l'exemple de l'Education nationale, premier budget gouvernemental après le service de la Dette. La moins affutée des sociétés d'audit pistera en quinze jours les gaspillages, les doublons et le bois mort de cette vénérable institution de la République, tant dans le secondaire que dans le supérieur. Et ce fut fait plusieurs fois. Mais l'argument de l'efficacité reste impuissant à faire bouger les mentalités de la majorité des effectifs et d'aucun syndicat, pour la simple raison que l'efficacité est quelque chose qui se mesure, qui s'étalonne, qui se compare à une structure analogue.
Or dans sa grande majorité, le corps professoral n'a pas de points de comparaison et se juge "moralement" efficace. Les classements internationaux assez sévères pour le secteur éducatif français sont réfutés sur critères : ces barbares ne choisissent jamais les bons. Jusqu'à bien sûr qu'ils nous mettent dans les trois premiers - on peut rêver - auquel cas ils seront encensés par M. Aschieri comme prouvant définitivement la compétence exceptionnelle des structures qu'il défend.
Un "prof" rentre à l'école à 2 ans et demi (3 si sa mère ne travaille pas) et, depuis que le service militaire a été supprimé, il n'en ressortira qu'à 60 ! Dans beaucoup de cas il se mariera dans le milieu éducatif, par amour et quelquefois par commodité. Comme les trappistes, il mourra sans avoir vraiment connu le Siècle qu'il traverse, décorant sa vie des histoires, peines, déboires ou succès d'autrui qu'il va piquer dans des synthèses admirablement fouillées par ses propres collègues. Il a tout étudié mais n'a rien vécu. Le trait est grossier, mais s'applique aussi à certains corps d'ingénieurs de la strate moyenne qui sur le tard s'inquiètent de n'avoir pas la dernière Rolex et se vautrent dans le trading pour accéder à la Première Classe. En vain car ils sont comme des poissons de rivière que l'on rejette à la mer : ils liquident vite leur pension à la caisse des cadres et retrouvent une sérénité sous-estimée ! Le stress ! Trop de stress !
Après avoir usé pendant deux ans sa détermination à réduire l'Etat, le gouvernement de M. Sarkozy a bien vu l'écueil de l'impôt. D'autant que les cautions bancaires et les crédits de relance ont déclenché immédiatement des revendications sociales, du secteur planqué en plus (GRDF) ! Et ce ne sont pas les calculs savants entre bon et mauvais déficits qui le feraient changer d'idée. Ces distinctions sont de pure "com" adressée à l'Opinion. De leur côté, ses adversaires ont vu pareillement qu'il pouvaient mourir de soif budgétaire - les réductions de poste se font quand même au ralenti - et hurlent au charron devant l'annonce d'économies décidées pour des motifs budgétaires, espérant entraîner toute la fonction publique menacée d'efficacité, plus une partie des salariés du privé, désorientés par la Crise qui les poste sur les tableaux vides de l'ANPE. D'où l'emprunt national ! Comme au sortir d'une guerre, que nous nous serions déclarés à nous-mêmes.
« Donne ton or pour reconstruire ! »
Moi jamais ! Le tonneau des Danaïdes est dans mes classiques.
Note (1): déficit budgétaire, déficit des comptes sociaux, déficit commercial, déficit de la balance des paiements.
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Une synthèse du rapport 2009 de la Cour des Comptes est accessible en ligne en cliquant ici.
RépondreSupprimerDe la même CC, situation et (sombres) perspectives des comptes de la nation en cliquant ici.
RépondreSupprimerA noter le billet de Gérard Pince ici.
RépondreSupprimerL'Emprunt ne sera pas forcé :
RépondreSupprimerA la Chambre, le Premier ministre Fillon a déclaré aujourd'hui : "Il ne s'agit en aucun cas de financer avec cet emprunt public des dépenses courantes de fonctionnement ou d'investissement. Nous sommes dans un pays qui est trop endetté et ça n'est pas en ajoutant de la dette à la dette que nous améliorerons la situation de notre pays. Il faut d'un côté réduire la dépense publique --et je serais intéressé de savoir dans quels secteurs la gauche nous proposerait de le faire-- et en même temps choisir les dépenses d'avenir qui procureront demain la croissance et les emplois dont nous avons besoin".