Premier ministre de François Mitterrand, escorté d'un ministre frétillant du budget qui depuis lors a fait un sacré bout de chemin, Ed Balladur aurait parrainé¹ la vente de trois sous-marins Agosta au gouvernement de Mme Bénazir Bhutto, assortie de commissions discrètes, comme il en va toujours dans ces affaires internationales en dépit des travaux d'assainissement de l'OCDE à partir de 2000. Qui dit commissions occultes, ne dit pas argent sale mais argent de libre pratique, et les gouvernements fournisseurs se sont fait une spécialité de prélever leur dîme sur les commissions exportées, par prompt zigzag de valises.
Ma concierge me confirme que la rupture dynastique de 1995 qui a vu l'Ottoman céder le pas au Corrézien, a également rompu le fil du graissage collatéral, mécontentant les destinataires, et que ceux-ci en dépit de réitérations aussi fermes que polies pendant tout le septennat de Pinarque, auraient commandé l'attentat à une cellule islamiste de l'ISI² comme on téléphone à Interflora ! Les onze techniciens français sont finalement morts du dépit d'autrui.
On aurait aimé avoir la version de feue la diva politique Bénazir Bhutto, convaincue de corruption universelle en 1999 en compagnie de son mari Zardari, actuel président pakistanais. Mais au fait, n'est-ce pas lui, Asif Ali Zardari, qui était jadis le récipiendaire des versements français ? Il suffit de lui demander pour savoir qui touchait de ce côté-ci ! [soupir du piétion naïf]
Même sous la torture, je ne dirais rien de plus, mais relève que la belle république, même en son modèle gaullien rénové dans la barbouzeraie austère, pue sacrément de la gueule. Il suffit d'énoncer quelques noms (à faible létalité comparativement à d'autres) : Crédit Lyonnais, sang contaminé, Elf-Dumas, Angolagate, Clearstream. Un livre fait le tour de la question, diagnostic clinique sans outrance : «Histoire secrète de la V°République» (2006) 715p. à La Dévouverte, 25€.
La corruption est endémique aux pouvoirs quels qu'ils soient, mais il est des régimes qui la favorise, et l'ouverture des fonctions les plus élevées de l'Etat à tous les malins, les sans-scrupules du pays, aiguise les appétits à tel point que les limites de l'immoralité sont constamment repoussées. Dès lors que le système démocratique a convaincu ses participants que le succès gît dans le double-fond des valises et que le vainqueur est d'expérience toujours le plus en fonds, ne seront négligés aucun moyen d'amasser des munitions financières contre ses concurrents.
Qu'il y ait parfois des morts³ est purement latéral, et jamais traité à coeur.
Le régime monarchique que nous promouvons parfois, en retirant de la compétition "à couteaux tirés" la fonction suprême et le premier cercle de pouvoirs (les quatre ministres régaliens), repousse d'un ou deux étages cette puanteur. La flagornerie, les chausse-trappes, les trahisons, les bassesses, n'auront certes pas disparu mais elles n'engageront pas 500 millions de commissions occultes pour y prélever de quoi payer des affiches, acheter des militants et corrompre la presse, puisque l'Etat ne sera plus à l'encan démocratique.
Au final, ce doit être plus propre
Au roi et vite !
Note (1): Contrat du 21 septembre 1994 passé entre la Direction des constructions navales de Cherbourg et l'Etat du Pakistan, pour un montant de 5415 millions de francs français, exécution garantie par l'Etat français.
Note (2): ISI, Inter Services Intelligence du Pakistan
Note (3): cliquez par ici.
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