lundi 22 juin 2009

Parle le roi

congres versailles
Héritier de la Curia Regis, le Congrès de Versailles se pousse du col afin d'atteindre la notoriété de la haute juridiction d'Ancien Régime et balancer le poids des Conseils constitutionnel et d'Etat qui le capent. Aussi saura-t-il profiter du retour de son maître au pupitre pour redorer son autorité gravement entamée par la "forfaiture" gaullienne de 1962 qui lui retirait le "roi". On comprend que la présidentialisation du régime conduise le patron de l'Etat devant les chambres réunies...

Ce n'est d'ailleurs plus un président au-dessus de la mêlée, pas non plus un premier ministre immergé dans le quotidien, parfois un chef de parti jusqu'à midi ! La fonction est devenue bâtarde, le plumage ne disant pas le ramage, fonction "imbitable" de l'étranger, très française quoi ! Mais qu'importe ! Tout le monde aujourd'hui sera content d'en être, même secrètement en son for intérieur. La République, c'est aussi des paillettes, des galas, des coups à boire, et une franche camaraderie dans la prébende.

Ainsi le petit reître aura-t-il son Persépolis¹ à lui, sans stuc ni carton-pâte, dans le vrai château qui fait encore rêver le Monde deux siècles après que le Pouvoir l'ait abandonné.

La polémique politicienne est comme toujours misérable, juste de savoir qui n'ira pas à Versailles. Les Verts derrière Mamère, l'éternel foireux - il leur a fallu importer le pétomane allemand pour faire un score -, invoquent la mascarade monocratique et l'escamotage du parlement réduit à une chambre d'enregistrement. Quoi de neuf, docteur ?
Les communistes - si, si, nous avons des "communistes" organisés en France ! - refusent le simulacre de démocratie provoqué par l'absence de débat et de votes. Qu'ils n'aient pas vraiment compris la manoeuvre ne laisse de m'étonner pour des mecs qui ont une école des cadres et une histoire aussi chargée.

Un débat de politique générale est porté à l'Assemblée nationale par le Premier ministre nouvellement investi, et il précède l'approbation formelle de la chambre des députés. Mis en minorité, il doit retourner à l'Elysée présenter sa démission. Il ne peut être question de mettre en minorité le président de la République alors qu'il exerce son nouveau droit d'adresse, pour une raison au moins : le Sénat n'a pas constitutionnellement ce pouvoir. L'aurait-il et le président serait-il mis en minorité qu'il faudrait donc qu'il se démette de ses fonctions et retourne devant le peuple ou lâche la rampe et fuie en Irlande ? Ceci consacrerait la toute puissance du parlement, ce dont rêvent tous les adversaires de l'Etat (tant qu'ils n'ont pas pris le pouvoir), et nous ramènerait à la IV° République et ses gouvernements à éclipses. Ce n'est pas exactement ce que veulent les Français, et le bon sens commande d'expérience de s'en tenir loin.

Finalement cette monarchisation du régime déforme le modèle parlementaire à bout de souffle, et le rapproche du logiciel de pouvoir que nous privilégions. Reste à écourter le discours. On me dit dans l'oreillette que sa préparation a été un gros travail et que l'orateur a beaucoup lu ces temps-ci.
L'affaire va coûter près d'un million d'euros.



Note (1): les fastes de Persépolis organisés en 1971 pour 100 millions de dollars par Reza Shah Pahlavi (1919-1980) en souvenir de l'empereur Cyrus avaient bien fait rire dans les chancelleries ; moins dans le peuple.



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