Est-il besoin de savoir les chiffres ? Prendre les transports en commun, aller aux guichets des "bureaux", en un mot, traverser la ville, suffit à nous faire comprendre que nous sommes devenus tous très différents. Les plus belles filles du RER sont noires !
Nos différences sont visibles, assumées, exacerbées parfois jusqu'à la provocation. Les déguisements musulmans veulent être un outrage aux "infidèles", il ne faut que s'en moquer, bruyamment.
La dérision est une arme non-létale sous-utilisée !
Nos intérêts sociaux convergent ou divergent selon les périmètres d'implications. Ceux-là privilégient la famille, le clan, à l'individu. Ceux-ci se sont libérés des chaînes d'une tradition rétrograde et aspirent à l'individualité mais sont "marqués" et ne peuvent se fondre. D'autres cherchent des racines (roots !) dans un monde disparu que leurs parents ont fui, et se transforment en missionnaires d'une tradition qu'ils n'ont pas vécue, augmentant de dépit leur acharnement. Si les situations personnelles sont très variées, elles commencent à coaguler en "communautés" de destins comme nous le montre la montée des lobbies aliens, et verra-t-on bientôt dans la lutte pour la vie, par exemple, des assemblages insoupçonnés.
Avec un peu de recul, et si l'on met trois minutes de côté l'acrimonie naturelle secrétée par l'envahissement des nouveaux barbares (à nos yeux), on observe tout simplement la fin de la société individualisée (atomisée), celle-là même promue par l'existentialisme débridé et l'égocentrisme très à la mode depuis 40 ans, la société dite des "droits-à", celle de la réalisation personnelle, de la priorité du "soi" jusqu'à l'autocombustion ! La remplace une société communautarisée (moléculaire) du modèle dit anglo-saxon dont nous nous sommes longtemps défiés en promouvant notre modèle supérieur à tous autres sur Terre, modèle rare qui permettait au Congolais du Nord-Kivu de laisser la défroque d'une éducation ratée chez lui pour devenir un numéro de sécurité sociale anonyme chez nous, capable de bénéficier de droits normés, de s'élever dans la connaissance de lui-même jusqu'à prendre un jour l'ascenseur social ; autant d'ailleurs que le Chilien ou le Mongol arrivés au même endroit, qui disputaient leur succès au Capverdien et au Wenzhou fraîchement débarqués.
Ainsi "l'individu de base" cède-t-il le pas à l'organisation de ses sauvegardes, de ses identités, de ses richesses, et l'on s'amuse d'y retrouver une société agglutinée du type Ancien Régime, gouvernée dans l'anarchie des ordres, privilèges foisonnants et corporations, réglée par un féodalisme inabouti en perpétuel mouvement, foutoir qui succomba au désir du clonage éclairé d'individus tous égaux en droits, tous pareils en chances, comptés un à un, matriculés, immatriculés, interchangeables, mobilisables en masses compactes consommables par les états-majors, sondables et prévisibles en presque tout, et in fine ... consommateurs dociles d'idées prédigérées et de biens périssables standardisés. Des gens passe-partout, calibrés : Tête ? Gauche !
Etonnant, non ?
Le modèle intégrationniste artificiel meurt de ses propres normes individualistes, puisque il s'avère utopique dès qu'il affronte le Nombre. Meure le caporalisme napoléonien et "1984". Grâce aux Maliens de mon quartier ou aux Berbères du vôtre, la boucle va se boucler, et dans le désordre revenu, la République devra-t-elle créer à côté de cent autres, l'Ordre très puissant et souverain des Marabouts et l'Eglise altaïque universelle du Grand Chaman des Neiges.
J'ai toujours été friand de nouveautés.
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Postscriptum :
« Pour vous, le foyer c'est un appartement banal, un pigeonnier où on se retire après le dancing ou la promenade en auto. Nous autres Chinois, nous demeurons fidèles à l'amour, au mariage et à toutes sortes d'autres traditions démodées. Le foyer est le sanctuaire où nous cherchons refuge : le père y tient la place du grand prêtre et le feu de l'autel des ancêtres illumine tout de sa petite flamme claire.»
Ainsi parlait Charlie Chan à Francis Lacassin dans Le Perroquet Chinois. Si notre société décadente survit à sa banqueroute - elle le peut très bien car après avoir vidé toutes les caves, il reste à vendre la vigne - nous parviendrons à pourrir "nos" étrangers afin qu'ils ne soient plus que nos copies colorisées, pour se fondre dans le paysage de notre déchéance. Courage, on les aura !
Ainsi parlait Charlie Chan à Francis Lacassin dans Le Perroquet Chinois. Si notre société décadente survit à sa banqueroute - elle le peut très bien car après avoir vidé toutes les caves, il reste à vendre la vigne - nous parviendrons à pourrir "nos" étrangers afin qu'ils ne soient plus que nos copies colorisées, pour se fondre dans le paysage de notre déchéance. Courage, on les aura !